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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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en fait, consiste dans les services qu’il peut rendre, soit comme monnaie, soit comme métal<br />

propre à former des ustensiles et des ornements. Les avantages qu’on lui a reconnus dans<br />

l’emploi qu’on en fait comme monnaie, l’ont fait adopter en cette qualité par toutes les<br />

nations tant soit peu riches et commerçantes. Celles mêmes dont la monnaie est<br />

principalement en or ou en papier, se servent de l’argent pour les coupures de l’instrument<br />

de leurs échanges. Ce double usage du métal d’argent, détermine l’étendue de la demande<br />

qu’on en fait au prix où le portent ses frais de production. Toutes les circonstances qui<br />

tendent à diminuer la demande, tendent à diminuer sa valeur ; tel serait un déclin dans<br />

l’industrie et la population du monde. La société humaine, dans ce cas, en réclamerait une<br />

moins grande quantité, et ne pourrait plus faire les mêmes sacrifices pour s’en procurer : on<br />

cesserait d’exploiter les mines les plus coûteuses. Si d’une autre part, on découvrait d’autres<br />

mines plus riches que celles où l’on puise maintenant, si les procédés d’exploitation se<br />

perfectionnaient et devenaient moins dispendieux, la valur du métal baisserait ; mais comme<br />

cette circonstance en étendrait l’usage, et permettrait à un plus grand nombre de familles<br />

d’employer des ustensiles d’argent, ou du moins d’en employer ennplus grand nombre ;<br />

comme les monnaies devenant moins précieuses, on les multiplierait pour répondre aux<br />

besoins de la circulation, la demande du métal d’argent augmenterait à mesure que son prix<br />

deviendrait plus bas ; sa baisse serait combattue par cette demande, et s’arrêtrait au point où<br />

elle viendrait rencontrer les frais de production nécessaires pour procurer cette quantité de<br />

métal 231 .<br />

On peut appliquer aux monnaies composées avec d’autres matières que l’argent, les<br />

raisonnements dont je me suis servi en parlant de l’argent. Leur valeur est toujours en<br />

proportion de la quantité de monnaie qu’on verse dans la circulation, comparée avec la<br />

quantité que la circulation en réclame. Si les besoins de la circulation n’augmentent pas, et<br />

si l’on augmente le nombre des unités monétaires, leur valeur décline. Si leur valeur baisse<br />

au-dessous de celle de leurs frais de production, la matière première comprise, le fabricateur<br />

perd à leur fabrication. Quand la matière première est de nulle valeur, comme lorsqu’on fait<br />

de la monnaie de papier, la valeur de la monnaie peut décliner à l’excès ; car alors on peut<br />

en fabriquer sans beaucoup de frais de produccion ; mais le papier-monnaie donnant lieu à<br />

des considérations particulières, quoique sa valeur dérive des mêmes principes, j’en ferai un<br />

chapitre à part. Il me suffira dans ce moment d’avertir que les monnaies faites d’une matière<br />

influent sur celles qui sont autrement composées, et qu’en multipliant la quantité des unités<br />

monétaires, qui sont en or, on fait décliner la valeur de celles qui sont en argent ou en<br />

cuivre. On en peut dire autant des signes représentatifs de la monnaie, qui, sans être<br />

monnaie eux-mêmes, font un effet pareil à la multiplication des unités monétaires, parce<br />

qu’ils satisfont aux mêmes besoins.<br />

231 Ricardo, Garnier, et quelques autres, soutiennent que les frais d’extraction déterminent seuls le prix des<br />

métaux, c’est-à-dire la quantité plus ou moins grande qu’on en offre en échange de toute autre chose. Ils<br />

méconnaissent conséquemment l’influence du besoin sur la valeur du métal. C’est contredire la mieux constatée<br />

de toutes les expériences, celle qui nous montre chaque jour que la valeur des choses s’accroît par la demande.<br />

La valeur d’un produit n’excède pas, à la vérité, les frais de sa production ; mais quand le public éprouve le<br />

besoin de consommer une plus grande quantité d’un produit, il consent à payer plus cher les services productifs<br />

qui le procurent, et les frais de sa production deviennent plus considérables. Il n’est pas douteux que si, par des<br />

circonstances quelconques, le besoin qu’on a d’argent augmentait, son prix s’élèverait par rapport à celui de<br />

toutes les autres marchandises ; on chercherait à exploiter des mines qu’on n’exploite pas en ce moment, parce<br />

que leur produit n’indemnise pas des frais d’extraction. Les frais d’extraction deviendraient plus considérables ;<br />

les propriétaires des mines actuelles, les entrepreneurs de toutes, et leurs fournisseurs, gagneraient davantage ; et<br />

ce renchérissement serait dû à l’augmentation de la demande. Le besoin qu’on éprouverait de cette marchandise<br />

ferait que l’on consentirait à payer de plus gros frais de production.

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