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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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celui de s’en servir dans les relations commerciales qu’on avait avec les peuples qui n’y<br />

mettaient pas le prix.<br />

Il fallait laisser porter au-dehors la valeur, sous quelque forme que ce fût, qui devait<br />

amener les plus gros retours ; et là-dessus on pouvait s’en rapporter à l’intérêt privé.<br />

Et que dire du gouvernement espagnol, dont la fidélité dans l’empreinte de ses piastres<br />

leur donnait au dehors une valeur fort supérieure à leur valeur intrinsèque, qui, en vertu de<br />

l’espèce de monopole dont jouissaient ses états d’Amérique, relativement à cette<br />

marchandise, pouvait charger de gros droits son extraction, et qui néanmoins prohibait une<br />

exportation si profitable pour ses peuples et pour lui <br />

Le gouvernement, quoique fabricant de monnaie, et n’étant point tenu de la fabriquer<br />

gratuitement, ne peut pas néanmoins, avec justice, retenir les frais de fabrication sur les<br />

sommes qu’il paie en exécution de ses engagements. S’il s’est engagé à payer, je suppose,<br />

pour des fournitures qui lui ont été faites, une somme d’un million, il ne peut équitablement<br />

dire au fournisseur : « Je me suis engagé à vous payer un million, mais je vous paie en<br />

monnaie qui sort de dessous le balancier, et je vous retiens vingt mille francs, plus ou<br />

moins, pour frais de fabrication. »<br />

Le sens de tous les engagements pris par le gouvernement ou par les particuliers est<br />

celui-ci : Je m’engage à payer telle somme en monnaie fabriquée, et non pas telle somme en<br />

lingots ; l’échange qui sert de base à ce marché a été fait en conséquence de ce que l’un des<br />

contractants donnait pour sa part une denrée un peu plus chère que l’argent, c’est-à-dire de<br />

l’argent frappé en écus. Le gouvernement doit donc de l’argent monnayé ; il a dû acheter en<br />

conséquence, c’est-à-dire, obtenir plus de marchandise que s’il s’était engagé à payer en<br />

argent-lingots ; dans ce cas, il bénéficie des frais de fabrication au moment où il conclut le<br />

marché, au moment où il obtient une plus grande quantité de marchandise que s’il eût fait<br />

ses paiements en lingots. C’est quand on lui porte du métal à fabriquer en monnaie, qu’il<br />

doit faire payer ou retenir en argent les frais de fabrication.<br />

Nous avons vu de quelle manière et jusqu’à quel point les gouvernements, en vertu du<br />

privilège qu’ils se sont attribué, avec raison je crois, de fabriquer seuls les monnaies,<br />

peuvent en faire un objet de lucre ; nous avons vu en même temps qu’ils ne s’en prévalent<br />

guère, et que par tout pays la valeur d’une pièce de monnaie excède peu celle d’un petit<br />

lingot égal en poids et en finesse. C’est de quoi l’on peut se convaincre en voyant quel est le<br />

prix courant du lingot payé en pièces de monnaie. D’un autre côté, nous pouvons regarder<br />

comme un fait constant que jamais les pièces monnayées ne tombent au-dessous de la<br />

valeur de leur matière première. La raison en est simple. Si, par l’effet d’une surabondance<br />

d’espèces, un écu de 5 francs déclinait en valeur jusqu’à valoir un peu moins qu’un petit<br />

lingot du même poids et de la même finesse, les spéculateurs réduiraient, par la fonte, l’écu<br />

en lingot ; ce qui diminuerait le nombre des écus jusqu’au moment où, devenus plus rares et<br />

plus précieux, il n’y aurait plus d’avantage à les fondre.<br />

Si la valeur d’une monnaie d’argent ne tombe jamais au-dessous de la valeur d’un lingot<br />

de même poids et de même finesse, et si, par des motifs que nous avons pu apprécier, elle<br />

ne s’élève guère au-dessus, nous conclurons que la valeur du métal règle, gouverne la<br />

valeur de la monnaie, et que les causes qui déterminent la valeur du métal, déterminent par<br />

suite la valeur des pièces de monnaie qui en sont faites. Aussi arrive-t-il très souvent que<br />

l’on confond la variation des valeurs monétaires avec la variation des valeurs métalliques.<br />

Une altération dans le poids et dans le titre des monnaies cause toujours une altération dans<br />

leur valeur.<br />

Or, quelles sont les causes de la valeur du métal Les mêmes que celles qui déterminent<br />

la valeur de tous les autres produits : le besoin qu’on en a restreint par les frais de sa<br />

production. L’utilité du métal d’argent, qui est le premier fondement de la demande qu’on

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