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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Il ne paraît cependant pas que les gouvernements se prévalent de ce privilège qu’ils ont<br />

d’approvisionner imparfaitement d’espèces, la circulation du pays. Cela ne peut avoir lieu<br />

sans occasionner une certaine pénurie de monnaie, qui provoque dans le public l’emploi de<br />

signes représentatifs dont nous nous occuperons bientôt. Les employés des monnaies sont<br />

toujours de leur côté pressés de fabriquer, soit pour paraître utiles, soit pour profiter d’un<br />

tant pour cent, accordé à plusieurs d’entre eux sur les métaux qui passent dans les creusets<br />

ou sous les balanciers. Peut-être encore les gouvernements sont-ils trop mauvais négociants<br />

pour évaluer complètement leurs frais de production, et notamment la valeur capitale des<br />

hôtels des monnaies ; et, après avoir regardé comme perdues les sommes qu’ils y ont<br />

consacrées, et peut-être les nombreux traitements de leurs employés, courent-ils après le<br />

bénéfice qui résulte de la fabrication courante, tout insuffisant qu’lest pour rembourser les<br />

traitements et l’intérêt des capitaux versés dans l’entreprise. En fait, il ne paraît pas que la<br />

valeur de l’argent monnayé surpasse, dans aucun pays, la valeur de l’argent en lingot, de<br />

manière à excéder les frais de fabrication.<br />

Si les gouvernements étaient complètement indemnisés des frais de fabrication, si le<br />

monnayage ne coûtait absolument rien aux contribuables, il n’y aurait jamais lieu de gémir<br />

sur l’exportation des espèces.<br />

Elle serait même aussi favorable à la richesse nationale que l’exportation de tout autre<br />

produit manufacturé. C’est une branche de l’orfèvrerie ; et il n’est pas douteux qu’une<br />

monnaie qui serait assez bien frappée pour ne pouvoir être aisément contrefaite, une<br />

monnaie essayée et pesée avec précision, pourrait devenir d’un usage courant en plusieurs<br />

lieux du monde, et que l’état qui la fabriquerait en tirerait un profit qu’on ne devrait<br />

nullement mépriser.<br />

Les ducats de Hollande sont recherchés dans tout le nord pour une valeur supérieure à<br />

leur valeur intrinsèque, et lespiastres d’Espagne ont été fabriquées d’ne manière si constante<br />

et si fidèle, qu’elles ont cours de monnaie, non seulement dans toute l’Amérique, mais<br />

encore dans la république des états-Unis, dans une partie considérable de l’Europe, de<br />

l’Afrique et de l’Asie 230 .<br />

Les piastres offrent même un exemple curieux de la valeur que l’empreinte donne au<br />

métal. Lorsque les américains des états-Unis ont voulu fabriquer leurs dollars, qui ne sont<br />

autres que des piastres, ils se contentèrent de faire passer les piastres sous leur balancier ;<br />

c’est-à-dire que, sans rien changer à leur poids et à leur titre, ils effacèrent l’empreinte<br />

espagnole pour y imprimer la leur. Dès ce moment, les chinois et les autres peuples d’Asie<br />

ne voulurent plus les recevoir sur le même pied : cent dollars n’achetaient plus la même<br />

quantité de marchandise qu’on obtenait pour cent piastres. Le gouvernement américain, qui,<br />

très éclairé d’ailleurs, était encore imbu du préjugé de la balance du commerce, se prévalut<br />

de cette circonstance pour faire cesser l’exportation des espèces en Asie. Il ordonna qu’on<br />

n’exporterait plus que les dollars de la façon des états-Unis ; de manière qu’après avoir fait<br />

des frais pour diminuer la valeur d’une partie des piastres d’Espagne, il voulut qu’on les<br />

employât à l’usage auquel le gouvernement avait empêché qu’elles ne fussent propres :<br />

230 Si le monnayage en France ne coûtait pas plus qu’il ne rapporte, la France pourrait s’applaudir de voir les<br />

écus de cinq francs qu’elle a frappés depuis la Révolution, grâce à leur régularité, circuler en plusieurs pays<br />

étrangers comme monnaie courante. La faveur dont ils jouissent serait plus marquée encore, si les diverses<br />

révolutions survenues en France n’avaient pas fréquemment fait changer l’effigie de ces écus. Une empreinte<br />

différente fait craindre aux peuples qui ne connaissent pas nos lois, qu’il n’y ait quelque chose de changé au<br />

poids ou au titre des pièces. Un pays qui, sur ce point, consulterait les intérêts généraux plus que la vanité du<br />

monarque, donnerait à ses monnaies des empreintes qu’il ne fût pas nécessaire de changer ; tels seraient des<br />

emblèmes tirés du commerce.

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