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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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servant de monnaie soit d’une extraction assez difficile pour que ceux qui la reçoivent ne<br />

craignent pas de la voir s’avilir en très peu de temps.<br />

Aux Maldives, et dans quelques parties de l’Inde et de l’Afrique, on se sert pour monnaie<br />

d’un coquillage nommé cauri, qui n’aaucune valeur intrinsèque, si ce n’et chez quelques<br />

peuplades, qui l’emloient en guise d’ornement. Cette monnaie ne pourrait suffire à des<br />

nations qui trafiqueraient avec une grande partie du globe ; elles trouveraient trop<br />

incommode une archandise-monnaie qui, hors des limites d’un certain territoire, n’aurait<br />

plus de cours. On est d’autant plus disposé à recevoir une marchandise par échange, qu’il y<br />

a plus de lieux où cette même marchandise est admse à son tour de la même façon.<br />

On ne doit donc pas être surpris que presque toutes les nations commerçantes du monde<br />

aient fixé leur choix sur les métaux pour leur servir de monnaie ; et il suffit que les plus<br />

industrieuses, les plus commerçantes d’entre elles l’aient fait, pour qu’il ait convenu aux<br />

autres de le faire.<br />

Aux époques où les métaux maintenant les plus communs étaient rares, on se contentait<br />

de ceux-là. La monnaie des lacédémoniens était de fer ; celle des premiers Romains était de<br />

cuivre. À mesure qu’on a tiré de la terre une plus grande quantité de fer ou de cuivre, ces<br />

monnaies ont eu les inconvénients attachés aux produits de trop peu de valeur 227 , et depuis<br />

longtemps les métaux précieux, c’est-à-dire l’or et l’argent, sont la monnaie la plus<br />

généralement adoptée.<br />

Ils sont singulièrement propres à cet usage : ils se divisent en autant de petites portions<br />

qu’il est besoin, et se réunissent de nouveau sans perdre sensiblement de leur poids ni de<br />

leur valeur. On peut par conséquent proportionner leur quantité à la valeur de la chose<br />

qu’on achète.<br />

En second lieu, les métaux précieux sont d’une qualité uniforme par toute la terre. Un<br />

gramme d’or pur, qu’il sorte des mines d’Amérique ou d’Europe, ou bien des rivières<br />

d’Afrique, est exactement pareil à un autre gramme d’or pur. Le temps, l’air, l’humidité,<br />

n’altèrentpoint cette qualité, et le poids de chaque partie de métal est par conséquent une<br />

mesure exacte de sa quantité et de sa valeur comparée à toute autre partie ; deux grammes<br />

d’or ont une valeur justement double d’un gramme du même métal.<br />

La dureté de l’or et de l’argent, surtout au moyen des alliages qu’ils admettent, les fait<br />

résister à un frottement assez considérable ; ce qui les rend propres à une circulation rapide,<br />

quoique, sous ce rapport, ils soient inférieurs à plusieurs pierres précieuses.<br />

Ils ne sont ni assez rares, ni par conséquent assez chers, pour que la quantité d’or ou<br />

d’argent équivalente à la plupart des marchandises, échappe aux sens par sa petitesse ; et ils<br />

ne sont pas encoe assez communs pour qu’il faille en transporter une immense quantité,<br />

pour transporter une grosse valeur. Ces avantages réunis sont tels que les hommes qui ont<br />

des marchandises à vendre, reçoivent volontiers en échange des métaux précieux, persuadés<br />

qu’ils seront ensuite reçus préférablement à toute autre valeur, en échange des marchandises<br />

qu’ils auront à acheter.<br />

Cette préférence est fortement augmentée par l’empreinte dont la plupart<br />

desgouvernements revêtent les pièces pour en faciliter la circulation, empreinte qui donne<br />

au vendeur une certaine sécurité relativement au poids et au degré de pureté des morceaux<br />

de métal. S’il fallait les peser, des difficultés sans nombre naîtraient à l’occasion de la<br />

227 Les lois de Lacédémone offrent une preuve de ce que j’ai dit, que l’autorité de la loi ne peut suffire pour<br />

établir le cours de la monnaie. Lycurgue voulut que la monnaie fût de fer, précisément pour qu’on ne pût pas en<br />

amasser ni en transporter aisément une grande quantité ; mais, comme cela même contrariait un des principaux<br />

usages de la monnaie, sa loi fut violée. Lycurgue fut pourtant le mieux obéi des législateurs.

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