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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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choses, la chute d’un système qui aura, pendant trois ou quatre cents ans, beaucoup diminué<br />

les immenses avantages que les hommes des cinq parties du monde ont retirés ou doivent<br />

retirer de leurs grandes découvertes, et du mouvement extraordinaire de leur industrie<br />

depuis le seizième siècle.<br />

Chapitre XX. Des oyages et de l’expatriation par rapport à la<br />

richesse nationale.<br />

Lorsqu’un voyageur étranger arrive en France, et qu’il y dépense dix mille francs, il ne<br />

faut pas croire que la France gagne dix mille francs. Elle donne à l’étranger des produits<br />

pour la somme qu’elle reçoit de lui. Elle fait avec lui un échange qui peut être avantageux<br />

pour elle ; c’est un commerce où elle est payée comptant, où elle rentre plus promptement<br />

peut-être dans ses avancesque de toute autre manière ; mais ce n’est rien autre chose qu’un<br />

commerce, même lorsqu’on lui donne de l’or.<br />

On n’a pas jusqu’à présent considéré la chose sous ce point de vue. Partant toujours de<br />

ce principe, que la seule valeur réelle est celle qui se montre sous la forme d’un métal, on<br />

voyait à l’arrivée d’un voyageur une valeur de dix mille francs apportée en or ou en argent,<br />

et l’on appelait cela un gain de dix mille francs ; comme si le tailleur qui habillait l’étranger,<br />

le bijoutier qui le décorai, le traiteur qui le nourrissait, ne lui fournissaient aucune valeur en<br />

échange de son argent, et faisaient un profit égal au montant de leurs mémoires.<br />

L’avantage qu’un étranger procure est celui qu’on retire de toute espèce d’échange,<br />

c’est-à-dire de produire les valeurs qu’on reçoit en retour, par des procédés plus avantageux<br />

que si on les produisait directement. Il n’est point à dédaigner 219 ; mais il est bon de le<br />

réduire à sa juste valeur, pour se préserver des folles profusions au prix desquelles on s’est<br />

imaginé qu’on devait l’acheter. Un des auteurs les plus vantés pour les matières<br />

commerciales, dit que « les spectacles ne sauraient être trop grands, trop magnifiques et trop<br />

multipliés ; que c’est un commerce où la France reçoit toujours sans donner : » ce qui est à<br />

peu près le contraire de la vérité ; car la France donne, c’est-à-dire, perd la totalité des frais<br />

de spectacle, qui n’ont d’autre avantage que le plaisir qu’ils procurent, et qui ne fournissent,<br />

en remplacement des valeurs qu’ils consomment, aucune autre valeur. Ce peuvent être des<br />

choses fort agréables comme amusements, mais ce sont assurément des combinaisons fort<br />

ridicules comme calcul. Que penserait-on d’un marchand qui ouvrirait un bal dans sa<br />

boutique, paierait des bateleurs, et distribuerait des rafraîchissements, pour faire aller son<br />

commerce <br />

D’ailleurs, st-il bien sûr qu’une fête, un spectacle, quelque magnifiques qu’on les<br />

suppose, amènent beaucoup d’étrangers du dehors Les étrangers ne sont-ils pas plutôt<br />

attirés, ou par le commerce, ou par de riches trésors d’antiquités, ou par de nombreux chefsd’œuvre<br />

des arts qui ne se trouvent nulle part ailleurs, ou par un climat, des eaux<br />

singulièrement favorables à la santé, ou bien encore par le désir de visiter des lieux illustrés<br />

par de grands événements, et d’apprendre une langue fort répandue Je serais ssez tenté de<br />

croire que la jouissance de quelques plaisirs futiles n’a jamais attiré de bien loin beaucoup<br />

219 Le pays où l’étranger voyage est, relativement à lui, dans une situation favorable, et ce genre de commerce<br />

peut être regardé comme lucratif, parce que l’étranger, peu au fait de la langue et des valeurs, et souvent dominé<br />

par la vanité, paie, dans beaucoup de cas, les objets au-delà de ce qu’ils valent ; parce que les spectacles, les<br />

curiosités dont il achète la vue, sont des frais déjà faits sans lui, et que n’augmente pas sa présence ; mais ces<br />

avantages, très réels, sont bornés : il ne faut pas s’exagérer leur importance.

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