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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Elle seraient probablement améliorées ; car une aussi forte diminution dans le prix des<br />

denrées équinoxiales, en rendrait la consommation et le commerce beaucoup plus<br />

considérables.<br />

Les partisans du système colonial vantent les débouchés que les colonies françaises<br />

procurent à la France. Ils ne veulent pas comprendre que quels que fussent les pays qui nous<br />

approvisionnent de denrées coloniales 211 , il nous est impossible d’en acquitter le prix<br />

autrement que par l’exportation des produits du sol, des capitaux et de l’industrie de la<br />

France 212 . Ainsi, que nous tirions du sucre de la Martinique, ou bien de la Havane, oubien<br />

de la Cochinchine, soit que nous en fournissions la valeur directement par l’envoi de nos<br />

produits, ou indirectement en y envoyant de l’argent que nous acquérons au moyen de nos<br />

produits, de toute manière notre consommation en sucre est payée par les produits de notre<br />

industrie, de toute manière le mouvement commercial de nos ports est le même.<br />

J’ai entendu cent fois déplorer la perte du riche commerce de nos colonies et la splendeur<br />

ancienne des villes de Nantes et de Bordeaux. Ces lamentations sont absolument<br />

dépourvues de raison. L’industrie et la richesse de la France se sont au total accrues depuis<br />

qu’elle a perdu ses principales colonies, et malgré les circonstances extrêmement<br />

défavorables où elle s’est trouvée. Notre navigation marchande a été presque entièrement<br />

interrompue ; mais c’était par la guerre, par une guerre où l’ennemi était demeuré maître de<br />

la mer, et qui nous a valu du moins d’être pendant un temps débarrassés des frais de nos<br />

colonies. Depuis le retour de la paix, le mouvement de nos pors a repris, et il ne paraît pas<br />

que le commerce de Nantes et de Bordeaux soit moins considérable, puisque leur<br />

population n’est pas moindre qu’autrefois ; mais quand elle le serait, il n’y aurait pas lieu de<br />

s’étonner que de si grands changements survenus dans nos relations avec toutes les parties<br />

du monde, eussent changé le cours de notre commerce maritime, et que le havre-de-grâce<br />

eût gagné en importance ce que des ports moins heureusement situés pourraient avoir perdu.<br />

Sans doute la marine marchande de la France n’est point ce qu’elle doit être ; mais elle ne<br />

l’a jamais été. Peut-être faut-il s’en prendre au caractère national, qui se trouve moins apte à<br />

ce genre d’industrie qu’à plusieurs autres ; au défaut de capitaux pour les grandes<br />

entreprises maritimes, parce qu’elles sont trop peu souvent couronnées de succès ; mais<br />

surtout à une <strong>politique</strong> étroite et fiscale, qui rend difficile pour les navigateurs français<br />

l’accès des pays d’outre-mer, et à une législation maritime qui s’oppose à tout<br />

213<br />

développement .<br />

La marine marchande qui étonne le plus par ses progrès, est celle des états-Unis, qui<br />

n’ont point de colonies. Les vraies colonies d’un peuple commerçant, ce sont les peuples<br />

indépendans de toutes les parties du monde. Tout peuple commerçant doit désirer qu’ils<br />

soient tous indépendans, pour qu’ils deviennent tou plus industrieux et plus riches ; car plus<br />

ils sont nombreux et productifs, et plus ils présentent d’occasions et de facilités pour des<br />

échanges. Ces peuples alors deviennent pour vous des amis utiles, et qui ne vous obligent<br />

pas de leur accorder des monopoles onéreux, ni d’entretenir à grands fraisdes<br />

administrations, une marine et des établissements militaires aux bornes du monde. Un<br />

temps viendra où l’on sera honteux de tant de sottise, et où les colonies n’auront plus<br />

211 Elles seraient mieux nommées marchandises ou denrées équinoxiales, parce qu’elles croissent dans la zone<br />

torride et dans le voisinage des tropiques.<br />

212 Voyez plus haut ce qui a été dit au chapitre 17.<br />

213 Principalement à cause de la prépondérance exclusive donnée à la marine militaire, à cause des entraves que<br />

les douanes opposent au cabotage ; à cause des formalités exigées pour être capitaine au long cours, patron,<br />

pilote, etc. Le cabotage le plus libre est la source des véritables progrès maritimes ; et quant aux formalités, les<br />

Américains des États-Unis, qui sont les meilleurs marins du monde, ne les connaissent pas.

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