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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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garantissent même des atteintes dupouvoir arbitraire 201 . Cette seule protection est plus<br />

favorable à la prospérité générale que toutes les entraves inventées jusqu’à ce jour ne lui ont<br />

été contraires. Les entraves compriment l’essor de la production ; le défaut de sûreté la<br />

supprime toutà-fait.<br />

Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer les états soumis à la domination ottomane et<br />

ceux de notre Europe occidentale. Voyez l’Arique presque entière, l’Arabie, la Perse, cette<br />

Asie-Mineure, autrefois couverte de villes si florissantes, dont, suivant l’expression de<br />

Montesquieu, il ne reste de vestiges que dans Strabon : on y est pillé par des brigands, par<br />

des pachas ; la richesse et la opulation ont fui, et les hommes clairsemés qui y restent<br />

manquent de tout. Jetez au contraire les yeux sur l’Europe, quoiqu’elle soit fort éloignée<br />

d’être aussi florissante qu’elle le deviendra : la plupart des états y prospèrent, tout accablés<br />

qu’ils sont d’une foule de règlements et d’impôts, par cela seul qu’on y est, en général, à<br />

l’abri des outrages personnels et des spoliations arbitraires. La prospérité des républiques<br />

américaines est bien plus marquée encore, parce qu’à la sûreté s’y trouve jointe une plus<br />

grande liberté, et que les lois, surtout les lois fiscales, y sont faites, non dans l’intérêt de la<br />

partie gouvernante des nation, mais dans l’intérêt de tous.<br />

J’ai oublié de parler d’un autre moyen par lequel un gouvernement peut cntribuer à<br />

augmenter momentanément les richesses de son pays. Ce moyen consiste à dépouiller les<br />

autres nations de leurs propriétés mobilières pour les rapporter chez soi, et à leur imposer<br />

des tributs énormes pour les dépouiller des biens encore à naître : c’est ce que firent les<br />

Romains vers les derniers temps de la république, et sous les premiers empereurs ; ce<br />

système est analogue à celui que suivent les gens qui abusent de leur pouvoir et de leur<br />

adresse pour s’enrichir. Ils ne produisent pas ; ils ravissent les produits des autres.<br />

Je fais mention de ce moyen d’accroître les richesses d’une nation pour les embrasser<br />

tous, mais sans prétendre que ce soit le plus honorable, ni même le plus sûr. Si les Romains<br />

avaient suivi avec la même persévérance un autre système, s’ils avaient cherché à répandre<br />

la civilisation chez les barbares, et s’ils avaient établi avec eux des relations d’où fussent<br />

résultés des besoins réciproques, il est probable que la puissance romaine subsisterait<br />

encore.<br />

Chapitre XIX. Des colonies et de leurs produits.<br />

Les colonies sont des établissements formés dans des pays lointains par une nation plus<br />

ancienne qu’on nomme la métropole. Quand cette nation veut étendre ses relations dans un<br />

pays populeux déjà civilisé, et dont elle ne serait pas bien venue à envahir le territoire, elle<br />

se borne à y établir un comptoir, un lieu de négoce, où ses facteurs trafiquent conformément<br />

aux lois du pays, comme les européens ont fait en Chine, au Japon. Quand les colonies<br />

secouent l’autorité du gouvernement de la métropole, elles cessent de porter le nom de<br />

colonies et deviennent des états indépendans.<br />

Une nation fonde ordinairement des colonies quand sa nombreuse population se trouve à<br />

l’étroit dans son ancien territoire, et quand la persécution en chasse certaines classes<br />

201 Smith, passant en revue les véritables causes de la prospérité de la Grande-Bretagne (Rich. des Nat., liv. IV,<br />

chap. 7), met au premier rang « cette prompte et impartiale administration de la justice, qui rend les droits du<br />

dernier citoyen respectables pour le plus puissant, et qui, assurant à chacun le fruit de son travail, donne le plus<br />

réel de tous les encouragements à toute espèce d’industrie ». Poivre, qui avait tant voyagé, assure qu’il n’a<br />

jamais vu de pays véritablement prospères que ceux où la liberté d’industrie était jointe à la sûreté.

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