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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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particuliers ; et il lui convient d’établir entre eux une concurrence ouverte à qui le servira<br />

mieux et aux conditions les plus modérées.<br />

Si le gouvernement est un mauvais producteur par lui-même, il peut du moins favoriser<br />

puissamment la production des particuliers par des établissements publics bien conçus, bien<br />

exécutés et bien entretenus, et notamment par les routes, les ponts, les canaux et les ports.<br />

Les moyens de communication favorsent la production précisément de la même manière<br />

que les machines qui multiplient les produits de nos manufactures et en abrégent la<br />

production. Ils procurent le même produit à moins de frais, ce qui équivaut exactement à un<br />

plus grand produit obtenu avec les mêmes frais. Ce calcul, appliqué à l’immense quantité de<br />

marchandises qui couvrent les routes d’un empire populeux et riche, depuis les légumes<br />

qu’on porte au marché jusqu’aux produits de toutes les parties du globe, qui, après avoir été<br />

débarqués dans les ports, se répadent ensuite sur la surface d’un continent ; ce calcul, dis-je,<br />

s’il pouvait se faire, donnerait pour résultat une économie presque inappréciable dans les<br />

frais de production. La facilité des communications équivaut à la richesse natrelle et gratuite<br />

qui se trouve en un produit, lorsque, sans la facilité des communications, cette richesse<br />

naturele serait perdue. Qu’on suppose des moyens de transporter de la montagne jusque<br />

dans la plaine, de très beaux arbres qui se perdent dans certains endroits escarpés des Alpes<br />

et des Pyrénées : Dès lors l’utilité tout entière des bois qui maintenant se pourrissent aux<br />

lieux où ils tombent, est ôcquise, et forme une augmentation de revenu, soit pour le<br />

propriétaire du terrain dont le revenu s’accroît de tout le prix auquel il vend ses arbres, soit<br />

pour les consommateurs de bois dont le revenu s’accroît de toute la baisse qui résulte par<br />

cette circonstance dans le prix de cet objet de leurs consommations 199 .<br />

Les académies, les bibliothèques, les écoles publiques, les musées, fondés par des<br />

gouvernements éclairés, contribuent à la production des richesses en découvrant de<br />

nouvelles vérités, en propageant celles qui sont connues, et en mettant ainsi les<br />

entrepreneurs d’industrie sur la voie des applications que l’on peut faire des connaissances<br />

200<br />

de l’homme à ses besoins . On en peut dire autant des voyages entrepris aux frais du<br />

public, et dont les résultats sont d’autant plus brillans que, de nos jours, ce sont en général<br />

des hommes d’un mérite éminent qui se vouent à ce genre de recherches.<br />

Et remarquez bien que les sacrifices qu’on fait pour reculer les bornes des connaissances<br />

humaines, ou simplement pour en conserver le dépôt, ne doivent pas être condamnés, même<br />

lorsqu’ils ont rapport à celles dont on n’aperçoit pas l’utilité immédiate. Toutes les<br />

connaissances se tiennent. Il est nécessaire qu’une science purement spéculative soit<br />

avancée, pour que telle autre, qui a donné lieu aux plus heureuses applications, le soit<br />

également. Il est impossible d’ailleurs de prévoir à quel point un phénomène qui ne paraît<br />

que curieux peut devenir utile. Lorsque le hollandai Otto Guericke tira les premières<br />

étinclles électriques, pouvait-on soupçonner qu’elles mettraient Franklin sur la voie de<br />

diriger la foudre et d’en préserver nos édifices Entreprise qui semblait excéder de si loin<br />

les efforts du pouvoir de l’homme !<br />

Mais de tous les moyens qu’ont les gouvernements de favoriser la production, le plus<br />

puissant, c’est de pourvoir à la sûreté des personnes et des propriétés, surtout quand ils les<br />

199 Les frais de transport des arbres ne sont pas un revenu nouveau ajouté à ceux du pays ; car les capitaux et<br />

les facultés industrielles qui servent à ce transport sont des fonds productifs qui existent indépendamment de la<br />

route qu’on a percée, et qui auraient obtenu des profits ailleurs, s’ils n’avaient été appliqués au transport dont il<br />

est ici question.<br />

200 Voyez chapitre 6, Des opérations de l’industrie, etc.

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