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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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qui favoriserait et étendrait la culture du froment dans certaines parties de la Pologne, de<br />

l’Espagne, de la Barbarie, ou de l’Amérique septentrionale ; que Dès lors ces contrées ne<br />

pourraient pas plus se dispenser de vendre, que l’Angleterre d’acheter ; que Bonaparte luimême,<br />

le plus furieux ennemi de l’Angleterre, au plus fort des hostilités, lui avait fait passer<br />

du grain pour en recevoir de l’argent ; que jamais la récolte ne manque à la fois en plusieurs<br />

pays distants les uns des autres ; et qu’un grand commerce de blé, bien établi, oblige à des<br />

approvisionnements préparés d’avance, à des dépôts considérables qui éloigneraient, plus<br />

que toute autre cause, la possibilité des disettes ; tellement qu’on peut affirmer, d’après le<br />

raisonnement et l’expérience de la Hollande et de quelques autres états, que ce sont<br />

précisément ceux où l’on ne recueille pas de blé, qui ne sont jamais exposés à des disettes,<br />

ni même à des chertés bien considérables 195 .<br />

On ne peut se dissimuler cependant qu’il n’y ait des inconvénients graves à ruiner dans<br />

un pays (même dans celui où les approvisionnements du commerce sont faciles) la culture<br />

des céréales. La nourriture est le premier besoin des peuples, et il n’est pas prudent de se<br />

mettre dans la nécessité de la tirer de trop loin. Des lois qui prohibent l’entrée des blés pour<br />

protèger les intérêts du fermier aux dépens des manufacturiers, sont des lois fâcheuses, j’en<br />

conviens ; mais des impôts excessifs, des emprunts, une diplomatie, une cour, et des armées<br />

ruineuses, sont des circonstances fâcheuses aussi, et qui pèsent sur le cultivateur plus que<br />

sur le manufacturier. Il faut bien rétablir, par un abus, l’équilibre naturel rompu par d’autres<br />

abus ; autrement tous les laboureurs se changeraient en artisans, et l’existence du corps<br />

social devindrait trop précaire.<br />

Chapitre XVIII. Si le gouvernement augmente la richesse<br />

nationale en devenant producteur lui-même.<br />

Une entreprise industrielle quelconque donne de la perte, lorsque ls valeurs consommées<br />

pour la production, excèdent la valeur des produits 196 . Que ce soient les particuliers ou bien<br />

le gouvernement qui fasse cette perte, elle n’en est pas moins réelle pour la nation ; c’est<br />

une valeur qui se trouve de moins dans le pays.<br />

Ce serait en vain qu’on prétendrait que, tandis que legouvernement y perd, les agents, les<br />

hommes industrieux, les ouvriers qu’il emploie, y ont gagné. Si l’entreprise ne se soutient<br />

pas par elle-même, ne paie pas ses frais, le déficit qui en résulte est nécessairement payé par<br />

ceux qui fournissentaux dépenses des gouvernements : par les contribuables. Il convient que<br />

des producteurs soient payés par leurs produits, et non pas soutenus par une contribution<br />

197<br />

gratuite .<br />

La manufacture de tapisseries des Gobelins, qui est entretenue par le gouvernement de<br />

France, consomme des laines, des soies, des teintures ; elle consomme la rente de son local,<br />

l’entretien de ses ouvriers ; toutes choses qui devraient être remboursées par ses produits, et<br />

195 Ricardo : An Essay on the influence of the low price of corn, etc.<br />

196 Il ne faut pas perdre de vue que la consommation de la valeur des services productifs, qui se fait dans la<br />

production, est une consommation aussi réelle que la consommation qui se fait des matières premières. Les<br />

services productifs comprennent les services rendus par les capitaux, aussi bien que ceux qui sont rendus par<br />

l’industrie.<br />

197 Si le gouvernement consacre à ses entreprises des revenus qui lui sont propres, comme le produit des<br />

domaines, la perte n’existe pas moins, et même elle ne retombe pas moins sur les peuples ; car si une partie du<br />

produit des domaines n’était pas consacrée à cet usage, ce serait autant de moins qu’on aurait à lever sur les<br />

contribuables.

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