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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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sur l’introduction des marchandises étrangères, que des droits analogues à ceux dont est<br />

chargée la production intérieure.<br />

Malgré les inconvénients que j’ai signalés dans les prohibitions de denrées étrangères, il<br />

serait sans doute téméraire de les abolir brusquement. Un malade ne se guérit pas dans un<br />

jour. Une nation veut être traitée avec de semblables ménagements, même dans le bien<br />

qu’on lui fait. Que de capitaux, que de mains industrieuses employés dans des fabrications<br />

monopoles, qu’il faut Dès lors ménager, quoiqu’elles soient des abus ! Ce n’est que peu à<br />

peu que ces capitaux et cette main-d’œuvre peuvent trouver des emplois plus<br />

avantageusement productifs pour la nation. Peut-être n’est-ce pas trop de toute l’habileté<br />

d’un grand homme d’état pour cicatriser les plaies qu’occasionne l’extirpation de cette<br />

loupe dévorante du système réglementaire et exclusif ; et quand on considère mûrement le<br />

tort qu’il cause quand il est établi, et les maux auxquels on peut être exposé en l’abolissant,<br />

on est conduit naturellement à cette réflexion : s’il est si difficile de rendre la liberté à<br />

l’industrie, combien ne doit-on pas être réservé lorsqu’il s’agit de l’ôter !<br />

Les gouvernements ne se sont pas contentés de mettre des entraves à l’introduction des<br />

produits étrangers. Toujours persuadés qu’il fallait que leur nation vendît sans acheter,<br />

comme si la chose était possible, en même temps qu’ils ont assujetti à une espèce d’amende<br />

ceux qui achetaient de l’étranger, ils ont souvent offert des gratifications, sous le nom de<br />

primes d’encouragement, à celui qui vendait à l’étranger.<br />

Le gouvernement anglais surtout, plus jaloux encore que les autres de favoriser<br />

l’écoulement es produits du commerce et des manufactures de la Grande-Bretagne, a fait<br />

grand usage de ce moyen d’encouragement. On comprend que le négociant qui reçoit une<br />

gratification à la sortie, peut, sans perte pour lui-même, donner dans l’étranger sa<br />

marchandise à un prix inférieur à celui auquel elle lui revient lorsqu’elle y est rendue.<br />

« Nous ne pouvons, dit Smith à ce sujet, forcer les étrangers à acheter de nous<br />

exclusivement les objets de leur consommation ; en conséquence nous les payons pour<br />

qu’ils nous accordent cette faveur. »<br />

En effet, si une certaine marchandise envoyée par un négociant anglais en France, y<br />

revient à ce négociant, en y comprenant le profit de son industrie, à 100 francs, et si ce prix<br />

n’est pas au-dessous de celui auquel on peut se procurer la même marchandise en France, il<br />

n’y aura pas de raison pour qu’il vende la sienne exclusivement à toute autre. Mais si le<br />

gouvernement anglais accorde, au moment de l’exportation, une prime de 10 francs, et si,<br />

au moyen de cette prime, la marchandise est donnée pour 90 francs au lieu de 100 qu’elle<br />

vaudrait, elle obtient la préférence ; mais n’est-ce pas un cadeau de 10 francs que le<br />

gouvernement anglais fait au consommateur français <br />

On conçoit que le négociant puisse trouver son compte à cet ordre de choses. Il fait le<br />

même profit que si la nation française payait la chose selon sa pleine valeur ; mais la nation<br />

anglaise perd, à ce marché, dix pour cent avec la nation française. Celle-ci n’envoie qu’un<br />

retour de la valeur de 90 francs en échange de la marchandise qu’on lui a envoyée, qui en<br />

vaut 100.<br />

Quand une prime est accordée, non au moment de l’exportation, mais dès l’origine de la<br />

production, le produit pouvant être vendu aux nationaux de même qu’aux étrangers, c’est un<br />

présent dont profitent les consommateurs nationaux comme ceux de l’étranger. Si, comme<br />

cela arrive quelquefois, le producteur met la prime dans sa poche, et n’en maintient pas<br />

moins la marchandise à son prix naturel, alors c’est un présent fait par le gouvernement au<br />

producteur, qui est en outre payé du profit ordinaire de son industrie.<br />

Quand une prime engage à créer, soit pour l’usage intérieur, soit pour l’usage de<br />

l’étranger, un produit qui n’aurait pas lieu sans cela, il en résulte une production fâcheuse,<br />

car elle coûte plus qu’elle ne vaut.

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