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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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des valeurs telles qu’il puisse les consommer directement. Voilà le fruit des prohibitions :<br />

on est plus mal accommodé de part et d’autre, et l’on n’en est pas plus riche.<br />

Napoléon fit certainement tort à l’Angleterre et au continent, en gênant, autant qu’il<br />

dépendit de lui, les relations réciproques de l’une et de l’autre : mais, d’un autre côté, il fit<br />

involontairement du bien au continent de l’Europe, en facilitant, par cette agrégation d’états<br />

continentaux, fruit de son ambition, une communication plus intime entre ces différents<br />

états. Il ne restait plus de barrières entre la Hollande, la Belgique, une partie de<br />

l’Allemagne, l’Italie et la France, et de faibles barrières s’élevaient entre les autres états,<br />

l’Angleterre exceptée. Je juge du bien qui résulta de ces communications par l’état de<br />

mécontentement et de dépression du commerce qui est résulté du régime qui a suivi, et où<br />

chaque état s’est retranché derrière une triple ligne de douaniers. Chacun a bien conservé les<br />

mêmes moyens de production, mais d’une production moins avantageuse.<br />

Personne ne nie que la France ait beaucoup gagné à la suppression, opérée par la<br />

révolution, des barrières qui séparaient ses provinces ; l’Europe avait gagné à la<br />

suppression, partielle du moins, des barrières qui séparaient les états de la république<br />

continentale ; et le monde gagnerait beaucoup plus encore à la suppression des barrières qui<br />

tendent à séparer les états qui composent la république universelle.<br />

Je ne parle point de plusieurs autres inconvénients très graves, tels que celui de créer un<br />

crime de plus : la contrebande ; c’est-à-dire de rendre criminelle par les lois une action qui<br />

est innocente en elle-même, et d’avoir à punir des gens qui, dans le fait, travaillent à la<br />

prospérité générale.<br />

Smith admet deux circonstances qui peuvent déterminer un gouvernement sage à avoir<br />

recours aux droits d’entrée.<br />

La première est celle où il s’agit d’avoir une branche d’industrie nécessaire à la défense<br />

du pays, et pour laquelle il ne serait pas prudent de ne pouvoir compter que sur des<br />

approvisionnements étrangers. C’est ainsi qu’un gouvernement peut prohiber l’importation<br />

de la poudre à canon, si cela est nécessaire à l’établissement des poudrières de l’intérieur ;<br />

car il vaut mieux payer cette denrée plus cher, que de s’exposer à en être privé au moment<br />

du besoin 160 .<br />

La seconde est celle où un produit intérieur, d’une consommation analogue, est déjà<br />

chargé de quelque droit. On sent qu’alors un produit extérieur par lequel il pourrait être<br />

remplacé, et qui ne serait chargé d’aucun droit, aurait sur le premier un véritable privilège.<br />

Faire payer un droit dans ce cas, ce n’est point détruire les rapports naturels qui existent<br />

entre les diverses branches de production : c’est les rétablir.<br />

En effet, on ne voit pas pour quel motif la production de valeur qui s’opère par le<br />

commerce extérieur, devrait être déchargée du faix des impôts que supporte la production<br />

qui s’opère par le moyen de l’agriculture ou des manufactures. C’est un malheur que<br />

d’avoir un impôt à payer ; ce malheur, il convient de le diminuer tant qu’on peut : mais une<br />

fois qu’une certaine somme de contributions est reconnue nécessaire, ce n’est que justice de<br />

la faire payer proportionnellement à tous les genres de production. Le vice que je signale ici<br />

est de vouloir nous faire considérer cette sorte d’impôt comme favorable à la richesse<br />

publique. L’impôt n’est jamais favorable au public que par le bon emploi qu’on fait de son<br />

produit.<br />

160 Ce motif lui-même a peu de force ; il a été prouvé que le salpêtre s’accumule d’autant mieux dans un pays<br />

pour le moment du besoin, qu’on en tire habituellement davantage de l’étranger ; ce qui n’a pas empêché la<br />

législature française de frapper ce produit de droits énormes.

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