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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Pourquoi faut-il que des notions si claires, si conformes au simple bon sens, et à des faits<br />

constatés par tous ceux qui s’occupent de commerce, aient néanmoins été rejetées dans<br />

l’application par tous les gouvernements de l’Europe 153 , et combattues par plusieurs<br />

écrivains qui ont fait preuve d’ailleurs et de lumières et d’esprit C’est, disons-le, parce que<br />

les premiers principes de l’économie <strong>politique</strong> sont encore presque généralement ignorés ;<br />

parce qu’on élève sur de mauvaises bases des raisonnements ingénieux dont se paient trop<br />

aisément, d’une part, les passions des gouvernements (qui emploient les prohibitions<br />

comme une arme offensive ou comme une ressource fiscale), et d’une autre part l’avidité de<br />

plusieurs classes de négociants et de manufacturiers qui trouvent dans les privilèges un<br />

avantage particulier, et s’inquiètent peu de savoir si leurs profits sont le résultat d’une<br />

production réelle ou d’une perte supportée par d’autres classes de la nation.<br />

Vouloir mettre en sa faveur la balance du commerce, c’est-à-dire, vouloir donner des<br />

marchandises et se les faire payer en or, c’est ne vouloir point de commerce ; car le pays<br />

avec lequel vous commercez ne peut vous donner en échange que ce qu’il a. Si vous lui<br />

demandez exclusivement des métaux précieux, il est fondé à vous en demander aussi ; et du<br />

moment qu’on prétend de part et d’autre à la même marchandise, l’échange devient<br />

impossible. Si l’accaparement des métaux précieux était exécutable, il ôterait toute<br />

possibilité de relations commerciales avec la plupart des états du monde.<br />

Lorsqu’un pays vous donne en échange ce qui vous convient, que demandez-vous de<br />

plus Que peut l’or davantage Pourquoi voudriez-vous avoir de l’or, si ce n’est pour<br />

acheter ensuite ce qui vous convient <br />

Un temps viendra où l’on sera bien étonné qu’il ait fallu se donner tant de peine pour<br />

prouver la sottise d’un système aussi creux, et pour lequel on a livré tant de guerres.<br />

Fin de la digression sur la balance du commerce.<br />

Nous venons de voir que les avantages qu’on cherche par le moyen d’une balance<br />

favorable du commerce, sont absolument illusoires, et que, fussent-ils réels, aucune nation<br />

ne pourrait les obtenir d’une manière permanente. Quel effet produisent donc en réalité les<br />

règlements faits dans ce but C’est ce qui nous reste à examiner.<br />

Un gouvernement qui défend absolument l’introduction de certaines marchandises<br />

étrangères, établit un monopole en faveur de ceux qui produisent cette marchandise dans<br />

l’intérieur, contre ceux qui la consomment ; c’est-à-dire que ceux de l’intérieur qui la<br />

produisent, ayant le privilège exclusif de la vendre, peuvent en élever le prix au-dessus du<br />

numéraire par l’Angleterre, et dont la totalité se monte à la somme énorme de 317 millions sterling (plus de 8<br />

milliards de francs). En ajoutant à cette somme le numéraire qui se trouvait déjà dans le pays lorsque le siècle a<br />

commencé, on trouvera que l’Angleterre, à ce compte, doit posséder un numéraire approchant de bien près 400<br />

millions sterling. Comment se fait-il que les évaluations ministérielles les plus exagérées n’aient pu trouver en<br />

Angleterre que 47 millions de numéraire, à l’époque même où il y en avait le plus (Voyez ci-dessus, chapitre<br />

3.)<br />

153 Tous se sont conduits d’après la persuasion où ils étaient, en premier lieu, que les métaux précieux sont la<br />

seule richesse désirable, tandis qu’ils ne jouent qu’un rôle secondaire dans la production des richesses ; et, en<br />

second lieu, qu’il était en leur pouvoir d’en faire entrer d’une manière régulière et constante par des moyens<br />

forcés. Nous avons vu, par l’exemple de l’Angleterre (dans la note précédente), combien peu ils y ont réussi. Le<br />

spectacle imposant de l’opulence de cette nation n’est donc pas dû à la balance avantageuse de son commerce. A<br />

quoi doit-on l’attribuer répondra-t-on ; à l’immensité de ses productions. A quoi sont-elles dues je le répète :<br />

à l’épargne qui a grossi les capitaux des particuliers, au génie de la nation, éminemment porté vers l’industrie et<br />

les applications utiles ; à la sûreté des personnes et des propriétés, à la facilité de la circulation intérieure, et à<br />

une liberté industrielle qui, malgré ses entraves, est, à tout prendre, supérieure à celle des autres États de<br />

l’Europe.

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