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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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fait pas la richesse ; c’est la valeur de la matière. Si beaucoup d’argent ne vaut pas plus que<br />

peu, peu d’argent vaut autant que beaucoup. Une valeur en marchandise vaut autant que la<br />

même valeur en argent.<br />

Non, ajoute-t-on, à égalité de valeur, l’argent est préféré à la marchandise. Arrêtons-nous<br />

un instant ; ceci demande une explication. On verra, quand je parlerai des monnaies, la<br />

raison qui fait qu’en général, à égalité de valeur, on préfère le numéraire aux marchandises.<br />

On verra qu’avec le métal monnayé on peut se procurer les choses dont on a besoin, par un<br />

seul échange au lieu de deux. Il n’est pas nécessaire alors, comme lorsqu’on possède toute<br />

autre espèce de marchandise, de vendre sa marchandise-monnaie d’abord, pour en racheter<br />

ce qu’on veut avoir : on achète immédiatement ; ce qui, avec la facilité que donne la<br />

monnaie par ses coupures, de la proportionner exactement à la valeur de la chose achetée, la<br />

rend éminemment propre aux échanges ; elle a donc pour consommateurs tous ceux qui ont<br />

quelque échange à faire, c’est-à-dire, tout le monde ; et c’est la raison pour laquelle tout le<br />

monde est disposé à recevoir, à valeur égale, de la monnaie plutôt que tout autre<br />

marchandise.<br />

Mais cet avantage de la monnaie, dans les relations entre particuliers, n’en est plus un de<br />

nation à nation. Dans ces dernières relations, la monnaie, et encore plus les métaux non<br />

monnayés, perdent l’avantage que leur qualité de monnaie leur donne aux yeux des<br />

particuliers ; ils rentrent dans la classe des autres marchandises. Le négociant qui a des<br />

retours à attendre de l’étranger, ne considère autre chose que le gain qu’il pourra faire sur<br />

ces retours, et ne regarde les métaux précieux qu’il en pourrait recevoir, que comme une<br />

marchandise dont il se défera avec plus ou moins de bénéfice ; il ne redoute point, lui, une<br />

marchandise parce qu’elle réclamera encore un échange, puisque son métier est de faire des<br />

échanges, pourvu qu’ils lui soient profitables.<br />

Un particulier aime encore à recevoir de l’argent plutôt que de la marchandise, parce<br />

qu’il sait mieux ainsi la valeur de ce qu’il reçoit ; mais un négociant, qui connaît le prixcourant<br />

des marchandises dans les principales villes du monde, ne se méprend pas sur la<br />

valeur qu’on lui paie, quelle que soit la forme matérielle sous laquelle on lui présente cette<br />

valeur.<br />

Un particulier peut être appelé à liquider sa fortune pour lui donner une autre direction,<br />

pour faire des partages, etc. : une nation n’est jamais dans ce cas-là ; et quant aux<br />

liquidations, aux ventes que les particuliers ont à faire, que leur importe la valeur de la<br />

monnaie Si elle est rare et chère, on leur en donne moins pour ce qu’ils ont à vendre, mais<br />

ils en donnent moins pour ce qu’ils ont à acheter 147 . Quelle qu’ait été dans un achat, dans<br />

147 On remarque cependant que les ventes s’opèrent plus aisément, non lorsque la valeur de la monnaie est<br />

basse, mais pendant qu’elle décline, comme lorsqu’on émet une trop grande quantité de papier-monnaie ; mais<br />

cet avantage, si c’en est un, ne s’obtient pas au moyen de ce qu’on nomme une balance favorable ; car le<br />

commerce n’a garde de porter des métaux dans un pays où leur valeur décline.<br />

On ne sera peut-être pas fâché de trouver ici, comme éclaircissement sur ce point, une note du traducteur<br />

anglais de cet ouvrage. « Il y a, dit-il, deux avantages à l’abondance et au bon marché relatif de la monnaie, et<br />

par conséquent de la matière dont elle est faite. 1° Une nation grevée d’une dette doit désirer ce bon marché,<br />

parce qu’il diminue le poids des charges qui pèsent sur la nation, et rend sa libération plus facile. Le cas opposé<br />

produit un effet contraire. 2° Les classes productives sont intéressées au déclin graduel de la valeur de la<br />

monnaie, parce qu’il diminue graduellement le poids du fermage des terres et les intérêts des capitaux prêtés,<br />

ainsi que le poids des remboursements ; ce qui est une récompense acquise au profit des travailleurs, aux dépens<br />

des propriétaires oisifs. A la vérité cet avantage ne peut pas durer : tout nouveau capital prêté a une valeur<br />

réduite, aussi bien que l’intérêt auquel il donne droit, et tout nouveau bail de ferme est plus élevé en raison de la<br />

dépréciation de la monnaie. Mais l’industrie, en attendant, profite de la circonstance, et la production est toujours<br />

stimulée par la hausse des prix en argent, et fort malheureuse dans le cas contraire ; témoin la détresse actuelle<br />

(en 1821, époque où, en réduisant la somme du papier-monnaie, on fit remonter sa valeur au niveau de celle de

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