Coût de production du lait en Normandie - Chambre régionale d ...

RÉSEAUX D’ÉLEVAGE POUR LE CONSEIL ET LA PROSPECTIVE
COLLECTION THÉMA
ÉDITORIAL
COÛT DE PRODUCTION
DU LAIT EN NORMANDIE
À partir de la méthode développée par l’Institut de
l’Élevage et les Chambres d’Agriculture dans le cadre
des Réseaux d’Élevage
La conjoncture laitière vécue en
2009 place les exploitations dans
l’obligation d’une gestion plus
forte encore que par le passé.
Les inversions de conjoncture,
tant sur les intrants que sur les
prix, ouvrent l’ère de l’instabilité
avec une perte de visibilité sur
le moyen terme. Cette volatilité
des prix et des marchés, va
imposer aux éleveurs une
attention de tous les instants et la
nécessité d’une réflexion
approfondie avant tout
investissement ou changement
technique d’envergure.
Dans ce contexte, tous les outils
de pilotage doivent être mobilisés
et le « Coût de production »
en est un parmi d’autres.
Loin de révolutionner l’approche
économique des exploitations,
cet indicateur vient cependant
donner un angle de vue nouveau
qui met en évidence certaines
pistes d’améliorations ou marges
de progrès. Il ne remet pas en
cause la notion d’approche
globale.
En 2009, au cœur de la crise
laitière, l’Institut de l’Elevage a mis
au point une méthode de calcul
nationale du coût de production
du litre de lait en lien avec
les Chambres d’agriculture dans
le cadre des Réseaux d’Elevage.
Sa principale innovation consiste
en sa capacité à calculer un coût
de production de l’atelier lait dans
toutes les exploitations, y compris
celles en systèmes diversifiés.
Elle est également élaborée dans le respect de l’approche
préconisée par le réseau IFCN (International Farm
Comparaison Network) qui vise à comparer les coûts
de production entre pays et expliquer les différences
de compétitivité des entreprises.
Aujourd’hui, il ne suffit pas de connaître son coût de
production, nous devons aussi pouvoir nous situer
en terme de compétitivité à différentes échelles : régions,
bassins de production, pays… D’où l’intérêt d’une telle
méthode qui doit faire référence.
Cette méthode qui s’est consolidée au fil des mois
a été appliquée récemment aux exploitations
des Réseaux d’Elevage de Normandie, ce document
nous présente ses principes mais surtout les premiers
résultats en conjoncture 2008 et en projection
2009/2010.
S’il y en avait besoin, ce travail confirme le malaise
ressenti par les éleveurs laitiers en 2009 et chiffre
l’ampleur des difficultés auxquelles les éleveurs sont
aujourd’hui confrontés.
Yves CARPENTIER
Président du Comité Régional de l’Élevage
Haute-Normandie et Basse-Normandie
1

COÛT DE PRODUCTION DU LAIT EN NORMANDIE
MÉTHODOLOGIE
La volatilité du prix des matières
premières et les récentes
fluctuations sur le prix du lait
plaident pour la bonne
connaissance du coût de
production. La composition de ce
coût est un paramètre clé pour
analyser la compétitivité des
exploitations et des systèmes
laitiers de Normandie.
Disposer de repères précis pour
analyser le poids des différentes
composantes de ce coût de
production de l’atelier lait est
aujourd’hui nécessaire pour être
suffisamment réactif.
Les grands principes
Le coût de production concerne
l’ensemble de l’atelier lait.
Il inclut la production laitière, l’élevage des génisses
de renouvellement, l’engraissement des réformes, la
production fourragère et la production des céréales
autoconsommées par le troupeau laitier.
Comme il se rapporte au produit
de l’atelier lait, il comprend : le produit de la
vente du lait, le produit viande de l’atelier lait, les
autres produits de l’atelier lait et la part des aides
« affectables » à l’atelier lait.
Le coût de production s’exprime en € pour 1 000
litres de lait commercialisé.
L'approche coût de production lait
est une méthode mise au point par
l’Institut de l’Élevage en lien avec les
Chambres d’Agriculture dans le
cadre des Réseaux d’Élevage.
Cette approche consiste à mettre en
regard toutes les charges et tous les
produits liés à la production laitière.
Méthode de calcul
Pour les exploitations laitières spécialisées, les charges prises en compte
pour l’atelier lait (vaches et génisses de renouvellement) sont :
- les charges opérationnelles : aliments du bétail achetés et produits, surface fourragère
et de frais d'élevage,
- les charges de structure : fermage, travaux par tiers non affectés, carburants, lubrifiants,
EDF, eau, frais de gestion, salaires et charges salariales, MSA….
- les charges d'amortissements : matériel et bâtiments.
Pour approcher un coût réel de production, il faut également intégrer :
- la rémunération de la main-d’œuvre exploitant sur la base de 1,5 SMIC net par Unité
de Main-d’Œuvre soit l’équivalent 18 000 € / an,
- les charges supplétives : la rémunération des terres en propriété, calculée sur la base
du fermage moyen de l'exploitation et la rémunération des capitaux propres de l’exploitation
à hauteur de 2 %.
Ainsi avec l'ensemble de ces charges, on obtient un coût de
production tel qu'il est calculé dans les autres secteurs d'activité.
Pour les exploitations laitières diversifiées avec d’autres productions
(cultures, atelier bœufs ou JB…), la méthode s’applique avec des clés
d’affectation pour ventiler les charges de structure selon les différents ateliers de
l’exploitation. Ces clés ont été élaborées à partir de régressions appliquées aux
800 exploitations suivies sans le cadre des réseaux d’élevage en 2007 puis validées
sur les 800 suivis 2008. Ainsi, l'atelier lait (vaches et génisses de renouvellement)
peut être isolé et le coût de production calculé, même dans une exploitation diversifiée.
Figure 1 : Principaux postes de charges du coût de production de l’atelier lait
Source : Réseaux d’Elevage Lait de Normandie
Charges de main-d'oeuvre :
Rémunération forfaitaire de la MO exploitant
(1,5 SMIC/UMO)
Charges supplétives :
Rémunération des terres en propriété,
rémunération des capitaux propres
Amortissements :
Matériels, bâtiments et installations
Charges de structure :
Travaux par tiers non affectés, carburants
et lubrifiants, entretien et achat du matériel,
salaires et fermage, EDF, eau, frais de gestion,
charges salariales, MSA, frais financiers...
Charges opérationnelles :
Aliments du bétail (achetés et produits),
SFP (y compris travaux par tiers affectés),
Controle laitier, IA, frais vétérinaires,
frais divers d'élevage
2

COÛT DE PRODUCTION DU LAIT EN NORMANDIE
Le coût de production a été
calculé dans les 65
exploitations du Réseau lait
de Normandie pour la
campagne 2008/2009 selon la
méthode Institut de l’Élevage
- Chambres d’agriculture,
dans une conjoncture de prix
du lait favorable.
EN 2008, 490 € DE COÛT DE
PRODUCTION POUR UNE
RÉMUNÉRATION À 1,8 SMIC
Le coût de production moyen de
l’atelier laitier (vaches et génisses
de renouvellement) s’élève
à 490 €/1 000 litres de lait
commercialisé (clôture comptable
moyenne au 26/01/2009). C’est la
moyenne des 47 exploitations
conventionnelles, hors exploitations
en agriculture biologique et foin
séché en grange, dont le coût de
production est très spécifique.
Le poste coût alimentaire du
troupeau (concentrés et SFP)
représente 70% des charges
opérationnelles et 24% du coût
total de production.
Autre poste de poids dans ce coût de production, celui des
charges de structure avec 163 € (hors amortissements), soit
33% du coût total.
Les produits de l’atelier lait s’établissent en moyenne à
503 € (374 € de prix du lait, 64 € de co-produit viande
et 65 € d’aides). La rémunération permise pour
la main-d’œuvre exploitant est de 80 €, soit l’équivalent
de 1,8 SMIC.
Deux autres niveaux de prix du lait indicatifs sont calculés :
- le prix du lait pour couvrir l’ensemble des charges y
compris la rémunération forfaitaire de la main-d’œuvre
exploitant, soit 361 €
- le prix du lait pour couvrir l’ensemble des charges, hormis
cette rémunération forfaitaire, soit 294 €.
Des coûts de production variables selon les systèmes
de production
Ces moyennes cachent des situations très différentes d’un
système à l’autre. Le coût de production moyen par
système varie de 434 € en système lait + cultures à 589 €
en agriculture biologique par 1 000 litres commercialisés.
Les produits (lait + viande + aides + divers), quant à eux,
varient de 458 € à 603 € avec des prix du lait compris
entre 355 € et 447 € (figure 3).
Ces chiffres sont à interpréter avec prudence, compte tenu
des différences de dates de clôture qui peuvent impacter
fortement le résultat annuel, notamment pour le prix du lait.
Figure 2 : Structure du coût de production et
produits moyens observés de l’atelier lait en
2008 pour les exploitations du réseau
(hors « sécheurs et bios »), en €/1000 litres
commercialisés
Source : Réseaux d’Elevage Lait de Normandie
Figure 3 : Coûts de production par système en 2008, avec décomposition
des principaux postes de charges pour la moyenne du groupe
Source : Réseaux d’Elevage Lait de Normandie
Rémunération
MO exploitant
Charges
supplétives
Amortissements
Charges
de structures
Charges
opérationnelles
Coût de
production total
490 €
67 €
14 €
77 €
163 €
169 €
80 €
1,8 SMIC
Produit brut
total atelier
503 €
374 €
65 €
64 €
294 €
Prix du lait
actualisé
Clôture moyenne
au 26/01/2009
361 €
(rémunération nette
à 1,5 SMIC/UMO exploitant)
Point de
rémunération zéro
Aides et
autres produits
Produits viande
de l’atelier lait
€/1000 litres
600
500
400
300
200
100
0
67
14
77
163
169
Moyenne
491
Coût de production total de l'atelier laitier
Coût de production pour 1000 litres
393 397
374 580
376 377 371
362
515 517 496 484
Herbagers
Spé 10-30%...
Spé >30 % maïs
Lait + boeufs
Lait + JB
Lait + cultures
Sécheurs
26/01/09 06/01/09 06/10/09 04/03/09 23/02/09 04/02/09 09/01/09 05/03/09 24/10/08
Dates moyennes de clôture comptable
434
570 589
409 387 396 357 323 331 409 433
355
Prix du lait
417
447
AB
3

COÛT DE PRODUCTION DU LAIT EN NORMANDIE
Les systèmes les plus extensifs ont
les coûts de production ramenés
aux 1 000 litres les plus élevés, en
raison d’un volume de lait vendu
par unité de main-d’œuvre et par
hectare beaucoup plus faible que
les systèmes intensifs. Ainsi, les
systèmes herbagers, sécheurs ou en
agriculture biologique
commercialisent de 185 000 à
200 000 litres de lait par unité de
main-d’œuvre quand les systèmes
lait + cultures sont à plus de
300 000 litres par unité de
main-d’œuvre. A l’inverse, le prix
du lait est plus élevé en agriculture
biologique (447 € en moyenne)
que dans les systèmes intensifs,
souvent en Prim’holstein (355 €).
Les systèmes herbagers cumulent
les désavantages, avec un coût de
production voisin de celui des bios
et des sécheurs (564 €) sans en
avoir les plus values (prix du lait
de 393 €). Cependant, le montant
des aides (105 €) grâce aux MAE,
PHAE ou CAD, vient modérer
ce surcoût.
Au-delà de ces moyennes par
système, les résultats des
exploitations montrent une forte
variabilité qui témoigne de marges
de progrès possibles pour bon
nombre d’entre elles (figure 4).
Figure 4 : Variabilité du coût de production par système en 2008
Source : Réseaux d’Elevage Lait de Normandie
€/1000 litres
800
700
600
500
400
300
Herbagers
Spé
10-30%
maïs
Spé
>30%
maïs
Lait
+
boeufs
POUR UNE ANALYSE PLUS TECHNIQUE
DU COÛT DE PRODUCTION,
QUELQUES REGROUPEMENTS UTILES
Coût alimentaire, mécanisation et main-d’œuvre sont
les plus gros postes de charges
Le coût de production moyen de 490 €, hors sécheurs
et bios, se répartit entre alimentation (23%), travail (maind’œuvre
exploitant et salariée + MSA pour 22%),
mécanisation y compris amortissements (16%), frais
d’élevage (11%), bâtiments y compris amortissements
(10%), auxquels il faut encore ajouter d’autres charges
structurelles, dont les charges supplétives pour 16%.
Figure 5 : Décomposition du coût de production par système en 2008
Source : Réseaux d’Elevage Lait de Normandie
Lait
+
JB
Lait
+
cultures
Maximum
Moyenne
Minimum
Sécheurs Agriculture
biologique
€/1000 litres
600
Travail
Autres charges de structure
Bâtiments
Mécanisation
Frais d’élevage
Alimentation
4
500
400
300
200
100
0
Moyenne
conventionnelle
149
106
41
108
61 50
115 118
93 91 88
50 52 46
93 69 84
101 101
97
45
68
92
78
48
57 52 61 37
115 113 129 125 111 113
Herbagers
Spé
10-30%
maïs
Spé
>30%
maïs
Lait
+
boeufs
Lait
+
JB
128
66 102
Lait
+
cultures
134 168
123
83 56
109
50 49
75 84
Sécheurs Agriculture
biologique

COÛT DE PRODUCTION DU LAIT EN NORMANDIE
Poste le plus conséquent des
charges, le coût alimentaire varie
de 75 à 129 € en moyenne selon
les systèmes, les exploitations
extensives ayant les plus faibles
(75 € chez les sécheurs et 84 €
chez les bios, figure 5).
Les exploitations lait + cultures
ne sont pas les plus mal placées
(113 €), grâce à
l’autoconsommation de céréales.
Ce sont les exploitations
spécialisées qui accusent les coûts
les plus élevés (spécialisés lait à plus
de 30% de maïs à 129 € et lait +
bœufs à 125 €), en raison d’achats
de concentrés à la période la plus
défavorable (été 2008).
Le travail (main-d’œuvre exploitant,
salariée + MSA), deuxième poste
de charges à 22% après le coût
alimentaire, varie de 92 € à 168 €.
Ces variations sont principalement
dues aux différences de volumes
de lait par unité de main-d’œuvre,
beaucoup plus faibles dans
les systèmes extensifs que dans
les autres.
PROJECTIONS 2009/2010
Les simulations des coûts de production sont réalisées à la
date du 30/04/2010 en appliquant des indices IPAMPA
Normandie - lait de vache sur les différents coûts et
produits de la campagne 2008/2009.
Les indices IPAMPA
(Indice des Prix d’Achat des Moyens de Production Agricole)
Une enquête, sur les indices IPAMPA, est conduite sur l’ensemble du territoire
par l’INSEE. L’IPAMPA est calculé chaque mois sur 235 postes élémentaires, dans
les secteurs suivants : semences, engrais, aliments du bétail, dépenses vétérinaires,
produits de protection des cultures, énergie et lubrifiants, entretien du matériel et bâtiment,
frais généraux, petit outillage : matériel et bâtiment.
Il repose sur les prix d’environ 6 000 articles relevés chaque mois dans la région.
Le prix de la viande repose sur les cotations de FranceAgriMer et le prix du lait
sur les grilles interprofessionnelles.
Une rémunération divisée par 3 !
Le coût de production moyen des 47 exploitations en
projection avril 2010, passe de 490 € à 482 €/1000 litres
commercialisés et les produits chutent de 503 à
442 €/1000 litres. La rémunération nette d’une unité de
main-d’œuvre exploitant permise par les produits de
l’atelier laitier passe de 1,8 SMIC à 0,6 SMIC.
Figure 6 : Estimation du coût de production et des produits moyens
de l’atelier lait en 2009, selon Indices IPAMPA pour les exploitations
du réseau (hors « sécheurs » et « bio »), en €/1000 litres commercialisés
Source : Réseaux d’Elevage Lait de Normandie
Le coût de la mécanisation varie
de 66 € à 109 €. Il est d’autant plus
élevé que le lait commercialisé
à l’hectare est faible (systèmes
extensifs herbagers ou bio à 108
ou 109 €). À l’inverse, les systèmes
avec beaucoup de lait par hectare
ont des coûts inférieurs, à plus forte
raison s’il y a beaucoup de cultures,
en raison d’une meilleure dilution
des charges du parc matériel (66 €
en système lait + cultures).
Rémunération
MO exploitant
Charges
supplétives
Amortissements
Coût de
production total
482 €
-8 €
67 €
=
14 € =
On retrouve ces mêmes effets de
Charges 164 €
dilution sur les postes bâtiments
de structures
+1 €
et autres charges structurelles.
Mais les stratégies d’investissements
ou d’amortissements fiscaux
peuvent aussi impacter les postes
mécanisation et bâtiments. Ainsi,
les exploitations avec séchage en
Charges 160 €
65 € Aides et
autres produits
opérationnelles -9 €
=
grange, qui ont effectué des
investissements récents se
retrouvent avec le plus fort coût en
60 €
-4 €
Produits viande
de l’atelier lait
bâtiments (83 €). 5
77 €
=
27 €
0,6 SMIC
Produit brut
total atelier
442 €
-61 €
317 €
-57 €
357 €
(rémunération nette
à 1,5 SMIC/UMO exploitant)
290 €
Prix du lait
actualisé
Actualisation
au 30/04/2010
-4 €
Point
de rémunération
zéro

COÛT DE PRODUCTION DU LAIT EN NORMANDIE
En 2009/2010, les charges totales
baissent seulement de 8 €.
Les principales diminutions
concernent les achats de
concentrés (- 9 €), le poste engrais
(- 3 €) et le poste carburant (- 1 €).
En revanche, les semences et autres
charges opérationnelles de surfaces
fourragères augmentent de 1 €, les
frais d’élevage de 2 € et les charges
de structure (frais divers de gestion,
assurance, fermage…) de 2 €
(figure 6).
Projection par système
en 2009/2010
Le produit total diminue de 61 €
essentiellement sous l’effet de la
baisse du prix du lait pour 57 €
(soit un prix du lait de 317 €/1000
litres) et du produit viande pour
4 €. Le montant des aides et autres
produits affectables à l’atelier laitier
sont stables.
Au final, la différence entre les produits et les charges montre
une chute de 53 €/1000 litres. Si l’ensemble des charges de
production reste couvert par les produits, la rémunération
permise n’est plus que de 27 €/1000 litres commercialisés
soit 0,6 SMIC par UMO exploitant.
Figure 7 : Coûts de production moyens estimés par systèmes
en 2009/2010, selon Indices IPAMPA
Source : Réseaux d’Elevage Lait de Normandie
€/1000 litres
600
500
400
300
200
100
0
317
356 408 389 390 352 320 325
482 574 510 507 485 476 425
Moyenne
conventionnelle
Coût de production total de l'atelier laitier
Coût de production pour 1000 litres
336 329 323 322 315
Herbagers
Spé
10-30%
maïs
Spé
>30%
maïs
Lait
+
boeufs
Lait
+
JB
Prix du lait
294
Lait
+
cultures
6

COÛT DE PRODUCTION DU LAIT EN NORMANDIE
LES PISTES
D’AMÉLIORATIONS
La maîtrise du coût de production
du lait passe par une attention
particulière sur certains postes de
charges et éléments de conduite
technique. Pour réduire certaines
charges, il est parfois nécessaire de
changer les habitudes et de
modifier les techniques de
production afin d’optimiser la
quantité ou la nature des intrants
consommés.
Le bon choix du concentré…
Avec les engrais, la charge de
concentrés représente le poste de
dépenses le plus important. À elles
deux ces charges constituent 50 à
70% des charges opérationnelles.
Le choix du concentré, sa date
d’achat, les volumes achetés
doivent donc être judicieusement
réfléchis. D’une manière générale, il
vaut mieux privilégier les aliments
simples et produits sur
l’exploitation tels que les céréales
ou les mélanges céréaliers. Pour les
concentrés azotés, si le tourteau de
soja est souvent cité comme le
concentré de référence, son intérêt
doit être comparé au tourteau de
colza qui s’avère souvent plus
économique.
La substitution, partielle ou totale
du soja par le colza est une piste
non négligeable d’économie sur les
concentrés.
Raisonner sa fertilisation au
plus juste
Les coûts de l’énergie impactent
directement sur le coût des engrais
qui ont vu leur prix pratiquement
doubler pour certains d’entre eux.
Face à cette augmentation
importante du coût « fertilisation »,
il convient de bien raisonner sa
fertilisation dans le cadre d’une approche globale du
système de cultures intégrant les réserves du sol, la
rotation des cultures, les restitutions, la gestion des effluents
d’élevage et l’objectif de rendement possible.
Les achats de fertilisants ne doivent être que le besoin
estimé après prise en compte de tous ces facteurs.
La prairie toujours… le recours
Lorsque l’on parle de réduction ou d’optimisation des
coûts on en revient toujours à la prairie. Faut-il encore le
rappeler, la ration pâturée reste la plus économique.
L’allongement du pâturage est source de réduction des
coûts de mécanisation (réduction des besoins de stocks, de
bâtiments, de stockage de déjections et de travail).
Maximiser la part de l’herbe dans la ration et dans
l’alimentation du troupeau est un levier efficace
d’optimisation économique, particulièrement si la prairie est
productive et de qualité. L’introduction de prairies
temporaires dans les assolements associant légumineuses et
graminées, l’entretien de la prairie (fauche des refus,
amendements, nettoyage de fin de saison, hersages
éventuels), une pression de pâturage soutenue, une
fertilisation adaptée aux objectifs de productivité et à la
climatologie restent les moyens les plus sûrs de garantir
une ration «naturellement» riche et équilibrée qui limera la
charge de concentrés.
La place du maïs à bien penser
Le maïs est une culture facile sur bien des points au regard
d’une gestion de l’herbe qui demande des observations et
ajustements quasi quotidiens. Cette facilité de production
de fourrages et les rendements permis par le maïs
expliquent pour une grande part sa place grandissante dans
les structures laitières. Cette culture répond à une
recherche de simplification, d’agrandissement des structures
et constitue une réponse à des parcellaires pas toujours
favorables à la maximisation du pâturage. Pour autant, le
maïs n’en reste pas moins une culture gourmande en
intrants et en mécanisation. Son déficit azoté est aussi une
contrainte à gérer source d’achats importants de
correcteurs azotés. Sans conteste, le maïs ensilage est une
réponse à certaines structures. Cependant sa place doit
être de compléter le pâturage et non de s’y substituer car
le paradoxe souvent observé est l’augmentation de la part
du maïs dans les SFP et dans le même temps une
dégradation du pâturage. Or, l’assurance de faire ses stocks
avec le maïs ensilage, ne compensera jamais les pertes de
productivité sur les prairies.
7

COÛT DE PRODUCTION DU LAIT EN NORMANDIE
Réduire les coûts du maïs
Le maïs ensilage est une culture
productive mais génératrice de
charges et d’augmentation du coût
de production. Pour autant, des
marges d’économies sont possibles.
En premier lieu sur la fertilisation.
Sa place dans la rotation après
prairies, et les apports d’effluents
peuvent limiter les apports
minéraux à une simple « sécurité ».
La maîtrise du salissement est
également possible par des
procédés mécaniques si les
matériels sont disponibles (CUMA)
pour réduire les coûts
phytosanitaires.
La mécanisation : un poste
qui flambe
Parmi les charges de structure,
beaucoup ne sont pas maîtrisables
par l’éleveur. L’un des postes les plus
importants est celui de la
mécanisation qui regroupe les
carburants et lubrifiants, les
entretiens, les travaux par tiers et
les amortissements. On le constate
depuis plusieurs années, le poste de
mécanisation est celui qui augmente
le plus fortement. L’évolution du
coût de l’énergie est une des
réponses, mais les stratégies de
défiscalisation sont aussi en cause.
Sous prétexte de réduire la fiscalité
et les cotisations sociales, les achats
de matériel conduisent à une
inflation du parc matériel - tant en
puissance qu’en nombre d’outils -, à
des coûts d’entretien de plus en
plus élevés et à des stratégies
d’équipement individuelles. Là aussi
des solutions existent, le
vieillissement de certains matériels
est envisageable, l’équipement
collectif également, voire le recours
à l’entreprise sur certains travaux
très ponctuels et facilement
délégables.
Pour améliorer son coût de
production, il y a deux pistes
celle de la réduction des
charges et celle de
l’optimisation des produits
Même lorsque les marchés sont
dégradés, l’optimisation des prix de
vente reste d’actualité. Pour la
production laitière il s’agit
évidemment de la qualité du lait
(cellules, germes, butyriques) et des
taux composants directs du prix.
Mais aussi la saisonnalité ou la
régularité de la production sur
laquelle les laiteries fixent de plus
en plus leurs prix. Certaines
démarches montrent que si ce
n’est pas sans contraintes pour
l’éleveur, le différentiel de prix est
appréciable et justifie certaines
adaptations de conduite. Enfin,
l’optimisation peut aussi passer par
la valorisation en circuit identifié ou
sous signes de qualité. De ce côté,
notre région offre des
opportunités. Les AOC y sont très
présentes avec parfois des
différentiels de prix importants et
des incitations motivantes.
L’agriculture biologique est aussi un
signe de qualité possible. Souvent
beaucoup plus facilement accessible
qu’on ne le croit.
Contacts
• Cédric GARNIER
Chambre d'Agriculture
de l'Eure
et de la Seine-Maritime
Tél. : 02 32 47 35 70
• Thierry JEULIN
Chambre d'Agriculture
de l'Orne
Tél. : 06 86 76 59 13
• Marie Laure LEROUTIER,
Françoise LEGROS et
Thierry METIVIER
Chambre d'Agriculture
du Calvados
Tél. : 02 31 51 66 33
• Yves MALVOISIN
Chambre d'Agriculture
de l’Eure
Tél. : 02 32 47 35 62
• Viviane SIMONIN
Chambre d'Agriculture
de la Manche
Tél. : 02 33 06 47 30
• Jérôme PAVIE
Institut de l'Élevage
Tél. : 02 31 47 22 72
Crédit photos : Chambre d’Agriculture de la Manche, de l’Orne et du Calvados, Institut de l’Elevage - Création : Bêta ¨Pictoris - Réalisation : Magali Allié
LES RÉSEAUX D’ÉLEVAGE
Les Réseaux d’Elevage sont un dispositif partenarial associant des éleveurs et des ingénieurs
des Chambres d’Agriculture et de l’Institut de l’Elevage.
LES PARTENAIRES FINANCEURS
La méthode "coût de production" a été élaborée avec l'appui financier du Conseil Régional de Haute-Normandie, du Conseil Général de l’Eure,
du Conseil Général de l’Orne, du Conseil Général du Calvados, du Conseil Général de la Manche, de Seine Maritime
du Casdar, de FranceAgrimer et du Conseil Régional de Basse-Normandie
8
Juillet 2010
Document édité par l’Institut de l’Elevage - 149 rue de Bercy, 75595 Paris cedex 12
www.inst-elevage.asso.fr - ISBN : 978 2 84148 876 6 - PUB IE : 001050018