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dossier pédagogique Mythologie de l'Ouest 09 10 07 - Musées en ...

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Musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong><br />

La <strong>Mythologie</strong> <strong>de</strong> <strong>l'Ouest</strong><br />

dans l'art américain, 1830-1940<br />

28 septembre 20<strong>07</strong> - 7 janvier 2008<br />

Dossier d’accompagnem<strong>en</strong>t à la visite<br />

réalisé par le service <strong>de</strong>s publics et le service éducatif<br />

<strong>de</strong>s musées <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong>


Cette exposition s’adresse aux élèves <strong>de</strong> tous niveaux d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t général, technique et<br />

technologique et parcourt un grand champ <strong>de</strong> disciplines (histoire <strong>de</strong>s arts, arts plastiques, lettres,<br />

histoire-géographie, philosophie, anglais, …).<br />

Ce <strong>dossier</strong> propose <strong>de</strong>s pistes pédagogiques adaptables pour les primaires, collèges et lycées.<br />

I. Prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’exposition p. 3<br />

1. Plan <strong>de</strong> l’exposition p. 3<br />

2. Un mon<strong>de</strong> habité p. 4<br />

3. L’Ouest romantique p. 4<br />

4. Le paysage rêvé p. 4<br />

5. L’épopée p. 5<br />

6. Le triomphe <strong>de</strong> l’illustration p. 5<br />

7. Espace <strong>de</strong> médiation p. 5<br />

II. Prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> quelques artistes p. 5<br />

1. George Catlin (1796-1872) p. 5<br />

2. Albert Bierstadt (1830-1902) p. 7<br />

3. Fre<strong>de</strong>ric Remington (1861 – 19<strong>09</strong>) p. <strong>10</strong><br />

4. Charles Marion Russel (1864 – 1926) p. 12<br />

III. Quelques pistes pédagogiques p. 15<br />

1. La conquête <strong>de</strong> l’Ouest p. 15<br />

2. Les populations indi<strong>en</strong>nes p. 18<br />

3. Le mythe <strong>de</strong> la frontière p. 19<br />

4. La mythologie <strong>de</strong> l’Ouest : sur la piste <strong>de</strong> la littérature et du cinéma… p. 20<br />

4.1 Qu’est-ce qu’un mythe, une mythologie T<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> définitions p. 20<br />

4.2. La littérature américaine p. 20<br />

4.3. Le western p. 21<br />

4.4. Quelques figures <strong>de</strong> l’Ouest p. 22<br />

5. Paysages et sculptures p. 24<br />

5.1. Le paysage chez les peintres américains du XIX e p. 24<br />

5.2 La sculpture américaine au XIX e p. 26<br />

IV. Ressources complém<strong>en</strong>taires p. 27<br />

1. Cartes p. 27<br />

2. Chronologie p. 28<br />

3. Bibliographie p. 29<br />

4. Sites Internet p. 30<br />

IV. Visiter l’exposition avec sa classe p. 32<br />

V. Autour <strong>de</strong> l’exposition p. 33<br />

VI. R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts pratiques p. 35<br />

2


I. Prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’exposition <strong>Mythologie</strong> <strong>de</strong> <strong>l'Ouest</strong> dans l'art américain, 1830-1940<br />

Le grand Ouest, sa découverte et sa conquête, sa résistance farouche et ses paysages <strong>de</strong> rêve :<br />

cette histoire grandiose et brutale, transformée <strong>en</strong> lég<strong>en</strong><strong>de</strong> bi<strong>en</strong> avant que le territoire ne soit<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t exploré, est l’un <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la civilisation américaine. Des portraits <strong>de</strong>s héros<br />

Indi<strong>en</strong>s aux acc<strong>en</strong>ts romantiques (Jarvis, Wimar) aux paysages stupéfiants (Bierstadt, Moran), à<br />

l’épopée et à la scène <strong>de</strong> g<strong>en</strong>re pittoresque où le cow-boy chemine <strong>en</strong> plein malaise exist<strong>en</strong>tiel, les<br />

artistes américains ont fourni, dès le début du XIXe siècle, <strong>de</strong> merveilleux chefs-d’œuvre. À la<br />

poésie d’un territoire paradisiaque, peuplé <strong>de</strong> bisons promis à une disparition inéluctable (Hays)<br />

répon<strong>de</strong>nt les épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s guerres indi<strong>en</strong>nes traités avec un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur et une<br />

fascination égale pour les <strong>de</strong>ux civilisations affrontées (Stanley, Miller). Après Remington et<br />

Russell qui marqu<strong>en</strong>t l’apogée d’une imagerie héroïque et pittoresque, pleine <strong>de</strong> saveur réaliste,<br />

une génération <strong>de</strong> brillants illustrateurs (Leigh, Wyeth) montre, au début du XXe siècle, que l’Ouest<br />

reste une source puissante d’inspiration pour l’Amérique mo<strong>de</strong>rne.<br />

L’exposition, <strong>en</strong> réunissant soixante peintures et sculptures est la première approche du sujet à<br />

partir d’un point <strong>de</strong> vue europé<strong>en</strong>, <strong>en</strong>richi du concours <strong>de</strong> spécialistes américains, dans le droit fil<br />

<strong>de</strong>s collaborations r<strong>en</strong>dues possibles par FRAME. Composée ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t à partir <strong>de</strong>s<br />

collections <strong>de</strong>s musées américains <strong>de</strong> FRAME, parmi lesquels le D<strong>en</strong>ver Art Museum qui possè<strong>de</strong><br />

un important départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Western Art, mais aussi <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s institutions spécialisées qui<br />

conserv<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s œuvres emblématiques, elle s’efforce <strong>de</strong> montrer l’<strong>en</strong>chevêtrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’histoire et<br />

<strong>de</strong> l’imaginaire, et la contribution ess<strong>en</strong>tielle <strong>de</strong>s peintres et sculpteurs à l’élaboration d’une<br />

véritable mythologie.<br />

La France a toujours été passionnée par la conquête <strong>de</strong> l’Ouest et les r<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous artistiques<br />

n’ont pas manqué : prés<strong>en</strong>tation au roi Louis-Philippe <strong>de</strong> la galerie indi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> George Catlin,<br />

amitié <strong>de</strong> Rosa Bonheur et <strong>de</strong> Buffalo Bill – dont le Wild West Show connut un succès phénoménal<br />

<strong>en</strong> Europe. Il est temps <strong>de</strong> redécouvrir, non seulem<strong>en</strong>t une av<strong>en</strong>ture humaine dont le cinéma ne<br />

suffit pas à r<strong>en</strong>dre la richesse et la complexité, mais une page d’histoire <strong>de</strong> l’art peu représ<strong>en</strong>tée<br />

dans les grands musées classiques et pratiquem<strong>en</strong>t inconnue <strong>en</strong> Europe.<br />

1. Plan <strong>de</strong> l’exposition<br />

3


2. Un mon<strong>de</strong> habité<br />

Dans les années 1830, la tradition <strong>de</strong>s illustrateurs sci<strong>en</strong>tifiques accompagnant les gran<strong>de</strong>s<br />

expéditions pour les docum<strong>en</strong>ter se poursuit et se transforme, avec l’arrivée d’une génération<br />

d’artistes animés d’un souffle romantique qui apport<strong>en</strong>t un regard plus <strong>en</strong>gagé sur le territoire et<br />

ses habitants. La précision ethnographique est toujours <strong>de</strong> rigueur et les séries <strong>de</strong> portraits<br />

d’Indi<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes tribus r<strong>en</strong>contrées vont <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir l’un <strong>de</strong>s grands phénomènes artistiques<br />

<strong>de</strong>s années 1840. La figure exceptionnelle <strong>de</strong> George Catlin (1796-1872) fait passer le thème <strong>de</strong>s<br />

Native Americans <strong>de</strong> la curiosité personnelle au projet gouvernem<strong>en</strong>tal, avant <strong>de</strong> lui donner un<br />

rayonnem<strong>en</strong>t international grâce à l’exposition itinérante <strong>de</strong> sa Galerie indi<strong>en</strong>ne, prés<strong>en</strong>tée<br />

notamm<strong>en</strong>t à Louis-Philippe <strong>en</strong> 1845. Accompagnée d’une délégation d’Indi<strong>en</strong>s, elle fait grand<br />

bruit dans le milieu artistique français et on <strong>en</strong> trouve l’écho dans les écrits et les <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong><br />

Delacroix. Le roi comman<strong>de</strong>ra immédiatem<strong>en</strong>t à Catlin une série <strong>de</strong> tableaux conservés<br />

aujourd’hui au musée du Quai Branly et prêtés à l’exposition. L’art <strong>de</strong> Catlin, avec ses acc<strong>en</strong>ts<br />

naïfs déconcertants, sa saveur narrative et son <strong>en</strong>quête ethnographique approfondie, ne connaît<br />

aucun équival<strong>en</strong>t dans l’art europé<strong>en</strong>.<br />

3. L’Ouest romantique<br />

Les années 1840 et 1850 voi<strong>en</strong>t se développer à partir <strong>de</strong> ce matériau neuf une peinture qui<br />

intègre le souffle <strong>de</strong> l’av<strong>en</strong>ture pour créer un univers épique et romantique. Alfred Jacob Miller<br />

(18<strong>10</strong>-1874) est <strong>en</strong> 1837 le premier à se joindre à une exploration à travers les Rocheuses, sur ce<br />

qui <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dra la « Piste <strong>de</strong> l’Oregon » (Oregon Trail), l’une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s routes vers l’Ouest, dont<br />

une partie longe la spectaculaire Gre<strong>en</strong> River (actuel Wyoming). Les tableaux, montrés plus tard à<br />

New York, seront une révélation et Miller continuera à produire certaines <strong>de</strong>s images les plus<br />

vibrantes <strong>de</strong> l’Ouest sauvage et <strong>de</strong> ses farouches autochtones (Le Scalp, D<strong>en</strong>ver Art Museum). La<br />

peinture <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> les évoque <strong>de</strong> façon inquiétante et majestueuse à la fois, et déjà l’idée<br />

<strong>de</strong> la disparition tragique <strong>de</strong> leur civilisation donne lieu à <strong>de</strong>s hommages saisissants où les ciels<br />

rougeoyants jou<strong>en</strong>t pleinem<strong>en</strong>t leur rôle (John Mix Stanley, Derniers <strong>de</strong> leur race, 1857).<br />

Les Blancs progressant sur ces territoires form<strong>en</strong>t l’autre versant <strong>de</strong> l’av<strong>en</strong>ture, habités <strong>de</strong> la<br />

même gravité presque mystique ou saisis dans leurs pérégrinations pittoresques (George Caleb<br />

Bingham, Capturés par les Indi<strong>en</strong>s, Les Voyageurs attardés). Toute une génération d’artistes,<br />

d’origine alleman<strong>de</strong> comme Karl Wimar ou américains comme Wood ou Bingham iront parfaire<br />

leur formation à Düsseldorf. Leur influ<strong>en</strong>ce, et à travers eux celle <strong>de</strong> la peinture alleman<strong>de</strong> sera<br />

déterminante sur les artistes qui leur succé<strong>de</strong>ront.<br />

4. Le paysage rêvé<br />

Dans un premier temps, c’est la nostalgie d’un paradis perdu qui s’impose comme une urg<strong>en</strong>ce<br />

pour les peintres. Les panoramas peuplés <strong>de</strong> troupeaux <strong>de</strong> bisons innombrables, peints au début<br />

<strong>de</strong>s années 1860 par William Jacob Hays (1830-1875), par ailleurs un peintre animalier<br />

conv<strong>en</strong>tionnel, évoqu<strong>en</strong>t l’une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s catastrophes écologiques du siècle. C’est, dans une<br />

lumière dorée ou d’un rose magique, une métaphore <strong>de</strong> la vie m<strong>en</strong>acée <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction.<br />

Seul registre comptant <strong>de</strong>s tableaux célèbres et représ<strong>en</strong>tés dans tous les grands musées<br />

américains, le grand paysage sublime, donnant l’impression d’une nature vierge et fabuleuse,<br />

promesse du <strong>de</strong>stin sans limites réservé à l’homme américain, connaît son apogée dans les<br />

années 1860 avec Albert Bierstadt (1830-1902) et dans les années 1870 avec Thomas Moran<br />

(1837-1926). Il a une visée poétique et religieuse mais permet aussi d’attirer <strong>de</strong> nouveaux<br />

voyageurs vers l’Ouest <strong>en</strong> popularisant les images inouïes <strong>de</strong>s grands sites naturels<br />

emblématiques <strong>de</strong> l’Amérique dont les <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer sont les premiers<br />

commanditaires. La vallée <strong>de</strong> Yosemite <strong>en</strong> Californie, sujet <strong>de</strong> prédilection <strong>de</strong> Bierstadt, ou<br />

Yellowstone, premier Parc naturel institué <strong>en</strong> 1872, exploré par Moran, regorg<strong>en</strong>t <strong>de</strong> casca<strong>de</strong>s,<br />

d’à-pics vertigineux, <strong>de</strong> geysers qui fourniss<strong>en</strong>t la matière d’une peinture retravaillée <strong>en</strong> atelier sur<br />

<strong>de</strong>s formats souv<strong>en</strong>t gigantesques à partir <strong>de</strong>s esquisses relevées sur le motif.<br />

4


5. L’épopée<br />

La fin du siècle est dominée par la figure <strong>de</strong> Fre<strong>de</strong>ric Remington (1861-19<strong>09</strong>), le plus populaire<br />

<strong>de</strong>s spécialistes du g<strong>en</strong>re western. À ce mom<strong>en</strong>t où l’histoire s’écrit rétrospectivem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vait<br />

correspondre un artiste virtuose, capable <strong>de</strong> fixer la moindre nuance <strong>de</strong>s gestes désormais<br />

« mythiques » <strong>de</strong>s cow-boys, militaires, colons et Indi<strong>en</strong>s, ainsi que <strong>de</strong> leurs montures. Peintre et<br />

sculpteur, il est d’abord un illustrateur à succès et annonce toute une génération d’artistes<br />

illustrateurs qui écriv<strong>en</strong>t une gran<strong>de</strong> page <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art américain qui se poursuivra jusqu’à<br />

Norman Rockwell. Prolifique et parfois systématique, notamm<strong>en</strong>t dans ses célèbres bronzes<br />

(Bronco Buster, 1895), Remington trouve toutefois <strong>de</strong>s acc<strong>en</strong>ts poétiques étonnants, notamm<strong>en</strong>t<br />

dans ses œuvres tardives (Les Signaux <strong>de</strong> fumée, 1908). Son contemporain Charles Marion<br />

Russell (1865-1926) affiche les mêmes ambitions narratives, avec <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s chevauchées, un<br />

s<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s espaces largem<strong>en</strong>t ouverts, une palette étonnante (Chasse au bison, Minneapolis<br />

Institute of Arts) et une sci<strong>en</strong>ce très subtile <strong>de</strong> l’anatomie animale.<br />

Dans la voie ouverte par Remington et Russell, un artiste comme Frank T<strong>en</strong>ney Johnson propose<br />

une vision inquiète et mélancolique qui n’<strong>en</strong>lève ri<strong>en</strong> au caractère épique <strong>de</strong> la conquête mais<br />

semble s’interroger sur son s<strong>en</strong>s. Ses voyageurs solitaires sont parmi les plus belles œuvres<br />

inspirées par la magie <strong>de</strong> l’Ouest (Californie ou Oregon, 1926).<br />

6. Le triomphe <strong>de</strong> l’illustration<br />

Les illustrateurs exploit<strong>en</strong>t pleinem<strong>en</strong>t le mythe et les tableaux les plus réussis ont souv<strong>en</strong>t été <strong>de</strong>s<br />

couvertures <strong>de</strong> magazine sinon <strong>de</strong>s projets publicitaires, comme ceux <strong>de</strong> N.C. Wyeth pour Cream<br />

of Wheat (Minneapolis Institute of Arts). Wyeth et William R. Leigh franchiss<strong>en</strong>t une nouvelle étape<br />

dans l’extravagance <strong>de</strong>s couleurs et l’int<strong>en</strong>sité dramatique. Wyeth incarne ce paradoxe d’un art qui<br />

débor<strong>de</strong> d’inv<strong>en</strong>tivité au mom<strong>en</strong>t où l’histoire <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t codifiée et artificielle. L’art <strong>de</strong> Wyeth est<br />

particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> illustré par <strong>de</strong>s œuvres qui vont <strong>de</strong> la méditation lyrique inspirée <strong>de</strong>s<br />

spiritualités indi<strong>en</strong>nes aux scènes <strong>de</strong> bagarre échevelées où il n’hésite pas à faire éclater les<br />

crânes dans un nuage <strong>de</strong> fumée (Bagarre au pistolet, 1916). Les visions romantiques <strong>de</strong> Miller ou<br />

<strong>de</strong> Stanley sont loin. La virtuosité a remplacé la pureté du premier regard, mais l’<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t<br />

n’<strong>en</strong> est que plus irrésistible.<br />

Inclassable, Maynard Dixon (1875-1946) travaille dans une veine narrative qui oscille <strong>en</strong>tre<br />

archaïsme et mo<strong>de</strong>rnisme, synthétisant toutes les approches <strong>de</strong> l’Ouest pour <strong>en</strong> extraire la magie.<br />

Il r<strong>en</strong>d d’abord hommage au territoire et à ses habitants d’origine, tout <strong>en</strong> portant un regard aussi<br />

sympathique que critique sur les av<strong>en</strong>tures <strong>de</strong> l’homme blanc dans son nouveau mon<strong>de</strong> (Hogback<br />

Hill, 1942).<br />

7. Espace <strong>de</strong> médiation<br />

Un espace convivial a été créé au sein <strong>de</strong> l’exposition. Petits et grands ont à leur disposition <strong>de</strong>s<br />

jeux, <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinées, <strong>de</strong> la docum<strong>en</strong>tation, etc. Ces ouvrages sont rec<strong>en</strong>sés dans la<br />

bibliographie <strong>en</strong> fin docum<strong>en</strong>t.<br />

II. Prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> quelques artistes<br />

1. George Catlin (1796-1872)<br />

George Catlin est né à Wilkes-Barre (P<strong>en</strong>nsylvanie) le 26 Juillet 1796, cinquième <strong>de</strong>s quatorze<br />

<strong>en</strong>fants <strong>de</strong> Putnam et Polly Sutton Catlin. Il passe son <strong>en</strong>fance sur les bords <strong>de</strong> la rivière<br />

Susquehanna, dans le comté <strong>de</strong> Broome (New-York), pêchant et chassant souv<strong>en</strong>t dans les bois,<br />

aptitu<strong>de</strong>s qui lui serviront plus tard dans la solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s Plaines. Il s’intéresse très tôt aux<br />

Indi<strong>en</strong>s, écoutant avec att<strong>en</strong>tion les récits <strong>de</strong>s colons, comme ceux <strong>de</strong> son grand-père et <strong>de</strong> son<br />

père, tous <strong>de</strong>ux soldats, mais égalem<strong>en</strong>t ceux <strong>de</strong> sa mère, qui avait été capturée par <strong>de</strong>s Indi<strong>en</strong>s<br />

<strong>en</strong> 1778. Cherchant les traces <strong>de</strong> campem<strong>en</strong>ts indi<strong>en</strong>s abandonnés dans la vallée où il grandit, il<br />

découvre quelques verroteries et vestiges d’armes anci<strong>en</strong>nes et constitue ainsi sa première<br />

collection. Pour répondre aux att<strong>en</strong>tes <strong>de</strong> son père, il part étudier le droit p<strong>en</strong>dant <strong>de</strong>ux ans à<br />

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Litchfield (Connecticut) et comm<strong>en</strong>ce à exercer à l’âge <strong>de</strong> 23 ans avec son frère, à Lucerne<br />

County (P<strong>en</strong>nsylvanie). Mais la carrière juridique ne l’intéresse guère et il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> v<strong>en</strong>dre tous<br />

ces ouvrages <strong>de</strong> droit et ses autres bi<strong>en</strong>s pour partir étudier la peinture à Phila<strong>de</strong>lphie, contre l’avis<br />

<strong>de</strong> sa famille et <strong>de</strong> ses amis. Sa détermination et son aplomb lui assur<strong>en</strong>t son <strong>en</strong>trée à l’Aca<strong>de</strong>my<br />

of Art <strong>de</strong> P<strong>en</strong>nsylvanie <strong>en</strong> 1824 et <strong>de</strong> très nombreuses comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> portraits. Il débute comme<br />

peintre <strong>de</strong> portraits miniatures et passe par la suite à <strong>de</strong> plus grands formats. Cep<strong>en</strong>dant, son<br />

manque <strong>de</strong> formation lui fait commettre <strong>de</strong> nombreuses maladresses, la concurr<strong>en</strong>ce étant ru<strong>de</strong><br />

sur le marché <strong>de</strong> l’art, particulièrem<strong>en</strong>t dans le domaine du portrait. Catlin n’est toujours pas<br />

satisfait <strong>de</strong> la vie qu’il mène. Pourtant un événem<strong>en</strong>t va réveiller son imagination d’<strong>en</strong>fant et<br />

changer le cours <strong>de</strong> sa vie : la r<strong>en</strong>contre fortuite <strong>de</strong> guerriers indi<strong>en</strong>s, <strong>de</strong> passage à Phila<strong>de</strong>lphie<br />

sur leur route vers Washington. Cette r<strong>en</strong>contre est une véritable révélation.<br />

Premières expéditions dans l’ouest<br />

En 1830 il se r<strong>en</strong>d donc à Saint Louis, où il r<strong>en</strong>contre le général William Clark, superint<strong>en</strong>dant aux<br />

affaires indi<strong>en</strong>nes et gouverneur du territoire du Missouri. Le général William Clark a, tr<strong>en</strong>te ans<br />

plus tôt, participé à la lég<strong>en</strong>daire expédition « Lewis-Clark » vers l’ouest avec Meriwether Lewis.<br />

Le général et le peintre <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t amis et Clark prés<strong>en</strong>te à Catlin l’élite <strong>de</strong> Saint Louis, qui<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t sa cli<strong>en</strong>tèle privilégiée. Clark lui permet <strong>de</strong> peindre les délégations indi<strong>en</strong>nes qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

à sa r<strong>en</strong>contre et l’emmène à certaines négociations ou cérémonies auxquelles il est convié. De<br />

Saint Louis, grâce aux conseils et aux cartes <strong>de</strong> Clark, Catlin prépare ses expéditions futures. Il<br />

participe à plusieurs expéditions, <strong>en</strong>tre 1832 et 1834, dans le nord du Mississipi et dans le Missouri<br />

et <strong>en</strong>tre <strong>en</strong> contact avec <strong>de</strong> nombreuses tribus : les Blackfoot, les Crow, les Cree, les Sioux, les<br />

Cherokee et les Mandans. Catlin n’emporte avec lui qu’une palette d’une douzaine <strong>de</strong> couleurs qui<br />

lui permet <strong>de</strong> jeter sur la toile les principaux traits <strong>de</strong> ses modèles. Il peint la composition générale<br />

<strong>en</strong> sépia et relève les détails <strong>de</strong>s costumes et <strong>de</strong>s parures <strong>en</strong> couleurs, se réservant les finitions<br />

pour son atelier. Il transporte ces premières ébauches peintes roulées dans <strong>de</strong> grands tubes<br />

métalliques, qui empêch<strong>en</strong>t les tableaux <strong>de</strong> craqueler. Cette technique lui permet d’atteindre un<br />

réalisme saisissant, malgré <strong>de</strong>s conditions difficiles. Ainsi le magnifique Portrait <strong>de</strong> Tuch-Ee, chef<br />

cherokee que Catlin eut pour compagnon et gui<strong>de</strong> p<strong>en</strong>dant plusieurs mois pour l’expédition <strong>de</strong>s<br />

Comanches. Le peintre admirait ce chef à la vie lég<strong>en</strong>daire et son portrait, bi<strong>en</strong> que réaliste,<br />

possè<strong>de</strong> la majesté <strong>de</strong>s grands portraits d’histoire. Même t<strong>en</strong>dance à l’héroïsation avec le portrait<br />

équestre <strong>de</strong> Ba-Da-Ah-Chon-Du (copié par Catlin à la fin <strong>de</strong>s années soixante d’après une œuvre<br />

plus anci<strong>en</strong>ne), pour lequel la fougue du cheval cabré répond à l’ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> son cavalier, dans un<br />

déploiem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> plumes et <strong>de</strong> parures colorées. Catlin n’hésite pas à participer aux chasses au<br />

bison et à observer <strong>de</strong>s cérémonies sacrées ou quotidi<strong>en</strong>nes. Il consigne tout ce qu’il voit <strong>en</strong><br />

notes, aquarelles et esquisses, tout <strong>en</strong> collectant <strong>de</strong> nombreux objets indi<strong>en</strong>s : tepee, tomahawk,<br />

couteaux, arcs et flèches, calumets, selles, coiffes <strong>de</strong> guerres et costumes.<br />

La Galerie indi<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> Amérique et <strong>en</strong> Europe<br />

Il comm<strong>en</strong>ce donc très tôt à réunir son « Indian Gallery », mêlant sa collection d’objets indi<strong>en</strong>s à<br />

ces grands portraits et tableaux <strong>de</strong> la vie quotidi<strong>en</strong>ne et religieuse. Il expose sa galerie <strong>de</strong><br />

plusieurs c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> toiles dans plusieurs gran<strong>de</strong>s villes américaines <strong>de</strong> Pittsburg (1833) à New-<br />

York (1837-1839). En 1839 il embarque pour l’Europe avec plusieurs tonnes <strong>de</strong> matériel. Il<br />

prés<strong>en</strong>te sa galerie <strong>en</strong> Angleterre (1840-1844), à Londres et à Windsor, <strong>de</strong>vant la reine Victoria. Il<br />

part <strong>en</strong>suite t<strong>en</strong>ter sa chance dans la capitale française <strong>en</strong> 1845. Il expose la Galerie indi<strong>en</strong>ne<br />

Salle Val<strong>en</strong>tino, à Paris, accompagnée <strong>de</strong> danses rituelles d’une troupe d’Indi<strong>en</strong>s iowas r<strong>en</strong>contrés<br />

à Londres. En effet, <strong>de</strong>puis 1841 Catlin produit <strong>de</strong>s Wild West Shows, véritables tableaux vivants<br />

dans lesquels <strong>de</strong>s Indi<strong>en</strong>s et <strong>de</strong>s acteurs blancs recré<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s danses ou <strong>de</strong>s cérémonies<br />

guerrières. La curiosité déplace une foule dont le romantisme a aiguisé la curiosité. Les parisi<strong>en</strong>s,<br />

avi<strong>de</strong>s d’exotisme, sembl<strong>en</strong>t soudain pénétrer un mon<strong>de</strong> sauvage et lointain à moindres frais :<br />

« J’ai donc parcouru les tribus indi<strong>en</strong>nes sans fatigue et sans danger ; j’ai vu leurs traits, j’ai touché<br />

leurs armes, leurs pipes, leurs scalps ; j’ai assisté à leurs initiations terribles, à leurs chasses<br />

audacieuses, à leurs danses effrayantes ; je suis <strong>en</strong>tré sous leurs wigwams. Tout cela mérite bi<strong>en</strong><br />

que les bons habitants <strong>de</strong> Paris qui connaiss<strong>en</strong>t déjà poétiquem<strong>en</strong>t ces contrées, grâce à<br />

Chateaubriand, à Cooper, etc., quitt<strong>en</strong>t le coin <strong>de</strong> leur feu et aill<strong>en</strong>t s’assurer par leurs yeux <strong>de</strong> la<br />

vérité <strong>de</strong> ces belles <strong>de</strong>scriptions et <strong>de</strong> ces piquants récits. » (George Sand, « Relation d’un voyage<br />

chez les Sauvages <strong>de</strong> Paris », dans Le Diable à Paris, 1846). Le succès est tel que Catlin et sa<br />

troupe d’Iowas sont reçus aux Tuileries par Louis-Philippe <strong>en</strong> avril 1845. Karl Girar<strong>de</strong>t (1813-<br />

6


1871), chargé <strong>de</strong> peindre les cérémonies <strong>de</strong> la cour, décrit cette confrontation étrange <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

cultures, alors que les Indi<strong>en</strong>s dans<strong>en</strong>t au milieu <strong>de</strong>s marbres et <strong>de</strong>s ors du salon <strong>de</strong> la Paix.<br />

Enthousiaste, Louis-Philippe comman<strong>de</strong> à Catlin, pour son musée d’histoire <strong>de</strong> France à<br />

Versailles, une série <strong>de</strong> quinze tableaux qui sont <strong>de</strong>s copies <strong>de</strong> la Galerie indi<strong>en</strong>ne. Il s’agit d’une<br />

<strong>de</strong>s seules comman<strong>de</strong>s témoignant d’un réel intérêt pour ses œuvres. Si le roi prête une att<strong>en</strong>tion<br />

ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t historique à la Galerie indi<strong>en</strong>ne, Eugène Delacroix est frappé par la force<br />

romantique <strong>de</strong>s figures et croque <strong>de</strong>s Ojibwas qui accompagn<strong>en</strong>t Catlin. Bau<strong>de</strong>laire, pour ne citer<br />

que lui, salue, contre une critique artistique chagrine, la force esthétique <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> ce<br />

« cornac <strong>de</strong>s sauvages ». Fasciné par les portraits <strong>de</strong> Petit Loup et <strong>de</strong> Graisse du dos <strong>de</strong> buffle, il<br />

écrit : « M.Catlin a supérieurem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>du le caractère fier et libre, et l’expression noble <strong>de</strong> ces<br />

braves g<strong>en</strong>s ; la construction <strong>de</strong> leur tête est parfaitem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> comprise. Par leurs belles attitu<strong>de</strong>s<br />

et l’aisance <strong>de</strong> leurs mouvem<strong>en</strong>ts, ces sauvages font compr<strong>en</strong>dre la sculpture antique. Quant à la<br />

couleur, elle a quelque chose <strong>de</strong> mystérieux qui me plaît plus que je ne saurais dire. Le rouge, la<br />

couleur du sang, la couleur <strong>de</strong> la vie, abondait tellem<strong>en</strong>t dans ce sombre musée, que c’était une<br />

ivresse ; quant aux paysages – montagnes boisées, savanes imm<strong>en</strong>ses, rivières désertes – ils<br />

étai<strong>en</strong>t monotonem<strong>en</strong>t, éternellem<strong>en</strong>t verts ; le rouge, cette couleur si obscure, si épaisse, plus<br />

difficile à pénétrer que les yeux d’un serp<strong>en</strong>t, le vert, cette couleur calme et gaie et souriante <strong>de</strong> la<br />

nature, je les retrouve chantant leur antithèse mélodique jusque sur le visage <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux héros. »<br />

(Salon <strong>de</strong> 1846, second volume, 1846).<br />

« Qu’advi<strong>en</strong>dra-t-il <strong>de</strong> ma galerie »<br />

En 1852 Catlin est victime d’une spéculation financière et ne parvi<strong>en</strong>t pas à v<strong>en</strong>dre sa Galerie<br />

indi<strong>en</strong>ne au Congrès. Finalem<strong>en</strong>t c’est un grand industriel <strong>de</strong> Phila<strong>de</strong>lphie, Joseph Harrison, qui<br />

rachète la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la collection et éponge ainsi les <strong>de</strong>ttes <strong>de</strong> Catlin (la veuve Harrison<br />

lèguera <strong>en</strong> 1879 la collection à la Smisthonian Institution, où elle est toujours conservée). Le<br />

caractère av<strong>en</strong>turier <strong>de</strong> Catlin le mène <strong>en</strong>core, p<strong>en</strong>dant une vingtaine d’années, dans<br />

d’improbables périples. Il part ainsi <strong>en</strong> Amérique du Sud <strong>en</strong> 1853 pour chercher <strong>de</strong> l’or. Il retourne<br />

quelques fois <strong>en</strong> Europe mais surtout continue d’explorer les Amériques. Il voyage <strong>de</strong> la Terre <strong>de</strong><br />

Feu au Panama, puis longe les côtes ouest <strong>de</strong> l’Amérique jusqu’à la Sibérie, avant <strong>de</strong> traverser les<br />

Montagnes Rocheuses puis d’embarquer pour le Yucatan. Il traverse égalem<strong>en</strong>t le V<strong>en</strong>ezuela et<br />

remonte l’Uruguay jusqu’<strong>en</strong> Arg<strong>en</strong>tine. Il rapporte <strong>de</strong> ses voyages <strong>de</strong> nombreuses notes et<br />

esquisses sur d’autres peuples indigènes. Cep<strong>en</strong>dant, il ne retrouvera jamais, dans ces r<strong>en</strong>contres<br />

<strong>en</strong> Amérique du Sud, le rapport particulier qu’il avait <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>u avec les tribus indi<strong>en</strong>nes<br />

d’Amérique du Nord. En 1870 il expose pour la <strong>de</strong>rnière fois une série <strong>de</strong> toiles qu’il a copié<br />

d’après ses œuvres <strong>de</strong> jeunesses. En 1872 il tombe gravem<strong>en</strong>t mala<strong>de</strong> et meurt le 23 décembre à<br />

Washington, âgé <strong>de</strong> soixante-seize ans. Les <strong>de</strong>rniers mots qu’il prononça, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>us lég<strong>en</strong>daires,<br />

fur<strong>en</strong>t pour le musée indi<strong>en</strong> auquel il avait dédié sa vie : « What will become of my Gallery »<br />

(Qu’advi<strong>en</strong>dra-t-il <strong>de</strong> ma galerie ).<br />

2. Albert Bierstadt (1830-1902)<br />

Le plus représ<strong>en</strong>tatif <strong>de</strong>s peintres <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> génération <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> l’Hudson River, Albert<br />

Bierstadt, naît à Soling<strong>en</strong> <strong>en</strong> 1830. Il émigre avec sa famille <strong>en</strong> 1832 à New Bedford dans le<br />

Massachusetts où son père, anci<strong>en</strong> soldat <strong>de</strong> l’armée prussi<strong>en</strong>ne, exerce le métier <strong>de</strong> tonnelier. Sa<br />

vocation d’artiste se <strong>de</strong>ssine très tôt. Il appr<strong>en</strong>d seul les rudim<strong>en</strong>ts du <strong>de</strong>ssin puis donne quelques<br />

leçons pour financer son voyage à Düsseldorf, où il arrive <strong>en</strong> 1853 pour étudier dans l’atelier <strong>de</strong><br />

Peter Has<strong>en</strong>clever, cousin <strong>de</strong> sa mère et peintre réputé. Celui-ci v<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> mourir, c’est auprès<br />

d’Emmanuel Leutze et <strong>de</strong> Worthington Whittredge, <strong>de</strong>ux peintres américains installés à<br />

Düsseldorf, qu’il se forme, complétant son appr<strong>en</strong>tissage par un voyage qui le mène d’Autriche <strong>en</strong><br />

Suisse, puis <strong>en</strong>fin à Rome, où il fréqu<strong>en</strong>te assidûm<strong>en</strong>t Sanford Robinson Gifford. Au début <strong>de</strong><br />

l’automne 1857 il est <strong>de</strong> retour aux États-Unis. En 1858 il expose à la National Aca<strong>de</strong>my of Design<br />

<strong>de</strong> New York, avec huit autres toiles, un grand paysage <strong>de</strong> Suisse, Vue du lac <strong>de</strong> Lucerne<br />

(Washington, National Gallery of Art) qui obti<strong>en</strong>t un très vif succès. Au mois d’avril 1859, il suit le<br />

colonel Fre<strong>de</strong>rick W. Lan<strong>de</strong>r, dépêché par le gouvernem<strong>en</strong>t pour une mission topographique dans<br />

les Montagnes Rocheuses, le Nebraska, le Wyoming et l’Utah, mission à laquelle participe<br />

égalem<strong>en</strong>t le photographe bostoni<strong>en</strong> Francis Shedd Frost (1825-1902). Il réalise <strong>de</strong> nombreux<br />

croquis d’Indi<strong>en</strong>s et d’émigrants et fournit <strong>de</strong>s illustrations au Harper’s Weekly, qui a bi<strong>en</strong><br />

7


évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>voyé spécial sur place. Il est <strong>de</strong> retour <strong>en</strong> septembre et occupe un atelier à New<br />

York, dans un immeuble <strong>de</strong> la <strong>10</strong> e rue, où rési<strong>de</strong>nt d’autres artistes <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> Düsseldorf ainsi<br />

que Fre<strong>de</strong>ric Edwin Church. En 1860 il expose <strong>de</strong>s vues <strong>de</strong>s Montagnes Rocheuses et son<br />

élection comme membre <strong>de</strong> l’ Aca<strong>de</strong>my contribue à le lancer. En pleine guerre <strong>de</strong> Sécession, il<br />

<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> 1863 un second voyage dans l’ouest avec Fitz Hugh Ludlow, journaliste et écrivain,<br />

<strong>en</strong> suivant la vielle route <strong>de</strong> l’Oregon qui traverse le Nebraska. Bierstadt et Ludlow pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la<br />

route du sud <strong>en</strong> direction <strong>de</strong> la Californie et arriv<strong>en</strong>t à San Francisco <strong>en</strong> juillet. Bierstadt montre<br />

ses vues sur la côte du Pacifique et Ludlow publie ses lettres (dont il tirera ultérieurem<strong>en</strong>t un<br />

ouvrage) dans les journaux <strong>de</strong> New York et <strong>de</strong> San Francisco. Sur leur chemin, ils découvr<strong>en</strong>t la<br />

Yosemite Valley et camp<strong>en</strong>t durant sept semaines auprès <strong>de</strong>s Soarey granite walls. Ils revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

à San Francisco au début du mois <strong>de</strong> septembre et leur voyage se termine peu après par le nord<br />

<strong>de</strong> la Columbia River, sur le territoire <strong>de</strong> l’actuel État <strong>de</strong> Washington. Ils rejoign<strong>en</strong>t par steamer<br />

San Francisco et à la mi-décembre ils sont à New York, après avoir traversé l’isthme <strong>de</strong> Panama.<br />

Dès son retour Bierstadt met <strong>en</strong> chantier les gran<strong>de</strong>s peintures <strong>de</strong> la Yosemite Valley, qui<br />

constitu<strong>en</strong>t le sommet <strong>de</strong> sa carrière. En possession d’un métier très sûr, il est <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong><br />

donner au public <strong>de</strong> l’est une vision grandiose <strong>de</strong>s grands sites naturels <strong>de</strong> l’ouest. Selon une<br />

technique chère aux peintres du nord <strong>de</strong> l’Europe – Caspar David Friedrich est <strong>de</strong> ceux-là –, il<br />

brosse, à partir <strong>de</strong>s innombrables esquisses à l’huile réalisées sur le motif au cours <strong>de</strong> ses<br />

voyages, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s toiles <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t recomposées qui s’adress<strong>en</strong>t plus à l’esprit qu’à l’œil. On y<br />

chercherait <strong>en</strong> vain une exactitu<strong>de</strong> topographique rigoureuse étrangère à une peinture qui se situe<br />

plutôt dans la lignée <strong>de</strong> Poussin ou <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Gellée. Dans sa Lettre <strong>de</strong>s Montagnes Rocheuses,<br />

datée du <strong>10</strong> juillet 1859, il écrit : « La couleur <strong>de</strong>s montagnes et <strong>de</strong>s plaines et <strong>en</strong> vérité celle du<br />

pays tout <strong>en</strong>tier rappelle celle <strong>de</strong> l’Italie ; <strong>en</strong> fait nous avons ici l’Italie <strong>de</strong> l’Amérique dans son état<br />

originel. » (lettre publiée dans The Crayon, septembre 1859). Son luminisme d’ess<strong>en</strong>ce<br />

philosophique et son s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t extatique <strong>de</strong> la nature le rattach<strong>en</strong>t au courant transc<strong>en</strong><strong>de</strong>ntaliste<br />

qui s’exprime dans la littérature américaine <strong>de</strong>s années soixante : « Chaque coucher <strong>de</strong> soleil<br />

auquel j’assiste m’inspire le désir d’un Ouest aussi éloigné et aussi clair que celui où le soleil se<br />

couche. Il semble émigrer vers l’ouest chaque jour et nous invite à le suivre. Il est le grand pionnier<br />

<strong>de</strong> l’Ouest que les nations suiv<strong>en</strong>t. » (H<strong>en</strong>ry Thoreau, Walking 1862). Bierstadt, quant à lui,<br />

relatant son expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la Yosemite Valley à son ami John Hay n’hésite pas à écrire <strong>en</strong> 1863 :<br />

« Nous sommes ici maint<strong>en</strong>ant dans le jardin d’E<strong>de</strong>n. » La montagne <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t le lieu privilégié <strong>de</strong> la<br />

révélation divine, voire biblique, faite à l’homme américain <strong>de</strong> l’universalité <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>stinée. En<br />

1864 Abraham Lincoln fait don à l’État <strong>de</strong> Californie <strong>de</strong> la Yosemite Valley pour <strong>en</strong> assurer la<br />

protection et les peintures <strong>de</strong> Bierstadt n’ont pas peu contribué à cette mesure. Cep<strong>en</strong>dant la<br />

critique est divisée. Alors que le Daily News ne tarit pas d’éloges, on peut lire dans le New York<br />

Citiz<strong>en</strong> à propos <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s peintures prés<strong>en</strong>tées à l’exposition <strong>de</strong> 1865 : « De si gran<strong>de</strong>s<br />

machines ne sont pas pour moi. » Bierstadt, qui poursuit par ailleurs une production <strong>de</strong> gravure et<br />

<strong>de</strong> chromolithographie <strong>de</strong>stinée à une cli<strong>en</strong>tèle plus mo<strong>de</strong>ste, jouit alors d’une gran<strong>de</strong> aisance<br />

financière.<br />

En 1866 il prés<strong>en</strong>te un petit musée composé <strong>de</strong>s artefacts indi<strong>en</strong>s collectés au cours <strong>de</strong> ses<br />

voyages et d’une collection d’animaux dans son atelier <strong>de</strong> la <strong>10</strong> e rue, qui connaît une afflu<strong>en</strong>ce<br />

record. Sa gran<strong>de</strong> toile Rocky Mountains Lan<strong>de</strong>r’s Peak (1863, New York, Metropolitan Museum of<br />

Art) est achetée 25 000 dollars <strong>en</strong> 1865 par James Mack H<strong>en</strong>ry, un <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer<br />

anglais qui fait découvrir l’œuvre <strong>de</strong> Bierstadt à l’un <strong>de</strong>s ses collègues anglais, Thomas W.<br />

K<strong>en</strong>nard, qui achète l’année suivante 20 000 dollars A Storm in The Rocky Mountains – Mt Rosalie<br />

(1866, New York Brooklyn Museum of Art). Ces v<strong>en</strong>tes font s<strong>en</strong>sation et marqu<strong>en</strong>t une étape<br />

décisive dans la carrière <strong>de</strong> l’artiste. Il se fait construire un hôtel particulier <strong>de</strong> tr<strong>en</strong>te-cinq pièces<br />

avec un imm<strong>en</strong>se atelier près <strong>de</strong> Livington, surplombant l’Hudson river, qu’il baptise Malkast<strong>en</strong>, du<br />

nom d’un club d’artistes <strong>de</strong> Düsseldorf. C’est là qu’il peint <strong>en</strong> 1867 la plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses toiles,<br />

The Domes of Yosemite (294,6 x 457,2 cm, St Johnsbury, Vermont, St Johnsbury Ath<strong>en</strong>aeum),<br />

comman<strong>de</strong> d’un grand financier américain pour sa propriété <strong>de</strong> Norwalk (Connecticut), Le Grand<br />

Lockwood. Malgré ces succès qui combl<strong>en</strong>t sa soif <strong>de</strong> reconnaissance, il est assez luci<strong>de</strong> pour<br />

percevoir le changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> goût qui s’amorce dans l’opinion américaine. À la fin <strong>de</strong> l’année, il<br />

épouse Rosalie Osborne qui avait divorcé <strong>de</strong> Ludlow, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u opiomane et alcoolique et les jeunes<br />

époux part<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Europe. Bierstadt, reçu <strong>en</strong> audi<strong>en</strong>ce par la reine Victoria dans sa rési<strong>de</strong>nce<br />

d’Osborne 1House dans l’île <strong>de</strong> Wight, lui prés<strong>en</strong>te Rocky Mountains Lan<strong>de</strong>r’s Peak et A Storm in<br />

the Rocky Mountains – Mt Rosalie qui recueill<strong>en</strong>t semble-t-il l’approbation <strong>de</strong> Sa Majesté. C’est<br />

l’heureuse conclusion d’un séjour <strong>en</strong> gran<strong>de</strong> partie <strong>en</strong>trepris pour rechercher <strong>de</strong> nouveaux<br />

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commanditaires. Malgré ce satisfecit et l’accueil favorable <strong>de</strong> la presse anglaise, les critiques<br />

négatives se multipli<strong>en</strong>t dans la presse new-yorkaise et Bierstadt <strong>de</strong>vra multiplier les démarches<br />

pour obt<strong>en</strong>ir la comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux peintures d’histoire pour la chambre du Capitole. En<br />

empruntant cette fois le transcontin<strong>en</strong>tal récemm<strong>en</strong>t terminé, il part pour la secon<strong>de</strong> fois <strong>en</strong><br />

Californie avec son épouse <strong>en</strong> 1871.<br />

Les barons <strong>de</strong> l’industrie du chemin <strong>de</strong> fer lui sont <strong>de</strong>meurés fidèles et la critique californi<strong>en</strong>ne est<br />

toujours aussi chaleureuse. P<strong>en</strong>dant plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans Bierstadt voyage dans tout l’État à la<br />

recherche <strong>de</strong> nouveaux sujets. Il retourne à la Yosemite Valley, mais les huit ans qui sépar<strong>en</strong>t ses<br />

<strong>de</strong>ux voyages ont gran<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t modifié le paysage, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u source <strong>de</strong> profits touristiques, <strong>en</strong><br />

gran<strong>de</strong> partie grâce à ses toiles. À la fin <strong>de</strong>s années quatre-vingt, les <strong>de</strong>ux principaux<br />

représ<strong>en</strong>tants du grand paysage, Fre<strong>de</strong>ric Edwin Church et Bierstadt, apparaiss<strong>en</strong>t comme les<br />

t<strong>en</strong>ants d’une génération qui a fait son temps. Les sites qui faisai<strong>en</strong>t naguère le succès <strong>de</strong> leur<br />

toiles, Yellowstone, Yosemite Valley, Sierra Nevada, Montagnes Rocheuses bi<strong>en</strong>tôt parcs<br />

nationaux, accessibles par le chemin <strong>de</strong> fer, n’ont plus l’attrait <strong>de</strong> la nouveauté. Dans les<br />

bouleversem<strong>en</strong>ts économiques et sociaux générés par la guerre <strong>de</strong> Sécession, l’opinion<br />

américaine connaît une crise i<strong>de</strong>ntitaire profon<strong>de</strong> et se tourne alors vers une peinture plus<br />

narrative exaltant le caractère spécifiquem<strong>en</strong>t américain <strong>de</strong>s acteurs, personnages illustres ou<br />

archétypaux d’une histoire <strong>en</strong> train <strong>de</strong> se construire. Alors que le marché <strong>de</strong> l’Est est pour Bierstadt<br />

<strong>en</strong> perte <strong>de</strong> vitesse, il jouit <strong>en</strong>core d’une gran<strong>de</strong> faveur dans les cités plus éloignées et si la<br />

Canadian Pacific Railway répond <strong>de</strong> manière assez tiè<strong>de</strong> à ses sollicitations, les commanditaires<br />

europé<strong>en</strong>s continu<strong>en</strong>t à lui acheter ses peintures. En 1888 Bierstadt comm<strong>en</strong>ce l’œuvre qu’il<br />

<strong>de</strong>stine à l’exposition universelle <strong>de</strong> Paris, The Last of the The Buffalo. Le comité d’admission<br />

américain rejette la toile, la jugeant démodée tant par le style que par le sujet, néanmoins<br />

Bierstadt, chevalier <strong>de</strong> la Légion d’honneur, put <strong>de</strong> ce fait prés<strong>en</strong>ter son tableau au Salon parisi<strong>en</strong>.<br />

Le combat singulier du <strong>de</strong>rnier Indi<strong>en</strong> sur son cheval cabré brandissant sa lance pour tuer le<br />

<strong>de</strong>rnier bison ne manque pas d’ironie. L’œuvre apparaît comme un manifeste et montre que<br />

l’artiste n’a ri<strong>en</strong> perdu <strong>de</strong> sa capacité à créer <strong>de</strong>s images puissantes. En juillet 1889 Bierstadt part<br />

pour le Canada à Puget Sound et gagne l’Alaska <strong>en</strong> steamer. Tandis que son bateau est à quai<br />

près <strong>de</strong> Loring Bay, il séjourne dans un village <strong>de</strong> pêcheurs et met son temps à profit réalisant<br />

d’innombrables croquis. La <strong>de</strong>rnière déc<strong>en</strong>nie est assombrie par <strong>de</strong>s tracas <strong>de</strong> toutes sortes.<br />

Rosalie meurt <strong>en</strong> 1893 après une longue maladie. Des placem<strong>en</strong>ts financiers désastreux l’accul<strong>en</strong>t<br />

à la banqueroute. Bierstadt est couvert <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes. Son remariage avec une riche veuve, Mary<br />

Hicks Stewart, lui permet <strong>de</strong> redresser un peu la situation, mais à la fin du siècle le marché s’est<br />

totalem<strong>en</strong>t effondré. Il meurt <strong>en</strong> 1902 presque totalem<strong>en</strong>t oublié.<br />

La toile <strong>de</strong> Cleveland, datée <strong>de</strong> 1866, apparti<strong>en</strong>t au cycle <strong>de</strong>s tableaux <strong>de</strong> la Yosemite Valley,<br />

conçus dans l’atelier <strong>de</strong> la <strong>10</strong> e rue au retour du premier voyage <strong>de</strong> l’artiste <strong>en</strong> Californie. L’acc<strong>en</strong>t<br />

est mis sur les rais <strong>de</strong> lumière traversant les nuées orageuses qui assombriss<strong>en</strong>t le ciel, sans pour<br />

autant susciter l’inquiétu<strong>de</strong>. La vision conserve <strong>en</strong> effet une pureté sereine. La montagne dont on<br />

<strong>de</strong>vine la prés<strong>en</strong>ce se dérobe cep<strong>en</strong>dant au regard. L’<strong>en</strong>semble évoque clairem<strong>en</strong>t la théophanie<br />

que connut Moïse au pied du Sinaï. Le paysage <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t ainsi la transposition plastique quasi<br />

littérale du texte <strong>de</strong> l’exo<strong>de</strong>, faisant <strong>de</strong> ce tableau l’un <strong>de</strong>s originaux <strong>de</strong> la série. La Rivière <strong>de</strong> la<br />

Merced à Yosemite, <strong>de</strong> format plus mo<strong>de</strong>ste, adopte un format <strong>en</strong> hauteur qui acc<strong>en</strong>tue la hauteur<br />

<strong>de</strong> la montagne émergeant <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> nuages et <strong>de</strong> la brume rosée qui se dégage <strong>de</strong> la<br />

rivière. Le campem<strong>en</strong>t dans une anfractuosité <strong>de</strong> la paroi rocheuse, souv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s sept semaines<br />

passées par l’artiste et ses compagnons <strong>de</strong> route <strong>en</strong> juillet-août 1863, n’<strong>en</strong> apparaît que plus<br />

fragile tout comme le petit pêcheur dans sa barque dont la par<strong>en</strong>té avec Bingham est s<strong>en</strong>sible. À<br />

la fois scène <strong>de</strong> g<strong>en</strong>re et paysage animé, le tableau est aussi peinture d’histoire tant il invite,<br />

comme le précé<strong>de</strong>nt, à y voir un épiso<strong>de</strong> biblique, ici l’<strong>en</strong>trée <strong>de</strong> la terre promise suggérée par<br />

l’assimilation <strong>de</strong> la rivière limpi<strong>de</strong> avec les eaux du Jourdain. Ces <strong>de</strong>ux œuvres, dont la structure<br />

est commandée par la formation glaciaire du paysage, analogue à celui <strong>de</strong>s Alpes bernoises,<br />

s’inscriv<strong>en</strong>t par maints aspects dans la lignée <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> Düsseldorf et <strong>de</strong>s peintures méditatives<br />

<strong>de</strong> Friedrich. Le souv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> Turner aussi a pu être évoqué. Conçues alors que l’artiste était au<br />

faîte <strong>de</strong> sa gloire, elles conserv<strong>en</strong>t un caractère profondém<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> qui explique <strong>en</strong> partie leur<br />

défaveur auprès du public américain dans le <strong>de</strong>rnier quart du siècle.<br />

Le Troupeau surpris et Coucher <strong>de</strong> soleil sur la plaine manifest<strong>en</strong>t un changem<strong>en</strong>t complet<br />

d’atmosphère. Le soleil se couche sur un paysage désolé, presque désertifié, où err<strong>en</strong>t quelques<br />

bisons isolés, <strong>de</strong>rniers survivants <strong>de</strong>s imm<strong>en</strong>ses troupeaux qui peuplai<strong>en</strong>t les plaines américaines.<br />

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Les millions <strong>de</strong> têtes qu’ils comptai<strong>en</strong>t au début du siècle se trouv<strong>en</strong>t alors réduits à une petite<br />

c<strong>en</strong>taine. L’espèce est <strong>en</strong> voie d’extinction totale. L’artiste, désavoué, se s<strong>en</strong>t <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus<br />

étranger dans son pays d’adoption, touché par <strong>de</strong>s mutations qui altèr<strong>en</strong>t sa pureté primitive. Il<br />

brosse une série <strong>de</strong> toiles sur ce thème dont l’atmosphère crépusculaire se rattache au courant<br />

symboliste et qui culmine avec The last of the Buffalo. Consci<strong>en</strong>t du déclin irrémédiable <strong>de</strong> sa<br />

popularité auprès d’un public américain <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u ins<strong>en</strong>sible à une peinture trop éloignée du<br />

réalisme objectif qu’il recherche, l’artiste livre alors une œuvre testam<strong>en</strong>t. Par <strong>de</strong>là la catastrophe<br />

écologique que constitue l’extinction d’une espèce, l’Indi<strong>en</strong> sur son cheval cabré, métaphore<br />

romantique d’un combat sans issue, n’est pas très éloigné <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>taures <strong>de</strong> Böcklin, dont<br />

Bierstadt partage la nostalgie. Malgré le caractère profondém<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> <strong>de</strong> son œuvre,<br />

Bierstadt <strong>de</strong>meure l’un <strong>de</strong>s représ<strong>en</strong>tants majeurs du paysage américain et son nom est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u<br />

synonyme <strong>de</strong>s sites naturels grandioses, emblématiques <strong>de</strong> l’espace américain.<br />

3. Fre<strong>de</strong>ric Remington (1861 – 19<strong>09</strong>)<br />

Remington occupe une place très particulière, non seulem<strong>en</strong>t dans l’art, mais dans l’histoire <strong>de</strong><br />

l’Amérique. Sa production <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t dédiée au thème <strong>de</strong> l’Ouest et le succès phénoménal <strong>de</strong> sa<br />

carrière d’illustrateur le plac<strong>en</strong>t <strong>en</strong> marge <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art classique, mais son importance est<br />

telle, dans la construction d’un <strong>de</strong>s grands mythes fondateurs <strong>de</strong> la civilisation américaine, que les<br />

jugem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> valeur habituels ne sembl<strong>en</strong>t pas pouvoir s’appliquer à lui. Théodore Roosevelt,<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s États-Unis et autre acteur ess<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> cette histoire, auteur du monum<strong>en</strong>tal La<br />

Conquête <strong>de</strong> l’Ouest (The Winning of the West), écrit <strong>en</strong> 19<strong>07</strong> dans un hommage à l’artiste publié<br />

par le Pearson’s Magazine : « Je considère Fre<strong>de</strong>ric Remington comme l’un <strong>de</strong>s Américains qui<br />

ont accompli un réel travail pour ce pays, et nous lui <strong>de</strong>vons tous notre gratitu<strong>de</strong>. (…) Il est, bi<strong>en</strong><br />

sûr, l’un <strong>de</strong> nos artistes les plus typiquem<strong>en</strong>t américains, il a représ<strong>en</strong>té un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie américain<br />

très caractéristique et pourtant <strong>en</strong> voie <strong>de</strong> disparition. Le soldat, le cow-boy et le fermier, l’Indi<strong>en</strong>,<br />

les chevaux et les troupeaux <strong>de</strong>s plaines vivront éternellem<strong>en</strong>t, j’<strong>en</strong> suis sûr, dans ses peintures et<br />

ses sculptures. »<br />

Né dans une famille <strong>de</strong> notables <strong>de</strong> la côte est, Fre<strong>de</strong>ric Remington passera pourtant très peu <strong>de</strong><br />

temps dans l’ouest. Sa formation artistique est égalem<strong>en</strong>t d’une brièveté étonnante : trois<br />

semestres, à partir <strong>de</strong> 1878, à la Yale College School of the Fine Arts, durant lesquels il se<br />

passionne plutôt pour le football et la boxe – qu’il pratique déjà dans la catégorie poids lourds.<br />

Après la mort <strong>de</strong> son père, il fait son premier voyage dans l’ouest <strong>en</strong> 1881, travaillant dans le<br />

Montana comme cow-boy, éclaireur et éleveur <strong>de</strong> moutons, ce qui lui fournit la matière <strong>de</strong> premiers<br />

<strong>de</strong>ssins. Sa première illustration paraît dans le Harper’s Weekly <strong>en</strong> février 1882 (Cow-boys <strong>de</strong><br />

l’Arizona – Réveillés par un éclaireur). Jetant son dévolu sur Kansas City <strong>en</strong> 1883, Remington se<br />

lance dans diverses affaires commerciales, parmi lesquelles un saloon. Il épouse Eva Cat<strong>en</strong> <strong>en</strong><br />

1884 dans l’État <strong>de</strong> New York et revi<strong>en</strong>t avec elle à Kansas City, mais le couple n’y restera que<br />

jusqu’à l’année suivante : 1885 marque la fin <strong>de</strong> la western life pour les Remington, qui s’install<strong>en</strong>t<br />

à Brooklyn. La carrière d’illustrateur comm<strong>en</strong>ce avec <strong>de</strong>s contributions régulières au Harper’s<br />

Weekly, qui est à l’époque le premier magazine illustré du mon<strong>de</strong>. Après un court séjour à l’Art<br />

Stu<strong>de</strong>nts League, Remington <strong>en</strong>trecoupe son activité new-yorkaise <strong>de</strong> reportages avec l’armée<br />

dans l’Arizona, le Mexique et le Nouveau Mexique. La première exposition <strong>de</strong> ses œuvres à la<br />

National Aca<strong>de</strong>my of Design a lieu <strong>en</strong> 1887, inaugurant une relation ambiguë avec l’institution<br />

artistique majeure du pays, garante <strong>de</strong> la tradition académique et dét<strong>en</strong>trice du pouvoir d’accor<strong>de</strong>r<br />

la reconnaissance officielle aux artistes. Remington y exposera jusqu’<strong>en</strong> 1899, date à laquelle,<br />

n’étant toujours pas admis comme membre à part <strong>en</strong>tière, il lui tournera le dos définitivem<strong>en</strong>t.<br />

En 1887-1888, il continue d’effectuer <strong>de</strong>s voyages pour le compte du Harper’s (actuels Dakota,<br />

Wyoming, Montana, ainsi que dans l’ouest du Canada) tout <strong>en</strong> travaillant pour d’autres magazines<br />

comme Outing ou C<strong>en</strong>tury, qui l’<strong>en</strong>voie au Texas, <strong>en</strong> Arizona et au Nouveau Mexique. Remington<br />

<strong>en</strong>voie cinq tableaux à l’Exposition universelle <strong>de</strong> Paris <strong>en</strong> 1889. L’une d’elles, La <strong>de</strong>rnière<br />

accalmie p<strong>en</strong>dant le combat, obti<strong>en</strong>t une médaille d’arg<strong>en</strong>t. 1890 est une année importante pour<br />

l’artiste. Il s’installe dans une gran<strong>de</strong> maison à New Rochelle, toujours dans l’état <strong>de</strong> New York,<br />

qu’il baptise du nom indi<strong>en</strong> <strong>de</strong> Endion (« un lieu où je vis »). Sa première exposition personnelle a<br />

lieu à l’American Art Association <strong>de</strong> New York, et il accompagne la fameuse expédition du général<br />

Miles pour écraser la révolte <strong>de</strong>s Sioux dans le Dakota. Remington vivra donc d’assez près la<br />

bataille <strong>de</strong> Woun<strong>de</strong>d Knee. Il est élu membre associé <strong>de</strong> la National Aca<strong>de</strong>my of Design l’année<br />

<strong>10</strong>


suivante. Désormais très célèbre, il fournit <strong>de</strong>s illustrations pour <strong>de</strong>s œuvres littéraires, toujours<br />

dans son registre <strong>de</strong> prédilection (Le Chant <strong>de</strong> Hiawatha <strong>de</strong> H<strong>en</strong>ry Longfellow, La Piste <strong>de</strong><br />

l’Oregon <strong>de</strong> Francis Parkman). Souhaitant préserver une s<strong>en</strong>sibilité auth<strong>en</strong>tiquem<strong>en</strong>t américaine,<br />

Remington n’a jamais voulu parfaire sa formation <strong>en</strong> Europe. Il s’y r<strong>en</strong>d toutefois pour Harper’s <strong>en</strong><br />

1892 et, <strong>de</strong>ux ans plus tard, <strong>en</strong> Algérie. Nouveau tournant <strong>en</strong> 1895 : alors que le Harper’s Weekly<br />

publie une compilation <strong>de</strong> ses textes et illustrations sous le titre Pony Tracks, montrant que l’artiste<br />

est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u un sujet <strong>en</strong> lui-même, <strong>de</strong>ux amis l’incit<strong>en</strong>t à se lancer dans la sculpture. La t<strong>en</strong>tation <strong>de</strong><br />

la sculpture répond à une insatisfaction foncière <strong>de</strong> l’artiste dont les peintures ne r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t guère<br />

<strong>de</strong> succès officiel. Au cours <strong>de</strong> l’année 1899, libéré <strong>de</strong> son contrat d’exclusivité avec Harper’s qui<br />

connaît <strong>de</strong>s difficultés financières, écœuré par l’échec relatif <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>rnière exposition à la<br />

National Aca<strong>de</strong>my of Design, Remington découvre le travail d’un peintre californi<strong>en</strong>, Charles Rollo<br />

Peters (1862-1917), qui aura sur lui un impact considérable. Cette peinture « tonale » r<strong>en</strong>ouvelle<br />

sa conception <strong>de</strong> la couleur et lui donne le goût <strong>de</strong>s scènes nocturnes, qui vont <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir la gran<strong>de</strong><br />

affaire <strong>de</strong> sa maturité. P<strong>en</strong>dant cette pério<strong>de</strong> il perfectionne la technique du bronze utilisant la cire<br />

perdue à partir <strong>de</strong> 1900. Le premier achat d’une œuvre <strong>de</strong> Remington par un musée est celui <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux sculptures, par la Corcoran Gallery <strong>de</strong> Washington <strong>en</strong> 1905. À cette date l’artiste est si<br />

populaire que Collier’s Weekly publie un Remington Number réunissant <strong>de</strong>s textes sur sa vie et<br />

son œuvre. Mais le phénomène le plus étonnant <strong>de</strong> ce qui est déjà la fin <strong>de</strong> la carrière <strong>de</strong><br />

Remington rési<strong>de</strong> dans ses peintures, où la couleur acquiert une puissance inédite aussi bi<strong>en</strong><br />

dans les effets <strong>de</strong> soleil que dans les nocturnes, qui lui val<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>thousiasme <strong>de</strong> la critique lors <strong>de</strong><br />

son exposition chez M. Knoedler & Co à New York <strong>en</strong> 1906. Pourtant ce sont <strong>en</strong>core <strong>de</strong>s<br />

sculptures qui <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t au Metropolitan Museum of Art <strong>de</strong> New York <strong>en</strong> 19<strong>07</strong>.<br />

Les <strong>de</strong>rnières expositions personnelles chez Knoedler & Co <strong>en</strong> 1908 et 19<strong>09</strong> recueill<strong>en</strong>t une pluie<br />

d’éloges. Remington s’est installé <strong>en</strong> 1908 dans une plus gran<strong>de</strong> maison à Ridgefield, dans le<br />

Connecticut. Jouissant <strong>en</strong>fin d’un statut d’artiste incontesté, <strong>en</strong> pleine activité, il décè<strong>de</strong> le<br />

l<strong>en</strong><strong>de</strong>main <strong>de</strong> Noël, à quarante-huit ans, <strong>de</strong>s complications d’une app<strong>en</strong>dicite. Les Signaux <strong>de</strong><br />

fumée est l’un <strong>de</strong>s plus célèbres tableaux <strong>de</strong> Fre<strong>de</strong>ric Remington, un exemple parfait <strong>de</strong><br />

l’épanouissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son art dans ses <strong>de</strong>rnières années. Il représ<strong>en</strong>te égalem<strong>en</strong>t l’une <strong>de</strong>s<br />

techniques militaires indi<strong>en</strong>nes qui avai<strong>en</strong>t le plus frappé l’imagination <strong>de</strong>s <strong>en</strong>vahisseurs, mêlant<br />

au plus haut <strong>de</strong>gré l’ingéniosité, l’efficacité et la poésie. L’armée américaine eut beaucoup <strong>de</strong><br />

peine à déchiffrer ce langage, mais un jeune lieut<strong>en</strong>ant s’<strong>en</strong> était inspiré dès 1854 pour créer un<br />

système <strong>de</strong> signalisation par drapeaux. Les Indi<strong>en</strong>s parv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à observer les signaux à une<br />

distance considérable, qui eût nécessité pour les Blancs l’usage d’une longue-vue. La technique<br />

fut décrite <strong>en</strong> détail par le colonel Richard Irving Dodge dans un récit publié <strong>en</strong> 1882. Par exemple,<br />

une seule fumée montant librem<strong>en</strong>t indique que <strong>de</strong>s étrangers sont <strong>en</strong>trés sur le territoire.<br />

L’iconographie du tableau comporte <strong>de</strong>s détails qui rappell<strong>en</strong>t les réflexes <strong>de</strong> l’illustrateur : les<br />

plumes attachées à la queue <strong>de</strong>s chevaux indiqu<strong>en</strong>t qu’il s’agit d’une mission <strong>de</strong> guerre et la main<br />

rouge sur la croupe du cheval blanc est le signe du guerrier qui est passé sur un <strong>en</strong>nemi p<strong>en</strong>dant<br />

la bataille. Remington avait réuni une abondante docum<strong>en</strong>tation et collectionnait les élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

costume, les armes, etc., ce qui n’empêchait pas les dérapages, comme la prés<strong>en</strong>ce ici d’une selle<br />

réservée aux femmes, avec son pommeau relevé, ou <strong>en</strong>core le couteau que porte le personnage<br />

<strong>de</strong> gauche et qui correspond davantage à un outil <strong>de</strong> dépeçage, utilisé égalem<strong>en</strong>t par les femmes,<br />

qu’au couteau à double tranchant du guerrier. Bronco Buster est la première et la plus célèbre <strong>de</strong>s<br />

vingt-<strong>de</strong>ux sculptures <strong>de</strong> Remington. Cette œuvre <strong>de</strong> débutant fut éditée à 300 exemplaires. Le<br />

modèle <strong>en</strong> terre fut achevé durant l’été, dans l’<strong>en</strong>thousiasme <strong>de</strong> la r<strong>en</strong>contre avec le sculpteur<br />

Fre<strong>de</strong>rick Ruckstull, qui travaillait à une comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> monum<strong>en</strong>t équestre dans la maison du<br />

voisin <strong>de</strong> Remington à New Rochelle. Ruckstull, d’origine alsaci<strong>en</strong>ne, retourné <strong>en</strong> France pour se<br />

former à l’Académie Julian, était <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u l’un <strong>de</strong>s grands représ<strong>en</strong>tants new-yorkais du style dit aux<br />

États-Unis « Beaux-Arts » et pouvait représ<strong>en</strong>ter l’idéal <strong>de</strong> l’artiste académique tant convoité par<br />

Remington. La sculpture allait <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir pour l’illustrateur célébrissime le moy<strong>en</strong> d’être <strong>en</strong>fin reconnu<br />

comme artiste, et elle l’occuperait jusqu’à sa mort. Les conseils techniques <strong>de</strong> Ruckstull fur<strong>en</strong>t<br />

manifestem<strong>en</strong>t efficaces et Remington les transposa dans son registre pittoresque, créant<br />

d’emblée un type <strong>de</strong> sculpture virtuose défiant la technique <strong>de</strong> la fonte et les lois <strong>de</strong> l’équilibre,<br />

t<strong>en</strong>dant vers l’énergie pure et le frémissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s détails. Le thème (le débourrage d’un étalon<br />

sauvage) est un leitmotiv qui résume à lui seul tout l’esprit conquérant <strong>de</strong> la frontier life. Remington<br />

avait <strong>de</strong>ssiné une figure très proche (A Pitching Bronco) pour le Harper’s Weekly <strong>en</strong> avril 1882,<br />

treize ans plus tôt. Conçu dix ans plus tard, Le Hors-la-loi, dont le titre fait référ<strong>en</strong>ce au caractère<br />

indomptable <strong>de</strong> l’étalon, pousse <strong>en</strong>core plus loin l’illusion d’une sculpture libérée <strong>de</strong> sa base, <strong>en</strong><br />

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limitant les points d’appui au strict minimum et <strong>en</strong> créant une s<strong>en</strong>sation d’instabilité qui suggère<br />

irrésistiblem<strong>en</strong>t le brusque saut <strong>de</strong> la monture. Les excell<strong>en</strong>tes fontes à la cire perdue <strong>de</strong> Riccardo<br />

Bertelli (Roman Bronze Works), permir<strong>en</strong>t à Remington <strong>de</strong> donner libre cours à sa fantaisie.<br />

L’<strong>en</strong>semble ne ti<strong>en</strong>t que par le r<strong>en</strong>fort <strong>de</strong> la touffe d’armoise où vi<strong>en</strong>t piocher le cheval, belle idée<br />

<strong>de</strong> sculpteur où le problème technique trouve sa solution dans le motif, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce la plante<br />

emblématique <strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s Plaines <strong>de</strong> l’ouest.<br />

4. Charles Marion Russel (1864 – 1926)<br />

Charles Marion Russell naît <strong>en</strong> 1864 à Saint Louis, ville au conflu<strong>en</strong>t du Missouri et du Mississipi<br />

alors considérée comme la porte <strong>de</strong> l’Ouest. Sa famille très conservatrice nourrit l’espoir que le<br />

jeune Charlie repr<strong>en</strong>dra l’affaire familiale <strong>de</strong> charbons et <strong>de</strong> briques. Celui-ci se montre à<br />

l’évi<strong>de</strong>nce peu disposé à poursuivre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et ne rêve que d’Indi<strong>en</strong>s, <strong>en</strong>visageant à cette<br />

époque <strong>de</strong> les combattre comme son grand oncle Will B<strong>en</strong>t. Dans le secret espoir qu’une<br />

expéri<strong>en</strong>ce vécue le guérirait <strong>de</strong> ses visons romanesques <strong>de</strong> l’Ouest, son père lui offre comme<br />

ca<strong>de</strong>au d’anniversaire pour ses seize ans un voyage dans le Montana. En mars 1880 il part <strong>en</strong><br />

compagnie d’un ami <strong>de</strong> son père qui possè<strong>de</strong> un ranch <strong>de</strong> moutons dans le bassin <strong>de</strong> la rivière<br />

Judith. Charlie et son m<strong>en</strong>tor pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la ligne <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer, l’Union Pacific, jusqu’au terminus,<br />

situé dans l’Utah, aux confins <strong>de</strong> l’Idaho et du Montana, et gagn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite Hel<strong>en</strong>a par la<br />

dilig<strong>en</strong>ce. Bi<strong>en</strong> loin <strong>de</strong> se convertir à l’orthodoxie familiale, Russell est subjugué ; il a trouvé sa<br />

patrie d’adoption et ne retournera à Saint Louis que pour <strong>de</strong> brefs séjours. La vie est pourtant bi<strong>en</strong><br />

ru<strong>de</strong> pour l’appr<strong>en</strong>ti cow-boy qui doit gravir péniblem<strong>en</strong>t tous les <strong>de</strong>grés d’une hiérarchie aussi<br />

réelle qu’inatt<strong>en</strong>due dans ce mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la wild life. Après <strong>de</strong>s débuts consacrés à <strong>de</strong>s tâches aussi<br />

peu gratifiantes que la tonte <strong>de</strong>s moutons, il sollicite un emploi <strong>de</strong> garçon d’écurie, sans succès du<br />

reste, étant précédé d’une soli<strong>de</strong> réputation <strong>de</strong> bon à ri<strong>en</strong> et <strong>de</strong> paresseux dont on retrouve un<br />

écho dans son œuvre. Il r<strong>en</strong>contre alors un homme extraordinaire <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> le compr<strong>en</strong>dre<br />

avec qui il partage durant <strong>de</strong>ux ans le feu et la subsistance, Jack Hoover. Au cours <strong>de</strong>s années<br />

suivantes il travaille comme gardi<strong>en</strong> <strong>de</strong> chevaux <strong>de</strong> nuit (wrangler). Cet emploi est alors considéré<br />

comme le plus bas dans la hiérarchie <strong>de</strong>s cowboys. Le jeune Russell n’<strong>en</strong> doit pas moins assumer<br />

la responsabilité <strong>de</strong> trois c<strong>en</strong>ts montures et <strong>de</strong> leurs harnais. Il passe l’hiver 1888-1889 parmi les<br />

Indi<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la réserve d’Alberta au Canada. Il vit sous la t<strong>en</strong>te, appr<strong>en</strong>d leur langue, leur histoire, se<br />

familiarise avec leurs coutumes. Les Indi<strong>en</strong>s le considèr<strong>en</strong>t comme leur frère et il est même<br />

<strong>en</strong>couragé par le chef à pr<strong>en</strong>dre femme parmi eux. Son regard se transforme et sa sympathie<br />

s’accroît pour un peuple et un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie promis à une disparition très prochaine. Les Piegans et<br />

les Blackfeet habitai<strong>en</strong>t les vastes territoires d’Alberta, du Montana et <strong>de</strong>s plaines du nord-ouest.<br />

Les Blackfeet étai<strong>en</strong>t le type même <strong>de</strong> la tribu vivant exclusivem<strong>en</strong>t du bison, <strong>de</strong>puis la nourriture<br />

jusqu’au cuir pour fabriquer les teepees. Dans la première moitié du XIX e siècle, ils étai<strong>en</strong>t réputés<br />

pour leur agressivité ; cavaliers accomplis, ils constituai<strong>en</strong>t la force militaire la plus redoutable <strong>de</strong>s<br />

plaines du nord-ouest. La proximité <strong>de</strong> Russell avec les Indi<strong>en</strong>s perturbe gran<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t les<br />

propriétaires <strong>de</strong>s troupeaux, mais ce sera sans effet sur le respect <strong>de</strong> Russell pour les Indi<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s<br />

plaines. La nostalgie qu’ils lui inspir<strong>en</strong>t sera la pierre angulaire <strong>de</strong> son art jusqu’à la fin <strong>de</strong> sa vie.<br />

Bi<strong>en</strong> que ce ne fût pas le but premier <strong>de</strong> ce voyage initiatique, Russell ne cesse <strong>de</strong> peindre et <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ssiner. Dans les tribulations <strong>de</strong> sa vie <strong>de</strong> cow-boy, sa boite d’aquarelle ne le quitte jamais et<br />

chaque mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> dét<strong>en</strong>te est mis à profit. Bi<strong>en</strong> que largem<strong>en</strong>t autodidacte (il se vante <strong>de</strong> n’avoir<br />

reçu que trois leçons <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin), il <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t vite un brillant <strong>de</strong>ssinateur et un peintre prolifique. Il se<br />

veut témoin et ne se soucie guère <strong>de</strong> chercher un modèle ou une référ<strong>en</strong>ce chez les maîtres <strong>de</strong> la<br />

tradition europé<strong>en</strong>ne. Le sujet induit la forme et celle-ci sera pour lui résolum<strong>en</strong>t américaine, un<br />

mélange <strong>de</strong> fiction et <strong>de</strong> réalité où l’Indi<strong>en</strong>, le cow-boy, la viol<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la frontier life et la nostalgie<br />

<strong>de</strong> l’âge d’or se combin<strong>en</strong>t pour former le mythe <strong>de</strong> l’Ouest. « Je ne vois pas comm<strong>en</strong>t un<br />

Hollandais ou un Français pourrait m’appr<strong>en</strong>dre à peindre mon propre pays » (I can’t see how a<br />

Dutch man or a Fr<strong>en</strong>ch man can teach how to paint things of my own country).<br />

Cet état d’esprit caractéristique <strong>de</strong>s artistes <strong>de</strong> l’Ouest tardifs que les Américains qualifi<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

parochialism (esprit <strong>de</strong> clocher) doit être nuancé. S’il n’a pas reçu <strong>de</strong> formation académique à<br />

proprem<strong>en</strong>t parler, Russell s’est très certainem<strong>en</strong>t nourri, dans son <strong>en</strong>fance à Saint Louis, <strong>de</strong> la<br />

tradition picturale établie dès les années tr<strong>en</strong>te par les peintres qui ont séjourné dans cette ville,<br />

Catlin et Wimar <strong>en</strong> particulier, pour lesquels il a une gran<strong>de</strong> admiration. À ses débuts, il v<strong>en</strong>d ses<br />

peintures cinq ou dix dollars à ses compagnons <strong>de</strong> ranch. En 1881, le Harper’s Weekly publie Sur<br />

12


le vif, représ<strong>en</strong>tant <strong>de</strong>ux cow-boys aux prises avec une famille d’Indi<strong>en</strong>s <strong>en</strong> train <strong>de</strong> dépecer un<br />

boeuf appart<strong>en</strong>ant à un Blanc. En 1890, quatorze <strong>de</strong> ses premières huiles sont publiées dans un<br />

petit recueil Studies of the Western Life. Cette année-là il reçoit comman<strong>de</strong> d’un décor <strong>de</strong> porte<br />

pour la banque <strong>de</strong> Lewiston (Montana). Ce n’est qu’<strong>en</strong> 1896 qu’il se consacre <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t à sa<br />

carrière d’artiste. Il se marie et sa jeune épouse, <strong>de</strong> quinze ans sa ca<strong>de</strong>tte, le persua<strong>de</strong> <strong>de</strong> monter<br />

un atelier et <strong>de</strong> rechercher <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s. Nancy Cooper, qui a alors tout juste seize ans,<br />

s’institue ag<strong>en</strong>t artistique et assumera son rôle jusqu’à sa mort <strong>en</strong> 1942, avec une détermination et<br />

un s<strong>en</strong>s aigu <strong>de</strong>s affaires, dans la gran<strong>de</strong> tradition <strong>de</strong>s pionnières du nouveau mon<strong>de</strong>. En 1908<br />

elle r<strong>en</strong>égocie avec Brown et Bigelow le contrat autorisant la reproduction <strong>de</strong> ses œuvres sur les<br />

cal<strong>en</strong>driers, ce qui lui vaut un rev<strong>en</strong>u annuel <strong>de</strong> trois mille dollars. Elle veille par ailleurs à<br />

maint<strong>en</strong>ir pour les œuvres <strong>de</strong> son mari <strong>de</strong>s prix jugés ins<strong>en</strong>sés par Charlie lui-même. Sa popularité<br />

comme illustrateur va croissant et il est submergé <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>s. En 1911 une exposition intitulée<br />

The West that has Passed, compr<strong>en</strong>ant treize toiles, douze aquarelles et six bronzes, est<br />

prés<strong>en</strong>tée à New York. Le critique Arthur Hoeber considère que l’œuvre <strong>de</strong> Russell, inégale, est<br />

plutôt celle d’un illustrateur que celle d’un peintre. Russell reconnaît que la critique est fondée,<br />

d’autant que <strong>de</strong>puis la mort <strong>de</strong> Remington il est considéré comme le plus grand illustrateur <strong>de</strong>s<br />

États-Unis et le plus grand chroniqueur <strong>de</strong> l’Ouest. C’est néanmoins le début <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />

notoriété. Il exécute <strong>en</strong> 1912, pour la Montana State House of Repres<strong>en</strong>tatives, un grand décor<br />

mural (Lewis and Clark Meeting the Flathead Indians at Ross Hole) commandé l’année<br />

précé<strong>de</strong>nte. Il expose au Canada <strong>en</strong> 1912 et 1913, à Londres <strong>en</strong> 1914, <strong>en</strong> 1915-1916 à Chicago,<br />

New York, San Francisco, Pittsburgh, puis Chicago et New York <strong>de</strong> nouveau. Les Russell adopt<strong>en</strong>t<br />

un fils <strong>en</strong> 1916 et durant trois ans Russell marque une pause. Dans les peintures <strong>de</strong> sa maturité,<br />

Russell adopte un schéma <strong>de</strong> composition invariable, inspiré <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong> traditionnelle qu’il<br />

inverse pour ouvrir très largem<strong>en</strong>t le lointain et diriger le regard du spectateur vers le c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la<br />

composition. L’effet panoramique est accru par le format allongé <strong>de</strong> ses toiles, qui s’avère<br />

particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> adapté au r<strong>en</strong>du <strong>de</strong>s grands espaces <strong>de</strong>s plaines du Montana. Par ailleurs, il<br />

témoigne d’un grand s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la dramaturgie, <strong>en</strong> limitant le nombre <strong>de</strong>s personnages représ<strong>en</strong>tés<br />

aux seuls acteurs indisp<strong>en</strong>sables à la compréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> l’action, qu’il campe au c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la toile.<br />

Il <strong>en</strong> résulte une force et un dynamisme irrésistible, souligné par une lumière vibrante. Sa palette<br />

très int<strong>en</strong>se s’éclaircit au fil <strong>de</strong>s ans, l’usage généreux qu’il fait du blanc mêlé aux autres couleurs<br />

n’altérant <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> leur éclat.<br />

Le bison est l’un <strong>de</strong>s thèmes <strong>de</strong> prédilection <strong>de</strong>s peintres <strong>de</strong> l’Ouest, <strong>en</strong> troupeaux innombrables<br />

aux temps bénis <strong>de</strong> l’âge d’or ou pris <strong>en</strong> chasse, comme dans Spearing a Buffalo par un cavalier<br />

muni d’une lance. Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> chasse traditionnel, antérieur à la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> l’homme blanc dans les<br />

plaines américaines et à la <strong>de</strong>struction massive <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> bisons qui les peuplai<strong>en</strong>t alors,<br />

était pratiqué par les Indi<strong>en</strong>s dans le seul but d’assurer leur subsistance. Il est à l’époque <strong>de</strong><br />

Russell totalem<strong>en</strong>t révolu et sans doute faut-il voir là un hommage <strong>de</strong> l’artiste à la sagesse <strong>de</strong> ses<br />

frères d’adoption. Russell repr<strong>en</strong>dra ce thème à maintes reprises. Lassos et chevaux agiles sont<br />

plus surs que le plomb s’inspire d’un fait réel surv<strong>en</strong>u <strong>en</strong> 1904 dans la région <strong>de</strong> la Milk River, au<br />

nord-est du Montana. Un wrangler (gardi<strong>en</strong> <strong>de</strong> chevaux <strong>de</strong> nuit), véritable fumiste connu pour le<br />

nombre <strong>de</strong> chevaux qu’il avait laissé échapper, constata un beau matin la disparition <strong>de</strong> quarante<br />

montures. Il t<strong>en</strong>ta <strong>de</strong> se justifier <strong>en</strong> arguant un mouvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> panique parmi les chevaux semé<br />

par un élém<strong>en</strong>t inconnu. Bi<strong>en</strong> évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t personne n’y ajouta foi. Les cow-boys partir<strong>en</strong>t alors <strong>en</strong><br />

battue et repérèr<strong>en</strong>t les chevaux effrayés et courant <strong>en</strong> tous s<strong>en</strong>s exactem<strong>en</strong>t comme le wrangler<br />

l’avait raconté. Les trois cow-boys <strong>en</strong>cerclèr<strong>en</strong>t les chevaux d’aussi près que possible et<br />

s’aperçur<strong>en</strong>t qu’ils étai<strong>en</strong>t pris <strong>en</strong> chasse par un gros ours. Ils déroulèr<strong>en</strong>t leur lasso et le jetèr<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>vant l’ours qui se dressa sur ses pattes arrière pour leur faire front, grognant et m<strong>en</strong>açant. On<br />

voit sur la gauche le plus jeune « Shufeldt Kid », qui fut le premier à jeter son lasso et manqua son<br />

coup <strong>de</strong> fort peu comme ses camara<strong>de</strong>s Joe Reynolds et Frank Howes. Mais alors que l’ours<br />

t<strong>en</strong>tait une échappée, Reynolds parvint à le capturer par une patte. L’effet est saisissant. La<br />

rapidité <strong>de</strong> l’action est r<strong>en</strong>due par les boucles <strong>de</strong>s lassos qui tournoi<strong>en</strong>t et par la simultanéité du<br />

lancer <strong>de</strong>s trois cow-boys. Ce temps <strong>de</strong> l’épopée n’est pas la seule <strong>en</strong>torse que Russell fait à la<br />

réalité. L’ours est manifestem<strong>en</strong>t un grizzly, alors que la tradition rapporte – l’histoire avait <strong>en</strong> son<br />

temps fait le tour <strong>de</strong>s camps – qu’il s’agissait <strong>en</strong> fait d’une femelle à la robe cannelle. Par le choix<br />

du grizzly, animal emblématique <strong>de</strong>s Montagnes Rocheuses, l’anecdote <strong>en</strong>tre dans la mythologie.<br />

La carrière <strong>de</strong> sculpteur <strong>de</strong> Russell comm<strong>en</strong>ce véritablem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1903. À l’occasion d’un voyage<br />

dans sa famille à Saint Louis, il prés<strong>en</strong>te à l’exposition du c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire <strong>de</strong> la Lousiana Purchase <strong>de</strong>s<br />

peintures et <strong>de</strong>s aquarelles. Le succès est colossal. La section <strong>de</strong> sculpture, à laquelle particip<strong>en</strong>t<br />

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<strong>de</strong>s sculpteurs comme Quincy Ward, marque la reconnaissance <strong>de</strong> la sculpture américaine <strong>en</strong> tant<br />

qu’art. Russell est particulièrem<strong>en</strong>t impressionné par les sculptures d’Edward Kemeys, considéré<br />

comme le pionnier <strong>de</strong> la sculpture à thèmes wild life et dont le style s’appar<strong>en</strong>te aux sculpteurs<br />

animaliers français. Russell pratiquait <strong>de</strong>puis longtemps le mo<strong>de</strong>lage. Ses figurines <strong>en</strong> terre lui<br />

servait à la mise <strong>en</strong> place <strong>de</strong> ses compositions, ce qui lui évitait <strong>de</strong> recourir au modèle vivant,<br />

ayant toujours élaboré ses œuvres <strong>de</strong> manière intuitive, sans recourir aux esquisses ou aux<br />

<strong>de</strong>ssins préparatoires. Sa technique picturale doit beaucoup à sa pratique <strong>de</strong> sculpteur et la<br />

justesse <strong>de</strong> sa perception du mouvem<strong>en</strong>t lui est sans nul doute imputable. Il prés<strong>en</strong>te sa première<br />

sculpture, Smoking up, à New York <strong>en</strong> 1904. Son corpus compte quarante-six sujets dont il ne fut<br />

fondu qu’un très petit nombre d’exemplaires du vivant <strong>de</strong> l’artiste, toujours selon la technique <strong>de</strong> la<br />

fonte à la cire perdue. Le plâtre original <strong>de</strong>s Traces <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>nemi (The Enemy’s Tracks) est réalisé<br />

<strong>en</strong> 1920 et le bronze tiré à seize exemplaires <strong>en</strong> 1929 par la California Art Bronze foundry à Los<br />

Angeles, qui avait la confiance <strong>de</strong> Nancy. La posture du cavalier lui permet <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre avec<br />

beaucoup <strong>de</strong> subtilité la musculature du dos, à laquelle répon<strong>de</strong>nt les jambes nerveuses du<br />

mustang, ce magnifique cheval sauvage <strong>de</strong>s plaines auquel il r<strong>en</strong>d ici un vibrant hommage. Le<br />

soin apporté au traitem<strong>en</strong>t du harnachem<strong>en</strong>t du guerrier contribue à la sacralisation du sujet et par<br />

contraste le synthétisme <strong>de</strong>s formes n’<strong>en</strong> est que plus spectaculaire.<br />

Les Bluffeurs montr<strong>en</strong>t un bison et un grizzly prêts à se livrer à un combat acharné. En 1905<br />

l’artiste avait déjà abordé ce sujet dans un lavis rehaussé <strong>de</strong> gouache (Fort worth, Amon Carter<br />

Museum). Ce <strong>de</strong>ssin était <strong>de</strong>stiné à illustrer les souv<strong>en</strong>irs <strong>de</strong> William A. All<strong>en</strong>, Adv<strong>en</strong>tures with<br />

Indians and Game or tw<strong>en</strong>ty years in the Rocky Mountains. Russell se réfère là <strong>en</strong>core à une<br />

époque révolue où le bison n’avait à redouter comme prédateurs que le loup et le grizzly. Le<br />

modèle <strong>en</strong> terre <strong>de</strong>s Bluffeurs est exécuté <strong>en</strong> 1924 et tiré à six exemplaires par la Roman Bronze<br />

Works Foundry <strong>de</strong> New York. Russell y fait montre <strong>de</strong> sa connaissance approfondie <strong>de</strong> la<br />

morphologie <strong>de</strong>s animaux, qu’il s’agisse <strong>de</strong> la structure du squelette ou <strong>de</strong> la masse musculaire. Il<br />

y ajoute sa touche humoristique personnelle, s<strong>en</strong>sible dans le crochet que décrit la queue du bison<br />

au comble <strong>de</strong> la fureur combative et dans le titre. Dans son album Georges Sack explicite le titre<br />

<strong>en</strong> indiquant que ces <strong>de</strong>ux animaux étant <strong>de</strong> force équival<strong>en</strong>te l’issue du combat ne peut qu’être<br />

incertaine, c’est pourquoi ils se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>de</strong> manifester leurs int<strong>en</strong>tions belliqueuses <strong>en</strong> grognant<br />

et <strong>en</strong> soufflant <strong>en</strong> direction <strong>de</strong> l’adversaire. Will Rogers a été mo<strong>de</strong>lé <strong>en</strong> mars-avril 1926, au cours<br />

<strong>de</strong> son <strong>de</strong>rnier séjour <strong>en</strong> Californie, et tiré à neuf exemplaires vers 1928 par la Roman Bronze<br />

Works Foundry. Will Rogers (1879-1935), originaire <strong>de</strong> l’Oklahoma, était un artiste <strong>de</strong> cabaret et<br />

<strong>de</strong> cinéma qui fit toute sa carrière <strong>en</strong> exploitant les différ<strong>en</strong>tes facettes du personnage du cow-boy.<br />

Il raconte ainsi sa première r<strong>en</strong>contre avec Russell <strong>en</strong> 1908 : « Charlie essayait <strong>de</strong> v<strong>en</strong>dre<br />

quelques peintures et moi quelques blagues. » Il s’<strong>en</strong>suit une longue et fidèle amitié, les <strong>de</strong>ux<br />

hommes exploitant le même fonds <strong>de</strong> commerce, nourrissant le même goût pour l’anecdote<br />

pittoresque et la plaisanterie bon <strong>en</strong>fant et tous <strong>de</strong>ux vouant un véritable culte à l’Ouest that has<br />

passed, Rogers éprouvant par ailleurs une sincère admiration pour le tal<strong>en</strong>t <strong>de</strong> peintre <strong>de</strong> Russell<br />

et sa connaissance irréprochable <strong>de</strong> l’Ouest. Le comédi<strong>en</strong> cow-boy, la mèche tombante, le<br />

chapeau légèrem<strong>en</strong>t incliné, tourne un visage gouailleur <strong>en</strong> direction d’un public imaginaire, tandis<br />

que sa monture, à la para<strong>de</strong>, pointe du sabot <strong>en</strong> avant, <strong>de</strong>rnier tour <strong>de</strong> piste avant que le ri<strong>de</strong>au ne<br />

tombe sur un mon<strong>de</strong> définitivem<strong>en</strong>t révolu. Si pour Nancy l’art était a business, Charlie Russell ne<br />

composa jamais avec ses convictions les plus profon<strong>de</strong>s. Le passé national constitue l’ess<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

son œuvre qui, nonobstant une certaine naïveté, évite toujours les anachronismes et la recherche<br />

gratuite du pittoresque, qui <strong>en</strong>tach<strong>en</strong>t trop souv<strong>en</strong>t les reconstitutions historiques. Il <strong>en</strong> résulte un<br />

caractère troublant d’auth<strong>en</strong>ticité. Ennemi du progrès et <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité, il dut néanmoins, pour<br />

honorer sa <strong>de</strong>rnière comman<strong>de</strong> – un décor mural payé par le magnat du pétrole californi<strong>en</strong> Edward<br />

L. Doh<strong>en</strong>y au prix faramineux <strong>de</strong> tr<strong>en</strong>te mille dollars –, y introduire quelques petits <strong>de</strong>rricks. Atteint<br />

d’un goitre <strong>en</strong> 1923, sa santé n’avait cessé <strong>de</strong> se dégra<strong>de</strong>r. Trop épuisé pour travailler à fresque, il<br />

exécute <strong>de</strong>s toiles marouflées dans sa rési<strong>de</strong>nce du Montana, à Great Falls au printemps 1926,<br />

peu <strong>de</strong> temps avant sa mort, qui survi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> octobre <strong>de</strong> la même année.<br />

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III. Quelques pistes pédagogiques<br />

Les pistes à exploiter à partir <strong>de</strong> l’exposition <strong>Mythologie</strong> <strong>de</strong> l’Ouest sont nombreuses et peuv<strong>en</strong>t<br />

susciter <strong>de</strong>s travaux interdisciplinaires <strong>en</strong> anglais, <strong>en</strong> histoire et <strong>en</strong> géographie, <strong>en</strong> <strong>en</strong> particulier<br />

pour les cycles 2 et 3 <strong>en</strong> primaire, les niveaux 3 ème au collège, 1 ère et Terminale au lycée dans le<br />

cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la civilisation, <strong>de</strong>s valeurs et du rayonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s États-Unis. Elles sont<br />

égalem<strong>en</strong>t propices à <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> recherche <strong>en</strong> IDD, <strong>en</strong> TPE ou pour les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

artistiques, <strong>en</strong> particulier cinéma - audiovisuel.<br />

1. La conquête <strong>de</strong> l’Ouest<br />

Au XIX e siècle, la conquête <strong>de</strong> <strong>l'Ouest</strong> désigne le processus d'appropriation par la force d'un<br />

territoire gigantesque, qui s'ét<strong>en</strong>d <strong>en</strong> Amérique du Nord, <strong>en</strong>tre le Mississippi et l'Océan Pacifique.<br />

Cette région, qui correspond à <strong>l'Ouest</strong> sauvage dans l'historiographie américaine, tombe<br />

progressivem<strong>en</strong>t sous la souveraineté américaine après <strong>de</strong> nombreuses guerres.<br />

• Chronologie <strong>de</strong> la conquête<br />

Avant 1800, le vaste territoire <strong>de</strong>s États-Unis actuels se partage <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s possessions anglaises<br />

(côte est principalem<strong>en</strong>t), françaises (région <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s plaines), mexicaines et espagnoles.<br />

C’est <strong>en</strong> effet au XVI e siècle que les premiers Europé<strong>en</strong>s s’install<strong>en</strong>t sur ce territoire. À la fin du<br />

XVII e siècle, plus <strong>de</strong> 25 000 colons sont installés sur la côte atlantique (est). La colonisation<br />

s’int<strong>en</strong>sifiant, les territoires intérieurs sont progressivem<strong>en</strong>t investis aux <strong>de</strong>ux siècles suivants puis<br />

intégrés au territoire américain qui gagne son indép<strong>en</strong>dance <strong>en</strong> 1783 (Traité <strong>de</strong> Versailles).<br />

La Louisiane<br />

En 1803, les colons, désormais américains achèt<strong>en</strong>t la Louisiane, colonie française, à Napoléon.<br />

Leur nombre ne cessant d’augm<strong>en</strong>ter, les Américains se retrouv<strong>en</strong>t vite à l’étroit. Ils déci<strong>de</strong>nt<br />

d’explorer ce nouveau territoire, vers l’ouest : plusieurs expéditions sont organisées, afin <strong>de</strong> voir s’il<br />

est possible <strong>de</strong> rejoindre le Pacifique, mais égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> rec<strong>en</strong>ser les év<strong>en</strong>tuelles<br />

ressources naturelles <strong>de</strong> ces nouveaux terrains.<br />

Les guerres amérindi<strong>en</strong>nes<br />

Jusqu’au XIX e siècle, colons et Indi<strong>en</strong>s viv<strong>en</strong>t côte à côte et se partag<strong>en</strong>t le territoire. Quelques<br />

échanges commerciaux s’organis<strong>en</strong>t : les colons fourniss<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s perles aux Indi<strong>en</strong>s <strong>en</strong><br />

échange <strong>de</strong> peaux <strong>de</strong> bisons. La colonisation <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> l’Ouest change la donne et se fait<br />

dans la viol<strong>en</strong>ce.<br />

Dans la région <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s plaines, l’afflux <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> pionniers, la pénétration du chemin <strong>de</strong><br />

fer et <strong>de</strong>s chercheurs d’or boulevers<strong>en</strong>t les pâturages <strong>de</strong>s bisons, les habitu<strong>de</strong>s et les territoires<br />

sacrés <strong>de</strong>s Indi<strong>en</strong>s provoquant la colère <strong>de</strong>s Indi<strong>en</strong>s sioux. Ceux-ci réagiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> attaquant les<br />

convois, coupant les lignes télégraphiques ou sabotant les voies ferrées.<br />

Certaines tribus du sud (Cherokees, Séminoles, Choctaws, Creeks, Chickasaws) sont forcées<br />

d’émigrer plus à l’Ouest dans <strong>de</strong>s voyages escortés par les soldats américains : c’est le cas <strong>de</strong> la<br />

terrible marche sur la « piste <strong>de</strong>s larmes » <strong>en</strong>tre 1838 et 1839 p<strong>en</strong>dant laquelle 4 000 Cherokees<br />

trouv<strong>en</strong>t la mort sur la route.<br />

En 1868, le traité <strong>de</strong> Fort Laramie (signé <strong>en</strong>tre l’état américain et le chef <strong>de</strong>s Sioux, Nuage rouge),<br />

met fin à l’insurrection <strong>de</strong>s Sioux et leur garantit le respect <strong>de</strong> leur territoire sacré dans les Collines<br />

noires.<br />

La principale défaite <strong>de</strong>s soldats américains eut lieu <strong>en</strong> 1876 à Little Big Horn, dans un<br />

affrontem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre le septième <strong>de</strong> cavalerie et une union <strong>de</strong> tribus sioux et chey<strong>en</strong>nes avec un<br />

lourd bilan pour l’armée (200 morts dont le général Custer). Ce fut la <strong>de</strong>rnière victoire <strong>de</strong>s cavaliers<br />

<strong>de</strong> la plaine. Le gouvernem<strong>en</strong>t réagit <strong>en</strong> <strong>en</strong>voyant <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> soldats qui forcèr<strong>en</strong>t les tribus à<br />

se soumettre. Le massacre <strong>de</strong> Woun<strong>de</strong>d Knee (mort <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 300 Indi<strong>en</strong>s), <strong>en</strong> 1890, marque la<br />

fin <strong>de</strong>s guerres indi<strong>en</strong>nes : les Indi<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s plaines capitul<strong>en</strong>t et accept<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vivre dans<br />

<strong>de</strong>s réserves.<br />

La lutte pour le Sud-Ouest<br />

Installés dans le Texas mexicain <strong>de</strong>puis 1820, <strong>de</strong>s colons américains se révolt<strong>en</strong>t 15 ans plus tard<br />

<strong>en</strong> <strong>de</strong>mandant l’indép<strong>en</strong>dance <strong>de</strong> leur territoire. Le Mexique refuse et <strong>en</strong>voie son armée « rétablir<br />

15


son autorité », avec notamm<strong>en</strong>t le massacre <strong>de</strong> Fort Alamo. En 1845 les révoltés rejoign<strong>en</strong>t les<br />

États-Unis et une guerre américano-mexicaine fait alors rage, gagnée par les Américains dont le<br />

territoire s’ét<strong>en</strong>d alors jusqu'au Pacifique.<br />

[Remarque : pour une chronologie détaillée, se reporter p.28 du <strong>dossier</strong>.]<br />

Avec les élèves...<br />

Cette partie <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s États-Unis peut être approfondie dans le cadre du cours d’histoire<br />

et/ou d’anglais. Les œuvres exposées peuv<strong>en</strong>t trouver un écho dans les nombreux films qui<br />

mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> image les célèbres batailles, lieux et acteurs historiques tels que Fort Laramie, Fort<br />

Alamo, Little Big Horn, Woun<strong>de</strong>d Knee, etc.<br />

• Géographie <strong>de</strong> la conquête <strong>de</strong> l’Ouest<br />

On considère que le Far West compr<strong>en</strong>d les États situés à l'ouest du fleuve Mississippi, territoire<br />

gigantesque aux milieux naturels variés, le plus souv<strong>en</strong>t marqués par l'aridité et constitué <strong>de</strong> 13<br />

États américains actuels : Alaska, Arizona, Californie, Colorado, Hawaii, Idaho, Montana,<br />

Nouveau-Mexique, Nevada, Oregon, Utah, Washington et Wyoming.<br />

La géographie physique <strong>de</strong> <strong>l'Ouest</strong> américain s'organise <strong>en</strong> gran<strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s méridi<strong>en</strong>nes, que l'on<br />

peut décrire rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t d'est <strong>en</strong> ouest :<br />

=>À l'ouest du Mississippi se trouv<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong> plaines fertiles, marquées par un climat<br />

contin<strong>en</strong>tal, parcourues par le système fluvial du Missouri-Mississippi et baptisées « la Terre <strong>de</strong>s<br />

Aigles » par les Indi<strong>en</strong>s. La côte, marquée par le <strong>de</strong>lta du Mississippi est m<strong>en</strong>acée par les<br />

cyclones <strong>en</strong> été et <strong>en</strong> automne. En allant vers la côte pacifique, les altitu<strong>de</strong>s s'élèv<strong>en</strong>t dans les<br />

Hautes Plaines puis dans le piémont qui marque une transition vers les Montagnes Rocheuses.<br />

=>Les Montagnes Rocheuses constitu<strong>en</strong>t une chaîne <strong>de</strong> montagnes élevées à l’ouest <strong>de</strong>s<br />

Gran<strong>de</strong>s Plaines avec plusieurs sommets dépassant les 4 000 mètres d'altitu<strong>de</strong> (Mont Elbert,<br />

4 399 mètres). Elles détermin<strong>en</strong>t la ligne <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s eaux <strong>en</strong>tre le bassin du Mississippi à l'est<br />

et les fleuves se jetant dans le Pacifique à l'ouest. Elles sont un véritable obstacle pour les<br />

hommes.<br />

=>À l'ouest <strong>de</strong>s Rocheuses se trouv<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s hauts plateaux disséqués par <strong>de</strong>s cours d'eau<br />

tumultueux : le plus célèbre est le Plateau du Colorado, au sud, dont la vallée <strong>en</strong>caissée forme le<br />

Grand Canyon. Au nord, le Plateau <strong>de</strong> la Columbia, connaît <strong>de</strong>s hivers neigeux. Le Grand Bassin<br />

prés<strong>en</strong>te une suite <strong>de</strong> dépressions occupées par <strong>de</strong>s déserts (vallée <strong>de</strong> la Mort, désert <strong>de</strong>s<br />

Mojaves) <strong>en</strong>serrés <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s chaînes <strong>de</strong> montagne parallèles.<br />

=>La Sierra Nevada est une véritable barrière rocheuse, chaîne <strong>de</strong> sommets élevés qui domine<br />

l’est <strong>de</strong> la Californie. Son point culminant est le mont Whitney (4 421 mètres).<br />

=>La plaine <strong>de</strong> Californie, appelée aussi la Vallée C<strong>en</strong>trale est un vaste espace plat et fertile, long<br />

d’<strong>en</strong>viron 600 km. La chaîne côtière ou Coast Ranges a pour principal sommet le Thomson Peak<br />

(2 744 mètres) dans l’Oregon. La région est échancrée par <strong>de</strong>s estuaires, comme la baie <strong>de</strong> San<br />

Francisco et le Puget Sound.<br />

=>Le relief <strong>de</strong> l’Alaska est fortem<strong>en</strong>t marqué par la montagne : la chaîne d'Alaska culmine au mont<br />

McKinley (6 194 mètres). Le littoral est très découpé et ponctué <strong>de</strong> fjords. Les chaînes côtières<br />

bor<strong>de</strong>nt le golfe d'Alaska et font partie <strong>de</strong> la ceinture <strong>de</strong> feu du Pacifique.<br />

Le territoire est donc un espace imm<strong>en</strong>se et par <strong>en</strong>droits très contraignant pour l’homme avec ses<br />

zones montagneuses et ses imm<strong>en</strong>sités désertiques. L'Amérique mythique <strong>de</strong>s Rocheuses, où<br />

s'affront<strong>en</strong>t les tribus indi<strong>en</strong>nes, premiers habitants du Nouveau Mon<strong>de</strong>, et les pionniers v<strong>en</strong>us<br />

fon<strong>de</strong>r les Etats-Unis, est pour jamais symbolisée, dans la mémoire <strong>de</strong>s peuples, par <strong>de</strong>s déserts<br />

rouges à perte <strong>de</strong> vue et <strong>de</strong>s montagnes sculptées par l'érosion.<br />

Avec les élèves...<br />

On pourra travailler sur les paysages <strong>de</strong> l’Ouest américain, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>us mythiques et souv<strong>en</strong>t connus<br />

<strong>de</strong> nos élèves car véhiculés par les films, notamm<strong>en</strong>t les westerns (Monum<strong>en</strong>t Valley, paysage<br />

incontournable du g<strong>en</strong>re). Ces milieux contraignants constitu<strong>en</strong>t une nature sauvage et hostile que<br />

les pionniers ont conquise et à laquelle s’oppose la ville, lieu <strong>de</strong> la civilisation. L’espace et sa<br />

maîtrise sont <strong>de</strong>s notions ess<strong>en</strong>tielles dans les valeurs américaines : le Western <strong>en</strong> fournit une<br />

bonne illustration et plus tard le road - movie, g<strong>en</strong>re culturel typiquem<strong>en</strong>t américain. On peut par<br />

exemple se référer au voyage géographique et initiatique <strong>de</strong> Travis, héros <strong>de</strong> Paris-Texas <strong>de</strong> Wim<br />

W<strong>en</strong><strong>de</strong>rs.<br />

16


Cette nature grandiose peut aussi être vue comme un « paysage rêvé », notamm<strong>en</strong>t du point <strong>de</strong><br />

vue <strong>de</strong>s peintres europé<strong>en</strong>s tels que Bierstadt ou Moran qui représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les rivières, casca<strong>de</strong>s et<br />

vallées inhabitées <strong>de</strong> Yosémite et Yellowstone. Ce <strong>de</strong>rnier est déclaré parc naturel national <strong>en</strong><br />

1872, le premier au mon<strong>de</strong>.<br />

Enfin, plusieurs héritages <strong>de</strong> la colonisation <strong>de</strong> l’Ouest sont <strong>en</strong>core lisibles dans l’organisation <strong>de</strong><br />

l’espace américain : d’une part le découpage <strong>de</strong>s États <strong>de</strong> l’Ouest <strong>en</strong> <strong>en</strong>tités géométriques et<br />

régulières (idéal d’égalité), mais aussi les parcelles agricoles ou townships <strong>de</strong> format carré <strong>de</strong><br />

6 000 miles <strong>de</strong> côté à l’origine.<br />

Avec <strong>de</strong>s plus petits, on pourra égalem<strong>en</strong>t évoquer les élém<strong>en</strong>ts « pittoresques » <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong><br />

l’Ouest : le canyon, le désert, les cactus mais aussi les animaux tels que le bison, le coyote, le<br />

lynx, l’aigle, le serp<strong>en</strong>t à sonnette…<br />

• Les acteurs <strong>de</strong> la conquête :<br />

Avec les élèves…<br />

On pourra s’appuyer sur les sections 4 et 5 « l’épopée » et « le triomphe <strong>de</strong> l’illustration » <strong>de</strong><br />

l’exposition puis approfondir les recherches sur les acteurs <strong>de</strong> la conquête et les lég<strong>en</strong><strong>de</strong>s qu’ils<br />

ont suscitées dans la littérature, le cinéma et la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée… (Voir 4. La <strong>Mythologie</strong> <strong>de</strong><br />

L’Ouest : sur la piste <strong>de</strong> la littérature et du cinéma p.20)<br />

Les explorateurs :<br />

Objectifs : établir <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong>s<br />

nouveaux espaces <strong>de</strong> l’Ouest.<br />

Connaître :<br />

La mission <strong>de</strong> M. Lewis et W. Clark<br />

1804-1806 jusqu’à la côte Pacifique.<br />

Les missions <strong>de</strong> Z. Pike (1805-18<strong>07</strong>) et<br />

S.H. Long (1819-1820).<br />

1848 création du service topographique<br />

<strong>de</strong> l’armée.<br />

L’étu<strong>de</strong> sci<strong>en</strong>tifique <strong>de</strong> l’Ouest <strong>de</strong> J.W.<br />

Powell, 1881-1884.<br />

Les colons :<br />

Qui Des agriculteurs <strong>de</strong> l’est qui<br />

espèr<strong>en</strong>t une plus gran<strong>de</strong><br />

exploitation à l’ouest, <strong>de</strong>s familles<br />

noires du sud libérées <strong>de</strong> l’esclavage<br />

par la guerre <strong>de</strong> Sécession qui<br />

comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t une nouvelle vie et les<br />

Mormons fuyant les persécutions<br />

migr<strong>en</strong>t dans l’Utah.<br />

Des immigrants v<strong>en</strong>us <strong>de</strong> l’étranger :<br />

<strong>de</strong>s Chinois attirés par l’or californi<strong>en</strong><br />

et qui travaill<strong>en</strong>t dans les mines ou la<br />

construction du chemin <strong>de</strong> fer ;<br />

<strong>de</strong>s m<strong>en</strong>nonites russes, <strong>de</strong>s<br />

Scandinaves, <strong>de</strong>s Allemands qui<br />

travaillèr<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t dans le<br />

commerce du bois au Kansas, etc.<br />

La Loi : le Homestead Act <strong>de</strong> 1862<br />

permet aux pionniers d’acheter<br />

jusqu’à 64 ha <strong>de</strong> terres disponibles à<br />

condition qu’ils les cultiv<strong>en</strong>t 5 ans.<br />

Le vocabulaire du trajet : convois,<br />

charriot conestoga puis « vaisseau<br />

<strong>de</strong> la prairie », C ie <strong>de</strong>s charrettes à<br />

bras, joug pour les bœufs, bât <strong>de</strong><br />

selle, provisions et ust<strong>en</strong>siles.<br />

Les lieux : cabanes <strong>de</strong> pionniers puis<br />

maison <strong>en</strong> bois, le magasin général,<br />

l’école <strong>de</strong> la frontière, la poste.<br />

LES ACTEURS DE LA<br />

CONQUÊTE<br />

Les chercheurs d’or :<br />

Première pépite : découverte <strong>en</strong><br />

1848 au pied <strong>de</strong> la Serra Nevada<br />

(Scierie <strong>de</strong> John Sutter).<br />

Qui Des c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> milliers<br />

d’av<strong>en</strong>turiers <strong>de</strong> tous horizons<br />

t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t alors leur chance jusqu’<strong>en</strong><br />

1859. Ils sont alors remplacés par<br />

<strong>de</strong>s ouvriers qui travaill<strong>en</strong>t pour <strong>de</strong>s<br />

compagnies (mines d’arg<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

Comstock).<br />

Différ<strong>en</strong>tes formes : <strong>en</strong> pépites, <strong>en</strong><br />

paillettes ou <strong>en</strong> poussières.<br />

Le vocabulaire : le prospecteur, « les<br />

49 », le pic <strong>de</strong> mineur, la batée, la<br />

lampe, la balance, orpaillage, « Voir<br />

l’éléphant ».<br />

Chasseurs et trappeurs :<br />

Activités : chasser les castors<br />

dans les cours d’eau glacées<br />

<strong>de</strong>s Rocheuses, v<strong>en</strong>dre leurs<br />

peaux. Spécialistes <strong>de</strong> ces<br />

régions hostiles, ils serv<strong>en</strong>t<br />

aussi <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>s et d’éclaireurs.<br />

Au quotidi<strong>en</strong> : vie solitaire mais<br />

contacts avec les communautés<br />

indi<strong>en</strong>nes.<br />

Connaître : Jim Bridger, Jim<br />

Beckwourth, Je<strong>de</strong>dia Smith et le<br />

mythique Davy Crockett.<br />

Matériel : cornes à poudre,<br />

bonnet <strong>en</strong> loutre, mâchoires<br />

d’acier, monnaie d’échanges.<br />

L’Armée :<br />

Qui Les Dragons puis la<br />

cavalerie dont les régim<strong>en</strong>ts<br />

les plus célèbres sont les<br />

« Tuniques bleues ».<br />

La guerre : participe à la<br />

déportation et au massacre<br />

<strong>de</strong>s indi<strong>en</strong>s.<br />

La protection : <strong>de</strong>s convois <strong>de</strong><br />

chariots traversant l’Ouest, <strong>de</strong><br />

la construction <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong><br />

chemins <strong>de</strong> fer, <strong>de</strong> télégraphes<br />

et <strong>de</strong>s mines d’or.<br />

Le quotidi<strong>en</strong> : le fort militaire<br />

comme le fort <strong>de</strong> B<strong>en</strong>t dans<br />

l’Oregon, Fort Laramie dans<br />

les plaines du Nord, l’uniforme,<br />

le colt, le sabre ou « brisepoignet<br />

», le fanion <strong>de</strong><br />

cavalerie et les médailles <strong>de</strong><br />

récomp<strong>en</strong>se.<br />

Connaître : le général Crook, le<br />

général Custer, le colonel W.<br />

Cody<br />

17


• La révolution <strong>de</strong>s transports accompagne la conquête <strong>de</strong> l’Ouest<br />

Au milieu du XIX e siècle, la plupart <strong>de</strong>s trajets se font par voie <strong>de</strong> terre au pas d’un attelage <strong>de</strong><br />

bœufs tirant un lourd chariot dans un convoi long <strong>de</strong> plusieurs kilomètres. Il fallait <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne un<br />

an et <strong>de</strong>mi pour atteindre le Far West et beaucoup d’émigrants mourrai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> route. Ils<br />

empruntai<strong>en</strong>t les pistes <strong>de</strong> l'Oregon (Oregon Trail) ou <strong>de</strong> Californie et étai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t escortés ou<br />

protégés par la cavalerie américaine. La traversée du contin<strong>en</strong>t est une véritable av<strong>en</strong>ture pleine<br />

<strong>de</strong> dangers : blizzard dans les Montagnes Rocheuses, attaques <strong>de</strong>s Indi<strong>en</strong>s. Les convois avanc<strong>en</strong>t<br />

à la vitesse d'une vingtaine <strong>de</strong> kilomètres par jour. Ils s'arrêt<strong>en</strong>t à <strong>de</strong>s points d'étape connus dans<br />

les Gran<strong>de</strong>s Plaines (Chimney Rock, Scott's Bluff, Ash Hollow...). Devant leur avancée, les bisons<br />

fui<strong>en</strong>t et le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s Amérindi<strong>en</strong>s s'<strong>en</strong> trouve bouleversé. Suivant les gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’émigrant,<br />

les voyageurs cherch<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> repères (Chimney Rock dans le Nebraska) le long <strong>de</strong>s<br />

pistes et les forts érigés qui se transform<strong>en</strong>t rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>en</strong> marchés. On voit même apparaître,<br />

dans la <strong>de</strong>uxième moitié du XIX e siècle, les premiers hôtels le long <strong>de</strong>s routes.<br />

La piste <strong>de</strong> Santa Fe est parcourue dès le début du XIX e siècle par <strong>de</strong>s liaisons régulières sur<br />

1 000 km. À Santa Fe, les Américains v<strong>en</strong><strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s armes et <strong>de</strong> la pacotille ; ils remport<strong>en</strong>t avec<br />

eux <strong>de</strong>s peaux <strong>de</strong> bisons achetées aux commancheros et <strong>de</strong>s blocs d'arg<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l'Arizona. En<br />

1858, les lignes <strong>de</strong> dilig<strong>en</strong>ces assur<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s liaisons régulières <strong>en</strong>tre San Francisco et Saint-Louis.<br />

(voir la carte p.27).<br />

Les dilig<strong>en</strong>ces, conçues pour affronter les ornières, escala<strong>de</strong>r les déserts et traverser les<br />

montagnes (modèle Concord), sont alors le moy<strong>en</strong> le plus rapi<strong>de</strong> pour transporter passagers et<br />

marchandises dans l’Ouest. La compagnie <strong>de</strong> dilig<strong>en</strong>ces la plus célèbre était la Wells, Fargo and<br />

Co qui transportait régulièrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s cargaisons <strong>de</strong> valeur dans ses coffres-forts. Les attaques <strong>de</strong><br />

dilig<strong>en</strong>ces évoquées dans les œuvres <strong>de</strong> Remington ou Norman Rockwell dans l’exposition sont<br />

cep<strong>en</strong>dant rares car les routes empruntées passai<strong>en</strong>t au large <strong>de</strong>s territoires hostiles.<br />

Les pistes sont progressivem<strong>en</strong>t abandonnées avec le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s liaisons ferroviaires,<br />

surtout après l'achèvem<strong>en</strong>t du premier chemin <strong>de</strong> fer transcontin<strong>en</strong>tal le <strong>10</strong> mai 1869. La<br />

compagnie <strong>de</strong> Union Pacific (UP) v<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> l’est et celle <strong>de</strong> la C<strong>en</strong>tral Pacific (CP) se rejoign<strong>en</strong>t à<br />

Promontory Point <strong>en</strong> Utah. Surnommé « cheval <strong>de</strong> fer » par les Indi<strong>en</strong>s, le train accélère le<br />

développem<strong>en</strong>t et le changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’Ouest et supprime la connotation av<strong>en</strong>turière du voyage : le<br />

territoire passe dans l'ère <strong>de</strong>s transports mo<strong>de</strong>rnes.<br />

La maîtrise du territoire américain passe aussi par la mise <strong>en</strong> place du Pony Express, le premier<br />

service postal qui allait du Missouri à la côte ouest (1860-1861). Le courrier était alors acheminé à<br />

dos <strong>de</strong> cheval et une chaîne <strong>de</strong> 190 relais fournissait chevaux et cavaliers frais pour dilig<strong>en</strong>ter la<br />

sacoche <strong>de</strong> courrier. Mais <strong>en</strong> 1861, le télégraphe transcontin<strong>en</strong>tal permet une liaison instantanée<br />

<strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux extrêmités du pays et le Pony Express disparaît.<br />

Avec les élèves...<br />

On pourra se référer à la carte (p.27) et travailler sur les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre appropriation <strong>de</strong> l’espace et<br />

développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s transports. Le Cheval <strong>de</strong> fer, western <strong>de</strong> John Ford (1924) filme une course<br />

<strong>en</strong>tre un cheval au galop et un train au cœur du Far West ; Cette séqu<strong>en</strong>ce métaphorique oppose<br />

l’Ouest d’avant, celui <strong>de</strong> l’av<strong>en</strong>turier et <strong>de</strong> la dilig<strong>en</strong>ce à l’Ouest <strong>en</strong> cours <strong>de</strong> civilisation avec<br />

l’homme d’affaire, l’urbanisation et l’industrialisation. Un pan <strong>en</strong>tier du g<strong>en</strong>re western est qualifié <strong>de</strong><br />

« crépusculaire » car il met <strong>en</strong> scène l’Ouest finissant et la difficile adaptation <strong>de</strong>s anci<strong>en</strong>s héros<br />

qui doiv<strong>en</strong>t se fixer.<br />

2. Les populations indi<strong>en</strong>nes<br />

Dans la première section <strong>de</strong> l’exposition, « Un mon<strong>de</strong> habité », <strong>de</strong> nombreux portraits <strong>de</strong> chefs et<br />

<strong>de</strong> guerriers indi<strong>en</strong>s réalisés par George Catlin sont exposés et peuv<strong>en</strong>t susciter un travail<br />

approfondi <strong>de</strong> type « ethnographique » avec les élèves sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s Indi<strong>en</strong>s. Prés<strong>en</strong>tés<br />

à Louis-Philippe <strong>en</strong> 1845, ils attir<strong>en</strong>t l’intérêt du souverain et du milieu artistique français pour leur<br />

côté naïf et <strong>de</strong>scriptif, leur souci du détail et déjà du spectacle. Avec <strong>de</strong>s élèves plus grands et<br />

notamm<strong>en</strong>t les lycé<strong>en</strong>s <strong>de</strong> section arts plastiques, on pourra s’interroger sur leur ambiguïté <strong>en</strong>tre<br />

ethnographie et œuvres d’art, ces toiles ayant toujours été analysées comme <strong>de</strong>s témoignages<br />

historiques.<br />

18


Avec les élèves...<br />

On pourra évoquer le nom et la localisation <strong>de</strong>s nombreuses tribus indi<strong>en</strong>nes établies dans l’Ouest<br />

américain avant la conquête à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la carte (p.27). Si chaque tribu avait <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s<br />

spécifiques, elles ont cep<strong>en</strong>dant toutes développé un bel artisanat et une exploitation maximum<br />

<strong>de</strong>s ressources naturelles. On cherchera, avec les élèves, à établir <strong>de</strong>s thématiques et un<br />

vocabulaire communs concernant leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie.<br />

Organisation sociale : tribu, clan, chef, valeur guerrière, hérédité, chaman.<br />

Au quotidi<strong>en</strong> : tipis, peaux <strong>de</strong> bisons, foyer, fumée, tâches <strong>de</strong>s femmes (dépecer et tanner les<br />

animaux, couture <strong>de</strong>s vêtem<strong>en</strong>ts, ramassage du bois, cueillette <strong>de</strong>s fruits, éducation <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants,<br />

etc), celles <strong>de</strong>s hommes (la chasse, la fabrication <strong>de</strong>s armes (arc <strong>en</strong> frêne, oranger ou cèdre,<br />

cor<strong>de</strong>s <strong>en</strong> nerfs <strong>de</strong> bisons tressés, pointe <strong>de</strong> flèche <strong>en</strong> pierre, os ou fer, la masse <strong>de</strong> guerre ou<br />

tomahawk, faite d’un manche <strong>en</strong> bois et d’un morceau <strong>de</strong> pierre, la lance) et leur capacité<br />

technique, la cuisson et la cuisine <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> (exemple du pemmican, spécialité sioux), les trois<br />

sœurs <strong>de</strong> l’alim<strong>en</strong>tation (maïs, haricot, courge)<br />

Cérémonies et symboles : le calumet fumé aux gran<strong>de</strong>s occasions, les coiffes <strong>en</strong> plumes d’aigles<br />

réservées aux plus valeureux guerrier, les masques, le scalp, la danse <strong>de</strong>s Esprits, le totem, le<br />

potlach, les pow wow.<br />

Les valeurs : courage et bravoure plus que richesses matérielles mesur<strong>en</strong>t la valeur d’un individu ;<br />

c’est pourquoi les exploits <strong>de</strong>s guerriers sont peints sur leurs vêtem<strong>en</strong>ts.<br />

Des personnalités : Sitting Bull, le taureau assis, chef <strong>de</strong>s Lakotas, Indi<strong>en</strong> sioux nommé Chef<br />

Hunkpapa <strong>en</strong> 1866 qui fut tour à tour chef spirituel, guerrier et politici<strong>en</strong>. Il refusa <strong>de</strong> participer au<br />

Traité <strong>de</strong> Fort Laramie <strong>en</strong> 1868 et combattit contre les superviseurs <strong>de</strong> la Northern Pacific Rail<br />

Road <strong>en</strong> 1872. Le 25 juin 1876, Sitting Bull s’opposa à Custer dans la bataille <strong>de</strong> Little Big Horn<br />

lors <strong>de</strong> laquelle ce <strong>de</strong>rnier trouva la mort. Il se retira <strong>en</strong>suite au Canada avec sa tribu jusqu’<strong>en</strong><br />

1881, puis fut dét<strong>en</strong>u prisonnier <strong>de</strong> guerre à Fort Randall <strong>de</strong> 1881 à 1883. En 1885, il voyagea à<br />

travers le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong> tant qu’acteur du Wild West Show <strong>de</strong> Buffalo Bill. Il fut lâchem<strong>en</strong>t tué par un<br />

policier Sioux <strong>en</strong> 1890 ; Quanah Parker, chef <strong>de</strong>s Comanches ; Geronimo, célèbre guerrier<br />

apache ; Black Hawks, chef Joseph.<br />

Et aujourd’hui Les élèves pourront se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comm<strong>en</strong>t viv<strong>en</strong>t les Indi<strong>en</strong>s aujourd’hui. Ils sont<br />

2,5 millions et la moitié d’<strong>en</strong>tre eux viv<strong>en</strong>t dans <strong>de</strong>s réserves. Ils essai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> faire vivre leurs<br />

traditions et <strong>de</strong> se faire reconnaître dans une nation multiculturelle.<br />

3. Le mythe <strong>de</strong> la frontière<br />

Jusqu'au XIX e siècle, la Frontière (the Frontier) désignait aux États-Unis la ligne marquant la zone<br />

limite <strong>de</strong> l'implantation <strong>de</strong>s populations d'origine europé<strong>en</strong>ne dans le contexte <strong>de</strong> la conquête <strong>de</strong><br />

<strong>l'Ouest</strong>. Elle désigne plus un front pionnier qu'une frontière telle qu'on l'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d généralem<strong>en</strong>t. Son<br />

exist<strong>en</strong>ce a joué un rôle très fort dans l'imaginaire américain et dans la construction même <strong>de</strong> la<br />

société et <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité américaines. Ainsi, <strong>de</strong> John Ford à John Wayne, c'est le sujet <strong>de</strong> nombreux<br />

westerns lyriques, tournés dans les années 1960.<br />

L'exist<strong>en</strong>ce officielle <strong>de</strong> la Frontière prit fin <strong>en</strong> 1890 lorsque le Bureau du rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s États-<br />

Unis déclara que l'<strong>en</strong>semble du territoire dévolu aux États-Unis était dorénavant suffisamm<strong>en</strong>t<br />

maîtrisé pour qu'il puisse se disp<strong>en</strong>ser d'étudier le mouvem<strong>en</strong>t vers <strong>l'Ouest</strong> <strong>de</strong> la population. Après<br />

cette date, on se mit à réfléchir sur le rôle qu'avait joué la frontière dans l'histoire et la psychologie<br />

collectives <strong>de</strong>s Américains : <strong>en</strong> 1893, l'histori<strong>en</strong> Fre<strong>de</strong>rick Jackson Turner exprima ses réflexions<br />

sur le sujet lors <strong>de</strong> l'exposition universelle <strong>de</strong> Chicago. Il affirmait que l'esprit <strong>de</strong> la frontière avait<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t mo<strong>de</strong>lé la société américaine. Les colons avai<strong>en</strong>t vécu dans un mon<strong>de</strong> vierge qu'il<br />

leur avait fallu conquérir <strong>en</strong> faisant preuve d'un exceptionnel esprit d'initiative et d'innovation, la<br />

frontière les avait délivré du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> l'habitu<strong>de</strong> <strong>en</strong> « offrant <strong>de</strong> nouvelles expéri<strong>en</strong>ces, <strong>en</strong> faisant<br />

appel à <strong>de</strong> nouvelles institutions et à <strong>de</strong> nouvelles activités. » La théorie <strong>de</strong> la frontière <strong>de</strong> Turner<br />

peut s’appliquer au développem<strong>en</strong>t du pays tout <strong>en</strong>tier : il y eut par exemple une frontière agricole,<br />

une frontière minière, une frontière urbaine. Elle fut critiquée à partir <strong>de</strong>s années 1920 car elle ne<br />

t<strong>en</strong>ait pas compte du rôle <strong>de</strong>s grands c<strong>en</strong>tres urbains (C. A. Beard) et <strong>de</strong>s institutions politiques (B.<br />

Wright) et sociales.<br />

19


4. La mythologie <strong>de</strong> l’Ouest : sur la piste <strong>de</strong> la littérature et du cinéma…<br />

4.1 Qu’est-ce qu’un mythe, une mythologie T<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> définitions<br />

1. Petit Robert<br />

Récit fabuleux, transmis par la tradition, qui met <strong>en</strong> scène <strong>de</strong>s êtres incarnant sous une forme<br />

symbolique <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> la nature, <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> la condition humaine.<br />

« Un mythe est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante » (Rougemont).<br />

Par ext<strong>en</strong>sion, représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> faits ou <strong>de</strong> personnages souv<strong>en</strong>t réels, déformés ou amplifiés par<br />

l'imagination collective, une longue tradition littéraire.<br />

Figure pure, construction <strong>de</strong> l'esprit (fam. affabulation)<br />

Expression d'une idée, exposition d'une doctrine ou d'une théorie philosophique sous une forme<br />

imagée (ex. mythe <strong>de</strong> la caverne chez Platon)<br />

Représ<strong>en</strong>tation idéalisée <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> l'humanité dans un passé ou un av<strong>en</strong>ir fictif (ex. mythe <strong>de</strong><br />

l'âge d'or, du Paradis perdu)<br />

Image simplifiée, souv<strong>en</strong>t illusoire, que <strong>de</strong>s groupes humains élabor<strong>en</strong>t ou accept<strong>en</strong>t au sujet d'un<br />

individu ou d'un fait et qui joue un rôle déterminant dans leur comportem<strong>en</strong>t ou leur appréciation.<br />

(ex. mythe du (bon) héros, du bon sauvage, <strong>de</strong> la galanterie française)<br />

2. Manuel 1 ère Hatier<br />

Récit lég<strong>en</strong>daire se transmettant oralem<strong>en</strong>t, avec parfois une origine historique. Le mythe<br />

confronte <strong>de</strong>s êtres humains ou <strong>de</strong>s héros surhumains à <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> la nature incarnées par <strong>de</strong>s<br />

divinités. Les mythes ont une vocation explicative : ils sont <strong>en</strong> relation avec <strong>de</strong>s situations ou <strong>de</strong>s<br />

croyances qui reflèt<strong>en</strong>t les gran<strong>de</strong>s interrogations humaines. L'<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s mythes (Orphée,<br />

Œdipe, Prométhée, Faust, Dom Juan) qu'ils soi<strong>en</strong>t ou non spécifique à une époque ou à une<br />

civilisation, constitue la mythologie.<br />

3. Introduction aux mythologies du mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier - Marabout<br />

Le mythe est un récit « sacré », donc symbolique. Il n'explique pas mais raconte une histoire<br />

symbolique qui dit (mime et réalise par les rites) le li<strong>en</strong> qui unit les membres d'une communauté<br />

qui, grâce au mythe - rite, croit à son unité et se compr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> relatant l'origine sacrée. En résumé<br />

donc une histoire non historique, à valeur exemplaire et instauratrice et, par cela, « sacrée »,<br />

« sainte », dans laquelle intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s êtres fabuleux, surnaturels.<br />

4. Dictionnaire <strong>en</strong>cyclopédique Quillet<br />

Récit relatif à un événem<strong>en</strong>t primordial, <strong>de</strong> nature sacrée, qui, dans une civilisation, est c<strong>en</strong>sé être<br />

l'origine <strong>de</strong> l'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong>s techniques indisp<strong>en</strong>sables à l'instauration et au<br />

mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong> l'ordre social.<br />

En littérature : fiction porteuse d'une vérité symbolique.<br />

Avec les élèves <strong>de</strong> lycée on pourra travailler sur la polysémie du mot, chercher à <strong>en</strong> définir le<br />

s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant le titre <strong>de</strong> l’exposition comme problématique <strong>de</strong> la visite. Persistance du mythe<br />

dans l’i<strong>de</strong>ntité américaine…<br />

4.2. La littérature américaine<br />

Longtemps prolongem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la littérature anglaise, elle est surtout marquée par la religion sous la<br />

pério<strong>de</strong> coloniale, puis par le rationalisme éclairé <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> révolutionnaire. Ce n’est qu’après<br />

plusieurs siècles d’installation dans le Nouveau Mon<strong>de</strong> que l’indép<strong>en</strong>dance américaine <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t<br />

suffisamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>racinée pour produire <strong>de</strong>s œuvres qui ont une spécificité américaine. C’est dans la<br />

récurr<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> certains thèmes que l’on peut la cerner.<br />

Un mythe et <strong>de</strong>ux pères fondateurs<br />

Washington Irving a, le premier, mis <strong>en</strong> scène <strong>de</strong>s personnages auth<strong>en</strong>tiquem<strong>en</strong>t américains, mais<br />

c’est James F<strong>en</strong>nimore Cooper qui a inv<strong>en</strong>té le roman américain. Dans sa série <strong>de</strong> cinq romans,<br />

écrits <strong>de</strong> 1823 à 1841, Les Pionniers, Le Dernier <strong>de</strong>s mohicans, La Prairie, LeTrappeur et LeTueur<br />

<strong>de</strong> daims, il raconte l’Amérique <strong>de</strong>s pionniers du XVIII e siècle, celle <strong>de</strong>s premières colonies, <strong>de</strong> la<br />

20


évolution et <strong>de</strong> la conquête <strong>de</strong> l’Ouest. Tous les élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la mythologie américaine sont<br />

prés<strong>en</strong>ts :<br />

- la nature imm<strong>en</strong>se ;<br />

- les chevauchées ;<br />

- les animaux sauvages ;<br />

- les Indi<strong>en</strong>s qui font « figure » <strong>de</strong> bons sauvages ;<br />

- la société <strong>de</strong>s hommes d’affaires qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t détruire l’harmonie naturelle <strong>de</strong> la<br />

prairie <strong>en</strong> instaurant la propriété et l’industrie.<br />

Natty Bumpoo, le trappeur, est l’ancêtre <strong>de</strong> tous les grands héros américains : individualiste, il<br />

trouve la liberté dans la nature ; solitaire et courageux, il sait affronter les périls ; simple et chaste,<br />

il vit dans un mon<strong>de</strong> sans femmes où s’épanouit l’amitié <strong>en</strong>tre hommes ; généreux, il compr<strong>en</strong>d les<br />

Indi<strong>en</strong>s. Mais il doit fuir <strong>de</strong>vant l’avancée <strong>de</strong> la civilisation.<br />

Conv<strong>en</strong>tionnelle par la psychologie <strong>de</strong>s personnages et le style, l’œuvre <strong>de</strong> Cooper est romantique<br />

par ses thèmes et par l’introduction du plus grand mythe américain, celui <strong>de</strong> la prairie, ou <strong>de</strong> la<br />

« frontier », ces terres vierges qui recul<strong>en</strong>t vers l’Ouest jusqu’<strong>en</strong> 1890 <strong>en</strong>viron et qui représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à<br />

la fois l’innoc<strong>en</strong>ce, la liberté et l’optimisme <strong>de</strong> la terre promise. Lorsque la conquête <strong>de</strong> l’Ouest est<br />

terminée, le mythe <strong>de</strong>vint celui du paradis perdu et <strong>de</strong> l’innoc<strong>en</strong>ce détruite. Il est omniprés<strong>en</strong>t dans<br />

la littérature américaine. On le retrouve dans la poursuite <strong>de</strong> la baleine blanche dans Moby Dick <strong>de</strong><br />

Melville, dans les histoires <strong>de</strong> Jack London parcourant les terres vierges du Nord <strong>en</strong>vahies par la<br />

cupidité <strong>de</strong>s chercheurs d’or, dans <strong>de</strong> grands romans du XX e comme Les Raisins <strong>de</strong> la colère <strong>de</strong><br />

J. Steinbeck, ou même Sur la route <strong>de</strong> J. Kerouac.<br />

Si Cooper a, le premier, défini les thèmes américains, c’est Samuel Langhorne Clem<strong>en</strong>s, dit Mark<br />

Twain, qui a donné une langue à la littérature américaine. Homme du peuple et <strong>de</strong> la « frontier », il<br />

exerce tous les métiers. Son style réaliste et trépidant retranscrit les formes dialectales, la verve et<br />

les rythmes <strong>de</strong> la langue populaire. Il est toujours l’écrivain le plus populaire <strong>de</strong>s États-Unis, grâce<br />

à ses romans, Les Av<strong>en</strong>tures <strong>de</strong> Tom Sawyer et Les Av<strong>en</strong>tures <strong>de</strong> Huckleberry Finn. Huck Finn<br />

s’inscrit parfaitem<strong>en</strong>t dans le mythe <strong>de</strong> la « frontier » : c’est un adolesc<strong>en</strong>t mal aimé, qui choisit<br />

l’av<strong>en</strong>ture, la liberté et l’amitié avec un esclave noir fugitif. Leur <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>te du Mississipi est un<br />

appr<strong>en</strong>tissage physique et moral, et leur ra<strong>de</strong>au un symbole <strong>de</strong> cette prairie idyllique traquée par<br />

une société mauvaise et viol<strong>en</strong>te, celle <strong>de</strong>s adultes, hypocrites, malhonnêtes et racistes.<br />

Avec les élèves : cette exposition va donner l’occasion aux professeurs <strong>de</strong> lettres mais aussi <strong>de</strong><br />

langue anglaise d’abor<strong>de</strong>r la littérature notamm<strong>en</strong>t américaine souv<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> méconnue parce que<br />

jeune, pas même bic<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire… Collège et lycée <strong>en</strong> adaptant le choix <strong>de</strong>s œuvres. La ban<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ssinée a aussi beaucoup utilisé ce mythe et l’exposition peut être une excell<strong>en</strong>te occasion pour<br />

abor<strong>de</strong>r ce g<strong>en</strong>re littéraire (qui a le mérite d’être pourvoyeur d’images). On pourra aussi lier l’étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> certaines vignettes <strong>de</strong> ces ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinées avec l’analyse filmique <strong>de</strong> certaines séqu<strong>en</strong>ces<br />

<strong>de</strong> western. Vous trouverez une bibliographie assez développée <strong>en</strong> fin <strong>de</strong> <strong>dossier</strong>.<br />

4.3. Le western<br />

Ce g<strong>en</strong>re s’inspire non seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts arts (la littérature avec Cooper notamm<strong>en</strong>t ; la<br />

peinture avec F. Remington et C. Russel ; la photographie avec E. Curtis et T. O’Sullivan) mais<br />

aussi du folklore <strong>de</strong> nombreux états américains ainsi que <strong>de</strong> l’histoire politique <strong>de</strong> l’Ouest. Le<br />

western, au nombre <strong>de</strong>s grands mythes du XX e siècle, est sûrem<strong>en</strong>t le g<strong>en</strong>re cinématographique<br />

qui, tout <strong>en</strong> se r<strong>en</strong>ouvelant, reste fidèle à <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s clairs et simples, grâce auxquels les<br />

inévitables influ<strong>en</strong>ces qu’il subit ne modifi<strong>en</strong>t pas substantiellem<strong>en</strong>t la structure du récit. Entre<br />

crises et revivisc<strong>en</strong>ce, le western est prés<strong>en</strong>t tout au long <strong>de</strong> l’histoire du cinéma, apparu dès les<br />

premières années du cinéma muet avec Le Vol du rapi<strong>de</strong> (1903), il connaît son apogée <strong>en</strong>tre les<br />

années 1930 et 1960. Le western est doté d’une forte i<strong>de</strong>ntité grâce aux schémas <strong>de</strong> narration et<br />

<strong>de</strong> mise <strong>en</strong> scène visant à mettre <strong>en</strong> relief l’esprit américain qui, jeune <strong>en</strong>core, recherche ses<br />

racines dans les av<strong>en</strong>tures <strong>de</strong>s pionniers et dans les mythes <strong>de</strong> la conquête <strong>de</strong> l’Ouest. Ensuite le<br />

g<strong>en</strong>re est <strong>en</strong> perte <strong>de</strong> vitesse aux États-Unis. Son r<strong>en</strong>ouveau passe par l’Europe avec Sergio<br />

Léone, réalisateur itali<strong>en</strong>, et le western spaghetti. Il serait vain <strong>de</strong> chercher à faire une liste<br />

exhaustive <strong>de</strong> tous les westerns tant ils sont nombreux et variés. Citons quand même La<br />

Prisonnière du désert <strong>de</strong> John Ford avec John Wayne (1956), L’Homme <strong>de</strong>s vallées perdues <strong>de</strong><br />

21


George Stev<strong>en</strong>s (1953) La Hor<strong>de</strong> sauvage <strong>de</strong> Sam Peckinpah (1969), Rivière sans retour d’Otto<br />

Preminger, Rio Bravo <strong>de</strong> Howards Hawks avec John Wayne (1959), Il était une fois dans l’ouest<br />

<strong>de</strong> Sergio Leone avec H<strong>en</strong>ry Fonda, Claudia Cardinale et Charles Bronson (1968)…<br />

Avec les élèves : les personnages figurés dans les différ<strong>en</strong>ts tableaux <strong>de</strong> l’exposition comme les<br />

paysages, rappell<strong>en</strong>t à bi<strong>en</strong> <strong>de</strong>s égards les personnages et les décors <strong>de</strong>s westerns, g<strong>en</strong>re<br />

cinématographique à part <strong>en</strong>tière qui pourra faire l’objet d’une étu<strong>de</strong> avec les élèves. Car<br />

parallèlem<strong>en</strong>t à ces peintres ou à ces écrivains c’est surtout le cinéma qui, avec le western, nourrit<br />

une vision romantique et romancée <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> historique particulière, parce que, comme<br />

l’affirme Maxwell Scott dans L’homme qui tua liberty Val<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> John Ford (1962) « c’est cela,<br />

l’Ouest : lorsque la lég<strong>en</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t un fait, c’est elle qu’il faut publier ». On pourra choisir <strong>de</strong>s<br />

extraits d’œuvres emblématiques <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts points <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la conquête <strong>de</strong> l’Ouest et <strong>en</strong> faire<br />

l’analyse filmique afin <strong>de</strong> faire rejaillir les problématiques soulevées par cette mythologie et son<br />

évolution.<br />

4.4. Quelques figures <strong>de</strong> l’ouest<br />

- Le cow-boy<br />

Le cow-boy (<strong>de</strong> l'anglais cow, vache et boy, garçon) est un garçon <strong>de</strong> ferme s'occupant du bétail<br />

bovin dans <strong>l'Ouest</strong> <strong>de</strong>s États-Unis. Cette profession dérive <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> vaquero, <strong>en</strong> vogue au<br />

Nouveau-Mexique aux XVI e siècle et XVII e siècle, mais se distingue <strong>de</strong> ce simple travail d'ouvrier<br />

agricole. En effet, au XIX e siècle les élevages <strong>de</strong> <strong>l'Ouest</strong> alim<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>semble du pays, le cowboy<br />

avait donc pour mission <strong>de</strong> conduire les bêtes à travers le sud <strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s Plaines, <strong>en</strong><br />

l'abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> chemins <strong>de</strong> fer. Cette transhumance, qui cessa aux al<strong>en</strong>tours <strong>de</strong> 1890, a donné du<br />

cow-boy une image onirique d'homme libre, solitaire, et noma<strong>de</strong>, <strong>en</strong> certains points éloignés <strong>de</strong> la<br />

réalité. À la fin du XIX e siècle et tout au long du XX e siècle, <strong>de</strong> très nombreux romans et films<br />

prir<strong>en</strong>t pour héros <strong>de</strong>s cow-boys courageux, cavaliers émérites et tireurs d’élite prêt à dégainer<br />

face aux indi<strong>en</strong>s pour sauver la veuve et l'orphelin. C'est ainsi que le cow-boy s'est transformé <strong>en</strong><br />

un personnage mythique, incarnant les valeurs américaines.<br />

En effet, il représ<strong>en</strong>te le constructeur, le pionnier qui construit un mon<strong>de</strong> complètem<strong>en</strong>t nouveau.<br />

Face à la civilisation ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t urbaine et industrielle <strong>de</strong> l'Est à la fin du XIX e siècle, le cowboy<br />

représ<strong>en</strong>te le regret <strong>de</strong> la première Amérique, rurale et vierge, <strong>de</strong>s pionniers. Le mythe sert<br />

ainsi à établir un li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre l'Est et <strong>l'Ouest</strong> sauvage. Le cow-boy est alors le modèle du « vrai<br />

américain ». C'est pourquoi <strong>de</strong>s sénateurs ou H. Kissinger se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t et se voi<strong>en</strong>t comme <strong>de</strong>s<br />

cow-boys. Actuellem<strong>en</strong>t, le rodéo et l'élevage se réfèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core à cette mythologie du cow-boy.<br />

Le cow-boy est aussi l’une <strong>de</strong>s icônes du western. Il y ti<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s rôles divers. Il peut incarner le<br />

propriétaire <strong>de</strong> troupeaux, comme J. Wayne dans La Rivière rouge d’Howard Hawks (1948), qui<br />

déjoue tous les pièges <strong>de</strong> la nature <strong>en</strong> conduisant son bétail vers l’Ouest et <strong>en</strong> conquérant <strong>de</strong><br />

nouveaux pâturages ; le propriétaire terri<strong>en</strong> <strong>en</strong> lutte contre un fonctionnaire corrompu qui veut<br />

dépouiller <strong>de</strong> ses terres (comme dans Chisum, 1970). Respectueux d’un co<strong>de</strong> d’honneur qui lui est<br />

propre, il ne peut pas hésiter à user <strong>de</strong> viol<strong>en</strong>ce pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé. C’est un<br />

homme sans peur et sans reproche qui incarne un héros à la fois bon et maudit qui arrive <strong>de</strong> nulle<br />

part et après avoir accompli sa mission, il disparaît, sans jamais ri<strong>en</strong> révéler sur soi. La figure du<br />

cow-boy s’inspire souv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> personnages réels, comme Tom Mix, Wyatt Earp, Buffalo Bill et<br />

Bronco Billy.<br />

Avec les élèves : <strong>en</strong> 4 e , <strong>en</strong> 3 ème ou <strong>en</strong> lycée, on pourra travailler sur l’imagerie qui <strong>en</strong>toure le cowboy.<br />

Dans l’art, dans la publicité, dans les affiches <strong>de</strong> films, quelles caractéristiques sont mises <strong>en</strong><br />

avant Jules Laforgue dévoilera, lui, <strong>de</strong> façon poétique son image du cow-boy dans le poème<br />

«Album» dont on fera un comm<strong>en</strong>taire :<br />

On m'a dit la vie au Far-West et les Prairies,<br />

Et mon sang a gémi : « Que voilà ma patrie !... »<br />

Déclassé du vieux mon<strong>de</strong>, être sans foi ni loi,<br />

Desperado ! là-bas ; là-bas, je serais roi !....<br />

Oh là-bas, m'y scalper <strong>de</strong> mon cerveau d’Europe !<br />

Piaffer, re<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir une vierge antilope,<br />

22


Sans littérature, un gars <strong>de</strong> proie, citoy<strong>en</strong><br />

Du hasard et sifflant l'argot californi<strong>en</strong> !<br />

Un colon vague et pur, éleveur, architecte,<br />

Chasseur, pêcheur, joueur, au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s Pan<strong>de</strong>ctes !<br />

Entre la mer ; et les États Mormons ! Des v<strong>en</strong>aisons<br />

Et du whisky ! vêtu <strong>de</strong> cuir, et le gazon<br />

Des Prairies pour lit, et <strong>de</strong>s ciels <strong>de</strong>s premiers âges<br />

Riches comme <strong>de</strong>s corbeilles <strong>de</strong> mariage !....<br />

Et puis quoi De bivouac <strong>en</strong> bivouac, et la Loi<br />

De Lynch ; et aujourd'hui <strong>de</strong>s diamants bruts aux doigts<br />

Et ce soir nuit <strong>de</strong> jeu, et <strong>de</strong>main la refuite<br />

Par la Prairie et vers la folie <strong>de</strong>s pépites !....<br />

Et, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u vieux, la ferme au soleil-levant,<br />

Une vache laitière et <strong>de</strong>s petits-<strong>en</strong>fants....<br />

Et, comme je <strong>de</strong>ssine au besoin, à l'<strong>en</strong>trée<br />

Je mettrais : « Tatoueur <strong>de</strong>s bras <strong>de</strong> la contrée ! »<br />

Et voilà. Et puis, si mon grand cœur <strong>de</strong> Paris<br />

Me rev<strong>en</strong>ait, chantant : « Oh! pas <strong>en</strong>cor guéri !<br />

« Et ta postérité, pas pour longtemps coureuse !.... »<br />

Et si ton vol, Condor <strong>de</strong>s Montagnes-Rocheuses,<br />

Me montrait l'Infini <strong>en</strong>nemi du confort,<br />

Eh bi<strong>en</strong>, j'inv<strong>en</strong>terais un culte d'Âge d'or,<br />

Un co<strong>de</strong> social, empirique et mystique<br />

Pour <strong>de</strong>s Peuples Pasteurs, mo<strong>de</strong>rnes et védiques !....<br />

Oh ! qu'ils sont beaux les feux <strong>de</strong> paille ! qu'ils sont fous,<br />

Les albums ! et non incassables, mes joujoux !....<br />

On pourra se poser la question : qui sont les cow-boy d’aujourd’hui <br />

Il sera facile aussi pour les primaires <strong>de</strong> chercher à repérer dans les œuvres prés<strong>en</strong>tées les<br />

attributs du cow-boy : lasso, éperons, chapeau, selle, colt, revolver, cravache, bandana, la<br />

monture (p<strong>en</strong>ser à l’importance <strong>de</strong> Jolly Jumper pour Lucky Luke !)… afin d’<strong>en</strong> reconstituer l’image<br />

avec le champ lexical adapté.<br />

- Le shérif et les hors-la-loi :<br />

Leur histoire s’<strong>en</strong>chevêtre dans le l<strong>en</strong>t et difficile processus t<strong>en</strong>dant à l’établissem<strong>en</strong>t d’un ordre<br />

social dans le Far West. Emblématique au même titre que le cow-boy, le shérif est un personnage<br />

récurr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s westerns. As <strong>de</strong> la gâchette, garant du mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong> l'ordre public, il est facilem<strong>en</strong>t<br />

reconnaissable à son étoile et à ses avis <strong>de</strong> recherche estampillés « Wanted ». C’est un officier<br />

élu, responsable <strong>de</strong> la justice au niveau du comté. Leur travail était donc r<strong>en</strong>du difficile <strong>de</strong>vant<br />

l’imm<strong>en</strong>sité <strong>de</strong>s territoires à surveiller.<br />

Sinon, le western a mythifié certains personnages qu'il a fait <strong>en</strong>trer dans la lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : Jesse James,<br />

Billy the Kid, Calamity Jane, Wild Bill Hickock, et bi<strong>en</strong> d'autres. Certains, comme Buffalo Bill sont<br />

<strong>en</strong>core vivants au mom<strong>en</strong>t où <strong>de</strong>s réalisateurs comme John Ford font leurs débuts, transmettant<br />

ainsi leur histoire et leur expéri<strong>en</strong>ce à ceux qui mettront <strong>en</strong> images un West qui combine lég<strong>en</strong><strong>de</strong><br />

et réalité.<br />

- Calamity Jane : née le 1 er mai 1852 à Princeton, Missouri et morte le 1 er août 1903 à Deadwood,<br />

Dakota du Sud, elle était une av<strong>en</strong>turière p<strong>en</strong>dant la conquête <strong>de</strong> <strong>l'Ouest</strong> réputée pour ses<br />

capacités à pister les Amérindi<strong>en</strong>s, à tuer le gibier et à tirer au revolver.<br />

- Buffalo Bill (qui s’appelait Cody) apporte lui aussi un éclairage sympathique pour les Rou<strong>en</strong>nais<br />

que nous sommes puisque il fut une lég<strong>en</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong> son vivant. Il eut une vie courte, mais une illustre<br />

carrière <strong>de</strong> cavalier durant l’épiso<strong>de</strong> du Pony Express (route c<strong>en</strong>trale permettant l’acheminem<strong>en</strong>t<br />

du courrier <strong>de</strong> l’Ouest par les cavaliers lancés au galop). Cody fut <strong>en</strong>suite, éclaireur pour l’armée<br />

américaine, puis gagna son surnom <strong>de</strong> Buffalo Bill alors qu’il était chargé <strong>de</strong> chasser les bisons<br />

pour nourrir les ouvriers construisant le chemin <strong>de</strong> fer dans l’Ouest. Cody trouva sa raison <strong>de</strong> vivre<br />

<strong>en</strong> tant qu’acteur <strong>en</strong> créant son Wild West Show <strong>en</strong> 1883. Spectacle décrivant <strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> Far<br />

West, il r<strong>en</strong>contra un franc succès aux États-Unis, <strong>en</strong> Europe et fait une tournée <strong>en</strong> France <strong>en</strong><br />

23


1905 à Paris puis <strong>en</strong> province (à Rou<strong>en</strong> les 15 et 16 juin) où il diffuse la lég<strong>en</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Ouest. La<br />

tireuse d’élite Annie Oakley (surnommée Little Sure Shot ou « petit coup sûr » par Sitting Bull) et<br />

<strong>de</strong>s cow-boys célèbres <strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t les ve<strong>de</strong>ttes. Les attractions les plus spectaculaires incluai<strong>en</strong>t<br />

une course relais du Pony Express, une reconstitution du « <strong>de</strong>rnier combat <strong>de</strong> Custer » et une<br />

attaque d’Indi<strong>en</strong>s contre la dilig<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Deadwood. Même le grand chef indi<strong>en</strong> Sitting Bull se<br />

joignit brièvem<strong>en</strong>t à la troupe p<strong>en</strong>dant la saison 1885. L’exposition propose quelques témoignages<br />

<strong>de</strong> son passage dans notre ville. Il mourut <strong>en</strong> 1917 à D<strong>en</strong>ver.<br />

- Butch Cassidy : Voleur <strong>de</strong> chevaux, <strong>de</strong> bétail, cambrioleur <strong>de</strong> banques et <strong>de</strong> trains, il est associé<br />

à Sundance Kid, avec qui il créa le « Wild Bunch », regroupant quelques-uns <strong>de</strong>s meilleurs voleurs<br />

<strong>de</strong> l’Ouest, excell<strong>en</strong>t dans les attaques armées <strong>de</strong>s trains, jusqu’à ce que les compagnies <strong>de</strong>s<br />

Chemins <strong>de</strong> Fer embauch<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s détectives pour arrêter les pilleurs. Butch Cassidy fut<br />

emprisonné quelque temps à la prison du Wyoming, mais n’a, selon la lég<strong>en</strong><strong>de</strong>, jamais tué un seul<br />

homme. Il a trouvé la mort lors d’une bataille, mais la date reste indéterminée.<br />

- Billy The Kid, alias H<strong>en</strong>ry McCarty (23 novembre 1859 - 14 juillet 1881) est probablem<strong>en</strong>t le plus<br />

célèbre hors-la-loi du Wild West américain. Il est réputé pour avoir tué 21 hommes, un pour<br />

chaque année <strong>de</strong> sa vie, mais il est plus proche d'un total <strong>de</strong> neuf (quatre seul et cinq au sein<br />

d'une ban<strong>de</strong>). Petit et juvénile (d'où son surnom <strong>de</strong> Kid : gamin), Billy possè<strong>de</strong> une personnalité<br />

attachante mais égalem<strong>en</strong>t une attitu<strong>de</strong> colérique et <strong>de</strong>s qualités supérieures <strong>en</strong> maniem<strong>en</strong>t<br />

d'armes à feu. Il fut abattu par son ex-ami et shérif du comté <strong>de</strong> Lincoln, Pat Garrett, à Fort<br />

Sumner.<br />

Avec les élèves : faire <strong>de</strong>s recherches sur ces figures <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ues icônes <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>. Calamity<br />

Jane notamm<strong>en</strong>t s’avère très intéressante car le livre Lettres à ma fille révèle d’elle un tout autre<br />

visage, celui <strong>de</strong> l'amour maternel, et apporte un témoignage plein d'esprit sur les coulisses d'un<br />

Far West mythique. Il s’agit aussi <strong>de</strong> travailler sur les personnages et leur lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : l’image du<br />

hors-la-loi (localités, t<strong>en</strong>ues, mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie, etc.) et <strong>de</strong> l’av<strong>en</strong>turière, leurs représ<strong>en</strong>tations, tournées<br />

internationales, lieux touristiques, œuvres diverses qu’ils ont inspirées <strong>en</strong> littérature, au cinéma, <strong>en</strong><br />

musique, <strong>en</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée.<br />

- Les Indi<strong>en</strong>s : ils incarn<strong>en</strong>t dans le western le stéréotype du méchant, l’obstacle que l’homme<br />

blanc doit écarter pour pr<strong>en</strong>dre possession <strong>de</strong> son nouveau territoire. Ils peuv<strong>en</strong>t donc être<br />

exterminés sans aucun scrupule. Personnages secondaires au départ, cibles faciles <strong>de</strong>s militaires<br />

ou <strong>de</strong>s cow-boys, comme dans Le Grand passage <strong>de</strong> King Vidor 1940, ou bi<strong>en</strong> détestables pour<br />

leur cruauté comme dans La Prisonnière du désert <strong>de</strong> J. Ford (1956), ils vont finir par <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s<br />

personnages sympathiques, premiers habitants <strong>de</strong> l’Amérique, dans les années 70, avec Little Big<br />

Man d’Arthur P<strong>en</strong>n (1970) ou plus récemm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core Danse avec les loups <strong>de</strong> K. Cosner.<br />

Avec les élèves : les portraits <strong>de</strong> Catlin seront un excell<strong>en</strong>t contrepoint à la représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s<br />

Indi<strong>en</strong>s du cinéma. Bau<strong>de</strong>laire <strong>en</strong> donnera un éclairage <strong>de</strong> critique d’art dans Écrits sur l’art, salon<br />

<strong>de</strong> 1846, au chapitre VI intitulé « De quelques coloristes ». Il nous parle <strong>en</strong> termes littéraires <strong>de</strong><br />

ces portraits qui ont « superbem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>du le caractère fier et libre, et l’expression noble <strong>de</strong> ces<br />

braves g<strong>en</strong>s ». L’exposition offre une belle variété <strong>de</strong> figures d’Indi<strong>en</strong>s. Certaines sculptures<br />

notamm<strong>en</strong>t, antiques d’inspiration, les représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>de</strong> façon assez inatt<strong>en</strong>due, véritables modèles<br />

<strong>de</strong> dignité.<br />

5. Paysages et sculptures<br />

5.1. Le paysage chez les peintres américains du XIX e<br />

Qu’est-ce qui a fait l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> la peinture américaine au XIX e siècle, quel est son rapport avec la<br />

tradition europé<strong>en</strong>ne <br />

De nombreux artistes, souv<strong>en</strong>t originaires du vieux contin<strong>en</strong>t, travers<strong>en</strong>t l’Atlantique pour faire le<br />

voyage à Londres, à Rome ou Paris, fascinés par la peinture <strong>de</strong> tradition classique. Pour autant, la<br />

transposition pure et simple d’une peinture europé<strong>en</strong>ne dans les paysages hors normes du<br />

territoire américain est vite apparue comme illusoire. Les repères esthétiques, liés au paysage,<br />

sont la résultante d’un long procédé d’inv<strong>en</strong>tion du paysage, <strong>de</strong> la conquête progressive <strong>de</strong> celui-ci<br />

24


comme sujet artistique, « pittoresque ». Or, les ét<strong>en</strong>dues sauvages <strong>de</strong> l’Ouest, cette imm<strong>en</strong>se<br />

ouverture sur la nature inexplorée, ne pouvai<strong>en</strong>t être traduite par la transposition <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

peinture europé<strong>en</strong>nes. Un paysage <strong>de</strong> Poussin gar<strong>de</strong> une dim<strong>en</strong>sion intimiste, qui ne correspond<br />

pas au défi qui se prés<strong>en</strong>te aux artistes du Nouveau Mon<strong>de</strong>. Comme l’affirme Alain Roger,<br />

« L’Amérique a dû se forger ses propres modèles d’artialisation [...] ». Si l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Poussin,<br />

celle <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Lorrain et celle <strong>de</strong>s écoles romantique, anglaise ou alleman<strong>de</strong>, rest<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes,<br />

elles <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t nécessairem<strong>en</strong>t être dépassées. Si les montagnes, les forêts font maint<strong>en</strong>ant partie<br />

<strong>de</strong> l’imaginaire collectif, comme sujets pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t émouvants, il s’agit <strong>de</strong> traduire la<br />

« dilatation » du paysage américain.<br />

Avec les élèves <strong>en</strong> philosophie : le rapport <strong>en</strong>tre art et nature, la notion <strong>de</strong> beau.<br />

Mimésis et dim<strong>en</strong>sion créative.<br />

L’art modèle-t-il notre regard sur le mon<strong>de</strong> <br />

« La nature imite l’art » (Oscar wil<strong>de</strong>).<br />

Les peintres <strong>de</strong> l’Hudson River School, et tous ceux qui s’av<strong>en</strong>tur<strong>en</strong>t dans ses terres vierges vont<br />

imposer leur propre vocabulaire. L’Amérique inv<strong>en</strong>te son propre Romantisme. Le tableau d’Albert<br />

Bierstadt (1830-1902) Coucher <strong>de</strong> soleil sur la plaine, évoque clairem<strong>en</strong>t les œuvres <strong>de</strong> Turner.<br />

Devant ces soleils couchants, on p<strong>en</strong>se aussi à la Femme dans le soleil <strong>de</strong> Friedrich. L’influ<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> Düsseldorf transparaît dans La Vallée <strong>de</strong> Yosemite, 1866. Pourtant, apparaît une<br />

dim<strong>en</strong>sion picturale nouvelle, une impression <strong>de</strong> sublime portée au plus haut point.<br />

Effets <strong>de</strong> lumière, vision d’une nature sauvage, sorte <strong>de</strong> nouvel É<strong>de</strong>n, le tableau <strong>de</strong> Thomas<br />

Moran, 1837 – 1926, Un paradis Indi<strong>en</strong> (Gre<strong>en</strong> River, Wyoming), 1911 véhicule toutes ces notions.<br />

On ne trouve pas l’inquiétu<strong>de</strong> d’un Friedrich, les tableaux reflèt<strong>en</strong>t l’éblouissem<strong>en</strong>t face au<br />

spectacle <strong>de</strong> la nature, et la s<strong>en</strong>sation d’un territoire à conquérir, sorte <strong>de</strong> provi<strong>de</strong>nce divine. La<br />

notion <strong>de</strong> sublime, développée par Edmund Burke, semble particulièrem<strong>en</strong>t adaptée a ses<br />

tableaux : « Le beau procure du plaisir, le sublime <strong>de</strong> la délectation (<strong>de</strong>light) ».<br />

L’échelle <strong>de</strong>s peintures elle-même subit cette dilatation du paysage. Cette utilisation <strong>de</strong> vastes<br />

surfaces trouvera écho dans la pratique <strong>de</strong>s artistes du Color field au XX e siècle. La notion<br />

d’espace ouvert y est très prés<strong>en</strong>te. Comme l’écrit Barbara Novak, pour « l’américain épris <strong>de</strong><br />

nature, contempler une peinture <strong>de</strong> paysage, c’est comme contempler un haut fait ... ». Le<br />

paysage <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t dans l’Amérique du XIX e , un g<strong>en</strong>re éminemm<strong>en</strong>t estimable, on doit <strong>en</strong> effet<br />

ress<strong>en</strong>tir un véritable bénéfice moral à contempler ces peintures.<br />

Bierstadt, qui met particulièrem<strong>en</strong>t l’acc<strong>en</strong>t sur le grandiose, s’aidait <strong>de</strong> croquis, mais aussi <strong>de</strong><br />

photographies stéréoscopiques.<br />

Les artistes du Land Art, au XX e siècle, réactualiseront cette approche du paysage. Les grands<br />

déserts <strong>de</strong> l’Ouest leur offriront la possibilité d’interv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> façon grandiose dans l’espace naturel<br />

(Walter De Maria, Nancy Holt, Robert Smithson...). Ils offriront une vision nouvelle du sublime.<br />

Avec les élèves <strong>en</strong> philosophie : la notion <strong>de</strong> sublime, Kant, Burke...<br />

La nature et l’artifice.<br />

En arts plastiques : réaliser un vaste panorama, partir d’une petite reproduction, proposer <strong>de</strong>s<br />

consignes du type "dilatation du paysage », « au-<strong>de</strong>là du champ <strong>de</strong> vision », « grandiose »... à<br />

travailler sur grands formats.<br />

L’homme face à la nature dans la peinture romantique. « Montrez comme nous sommes petit face<br />

à la nature » (collège).<br />

En rapport avec le tableau <strong>de</strong> Thomas Moran (1837-1826), La Casca<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bridal Veil, 1904 :<br />

chutes d’eau, casca<strong>de</strong>, cataracte (format vertical).<br />

Land Art, interv<strong>en</strong>ir dans l’espace naturel, interv<strong>en</strong>tions lour<strong>de</strong>s / légères...<br />

Cette « inv<strong>en</strong>tion » du paysage américain, ne se limite pas à une recherche d’i<strong>de</strong>ntité artistique<br />

pour se démarquer <strong>de</strong> l’Europe. L’iconographie qui se développe correspond au désir profond <strong>de</strong><br />

donner au pays <strong>de</strong>s symboles, d’élaborer une mythologie dans laquelle le peuple américain se<br />

reconnaisse. Les gran<strong>de</strong>s compagnies <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer qui progress<strong>en</strong>t vers l’ouest, seront <strong>de</strong><br />

grands commanditaires <strong>de</strong> tableaux vastes et fascinants. Donner <strong>en</strong>vie aux colons <strong>de</strong> t<strong>en</strong>ter<br />

l’av<strong>en</strong>ture aussi ... L’image véhicule donc l’idéologie <strong>de</strong> la conquête. Aucune trace dans ce type <strong>de</strong><br />

paysage <strong>de</strong>s peuples indigènes. Aucune allusion aux guerres et aux révoltes du peuple indi<strong>en</strong>. La<br />

25


vision idéale doit dominer. Il s’agit aussi d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> communication quasi politique. Ces œuvres<br />

doiv<strong>en</strong>t être regardées à la lumière <strong>de</strong> la politique expansionniste <strong>de</strong> l’époque.<br />

Avec les élèves <strong>en</strong> arts plastiques : la communication, le rôle du paysage, son traitem<strong>en</strong>t dans la<br />

publicité, dans le cinéma...<br />

Magnifier un paysage.<br />

Porter un nouveau regard sur <strong>de</strong>s paysages codifiés par les médias, le cinéma...<br />

Les paysages évolu<strong>en</strong>t dans l’histoire <strong>de</strong> la peinture américaine. L’apparition <strong>de</strong>s magazines, avec<br />

leurs illustrations, contribue à installer durablem<strong>en</strong>t une certaine mythologie <strong>de</strong> la conquête <strong>de</strong><br />

l’Ouest. Le désert <strong>de</strong> western, est une pure inv<strong>en</strong>tion. Les principaux événem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l’histoire<br />

américaine ne se sont pas déroulés ici. La peinture <strong>de</strong> Norman Rockwell reflète donc une vision<br />

plutôt artificielle. Mais c’est celle-ci qui s’est imposée dans le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier à travers le cinéma. De<br />

même, les paysages sublimes cè<strong>de</strong>nt la place à <strong>de</strong>s arrières plans colorés, plutôt anecdotiques,<br />

dans les tableaux <strong>de</strong> Charles Marion Russel (1865-1926). L’aspect narratif pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> effet le<br />

<strong>de</strong>ssus (Chasse au bison).<br />

Avec les élèves <strong>en</strong> arts plastiques et <strong>en</strong> lettres : le rôle <strong>de</strong> l’espace naturel dans le cinéma <strong>de</strong><br />

western.<br />

Comparer les tableaux <strong>de</strong> l’exposition, et le paysage prés<strong>en</strong>t dans le film La Conquête <strong>de</strong> l’Ouest,<br />

avec son format panoramique.<br />

Le paysage : sujet autonome, ou élém<strong>en</strong>t secondaire <strong>de</strong> l'œuvre.<br />

5.2 La sculpture américaine au XIX e<br />

La sculpture monum<strong>en</strong>tale a été particulièrem<strong>en</strong>t développée aux États-Unis. Fortem<strong>en</strong>t<br />

symbolique, elle servait à affirmer, à travers sa fonction commémorative, les valeurs morales sur<br />

lesquelles se fon<strong>de</strong> la nation naissante. L’exposition nous propose <strong>de</strong>s réalisations <strong>de</strong> taille plus<br />

mo<strong>de</strong>ste. Elles sont néanmoins chargées elles aussi <strong>de</strong> valeurs socialem<strong>en</strong>t très importantes.<br />

John Quincy Adams Ward (1830- 1903) s’est r<strong>en</strong>du célèbre par la réalisation <strong>de</strong> statuettes <strong>en</strong><br />

bronze, représ<strong>en</strong>tant <strong>de</strong>s Amérindi<strong>en</strong>s. Il est à noter que <strong>de</strong> telles représ<strong>en</strong>tations ne fur<strong>en</strong>t<br />

acceptées qu’une fois les tribus conquises ou détruites. Les Indi<strong>en</strong>s sont alors représ<strong>en</strong>tés dans<br />

<strong>de</strong>s postures très dignes (Indi<strong>en</strong> à cheval, A.P. Proctor 1862-1950).<br />

Fre<strong>de</strong>ric Reminghton s’est r<strong>en</strong>du célèbre <strong>en</strong> illustrant <strong>en</strong> sculpture le roman d’Ow<strong>en</strong> Wister : A<br />

Horseman Of The Plains. Ces réalisations, coulées <strong>en</strong> bronze <strong>en</strong> tirage illimité (ce qui s’oppose à<br />

la tradition europé<strong>en</strong>ne), cherchai<strong>en</strong>t à valoriser l’aspect viril, et héroïque du « cow boy ». Elles<br />

marqueront profondém<strong>en</strong>t l’imaginaire collectif. Ces sculptures font preuve d’une gran<strong>de</strong> maîtrise<br />

technique, il traduit <strong>de</strong> façon extrêmem<strong>en</strong>t dynamique les postures animales et humaines. Il<br />

exploite notamm<strong>en</strong>t un vocabulaire <strong>de</strong> torsions particulièrem<strong>en</strong>t saisissant.<br />

Charles Marion Russel (1895-1926) évoque, lui, la nature sauvage à travers les animaux. Toute<br />

cette sculpture formera l’un <strong>de</strong>s fonds ess<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> la culture américaine.<br />

Avec les élèves <strong>en</strong> arts plastiques :<br />

Evoquer le mon<strong>de</strong> sauvage.<br />

L’art du mouvem<strong>en</strong>t (Remington).<br />

Utiliser et mettre <strong>en</strong> scène <strong>de</strong>s petits « cow boys » <strong>en</strong> plastiques, comparer les postures, les<br />

comparer aux sculptures <strong>de</strong> l’exposition (collège).<br />

Pistes <strong>en</strong> philosophie et arts plastiques : Art et société.<br />

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IV. Ressources complém<strong>en</strong>taires<br />

1. Cartes<br />

27


2. Chronologie<br />

1775-1783 Guerre d’Indép<strong>en</strong>dance <strong>de</strong>s États-Unis<br />

1789 Élection <strong>de</strong> George Washington, premier prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s États-Unis<br />

1801 Élection <strong>de</strong> Thomas Jefferson<br />

1803 Achat <strong>de</strong> la Louisiane à la France<br />

1803-1806 Expédition <strong>de</strong> Lewis et Clark dans les territoires du Nord-Ouest<br />

1812 Ouverture <strong>de</strong> la Piste <strong>de</strong> l’Oregon grâce au passage <strong>de</strong> South Pass<br />

1816-1818 Première guerre séminole et annexion <strong>de</strong> la Flori<strong>de</strong> l’année suivante<br />

1832 Guerre du Northwest (Black Hawk)<br />

1835 Inv<strong>en</strong>tion du revolver par Samuel Colt<br />

1835-1842 Deuxième guerre séminole<br />

1841 Création <strong>de</strong> la Piste <strong>de</strong> Californie<br />

1843 Premier départ d’un convoi <strong>de</strong> pionniers pour l’Oregon<br />

1845 Entrée du Texas dans l’Union<br />

1846-1848 Guerre contre le Mexique<br />

1848 Découverte <strong>de</strong> l’or <strong>en</strong> Californie<br />

1857-1916 Publication du Harper’s Weekly<br />

1860 Départ du service <strong>de</strong> distribution du courrier Pony Express<br />

1860-1875 Extermination <strong>de</strong>s bisons<br />

1861-1865 Guerre <strong>de</strong> Sécession<br />

1864-1867 Guerre contre les Sioux, les Chey<strong>en</strong>nes et les Arapahos<br />

1864 Don par Abraham Lincoln à l’état <strong>de</strong> Californie <strong>de</strong> la Yosemite Valley qui <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dra un parc<br />

naturel <strong>en</strong> 1890<br />

1865 Assassinat <strong>de</strong> Lincoln<br />

1869 Union Pacific et C<strong>en</strong>tral Pacific se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t : achèvem<strong>en</strong>t du premier transcontin<strong>en</strong>tal<br />

1870 Début <strong>de</strong>s travaux d’un second transcontin<strong>en</strong>tal<br />

1872 Création du premier parc naturel, le Yellowstone National Park<br />

1875-1876 Guerre contre les Dakotas pour les Black Hills<br />

Sitting Bull et les Sioux batt<strong>en</strong>t le général Custer à Little Big Horn<br />

1883 Premier rodéo dans le Texas<br />

1885 Geronimo se r<strong>en</strong>d. Fin <strong>de</strong>s guerres indi<strong>en</strong>nes<br />

Première représ<strong>en</strong>tation du Buffalo Bill’s Wild West Show<br />

1890 Woun<strong>de</strong>d Knee : écrasem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la révolte <strong>de</strong>s Sioux<br />

1903 Edwin S. Porter réalise Le Vol du rapi<strong>de</strong> (The Great Train Robbery),<br />

un <strong>de</strong>s premiers westerns<br />

1917 Mort <strong>de</strong> Buffalo Bill.<br />

Entrée <strong>en</strong> guerre <strong>de</strong>s États-Unis<br />

1924 La citoy<strong>en</strong>neté est accordée aux Indi<strong>en</strong>s d’Amérique du nord<br />

1934 Indian Reorganization Act : l’état fédéral met fin au processus <strong>de</strong> parcellisation <strong>de</strong>s terres<br />

indi<strong>en</strong>nes et reconnaît aux tribus indi<strong>en</strong>nes le droit à l’autonomie<br />

1968 Naissance <strong>de</strong> l’American Indian Movem<strong>en</strong>t<br />

28


3. Bibliographie<br />

Les ouvrages marqués * sont consultables soit à la docum<strong>en</strong>tation du service <strong>de</strong>s publics sur<br />

r<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous, soit dans l'espace <strong>de</strong> médiation <strong>de</strong> l'exposition.<br />

• Catalogue <strong>de</strong> l’exposition<br />

* COLLECTIF, La <strong>Mythologie</strong> <strong>de</strong> l’Ouest dans l’art américain, 1830 – 1940, coédition SilvanaEditoriale,<br />

musées <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong>, musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts <strong>de</strong> R<strong>en</strong>nes, musées <strong>de</strong> Marseille, 20<strong>07</strong>.<br />

• Généralités<br />

* COLLECTIF, revue Gradhiva n°3 (juin 2006), le musée indi<strong>en</strong> <strong>de</strong> George s Catlin, musée du quai Branly,<br />

2006 ;<br />

* GUÉGUÉNIAT Jean-Yves, VINCENI Serge, Ouest américain, gran<strong>de</strong>ur nature, Géorama, 2006 ;<br />

* JACQUIN Philippe, Terre indi<strong>en</strong>ne, Autrem<strong>en</strong>t hors-série n°54, 1991 ;<br />

* JACQUIN Philippe, Le Mythe <strong>de</strong> l’Ouest, Autrem<strong>en</strong>t hors-série n°71, 1993 ;<br />

* JACQUIN Philippe, La Terre <strong>de</strong>s Peaux-Rouges, Gallimard, 2000 ;<br />

* JACQUIN Philippe, Go west, Flammarion, 2004 ;<br />

* JACQUIN Philippe, Vers <strong>l'Ouest</strong>, un nouveau mon<strong>de</strong>, Gallimard, 2006 ;<br />

* LAGAYETTE, L'Ouest américain, Ellipses, 1997 ;<br />

* LEFRANCOIS Thierry, Les Indi<strong>en</strong>s <strong>de</strong> Buffalo Bill et la Camargue, La Martinière, 1994 ;<br />

* PORTES Jacques, Buffalo Bill, Fayard, 2002.<br />

• Littérature<br />

* BERGER Thomas, Little big man, mémoires d'un visage pâle, éditions du Rocher,1991 (1964) ;<br />

* CENDRARS Blaise, L'Or, Gallimard, 2004 (1925) ;<br />

* COOPER James F<strong>en</strong>imore, La prairie, éditions du Rocher / Privat / Le Serp<strong>en</strong>t à plumes / Motifs, 2006<br />

(1827) ;<br />

* COOPER James F<strong>en</strong>imore, Le Dernier <strong>de</strong>s Mohicans, GF - Flammarion, 1992 (1826) ;<br />

* EDMONDS Margot, CLARK Ella, Lég<strong>en</strong><strong>de</strong>s indi<strong>en</strong>nes, les voix du v<strong>en</strong>t, éditions du Rocher, 1995 ;<br />

* EDMONDS Margot, CLARK Ella, Lég<strong>en</strong><strong>de</strong>s indi<strong>en</strong>nes, le chant <strong>de</strong> l’aigle, éditions du Rocher, 1995 ;<br />

* IRVING Washington, Dans les prairies du Far West, Viviane Hamy, 1991 (1832) ;<br />

* JANE Calamity, Lettres à sa fille, Payot Rivages, 2006 ;<br />

* KEROUAC Jack, Sur la route, Gallimard, 20<strong>07</strong> (1957) ;<br />

* PIQUEMAL Michel (textes réunis par), Paroles indi<strong>en</strong>nes, Albin Michel, 2005 ;<br />

* STEINBECK John, Des souris et <strong>de</strong>s hommes, Gallimard, 20<strong>07</strong> (1937) ;<br />

* TWAIN Mark, Les av<strong>en</strong>tures <strong>de</strong> Tom Sawyer, GF - Flammarion, 1996 (1876).<br />

• Art<br />

* COLLECTIF, L'Art <strong>de</strong>s États-Unis, Cita<strong>de</strong>lles et Maz<strong>en</strong>od, 1992 ;<br />

* DOMINO Christophe, À ciel ouvert l’art, contemporain à l’échelle du paysage, Scala, 2006 ;<br />

* BRUNET François, GRIFFITH Bronwyn, Visions <strong>de</strong> l’Ouest, photographies <strong>de</strong> l’exploration américaine<br />

1860-1880, r.m.n., 20<strong>07</strong> ;<br />

* CURTIS Edward, Les Indi<strong>en</strong>s d’Amérique du Nord, Tasch<strong>en</strong>, 1997 (19<strong>07</strong> – 1930) ;<br />

GARRAUD Colette, L’idée <strong>de</strong> nature dans l'art contemporain, Flammarion, 1994.<br />

* LAILACH Michael, Land art, tasch<strong>en</strong>, 20<strong>07</strong>,<br />

ROGER Alain, Court traité du paysage, NRF, Gallimard, 1997.<br />

• Western<br />

* GOTTERI Nicole, Le Western et ses mythes, B. Giovanangeli, 2005 ;<br />

* LUCCI Gabriele, Le Western, Hazan, 2006.<br />

• Actualité<br />

* Ulysse magazine n°<strong>10</strong>8, Cow-boys et indi<strong>en</strong>s, Courrier international, mai - juin 2006<br />

* Géo n°228, La Route 66, février 1998 ;<br />

* Géo n°242, L’Amérique <strong>de</strong>s ranchs, avril 1999 ;<br />

* Hors-série Géo, Indi<strong>en</strong>s d’Amérique du Nord, mai 2001<br />

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• Jeunesse<br />

Généralités<br />

* Les clés <strong>de</strong> l'actualité Junior hors-série, Le Far West, Milan jeunesse ;<br />

* BEAUMONT Émilie, FRANCO Cathy, Le Far West, Fleurus / La gran<strong>de</strong> imagerie, 20<strong>07</strong> ;<br />

* BILLIOUD Jean-Michel, DOREMUS Gaëtan, Les cow-boys et les Indi<strong>en</strong>s, nathan, 2003 ;<br />

* CERISIER Emmanuel, George Catlin, peintre <strong>de</strong>s indi<strong>en</strong>s, Archimè<strong>de</strong>, 2004 ;<br />

* FUHR Ute, SAUTAI Raoul, Les Indi<strong>en</strong>s, Gallimard, 20<strong>07</strong> ;<br />

* LEGAY Gilbert, Dictionnaire <strong>de</strong>s indi<strong>en</strong>s d'Amérique du nord, Castermann, 2005 ;<br />

* MARUEJOL Flor<strong>en</strong>ce, Au temps <strong>de</strong> la conquête <strong>de</strong> <strong>l'Ouest</strong>, Casterman, 2001 ;<br />

* MURDOCH David, Sur la piste <strong>de</strong>s Indi<strong>en</strong>s, Gallimard, 2003 ;<br />

* MURRAY Stuart, La Conquête <strong>de</strong> <strong>l'Ouest</strong>, Gallimard, 2002 ;<br />

* PERRIOT Françoise, La Conquête du Far west, De la Martinière, 20<strong>07</strong> ;<br />

* ZIMMERMAN Larry, Les Indi<strong>en</strong>s d'Amérique du Nord, Gründ, 2003 ;<br />

Contes et récits<br />

* BERTRAND Patrick, Ours-qui-se-gratte, Actes sud junior, 2001 ;<br />

* COLLECTIF, Histoires <strong>de</strong> cow-boys et d'indi<strong>en</strong>s, milan, 2006 ;<br />

* FOUCRIER-BINDA Annick, Chez les Indi<strong>en</strong>s d'Amérique, Petit Castor Amérique du Nord 1804 - 1806,<br />

Gallimard, 2006 ;<br />

* HAY Nathalie, L'oiseau qui faisait les tempêtes, École <strong>de</strong>s loisirs, 1995 ;<br />

* KA-BE-MUB-BE, CAMUS William, <strong>10</strong>00 ans <strong>de</strong> contes indi<strong>en</strong>s, milan, 1996 ;<br />

* PIQUEMAL Michel, Tokala l'indi<strong>en</strong> cheval, Milan, 2004 ;<br />

* SAUERWEIN Leigh, Contes <strong>de</strong> l'ouest américain, les av<strong>en</strong>tures <strong>de</strong> Pecos Bill, École <strong>de</strong>s loisirs, 2002 ;<br />

* VINCENT François, LAMIGEON Maryse, Au cirque <strong>de</strong> Buffalo Bill, Archimè<strong>de</strong>, 2001 ;<br />

* WADDELL Martin, DUPASQUIER Philippe, Vers <strong>l'Ouest</strong>, Folio b<strong>en</strong>jamin, 1984 ;<br />

Ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinées<br />

* DERIB, JOB, Yakari et le grand aigle, Le Lombard, 20<strong>07</strong> ;<br />

* DERIB, JOB, Yakari et le bison blanc, T2, Le Lombard, 2006 ;<br />

* DERIB, JOB, Yakari et le seigneur <strong>de</strong>s plaines, T13, Le Lombard, 20<strong>07</strong> ;<br />

* DERIB, JOB, Yakari et les griffes <strong>de</strong> l'ours, T32, Le Lombard, 2006 ;<br />

* SALVERIUS Louis, CAUVIN Raoul, Les Tuniques bleues n°1, Un chariot dans l'ouest , Dupuis, 2006 ;<br />

* LAMBIL Willy, CAUVIN Raoul, Les Tuniques bleues n°16, Bronco Berry , Dupuis, 2005 ;<br />

* MORRIS, Lucky Luke, T20, Billy the Kid, Dupuis, 20<strong>07</strong>;<br />

* MORRIS, Lucky Luke, T30, Calamity Jane, Dupuis, 2005 ;<br />

* MORRIS, Lucky Luke, T40, L'artiste-peintre, Lucky comics, 2001 ;<br />

* MORRIS, Lucky Luke, T41, La lég<strong>en</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>l'Ouest</strong>, Lucky comics, 2002 ;<br />

* MORRIS, Lucky Luke, L'intégrale T11, Lucky comics, 2002 ;<br />

* MORRIS, Lucky Luke, L'intégrale T12, Lucky comics, 2002 ;<br />

* MORRIS, Lucky Luke, L'intégrale T13, Lucky comics, 2003 ;<br />

* GIRAUD, CHARLIER, Blueberry, T1, Fort Navajo, Dargaud, 2001;<br />

* GIRAUD, CHARLIER, Blueberry, T7, Le cheval <strong>de</strong> fer, Dupuis, 2006 ;<br />

* GIRAUD, CHARLIER, Blueberry, T9, Sur la piste <strong>de</strong>s Sioux, Dargaud, 1994 ;<br />

* GIRAUD, CHARLIER, Mister Blueberry, T26, Géronimo l'Apache, Dargaud, 1994 ;<br />

* GIRAUD, CHARLIER, Mister Blueberry, T27, OK Corral, Dargaud, 2003 ;<br />

4. Sites Internet<br />

! Généralités sur <strong>l'Ouest</strong> américain<br />

http://www.universalis.fr/corpus.phpnref=G971741#02000000)}<br />

http://www.histoiredumon<strong>de</strong>.net/rubrique.php3id_rubrique=208<br />

! Sur les Indi<strong>en</strong>s d'Amérique du Nord<br />

http://www.futura-sci<strong>en</strong>ces.com/fr/compr<strong>en</strong>dre/<strong>dossier</strong>s/doc/t/ethnologie/d/les-indi<strong>en</strong>s-dameriquesdu-nord_130/c3/221/p1/<br />

http://www.aimovem<strong>en</strong>t.org/<br />

! Sur le western<br />

http://www.lewestern.com<br />

30


! Artistes principaux <strong>de</strong> l'exposition<br />

Georges Catlin<br />

http://americanart.si.edu/catlin/highlights.html<br />

http://www.nga.gov/kids/catlin/catlin1.htm<br />

Fre<strong>de</strong>ric Remington<br />

http://www.fre<strong>de</strong>ricremington.org/<br />

Newell Convers Wyeth<br />

http://www.library.pitt.edu/libraries/is/<strong>en</strong>room/illustrators/wyeth.htm<br />

! Musées part<strong>en</strong>aires<br />

Musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts <strong>de</strong> R<strong>en</strong>nes : http://www.mbar.org/<br />

C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> la Vieille Charité <strong>de</strong> Marseille : www.vieille-charite-marseille.org/<br />

! Sur les musées prêteurs<br />

http://www.framemuseums.org/<br />

Tulsa, Gilcrease museum : http://www.gilcrease.org/<br />

Richmond, Virginia Museum of Fine Art : http://www.vmfa.state.va.us<br />

Paris, musée du quai Branly : http://www.quaibranly.fr<br />

Blérancourt, musée <strong>de</strong> la coopération franco-américaine : http://www.musee-cooperationblerancourt.fr/<br />

D<strong>en</strong>ver Art Museum : http://www.<strong>de</strong>nverartmuseum.org/<br />

Saint Louis Art Museum : http://www.stlouis.art.museum/<br />

The Minneapolis Institute of Arts :http://www.artsmia.org/<br />

Cody, Buffalo Bill Historical C<strong>en</strong>ter : http://www.bbhc.org/home/in<strong>de</strong>x.cfm<br />

The Cleveland Museum of art : http://www.clevelandart.org/<br />

Los Angeles, Autry National C<strong>en</strong>ter : http://www.autrynationalc<strong>en</strong>ter.org/<br />

San Francisco, De Young Museum : http://www.<strong>de</strong>youngmuseum.org<br />

Dallas, museum of art : http://dallasmuseumofart.org<br />

Portland Art museum : http://portlandartmuseum.org/<br />

For Worth, Amon Carter museum : http://www.cartermuseum.org/<br />

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V. Visiter l’exposition avec sa classe<br />

Le service <strong>de</strong>s publics et le service éducatif (sur r<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous le mercredi <strong>de</strong> 14h30 à 16h30) sont<br />

à votre disposition pour tout projet spécifique, toute <strong>de</strong>man<strong>de</strong> particulière. N’hésitez pas à pr<strong>en</strong>dre<br />

contact au 02 35 52 00 62.<br />

Pour le confort et la bonne organisation <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong>s groupes, il est nécessaire <strong>de</strong> réserver<br />

auprès du service <strong>de</strong>s publics au 02 35 52 00 62 au moins trois semaines à l’avance.<br />

! Visite libre <strong>de</strong> l’exposition (durée à définir)<br />

L’<strong>en</strong>seignant ou l’accompagnateur <strong>de</strong>s <strong>en</strong>fants conduit lui-même la visite <strong>de</strong> l’exposition.<br />

30 <strong>en</strong>fants maximum<br />

Entrée gratuite<br />

! Visite comm<strong>en</strong>tée avec un confér<strong>en</strong>cier <strong>de</strong>s musées (1h ou 1h30)<br />

30 <strong>en</strong>fants maximum<br />

Tarif : 30,50 ! (1h) ou 45,75 ! (1h30)<br />

Entrée gratuite<br />

! Visite-atelier<br />

Un atelier <strong>de</strong> pratique artistique peut prolonger la visite dans l’exposition.<br />

Durée 2h : 1h <strong>de</strong> visite et 1h d’atelier<br />

Tarif pour 15 <strong>en</strong>fants maximum : 68,65 ! (matériel fourni)<br />

Tarif pour une classe <strong>de</strong> 30 <strong>en</strong>fants maximum : 137,30 ! (matériel fourni) : un groupe (maximum<br />

15 <strong>en</strong>fants) suit la visite <strong>de</strong> l’exposition p<strong>en</strong>dant que l’autre est <strong>en</strong> atelier et inversem<strong>en</strong>t la<br />

<strong>de</strong>uxième heure.<br />

Entrée gratuite<br />

Cont<strong>en</strong>u <strong>de</strong> l’atelier<br />

L’atelier permettra <strong>de</strong> s’interroger sur la notion d’i<strong>de</strong>ntité : à partir d’une même silhouette les<br />

<strong>en</strong>fants auront à la compléter <strong>en</strong> choisissant parmi les différ<strong>en</strong>ts signes distinctifs permettant <strong>de</strong><br />

reconnaître un cow-boy d’un Indi<strong>en</strong>. Une variante est possible à partir <strong>de</strong> masques.<br />

Niveaux concernés : primaire, collège et lycée<br />

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VI. Autour <strong>de</strong> l’exposition<br />

Public adulte<br />

* Visites comm<strong>en</strong>tées (1 heure)<br />

Dimanches 7, 14, 21 et 28 octobre, 4 et 18 novembre, 2 et 9 décembre, 6 janvier à 16h<br />

Tarif : 3,80 ! + <strong>en</strong>trée à tarif réduit ; gratuit pour les moins <strong>de</strong> 18 ans<br />

* Visite comm<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> langue <strong>de</strong>s signes<br />

Samedi 24 novembre à 15h (<br />

Tarif : 3,80 !<br />

* Midi-musée (45 minutes)<br />

Jeudis 8 et 15 novembre et v<strong>en</strong>dredis 9 et 16 novembre à 12 h 30<br />

Tarif : 3,80 ! (<strong>en</strong>trée gratuite) ; gratuit pour les moins <strong>de</strong> 18 ans<br />

* Colloque international<br />

V<strong>en</strong>dredi 28 septembre, <strong>10</strong>h – 17 h 30<br />

« L’Ouest américain : g<strong>en</strong>èse d’un mythe »<br />

<strong>en</strong> collaboration avec le musée d’Art Américain, Giverny, Terra Foundation for American Art<br />

Auditorium du musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong>, <strong>en</strong>trée libre<br />

* Cycle <strong>de</strong> confér<strong>en</strong>ces<br />

Auditorium du musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts, <strong>en</strong>trée libre<br />

- Calamity Jane ou les lég<strong>en</strong><strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’Ouest par l’acteur réalisateur Gregory Monro<br />

Jeudi 8 novembre à 18 h 30<br />

- L’Ouest ou la géographie <strong>de</strong> l’imaginaire par Caroline Bélan, professeur agrégé, départem<strong>en</strong>t anglais,<br />

université <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong><br />

Jeudi 15 novembre à 18 h 30<br />

- « La voix dans le désert », l’Ouest :<strong>de</strong> la réalité à la spiritualité par Caroline Bélan, professeur agrégé,<br />

départem<strong>en</strong>t anglais, université <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong><br />

Jeudi 22 novembre à 18 h 30<br />

* Cinéma-musées<br />

Auditorium du musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts, <strong>en</strong>trée libre<br />

Mardi 13 novembre à 19h<br />

David Kidman - Hot Society (2006, 92‘)<br />

Mardi 20 novembre à 19h<br />

Land Art - Robert Smithson et Nancy Holt<br />

Sélection proposée par l’association Work in Progress et prés<strong>en</strong>tée par David Kidman<br />

Mardi 4 décembre à 19h : Passages<br />

Sélection <strong>de</strong> courts métrages proposée par Braquage et prés<strong>en</strong>tée par Sébasti<strong>en</strong> Ronceray<br />

Mardi 11 décembre à 19h : Western<br />

Sélection <strong>de</strong> courts métrages proposée par Braquage et prés<strong>en</strong>tée par Sébasti<strong>en</strong> Ronceray<br />

* Programmation “western” organisée par le cinéma Le Melville<br />

- Samedi 29 septembre et mardi 2 octobre : Winchester 73 d’Anthony Mann avec James Stewart, Shelley<br />

Winters, 1950, 1h32, vo<br />

- Samedi 13 et mardi 16 octobre : L’homme qui n’a pas d’étoile <strong>de</strong> King Vidor avec Kirk Douglas, Jeanne<br />

Crain, 1955, 1h30, vo<br />

- Samedi 27 et mardi 30 octobre : La prisonnière du désert <strong>de</strong> John Ford avec John Wayne, Jeffrey Hunter,<br />

Vera Miles, 1956, 1h50, vo<br />

- Samedi 3 et mardi 6 novembre : La hor<strong>de</strong> sauvage <strong>de</strong> Sam Peckinpah avec William Hol<strong>de</strong>n, Ernest<br />

Borgnine, Robert Ryan, 1969, 2h28, vo<br />

- Samedi <strong>10</strong> et lundi 12 novembre : Rio Bravo <strong>de</strong> Howards Hawks avec John Wayne, Dean Martin, Angie<br />

Dickinson, Rickie Nelson, 1959, 2h21, vo<br />

- Samedi 24 et mardi 27 novembre : Rivière sans retour d’Otto Preminger avec Robert Mitchum, Marilyn<br />

Monroe, 1954, 1h30, vo<br />

- Samedi 8 et lundi 11 décembre : L’homme <strong>de</strong>s hautes plaines <strong>de</strong> Clint Eastwood avec Clint Eastwood,<br />

Verna Bloom, 1973, 1h40, vo<br />

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Le Melville, cinéma d’art et essai<br />

75, rue du Général Leclerc - 76000 Rou<strong>en</strong><br />

Séances aux al<strong>en</strong>tours <strong>de</strong> 18h - R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t au 02 32 76 73 20<br />

* Concert<br />

Organisé par le Conservatoire <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong><br />

Sous l'intitulé "oUeSt Américain", l'Ensemble <strong>de</strong> cuivres du Conservatoire <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong> sous la direction <strong>de</strong><br />

Volny Hostiou proposera un programme autour <strong>de</strong> la musique américaine <strong>de</strong> la fin du XIX e et du début du<br />

XX e siècle. À cette occasion, résonneront les célèbres marches du compositeur John Philip Sousa, qui à 26<br />

ans, dirige la United States Marine Band. Il forme par la suite son propre orchestre et effectue <strong>de</strong>s tournées<br />

aux Etats Unis et dans le mon<strong>de</strong> <strong>en</strong>tier qui seront extrêmem<strong>en</strong>t appréciées. Stars and Stripes forever,<br />

Manhattan Beach, Liberty Bell, Washington Post et quelques autres 200 compositions feront <strong>de</strong> Sousa le roi<br />

<strong>de</strong> la marche.<br />

Samedi 29 septembre, vers 18h<br />

En introduction au film Winchester 73 d’Anthony Mann<br />

Cinéma Le Melville<br />

V<strong>en</strong>dredi 26 octobre, 12h15<br />

Conservatoire, hall <strong>de</strong> l’auditorium<br />

Lancem<strong>en</strong>t du r<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous « le midi 15 »<br />

Conservatoire à Rayonnem<strong>en</strong>t Régional<br />

50, av<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> la porte <strong>de</strong>s Champs<br />

76000 Rou<strong>en</strong><br />

Tél : 02 32 08 13 50 – fax : 02 32 08 13 59<br />

Public familial<br />

* Musées <strong>en</strong> famille (1 heure 15)<br />

Dimanche 25 novembre à 16h<br />

Tarif : 3,80 ! + <strong>en</strong>trée à tarif réduit ; gratuit pour les moins <strong>de</strong> 18 ans<br />

Inscriptions au 02 35 52 00 62<br />

* Prom<strong>en</strong>a<strong>de</strong> contée (1h)<br />

Mercredis 26 décembre et 2 janvier à 14 h 30 et à 16h<br />

Avec la conteuse Anne Marchand<br />

Tarif : 3,80 ! + <strong>en</strong>trée à tarif réduit ; gratuit pour les moins <strong>de</strong> 18 ans<br />

Inscriptions au 02 35 52 00 62<br />

Bibliothèques <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong><br />

À l’occasion <strong>de</strong> la manifestation nationale Lire <strong>en</strong> Fête, les bibliothécaires vous invit<strong>en</strong>t à découvrir l’Ouest<br />

américain : <strong>en</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée à la bibliothèque <strong>de</strong>s Capucins, <strong>en</strong> musique à la bibliothèque Saint Sever,<br />

dans la littérature jeunesse à la bibliothèque du Châtelet et dans la littérature aux bibliothèques Roger<br />

Parm<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> la Grand’Mare.<br />

Semaine <strong>de</strong> l’ouest américain dans les bibliothèques : du 16 au 20 octobre<br />

Retrouver la sélection dans le nouveau numéro du fascicule Par<strong>en</strong>thèse (livret bibliographique) – disponible<br />

dans les bibliothèques, les musées et sur internet : http://bibliotheque.rou<strong>en</strong>.fr<br />

R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : 02 35 71 28 82<br />

Jeune public individuel<br />

Planètes vacances pour les 9 – 15 ans<br />

Du 29 au 31 octobre ou du 5 au 7 novembre, 14h - 17h<br />

Inscriptions auprès <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> la Jeunesse et <strong>de</strong>s Sports, mairie <strong>de</strong> Rou<strong>en</strong>, 02 35 08 68 74<br />

Stage Vacances au musée pour les 6 – 12 ans<br />

Du 29 au 31 octobre, <strong>10</strong>h - 12h<br />

22,95 ! - Inscriptions au 02 35 52 00 62<br />

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VII. R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts pratiques<br />

Musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts<br />

Esplana<strong>de</strong> Marcel Duchamp<br />

76000 Rou<strong>en</strong><br />

Tél. : 02 35 71 28 40 - Fax : 02 35 15 43 23<br />

Horaires<br />

Exposition ouverte du 28 septembre 20<strong>07</strong> au 7 janvier 2008<br />

<strong>de</strong> <strong>10</strong>h à 18h tous les jours sauf mardi, 1 er et 11 novembre<br />

Tarifs scolaires<br />

Exposition<br />

Entrée libre<br />

Visite libre<br />

Durée à préciser (30 élèves maximum)<br />

Entrée gratuite - Réservation obligatoire<br />

Visite comm<strong>en</strong>tée<br />

Durée : 1h ou 1h30 (30 élèves maximum).<br />

Tarif : 30,50 € ou 45,75 € - Entrée gratuite<br />

Ateliers-visites<br />

Durée 2h : 1h <strong>de</strong> visite et 1h d’atelier<br />

Tarif pour 15 <strong>en</strong>fants maximum : 68,65 € (matériel fourni)- Entrée gratuite<br />

Tarif pour une classe <strong>de</strong> 30 <strong>en</strong>fants maximum : 137,30 € (matériel fourni)- Entrée gratuite<br />

Atelier<br />

Durée : 1 h<br />

Tarif pour 15 <strong>en</strong>fants maximum : 38,15 € (matériel fourni)<br />

Durée : 2 h<br />

Tarif pour 15 <strong>en</strong>fants maximum : 76,30 € (matériel fourni)<br />

* Réservations et r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

Pour le confort et la bonne organisation <strong>de</strong> la v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong>s groupes, il est nécessaire <strong>de</strong> réserver<br />

auprès du service <strong>de</strong>s publics au 02 35 52 00 62 au moins trois semaines à l’avance.<br />

Service <strong>de</strong>s publics<br />

Esplana<strong>de</strong> Marcel Duchamp - 76000 Rou<strong>en</strong><br />

Tél. : 02 35 52 00 62 - fax : 02 32 76 70 90 - mail : publicsmusees@rou<strong>en</strong>.fr<br />

Service éducatif<br />

N’hésitez pas à contacter Alain Bou<strong>de</strong>t, professeur d’arts plastiques, Marion Lau<strong>de</strong>, professeur<br />

d’histoire géographie et Sabine Morel, professeur <strong>de</strong> lettres pour tout projet pédagogique au 02 35<br />

52 00 62 (sur r<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous le mercredi <strong>de</strong> 14h30 à 16h30).<br />

Esplana<strong>de</strong> Marcel Duchamp - 76000 Rou<strong>en</strong><br />

Tél : 02 35 52 00 62<br />

Mail : a-bou<strong>de</strong>t@wanadoo.fr ; lau<strong>de</strong>-montchalin@wanadoo.fr ; sabinemorel@wanadoo.fr<br />

Actualité sur le site : http/ac-rou<strong>en</strong>.fr chapitre ressource pédagogique rubrique action culturelle<br />

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