Rapport de Phase I - Le monde des Pyrénées
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dépens d’un travail facile. Toutefois, pour estomper de telles contraintes, de nombreux bergers prennent pour aide-berger leur compagne ou leur compagnon. Outre la question relationnelle et matérielle de la cohabitation, la présence d’un autre salarié sur l’alpage engendre des problèmes d’organisation du travail et d’intendance de la vie en alpage. Enfin, par l’ambiguïté de son statut, l’aide-berger a du mal à se positionner vis-à-vis du berger. Il ne lui est pas demandé une compétence en gardiennage mais il doit présenter une aide dans les travaux manuels d’intendance ou de mise en place de parc et parfois assurer une présence nocturne auprès du troupeau. Or, les missions de l’aide-berger constituent le point central des difficultés (Ernoult et al., 2003). Ainsi, de par leur absence de compétence en gardiennage, les aide-bergers sont peu valorisés par certains bergers qui les jugent inutiles. A l’inverse, certains bergers s’élèvent contre l’une des tâches théoriques assurées par l’aideberger : leur présence nocturne près du troupeau, sous tente ou dans des abris. Les conditions de travail d’une telle mission flirtent, à leurs yeux, avec l’esclavage. Dans d’autres cas, le rôle de l’aide-berger dépasse les missions théoriques : il assure parfois le rôle d’un véritable berger, seul sur l’alpage, sans posséder la qualification ni le niveau de rémunération correspondant. Mais les aide-bergers ne sont pas les seuls à intervenir sur les alpages. Une multitude de statut de gardien s’est développée depuis l’arrivée du loup (cf. Tableau 31). Les auteurs (Vincent, 2007 ; Jallet et Fabre, 2007) signalent l’importance de préciser ces différents statuts et leur rôle. Salariés Non salariés Bergers Compagne, Aide- Entrepreneur Eco- compagnon, Saisonniers Permanents Stagiaires bergers de garde Eleveurs volontaires aide familial Tableau 31. Statuts des bergers depuis la prédation (source: Jallet et Fabre, 2007) 2.3.2.2.2 Chien de protection L’adoption de chiens de protection représente également un investissement important. Il faut tout d’abord ajouter aux tâches de travail habituelles celle du nourrissage et des soins de ces animaux. Mais, ensuite, l’introduction de chiens dans un troupeau ainsi que leur éducation s’accompagnent de certaines difficultés. Si les éleveurs enquêtés par L. Garde et al. (2007) jugent cette mesure efficace, ils relèvent tout de même des difficultés dans sa mise en œuvre qui ont participé à leur hésitation dans son adoption ou à son arrêt après adoption. L’introduction de chien de protection demande un investissement en termes d’acquisition des principes, des connaissances et des pratiques adéquates. Elle requiert une disponibilité importante. En outre, l’efficacité du chien dépend de la manière de l’introduire : les réussites sont plus nombreuses lorsque les éleveurs prennent leur temps et anticipent l’introduction du chien, que lorsque le chien constitue une solution d’urgence à des attaques (Moret, 2007). ACTeon – Cemagref – Evaluation de l’impact socio économique du loup sur les systèmes pastoraux dans les Alpes Françaises Rapport Phase I - Dec 2009 98
En somme, l’introduction de chien de protection nécessite une réelle compétence, bien distincte de celle de l’élevage des moutons. Les professionnels protestent ainsi devant ces contraintes, considérant qu’ils ne sont pas des éleveurs de chiens mais bien de moutons (Vincent, 2007). En outre, les compétences demandées entraînent des changements majeurs dans la conception de la place du chien vis-à-vis des moutons et des éleveurs et bergers. Par un tableau comparatif (cidessous Tableau 32), I. Mauz (2002) 62 montre bien l’importance de la différence entre les chiens de conduite et les chiens de protection. Chien de conduite « modèle » Chien de protection « modèle » Repérage du chien par l’éleveur Période d’activité principale Aisé : chien souvent à l’extérieur du troupeau, très mobile, bruyant, coloré Le jour, en étroite collaboration avec l’éleveur ou le berger Mal aisé : chien au beau milieu du troupeau, peu mobile, silencieux, blanc Par faible visibilité (nuit, mauvais temps), indépendamment de l’éleveur ou du berger Relation à l’éleveur ou au berger Obéissance parfaite ; le chien ne quitte jamais l’éleveur ; l’éleveur dresse le chien : il lui apprend des comportements. Echange d’affects entre le chien et l’homme Obéissance très médiocre L’éleveur tente d’éduquer le chien : il lui interdit des comportements. Faible échange d’affects entre le chien et l’homme Relation aux brebis Domine nettement les brebis, qui le craignent Adopté par les brebis, qu’il ne quitte jamais Relation aux prédateurs Tente de fuir les prédateurs Tente de dissuader les prédateurs d’attaquer le troupeau Tableau 32. Les principales différences entre chiens de conduite et chiens de protection (source : Mauz, 2002) Les éleveurs et les bergers paraissent notamment décontenancés par l’apparente inactivité de ces chiens qui travaillent principalement la nuit, lorsque leurs actions ne sont pas forcément visibles. La difficulté de contrôle sur l’efficacité de ces chiens déroute ces acteurs. Le coût d’entretien est, de plus, considéré comme élevé, surtout en regard du peu de travail apparent effectué par ces chiens. 62 Mauz I., 2002, « L’arrivée des loups dans les Alpes françaises et la transformation des rapports au sauvage », Le Monde Alpin et Rhodanien « Le fait du loup, de la peur à la passion », Centre Alpin et Rhodanien d’Ethnologie, Grenoble, pp. 199-213 ACTeon – Cemagref – Evaluation de l’impact socio économique du loup sur les systèmes pastoraux dans les Alpes Françaises Rapport Phase I - Dec 2009 99
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En somme, l’introduction <strong>de</strong> chien <strong>de</strong> protection nécessite une réelle compétence, bien distincte <strong>de</strong><br />
celle <strong>de</strong> l’élevage <strong>de</strong>s moutons. <strong>Le</strong>s professionnels protestent ainsi <strong>de</strong>vant ces contraintes,<br />
considérant qu’ils ne sont pas <strong>de</strong>s éleveurs <strong>de</strong> chiens mais bien <strong>de</strong> moutons (Vincent, 2007).<br />
En outre, les compétences <strong>de</strong>mandées entraînent <strong>de</strong>s changements majeurs dans la conception <strong>de</strong> la<br />
place du chien vis-à-vis <strong>de</strong>s moutons et <strong>de</strong>s éleveurs et bergers. Par un tableau comparatif (ci<strong>de</strong>ssous<br />
Tableau 32), I. Mauz (2002) 62 montre bien l’importance <strong>de</strong> la différence entre les chiens <strong>de</strong><br />
conduite et les chiens <strong>de</strong> protection.<br />
Chien <strong>de</strong> conduite « modèle » Chien <strong>de</strong> protection « modèle »<br />
Repérage du chien par<br />
l’éleveur<br />
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principale<br />
Aisé : chien souvent à l’extérieur<br />
du troupeau, très mobile, bruyant,<br />
coloré<br />
<strong>Le</strong> jour, en étroite collaboration<br />
avec l’éleveur ou le berger<br />
Mal aisé : chien au beau milieu du<br />
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Relation à l’éleveur<br />
ou au berger<br />
Obéissance parfaite ; le chien ne<br />
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dresse le chien : il lui apprend <strong>de</strong>s<br />
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Obéissance très médiocre<br />
L’éleveur tente d’éduquer le chien :<br />
il lui interdit <strong>de</strong>s comportements.<br />
Faible échange d’affects entre le<br />
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Relation aux brebis<br />
Domine nettement les brebis, qui<br />
le craignent<br />
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Tente <strong>de</strong> fuir les prédateurs<br />
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Tableau 32. <strong>Le</strong>s principales différences entre chiens <strong>de</strong> conduite et chiens <strong>de</strong> protection (source : Mauz,<br />
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<strong>Le</strong>s éleveurs et les bergers paraissent notamment décontenancés par l’apparente inactivité <strong>de</strong> ces<br />
chiens qui travaillent principalement la nuit, lorsque leurs actions ne sont pas forcément visibles. La<br />
difficulté <strong>de</strong> contrôle sur l’efficacité <strong>de</strong> ces chiens déroute ces acteurs.<br />
<strong>Le</strong> coût d’entretien est, <strong>de</strong> plus, considéré comme élevé, surtout en regard du peu <strong>de</strong> travail<br />
apparent effectué par ces chiens.<br />
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Mauz I., 2002, « L’arrivée <strong>de</strong>s loups dans les Alpes françaises et la transformation <strong>de</strong>s rapports au sauvage », <strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong><br />
Alpin et Rhodanien « <strong>Le</strong> fait du loup, <strong>de</strong> la peur à la passion », Centre Alpin et Rhodanien d’Ethnologie, Grenoble, pp. 199-213<br />
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