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Rapport de Phase I - Le monde des Pyrénées

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<strong>de</strong> dormir sur place, dans <strong>de</strong>s équipements pastoraux vétustes ou sous tente. Malgré <strong>de</strong>s efforts<br />

d’amélioration <strong>de</strong>s équipements pastoraux, il reste en effet <strong>de</strong> nombreux alpages offrant au gardien<br />

<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> travail précaires.<br />

Ces conditions <strong>de</strong> travail sont alors vécues par les éleveurs et les bergers comme un « retour en<br />

arrière » dans l’histoire <strong>de</strong> la profession, qu’ils comparent bien souvent aux 35h <strong>de</strong> travail<br />

hebdomadaire <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s Français (Fabre, <strong>Le</strong>baudy, 2002).<br />

Outre ce temps <strong>de</strong> gardiennage nécessaire à la conduite du troupeau vers le parc <strong>de</strong> nuit, la mise en<br />

place <strong>de</strong>s parcs <strong>de</strong> regroupement, avec leur montage et démontage, est preneuse <strong>de</strong> temps. <strong>Le</strong>s<br />

passages plus réguliers du troupeau dans le pédiluve, pour prévenir les problèmes <strong>de</strong> boiterie liés au<br />

regroupement nocturne, apport également une charge <strong>de</strong> travail supplémentaire.<br />

‣ Embauche <strong>de</strong> salarié ou heures supplémentaires <br />

Plusieurs possibilités <strong>de</strong> compensation du surplus <strong>de</strong> travail, lié à la protection du troupeau et à la<br />

gestion <strong>de</strong>s attaques, sont prévues par le gouvernement : le paiement d’heures supplémentaires ou la<br />

prise en charge <strong>de</strong> l’embauche d’un berger ou d’un salarié aidant le berger (cf 2.2.2. « <strong>Le</strong>s mesures<br />

<strong>de</strong> protection »). Malgré les contraintes qu’elle représente, cette mesure est la plus acceptée (Estrosi<br />

et Spagnou, 2003) par les éleveurs. Mais ses conséquences et ses contraintes diffèrent selon l’option<br />

choisie par les éleveurs (Gar<strong>de</strong> et al., 2007).<br />

La première option qui est celle <strong>de</strong> mobiliser <strong>de</strong>s proches, <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> sa famille pour<br />

assurer le gardiennage permet <strong>de</strong> répondre à l’urgence mais ne peut être que provisoire.<br />

<strong>Le</strong> paiement d’heures supplémentaires permet à l’éleveur <strong>de</strong> prendre en charge lui-même<br />

les nouvelles tâches <strong>de</strong> protection du troupeau et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s attaques. Mais cela s’accompagne<br />

d’une baisse du temps libre et d’une réduction <strong>de</strong> ses marges <strong>de</strong> manœuvre, sources <strong>de</strong> stress.<br />

Engager un berger ou un ai<strong>de</strong> berger permet <strong>de</strong> soulager respectivement l’éleveur ou le<br />

berger <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong> ces nouvelles tâches. Toutefois, l’embauche <strong>de</strong> salariés dans <strong>de</strong>s zones à loup<br />

pose un certain nombre <strong>de</strong> problèmes ou <strong>de</strong> questionnements (Mallen, 2002 61 ; MEEDDAT et MAP,<br />

2008). <strong>Le</strong> MEEDDAT et le MAP (2008) relèvent les difficultés que peuvent rencontrer les éleveurs<br />

pour recruter <strong>de</strong>s bergers qualifiés et compétents face au problème du loup. Celles-ci sont dues<br />

notamment :<br />

à la formation peu adaptée à la présence du loup et à la saisonnalité du métier,<br />

à la difficulté <strong>de</strong> fidélisation <strong>de</strong>s bergers compétents, liée au manque d’équipement <strong>de</strong>s<br />

alpages (conditions <strong>de</strong> vie trop ru<strong>de</strong>s). A ce sujet, <strong>de</strong>s améliorations pastorales ont été<br />

financées dans <strong>de</strong> nombreux alpages, offrant <strong>de</strong> meilleures conditions <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> travail aux<br />

bergers, avec <strong>de</strong> nouvelles cabanes, <strong>de</strong> nouvelles pistes d’accès mais aussi <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />

communication tels que les radios (comme dans les parcs naturels régionaux du Vercors et<br />

du Queyras). Il reste néanmoins un grand nombre d’alpages dont les équipements pastoraux<br />

sont caractérisés par leur vétusté (Duchamps et al., 2004).<br />

Mais un autre problème concerne la cohabitation entre berger et ai<strong>de</strong>-berger dans <strong>de</strong>s cabanes<br />

pastorales exiguës et non prévues à cet effet. Une telle proximité entre étrangers n’est pas aisée et<br />

vient remettre en question les choix <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s bergers. <strong>Le</strong>s caractéristiques et les avantages <strong>de</strong> leur<br />

métier sont en effet, <strong>de</strong>puis les années 70 (Vincent, 2007), la solitu<strong>de</strong> et la tranquillité, acquises aux<br />

61<br />

Mallen M., 2002, « Impact du loup sur les bergers salariés <strong>de</strong>s Alpes du Sud », <strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong> Alpin et Rhodanien « <strong>Le</strong> fait du<br />

loup, <strong>de</strong> la peur à la passion », Centre Alpin et Rhodanien d’Ethnologie, Grenoble, pp.229-242<br />

ACTeon – Cemagref – Evaluation <strong>de</strong> l’impact socio économique du loup sur les systèmes pastoraux dans les Alpes<br />

Françaises<br />

<strong>Rapport</strong> <strong>Phase</strong> I - Dec 2009<br />

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