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Rapport de Phase I - Le monde des Pyrénées

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A l’inverse, la secon<strong>de</strong> s’appuie sur une grille <strong>de</strong> lecture dont l’axe principal est celui <strong>de</strong> la<br />

naturalité, dont les <strong>de</strong>ux pôles opposés sont l’artificiel et le naturel. <strong>Le</strong>s critères <strong>de</strong> distinction<br />

d’un animal naturel sont notamment ceux <strong>de</strong> l’autochtonie et <strong>de</strong> l’autonomie.<br />

<strong>Le</strong> conflit du loup confronte donc <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s différents <strong>de</strong> perceptions <strong>de</strong> l’environnement. Or,<br />

cette confrontation engendre <strong>de</strong> nouvelles préoccupations chez les acteurs : chacun s’immisce dans<br />

le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’autre et en relève les contradictions. <strong>Le</strong>s incohérences entre les discours, les pratiques,<br />

la vision <strong>de</strong> la réalité <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres sont ainsi révélées et relayées dans les argumentations<br />

<strong>de</strong>s protagonistes. S’ensuivent alors <strong>de</strong>s controverses, dressant le procès <strong>de</strong>s pratiques et <strong>de</strong>s<br />

logiques <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres.<br />

Deux grands procès structurent l’argumentation <strong>de</strong>s protagonistes. Ainsi, alors que les détracteurs <strong>de</strong><br />

l’animal font le procès du loup, les partisans dressent celui du pastoralisme. Pour les uns, le loup<br />

compromettrait fortement le pastoralisme ; pour les autres, ces difficultés seraient inhérentes au<br />

fonctionnement même du pastoralisme.<br />

Nous ne décrirons pas en détail ces controverses mais nous nous attacherons à les relire à travers le<br />

prisme <strong>de</strong>s impacts sur l’élevage. C’est donc sciemment que nous prenons ici le conflit d’une manière<br />

asymétrique, nous intéressant seulement à l’une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parties prenantes.<br />

<strong>Le</strong>s gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> ces controverses qu’I. Mauz (2005) a i<strong>de</strong>ntifiées et dont nous avons montré<br />

l’évolution récente (Mounet, 2007) sont toutefois récapitulées dans le Tableau 39, page 119.<br />

2.3.3.2.2 Impacts <strong>de</strong>s controverses sur l’élevage<br />

‣ Procès du pastoralisme<br />

Si la première et la plus importante <strong>de</strong>s controverses porte sur le retour naturel ou artificiel du loup<br />

(nous y reviendrons plus loin), la secon<strong>de</strong>, impulsée par les partisans du loup, porte sur le<br />

pastoralisme. Détaillons quelques uns <strong>de</strong>s arguments avancés par ces <strong>de</strong>rniers et visant à démontrer<br />

que les difficultés rencontrées par les éleveurs et les bergers viendraient plutôt <strong>de</strong> la manière dont le<br />

pastoralisme est mené que <strong>de</strong> la présence du loup.<br />

<strong>Le</strong>s pratiques pastorales, qu’ils jugent mauvaises, favoriseraient non seulement les attaques mais,<br />

en plus, présenteraient un intérêt écologique mineur. Dans les premiers temps, les éleveurs et les<br />

bergers étaient accusés <strong>de</strong> ne pas gar<strong>de</strong>r leurs troupeaux et <strong>de</strong> les laisser à la merci <strong>de</strong>s prédateurs.<br />

<strong>Le</strong>s troupeaux non gardés auraient également un impact négatif sur les espaces naturels et la<br />

biodiversité, favorisant l’embroussaillement d’un côté et le surpâturage <strong>de</strong> l’autre. Il serait donc<br />

nécessaire <strong>de</strong> repenser l’élevage ovin extensif et son organisation dans un sens plus favorable à<br />

l’environnement. Pour cela, il faudrait ai<strong>de</strong>r le mon<strong>de</strong> agricole à adopter <strong>de</strong> bonnes pratiques,<br />

respectueuses <strong>de</strong> l’environnement et compatibles avec la présence du loup.<br />

Si dans les premiers temps, les partisans du loup rappelaient aux éleveurs l’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s<br />

bêtes mortes comme solution satisfaisante du problème et considéraient ces professionnels comme<br />

<strong>de</strong> véritables chercheurs <strong>de</strong> primes, cette posture n’est plus systématique (notamment chez les<br />

acteurs tournés vers le pragmatisme) : ce regard porté sur le métier <strong>de</strong> l’élevage s’est quelque peu<br />

transformé, se déplaçant sur certaines catégories d’éleveurs seulement. Ainsi, les partisans du loup<br />

dénoncent les « mauvais paysans », chercheurs <strong>de</strong> primes et n’appliquant pas les mesures <strong>de</strong><br />

protection préconisées par le gouvernement.<br />

ACTeon – Cemagref – Evaluation <strong>de</strong> l’impact socio économique du loup sur les systèmes pastoraux dans les Alpes<br />

Françaises<br />

<strong>Rapport</strong> <strong>Phase</strong> I - Dec 2009<br />

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