Rapport de Phase I - Le monde des Pyrénées
Rapport de Phase I - Le monde des Pyrénées
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ouverts à la troisième étape <strong>de</strong> la crise, cette confrontation a également permis un co-apprentissage<br />
<strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres, <strong>de</strong> leur métier, <strong>de</strong> leurs valeurs ou encore <strong>de</strong> leur réalité et <strong>de</strong> leur vécu<br />
quotidiens.<br />
<strong>Le</strong> conflit a également renforcé certains liens. Ainsi, un grand nombre d’acteurs <strong>de</strong> l’élevage se sont<br />
retrouvés unis autour d’une même cause, l’opposition à la présence du loup en France et ont relayé le<br />
même type d’arguments visant à prouver l’impossibilité d’une cohabitation entre les loups et l’élevage.<br />
L. Gar<strong>de</strong> et al. (2007) retranscrivent dans leurs travaux ce sentiment d’unité chez les éleveurs. De<br />
même, les partisans du loup se sont retrouvés autour d’une même volonté du maintien <strong>de</strong> la présence<br />
du loup.<br />
Mais cette unité n’est pas permanente et les scissions au sein <strong>de</strong> chaque camp apparaissent<br />
progressivement. Des clivages sont relevés chez les éleveurs, entre pluriactifs et monoactifs ;<br />
transhumants locaux et étrangers ou encore selon la taille <strong>de</strong> l’exploitation (Mauz, 2005 ; Mounet,<br />
2007). De plus, M. Mallen (2002) et S. Egger (2006) mettent en évi<strong>de</strong>nce les conséquences <strong>de</strong> la<br />
présence <strong>de</strong>s loups pour les bergers. Si les prédateurs ont compliqué leur tâche, ils ont également<br />
permis aux bergers <strong>de</strong> réaffirmer leur i<strong>de</strong>ntité. C. Ernoult et al., 2003 relaient les propos <strong>de</strong> certains<br />
bergers qui estiment que le retour du loup a engendré une modification <strong>de</strong> l’image <strong>de</strong> leur métier, avec<br />
une prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> la part du grand public <strong>de</strong>s difficultés inhérentes au métier et du rôle<br />
environnemental <strong>de</strong>s troupeaux ovins.<br />
C’est donc tout un réseau <strong>de</strong> relations nouvelles entre les acteurs <strong>de</strong>s territoires ruraux qui s’est<br />
progressivement construit autour <strong>de</strong> la question du loup. A chaque étape <strong>de</strong> la crise, ces relations se<br />
sont modifiées et remo<strong>de</strong>lées.<br />
Mais quelles sont donc ces argumentations au pouvoir initialement unificateur Et en quoi nous<br />
permettent-elles <strong>de</strong> déceler <strong>de</strong>s logiques divergentes entre partisans et détracteurs du loup <br />
2.3.3.2 Controverses et légitimité <strong>de</strong> l’élevage<br />
La plupart <strong>de</strong>s acteurs concernés par le loup <strong>de</strong>puis plusieurs années se sont tournés vers le<br />
pragmatisme et la recherche <strong>de</strong> solutions concrètes, estimant qu’il faut « faire avec ». Mais s’ils se<br />
trouvent dans la troisième étape <strong>de</strong> la crise décrite par I. Mauz, ils n’en oublient pas pour autant leur<br />
posture partisane ou détractrice du loup. <strong>Le</strong>s controverses et les arguments opposés sont<br />
régulièrement rappelés par les acteurs, comme une affirmation <strong>de</strong> leur appartenance à l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
camps. Ainsi, l’opposition se structure <strong>de</strong> la même manière, quel que soit le territoire concerné : elle<br />
s’organise autour d’arguments génériques caractéristiques <strong>de</strong> chaque camp et alimentant <strong>de</strong>s<br />
controverses.<br />
2.3.3.2.1 Des visions divergentes <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> la faune sauvage<br />
L’opposition <strong>de</strong>s partisans et <strong>de</strong>s détracteurs du loup prend son origine dans une vision divergente<br />
<strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> la faune sauvage. Deux manières <strong>de</strong> percevoir la faune sauvage ont été<br />
mises en évi<strong>de</strong>nce par I. Mauz :<br />
La première se base sur une grille <strong>de</strong> lecture dont l’axe principal est celui <strong>de</strong> la sauvagerie :<br />
la faune sauvage est jugée par ses caractéristiques se rapprochant d’un animal sauvage ou<br />
d’un animal domestique. <strong>Le</strong>s critères <strong>de</strong> distinction entre ces <strong>de</strong>ux pôles sont notamment le<br />
caractère farouche et la rareté <strong>de</strong> l’animal sauvage.<br />
ACTeon – Cemagref – Evaluation <strong>de</strong> l’impact socio économique du loup sur les systèmes pastoraux dans les Alpes<br />
Françaises<br />
<strong>Rapport</strong> <strong>Phase</strong> I - Dec 2009<br />
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