BREST SE MET AU FAST-GOOD - Sept jours à Brest
BREST SE MET AU FAST-GOOD - Sept jours à Brest
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14 MERCREDI<br />
INTERVIEW<br />
11 JANVIER 2012 - <strong>SE</strong>PT JOURS À <strong>BREST</strong><br />
JULES-VERNE.EMMANUEL<br />
LE BORGNE, ROI DES MERS<br />
Dans l’ombre d’un Loïck<br />
Peyron surmédiatisé, se<br />
cache Emmanuel<br />
Le Borgne. Le <strong>Brest</strong>ois<br />
était l’un des quatorze<br />
marins du maxi trimaran<br />
Banque Populaire V, qui<br />
a décroché, vendredi<br />
soir, le record du<br />
Trophée Jules-Verne,<br />
tour du monde à la voile<br />
en équipage.<br />
Bio express<br />
26 juin 1977 : naissance à<br />
<strong>Brest</strong>.<br />
2007 : vainqueur de la<br />
Transat Jacques-Vabre avec<br />
Michel Desjoyeaux.<br />
2008 : rejoint le Team<br />
Banque Populaire.<br />
45 JOURS, 13 HEURES,<br />
45 MINUTES... VOUS <strong>AU</strong>RIEZ<br />
SIGNÉ POUR UN TEL TEMPS<br />
AVANT DE PARTIR <br />
Tout ce qui était en dessous des<br />
48 <strong>jours</strong> (le précédent record de<br />
Franck Cammas, NDLR) était bon à<br />
prendre. 45 <strong>jours</strong>, on savait que<br />
c’était jouable. On avait même<br />
embarqué que pour 46 <strong>jours</strong> de nourriture<br />
à bord.<br />
IL S’AGISSAIT DE VOTRE<br />
TROISIÈME TENTATIVE DE TOUR<br />
DU MONDE. POURQUOI CELLE-CI<br />
FUT-ELLE LA BONNE <br />
On a déjà pu se servir de l’expérience<br />
ratée de l’an dernier, où l’on avait<br />
cassé le bateau après trente <strong>jours</strong> en<br />
mer. Cette tentative avortée nous a<br />
permis d’avancer techniquement, de<br />
fiabiliser encore un peu plus le<br />
bateau. L’arrivée d’un nouveau skipper,<br />
avec Loïck Peyron, en juin dernier,<br />
a aussi donné une nouvelle dynamique<br />
au groupe. Il n’est pas à son<br />
premier tour du monde réussi. On a<br />
bénéficié de son expérience, de ses<br />
qualités de marins.<br />
34 JOURS SÉPARENT VOTRE<br />
RECORD DE CELUI DE BRUNO<br />
PEYRON, PREMIER À AVOIR<br />
BOUCLÉ LE TROPHÉE, EN<br />
1993... QU’EST-CE QUI A TANT<br />
CHANGÉ EN 20 ANS <br />
Les matériaux ont beaucoup évolué.<br />
Les bateaux sont plus grands, plus<br />
légers, les rapports poids-puissance<br />
ont été optimisés. Mais, surtout, on<br />
s’est beaucoup amélioré dans les prévisions<br />
météorologiques. Ça nous<br />
enlève beaucoup d’incertitudes et<br />
nous permet de raccourcir les routes.<br />
ON PEUT ENCORE FAIRE<br />
MIEUX <br />
Les records sont faits pour être battus.<br />
Mais, comme dans toutes les disciplines,<br />
ça devient de plus en plus<br />
compliqué à mesure qu’on s’approche<br />
du temps de référence. Et je<br />
crois qu’on en est plus très loin. On a<br />
tout de même perdu du terrain, à<br />
cause de conditions météo défavorables,<br />
dans le Pacifique et sur le<br />
retour, dans l’Atlantique. Donc notre<br />
temps est améliorable. Pourquoi pas<br />
viser les 40 <strong>jours</strong> <br />
À 26,31 NŒUDS DE MOYENNE,<br />
ON PREND LE TEMPS DE<br />
PROFITER DU PAYSAGE <br />
À 26 nœuds, sur un multicoque comme<br />
le Banque Populaire qui peut<br />
pousser jusqu’à 40, on a l’impression<br />
de se traîner. Donc oui, on a eu le<br />
temps de profiter. Je garde de belles<br />
images d’albatros, d’icebergs, et<br />
même des îles Kerguelen... Et puis,<br />
quand on déboule à 35 nœuds dans<br />
une nuit de pleine lune, c’est quelque<br />
chose !<br />
VOUS ÉTIEZ BARREUR-RÉGLEUR<br />
SUR LE BATE<strong>AU</strong>... QUEL ÉTAIT<br />
VOTRE RÔLE EXACTEMENT <br />
En tant que barreur, il m’arrivait de<br />
piloter l’engin. Ce qui n’est jamais<br />
facile. Une mauvaise manœuvre peut<br />
faire perdre le défi ou mettre en péril<br />
tout un équipage. Et lorsque j’étais<br />
régleur, j’étais justement à la disposition<br />
du barreur pour régler tous les<br />
petits problèmes qu’il constatait dans<br />
la navigation.<br />
DANS LA COUR<strong>SE</strong> <strong>AU</strong> LARGE,<br />
LA SURMÉDIATISATION<br />
DU SKIPPER EST-ELLE DURE<br />
À VIVRE POUR L’ÉQUIPAGE <br />
Ça ne me pose aucun souci. À partir<br />
du moment où je prends du plaisir<br />
sur le bateau et que mes collègues<br />
sont contents de mon travail, le reste,<br />
c’est de la littérature.<br />
PUISQUE VOUS AVEZ RÉUSSI LE<br />
TOUR DU MONDE, QU’EST-CE<br />
QUI PEUT VOUS FAIRE VIBRER,<br />
MAINTENANT, SUR UN<br />
BATE<strong>AU</strong> <br />
Sur un multicoque, on vibre forcément<br />
à chaque navigation petite ou<br />
grande. Je pense arrêter les défis et<br />
reprendre la course avec Michel Desjoyeaux,<br />
en M70. On sera notamment<br />
au départ de la nouvelle transat<br />
New-York-<strong>Brest</strong>, dont l’arrivée est<br />
prévue en plein Tonnerres de <strong>Brest</strong>.<br />
Et puis, il n’y a pas que la navigation<br />
dans la vie, je dois reprendre mon travail<br />
dès lundi (il est expert maritime<br />
et est contrôleur qualité en matériaux<br />
composites à <strong>Brest</strong>, NDLR).<br />
PROPOS RECUEILLIS<br />
PAR FABRICE POULIQUEN