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ARTICLES and NOTES - Notarius International

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116 B. Reynis, Civil Law Notaires des U.S.A. <strong>Notarius</strong> <strong>International</strong> 3-4/2002<br />

à la fin du XVIIIème siècle, apparaît inégalitaire à deux<br />

titres, au moins. Il n’est pas le même pour l’ensemble du<br />

royaume ( tel arrêt de règlement émanant du Parlement<br />

de Bretagne ne sera pas appliqué dans le ressort de celui<br />

de Toulouse...et inversement) et la loi n’est pas non plus<br />

la même selon que l’on appartient à tel ou tel des trois ordres:<br />

le droit des nobles n’était pas celui des prêtres, et<br />

encore moins celui des vilains...<br />

Ces inégalités de traitement des justiciables furent –<br />

parmi tant d’autres – une des causes de la révolution française.<br />

3.3. Le Code de 1804<br />

En affirmant les trois principes fondamentaux: “Liberté,<br />

Egalité, Fraternité” sur laquelle elle se fondait, la République<br />

devait, pour en assurer l’application, faire table<br />

rase du droit de la période précédente et mettre en œuvre<br />

un droit qui serait celui de tous les français. Dès 1790, la<br />

Constituante donna ordre de rédiger un Code Civil, unifié<br />

pour tous, mais ce n’est qu’avec Bonaparte en 1800<br />

qu’un tel projet sera réellement mis en chantier. Il ne faudra<br />

que cinq mois à la commission constituée de quatre<br />

membres: Tronchet, Bigot de Préameneu, Maleville et<br />

Portalis pour en établir le premier projet. Les 36 titres du<br />

code seront réunis en 1804 (Loi du 30 ventôse An XII)<br />

pour former le “Code civil des Français”, rebaptisé en<br />

1807 “Code Napoléon”, puis après la Restauration, “Code<br />

Civil”, son actuelle dénomination. La sagesse de Napoléon<br />

fut de réunir dans sa commission de codification<br />

deux juristes de droit coutumier et deux spécialistes<br />

du droit romain. Ainsi furent combinés les principes révolutionnaires<br />

et les règles de l’ancien droit, du Nord et<br />

du Midi, bien que les coutumes, les droit romain et canonique,<br />

comme les ordonnances royales aient été expressément<br />

abrogés par le nouveau Code.<br />

Si les rédacteurs du Code Civil ont su s’inspirer du<br />

droit ancien qu’ils abrogeaient, l’influence des principes<br />

de la révolution est déterminante dans leur souci de protéger<br />

les libertés individuelles et d’abord le droit de propriété.<br />

Le Code affirme aussi le principe de l’autonomie<br />

de la volonté dans son article 1134: “Les conventions légalement<br />

formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont<br />

faites.” Il consacre, en abolissant le droit d’aînesse, le<br />

principe d’égalité entre les héritiers dans le partage des<br />

successions, “un des résultats excellents de notre gr<strong>and</strong>e<br />

révolution, qui partagera également entre mes enfants<br />

mon héritage” comme le rappelle Victor Hugo, dans son<br />

testament “fait à Guernesey le 5 mai 1864.”<br />

3.4. Vers un hybridation <br />

Nous savons ce qu’il est advenu du code civil depuis<br />

deux siècles, de son influence sur le droit de si nombreux<br />

états, de ses évolutions, du recul des principes qu’il affirme<br />

au fur et à mesure de l’évolution de nos sociétés et<br />

plus récemment de la mondialisation des échanges. Le<br />

droit civil et la common law du Royaume Uni sont d’autant<br />

plus appelés à perdre leur identité propre que les parlements<br />

des pays de l’Union Européenne, comme les juges<br />

des pays de l’Union doivent céder le pas à Bruxelles,<br />

Strasbourg et Luxembourg…<br />

Certains prédisent une hybridation des deux systèmes,<br />

est-ce possible, est-ce souhaitable Pour ma part, je ne le<br />

pense pas, mais répondre plus longuement à cette question<br />

justifierait un ouvrage entier, tant les conséquences<br />

culturelles, sociales, économiques et linguistiques sur nos<br />

sociétés seraient importantes.<br />

4. Convergences et divergences, le droit de la preuve<br />

Au delà des divergences qui apparaissent en common<br />

law entre les USA d’une part et le Royaume Uni et ses<br />

dominions, d’autre part, entre la souveraineté du parlement<br />

de Westminster et celle de la constitution américaine,<br />

un lien redoutable les réunit: l’unité de langue. Ce<br />

que démontre remarquablement le professeur Antoine J.<br />

Bullier 6 “Les praticiens de la common law sont conscients<br />

du caractère transnational de ce droit véhiculé par<br />

une même langue avec des concepts, des expressions, des<br />

réflexes linguistiques, des maximes, des principes qui<br />

sont très souvent identiques”. La perte d’influence de notre<br />

droit est liée à l’absence d’unité linguistique des pays<br />

de droit écrit et, pour ce qui est du droit français, à la régression<br />

de la francophonie, au triomphe de l’anglais,<br />

langue des affaires, langue de l’informatique… La common<br />

law est et reste le droit des pays de langue anglaise,<br />

partout dans le monde et lorsqu’un pays comme les Philippines<br />

ab<strong>and</strong>onne l’espagnol pour l’anglo-américain, il<br />

ab<strong>and</strong>onne le droit colonial d’inspiration romaniste pour<br />

basculer dans la common law. A l’exception des USA,<br />

dont la Cour Suprême reste indépendante de Londres,<br />

toutes les cours supérieures des autres pays, anciennes<br />

colonies britanniques ou dominions sont attentives aux<br />

décisions de la Chambre des Lords et du Comité judiciaire<br />

du Conseil privé de la Reine qui exercent ainsi une influence<br />

fondamentale sur le droit jurisprudentiel du Canada<br />

ou de la Nouvelle-Zél<strong>and</strong>e et son unité.<br />

4.1. L’apparition des Civil Law Notaries<br />

En revanche, les common law des USA et des autres<br />

pays de langue anglaise se distinguent l’une de l’autre par<br />

la prééminence du contentieux aux USA lié au contrôle<br />

de constitutionnalité dans ce pays qui va nous intéresser<br />

plus directement. En effet, la judiciarisation de la vie sociale<br />

aux Etats-Unis – et son coût – inquiètent de plus en<br />

plus les pouvoirs publics fédérés et fédéraux. C’est pourquoi,<br />

dans quelques états fédérés, proches de l’arc Caraïbe,<br />

comme la Floride, l’Alabama ou le Texas, aux nombreux<br />

habitants de langue espagnole, qui subissent l’influence<br />

du droit civil des pays voisins, apparaît une nouvelle<br />

catégorie de lawyers, dénommés Civil Law Notaries.<br />

4.2. Un officier public de la preuve<br />

Le notaire des pays de droit civil est un juriste, à la fois<br />

conseil et rédacteur des actes auxquels sa signature confère<br />

l’authenticité, cette vertu particulière attaché aux actes<br />

de l’autorité publique qui leur confère notamment une<br />

6 A. J. Bullier, La Common Law, Editions Dalloz, 2002 Collection<br />

“Connaissance du Droit“.

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