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ARTICLES and NOTES - Notarius International

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230 O. Soergel/O. Stöcker, Elargissement de l’UE et le droit immobilier <strong>Notarius</strong> <strong>International</strong> 3-4/2002<br />

2.3. Causalité – Abstraction<br />

Si l’on suit le principe de la séparation, la relation entre<br />

les deux contrats – distincts – (contrat générateur<br />

d’obligations et contrat visant à réaliser le transfert de<br />

propriété de la chose vendue) doit être clarifié l’un par<br />

rapport à l’autre. Les deux termes causalité/abstraction<br />

clarifient cette relation.<br />

Le terme causalité tire son origine du terme causa (en<br />

droit romain) déjà mentionné ci-dessus. Dans le droit romain,<br />

et aujourd’hui encore dans les systèmes juridiques<br />

modernes, on entend par ce terme le fondement juridique<br />

à la base de la modification (en droit réel) de la destination<br />

ou affectation sur le plan juridique d’une chose ou<br />

d’un droit. Les Romains déjà partaient du principe que le<br />

changement d’une telle destination avait toujours un fondement<br />

justifiant ce changement, précisément la causa.<br />

Le transfert d’une chose n’était pas le but recherché en<br />

soi, mais il servait toujours à remplir un objectif quelconque<br />

allant au-delà de ce transfert. Il en allait de même (et<br />

il en va de même aujourd’hui encore 4 ) de la constitution<br />

d’une sûreté.<br />

Illustration 3: Causa<br />

La question déterminante est donc la suivante: quelle<br />

est la finalité juridique d’un acte ayant pour objet un droit<br />

réel (le transfert, la constitution de sûretés) lorsqu’il n’y<br />

a pas de causa, donc pas de contrat générateur d’obligations<br />

ou lorsque la causa n’est pas valide ou lorsqu’elle<br />

disparaît a posteriori pour quelque motif que ce soit. Cela<br />

concerne-t-il la transaction portant sur un droit réel Et<br />

si oui, comment <br />

En Europe continentale, en particulier dans les Etats<br />

mettant en œuvre des réformes, on retrouve dans de nombreux<br />

livres de droit civil sous une forme plus ou moins<br />

développée, le principe de la causalité. Ce principe part<br />

du fait – dans sa forme pure – qu’il ne peut y avoir aucun<br />

acte juridique valide en droit réel sans causa valide<br />

et donc aucun changement d’affectation sur le plan juridique.<br />

Nous citerons également à ce propos un exemple<br />

tiré du droit polonais:<br />

Art. 156 du C.C. polonais: “ Si un contrat ayant pour effet de<br />

transmettre la propriété est conclu dans le cadre de l’exécution d’une<br />

obligation découlant d’un contrat conclu antérieurement et imposant<br />

un transfert de propriété, la validité du contrat de transfert<br />

de propriété dépend de l’existence de cette obligation. “<br />

Par contre, le principe de l’abstraction applicable en<br />

droit allem<strong>and</strong> ne porte pas atteinte à la validité d’un acte<br />

de droit réel, donc un transfert par exemple, si une causa<br />

valide devait faire défaut. Ce principe se retrouve dans<br />

l’art. 873 al. 1, l’art. 929 phrase 1 du BGB. 5<br />

Illustration 4: Principe de causalité et d’abstraction<br />

La distinction entre les deux solutions acquiert toute<br />

son importance en cas, par exemple, d’insolvabilité:<br />

Si dans l’exemple 1, l’acheteur du bien meuble ou immeuble<br />

devient insolvable, le bien pourra alors – en l’absence<br />

d’une causa valide – être séparé de la masse de la<br />

faillite parce que faute de causa valide, la propriété ne<br />

passera pas à l’acheteur et ne tombera donc pas dans la<br />

masse de la faillite. Selon le principe d’abstraction, le<br />

vendeur ne disposera dans ce cas avec son droit d’enrichissement<br />

que d’une simple créance sur la masse de la<br />

faillite de l’acheteur.<br />

Dans l’exemple 2 également, le garant dans la faillite<br />

du créancier hypothécaire a selon le principe de la causalité<br />

le droit de rectifier l’inscription au registre foncier et<br />

dans la masse de la faillite, lorsqu’à défaut de causa valide,<br />

la sûreté immobilière enregistrée pour le créancier hypothécaire<br />

n’a pu voir le jour de manière valide. Il en va<br />

une fois de plus autrement selon le principe de l’abstraction:<br />

ici, la sûreté immobilière en dépit de l’absence d’une<br />

causa valide peut prendre naissance de manière valide<br />

pour le créancier hypothécaire en constituant la sûreté et<br />

en l’inscrivant au registre foncier. Le garant dispose dans<br />

ce cas seulement d’un droit d’enrichissement à faire valoir<br />

à l’encontre du créancier hypothécaire, droit qui,<br />

dans le cadre de la faillite de ce dernier, n’est qu’une simple<br />

créance sur la masse de la faillite.<br />

2.4. Droit accessoire – Droit non accessoire<br />

Même s’il est apparenté structurellement au couple lexical<br />

“ causalité/abstraction “, le couple lexical “ droit accessoire/droit<br />

non accessoire “ n’a rien à voir avec ce dernier.<br />

4 Esser/Schmidt, Schuldrecht, tome 1, partie 1, 8e édition, p. 93 et suivantes:<br />

Causa und Geschäftszweck als Elemente des Schuldvertrags.<br />

5 Or, l’effet juridique découlant du principe d’abstraction – validité de<br />

l’acte de droit réel malgré l’invalidité de la causa – ne signifie absolument<br />

pas que la situation juridique acquise sans fondement en droit<br />

reste définitivement acquise à l’acheteur. L’équilibre entre les deux<br />

partenaires contractuels – le vendeur et l’acheteur – doit plutôt résulter<br />

des principes du droit en matière d’enrichissement, le vendeur spolié<br />

pouvant en principe exiger de l’acheteur s’enrichissant indûment<br />

de restituer la chose acquise indûment, de restituer l’enrichissement. “

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