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<strong>Notarius</strong> <strong>International</strong> 3-4/2002 F. Tassinari, La réforme des s.a.r.l. en Italie 203<br />

La réforme des sociétés à responsabilité<br />

limitée en Italie<br />

1. La naissance de la société à responsabilité limitée<br />

en tant que petite société anonyme sans actions<br />

1.1. Modèles étrangers<br />

Contrairement aux autres sociétés commerciales du<br />

droit italien, la société à responsabilité limitée a une histoire<br />

assez courte. Ses origines remontent à la fin du<br />

XIXe siècle.<br />

1.1.1. La limited company anglaise<br />

L’introduction d’une structure sociale censée garantir<br />

une limitation de la responsabilité des associés était une<br />

exigence typique du capitalisme avancé. Dans le cadre<br />

d’initiatives économiques plus restreintes, le premier modèle<br />

de ce type de société, dénommé limited company, est<br />

né dans l’ordre juridique anglais après la première moitié<br />

du XIXe siècle en tant que registered company sans<br />

actions appropriée à tout type de société qui répondait<br />

aux exigences normatives prévues pour cette forme sociale<br />

(Company Act 1856) 1.<br />

Pourtant, les particularités de l’ordre juridique en général<br />

et du droit des sociétés en particulier ne permettent<br />

pas de considérer cette forme sociale anglaise, sur la base<br />

de l‘interpretation pure et simple 2 , comme prédecesseur<br />

historique de la société à responsabilité limitée en<br />

Italie de 1942 même si le droit communautaire des sociétés<br />

assimile expressément la limited company aux sociétés<br />

à responsabilité limitée continentales afin de pouvoir<br />

appliquer certaines directives.<br />

1.1.2. La GmbH du droit allem<strong>and</strong> et du droit autrichien<br />

La société à responsabilité limitée italienne repose plutôt<br />

sur les deux types de société à responsabilité limitée<br />

(Gesellschaft mit beschränkter Haftung) de droit allem<strong>and</strong><br />

et de droit autrichien qui ont été introduits à la fin<br />

du XIXe ou au début du XXe siècle.<br />

Notamment en Allemagne, la forte impulsion donnée<br />

au développement du capitalisme suite à la victoire de<br />

Sedan en 1870, a requis l’introduction d’une société dans<br />

laquelle les associés soient tenus personnellement et qui<br />

prévoit en même temps un investissement moins onéreux<br />

et une structure plus flexible par rapport à la Aktiengesellschaft<br />

(société anonyme) 3 pour promouvoir l’extension<br />

et la croissance des entreprises.<br />

La loi allem<strong>and</strong>e du 20 avril 1892 (RGBl. p. 477 – republiée<br />

le 20 mai 1898, RGBl. p. 846) dont une version<br />

modifiée est encore en vigueur tient compte de cette exigence<br />

en mettant à la disposition de l’économie la nouvelle<br />

forme sociale, dénommée Gesellschaft mit beschränkter<br />

Haftung (société à responsabilité limitée), abbréviation:<br />

GmbH. Dans ce type de société, outre la société<br />

qui répond avec tout son patrimoine, l’associé est<br />

tenu personnellement, mais seulement sous certaines<br />

conditions et dans des limites déterminées au préalable<br />

(engagement de versement supplémentaire, apports qui<br />

n’ont pas encore été faits par les autres associés etc.).<br />

La loi autrichienne du 6 mars 1906 n‘est pas seulement<br />

importante pour l’ordre juridique italien en raison<br />

de son libellé plus détaillé et plus exact et ses différences<br />

par rapport au modèle allem<strong>and</strong> (par exemple les nouveaux<br />

apports se confondent nécessairement avec les apports<br />

initiaux puisqu’un associé ne peut être titulaire que<br />

d’une seule part sociale), mais également et notamment<br />

en raison de son application, encore avant l’entrée en vigueur<br />

du Code Civil de 1942, dans les provinces de la<br />

Vénétie qui furent annexées à l’Italie à la fin de la deuxième<br />

guerre mondiale.<br />

Les deux modèles germaniques susmentionnés ont influencé<br />

le législateur italien (et également les législateurs<br />

du monde entier comme on le verra par la suite) même en<br />

ce qui concerne la dénomination de la nouvelle forme de<br />

société commerciale, voire celle de la société à responsabilité<br />

limitée.<br />

Cette dénomination, critiquée par la doctrine 4 compte<br />

tenu des normes introduites en Italie, semble justifiée<br />

dans les ordres juridiques d’origine germanique car ceuxci<br />

prévoyaient que, sous les conditions prévues par la loi<br />

(si les autres associés n’ont pas fait leur apport, si un associé<br />

n’a pas obtenu des sommes de la part d’autres associés<br />

qui lui étaient dues ou dans le cas de versements supplémentaires<br />

d’un montant déterminé), l’associé était tenu<br />

personnellement à l’égard de ses créanciers, même si<br />

sa responsabilité n’était pas illimitée mais dépendait des<br />

dispositions de la loi.<br />

1.1.3. D’autres Etats<br />

Après la fin de la première guerre mondiale et l’annexion<br />

de quelques régions ex-allem<strong>and</strong>es à la France,<br />

en particulier l’Alsace-Lorraine, où le modèle de la<br />

GmbH avait une certaine importance, l’impulsion à la<br />

création d’un modèle de société commerciale “à responsabilité<br />

limitée“ sans actions et simplifié par rapport à la<br />

société anonyme se faisait sentir dans toute la France. Finalement,<br />

la société à responsabilité limitée fut introduite<br />

en France par la loi du 7 mars 1925 sur les sociétés à<br />

responsabilité limitée qui avaient des caractéristiques<br />

particulières par rapport aux modèles germaniques comme<br />

par exemple une forte accentuation de l’intuitu personae<br />

et notamment l’abolition de la responsabilité de l’associé<br />

à l’égard des créanciers de la société.<br />

1 Pour une vue d'ensemble des différents approches systématiques -<br />

également par rapport aux sociétés à responsabilité limitée - de l'érudit<br />

britannique sur les notions utilisées par les juristes sur le continent,<br />

R. Pennington; Company's law, Butterworths, 2001, p. 919 ss.<br />

2 voir G. Santini, Società a responsabilità limitata, in: Commentario al<br />

Codice Civile, par A. Scialoja e G. Branca, Bologne - Rome, 3e éd.<br />

1984, p. 1 ss. (voir également la 4e éd. de 1992); G.C.M. Rivolta, La<br />

società a responsabilità limitata, in: Tratt. di dir. Civ. e comm. sous la<br />

direction de A. Cicu e F. Messineo, et complété par L. Mengoni, Milan,<br />

1982, p. 5 ss.<br />

3 Pour une dissertation historique de droit comparé voir v. P. Behrens,<br />

in: Hachenburg, Gesetz betreffend die Gesellschaft mit beschränkter<br />

Haftung. Großkommentar, Berlin - New York, I, 1975, p. 553 ss.<br />

4 G.C.M. Rivolta, cit., p. 1 ss.

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