étaient sur le point d’acheter. Alors, j’ai dit : ‘tant pis, je me lance. Je l’ai achetée. Et voilà comment je suis <strong>de</strong>venu propriétaire <strong>de</strong> cette vigne. Mais c’était pas du tout un héritage, pas du tout. ” Et c’est bien un souci <strong>de</strong> “ pas laisser filer notre patrimoine aux anglais ” qui transforme, pendant ses loisirs, un agent d’assurance en vigneron. Mais le vin produit est pour le moins singulier. Il ne s’agit pas d’un grand vignoble réputé mais <strong>de</strong> quelques dizaines d’hectares, aux confins <strong>de</strong>s départements du Lot, du Lot-et-Garonne et du Tarn-et-Garonne, situées sur le territoire du Lot. C’est l’existence <strong>de</strong> la coopérative agricole qui donne une unité à ce territoire et un nom au vin produit. Et quel nom ! Le vin du Tsar. On raconte en effet que, lors <strong>de</strong> l’exposition universelle <strong>de</strong> 1889, le Tsar Alexandre III aurait goûté ce vin, l’aurait apprécié et aurait <strong>de</strong>mandé à ce qu’on lui envoie, chaque année, toute la production à Moscou. Mais le phylloxéra et surtout l’histoire auraient eu raison <strong>de</strong> cette passion œnologique, dit-on. Le petit vin serait retourné à son oubli. Jusqu’au début <strong>de</strong>s années 80 où, baptisé Vin du tsar, habillé <strong>de</strong> son prestigieux passé, il fait l’objet d’une attention nouvelle. Les membres <strong>de</strong> la coopérative s’activent pour faire découvrir leur vin, pour lui permettre d’exister tout simplement, à côté <strong>de</strong> son encombrant et beaucoup plus célèbre voisin : le Cahors. Toute la publicité est en fait basée sur la légen<strong>de</strong>, sur sa faible production, sur son “authenticité ”, <strong>les</strong> “ métho<strong>de</strong>s traditionnel<strong>les</strong> ” <strong>de</strong> sa production. Et sur la 203. “ De plus en plus, je m’en sers comme animation. Et là évi<strong>de</strong>mment on est assez courtisé avec <strong>les</strong> autres producteurs. Je vais dans <strong>de</strong>s magasins locaux qui nous achètent <strong>de</strong> la marchandise. Et l’été comme c’est plein <strong>de</strong> touristes par ici, il y a <strong>de</strong>ux ou trois supermarchés qui nous suivent. J’arrive avec ma 203 plateau et je mets <strong>de</strong>ssus une énorme barrique avec un robinet énorme, je l’entoure un petit peu <strong>de</strong> feuil<strong>les</strong> <strong>de</strong> vignes, quelques grappes <strong>de</strong> raisin et j’ai une grosse bouteille marquée Vin du Tsar et je ne mets à l’entrée du supermarché. J’ai l’autorisation du patron. Il veut absolument que je mette là. Alors, tu par<strong>les</strong>, <strong>les</strong> gens, ils voient le truc, la voiture et <strong>de</strong>rrière marqué Vin du tsar. Alors, c’est le succès pardi. On se bouscule autour <strong>de</strong> nous. “’C’est quoi, Vin du Tsar ’ ‘Terrible, la voiture. Elle est à vous ’ ‘Elle est à vendre la voiture ’ ‘Il est bon votre vin ’ Alors, c’est intéressant pardi parce qu’on vend notre vin et même temps, on fait plaisir aux gens Et à nous aussi. ” La 203 “ sert dans <strong>les</strong> vignes ” mais sa fonction est symbolique. Transportant <strong>les</strong> barriques, <strong>les</strong> paniers à vendange, <strong>les</strong> sacs <strong>de</strong> produits phytosanitaires, elle permet à Jean- Clau<strong>de</strong> <strong>de</strong> transformer un fils d’agriculteurs en vigneron, <strong>de</strong> prendre sa place au sein <strong>de</strong> ce tout petit mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s producteurs <strong>de</strong> Vin du Tsar. Sans elle, il ne serait qu’un agent d’assurances qui “ joue ” au vigneron. Installé à son volant, il <strong>de</strong>vient la cheville ouvrière ou du moins l’une <strong>de</strong>s pièces essentiel<strong>les</strong> du dispositif <strong>de</strong> “ réinvention ” du Vin du Tsar. La 203 met en scène <strong>les</strong> caractéristiques singulières du vin, qui le différencie <strong>de</strong> son vin : un “ petit vin <strong>de</strong> vigneron ”, “authentique ”, fait selon <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s “ traditionnel<strong>les</strong> ”. Elle ancre, apr sa présence, le vin dans le temps supposé <strong>de</strong> cette authenticité, juste avant la mécanisation <strong>de</strong>s cultures, <strong>les</strong> années cinquante en somme. A l’inverse, <strong>les</strong> barriques estampillées au nom <strong>de</strong> Vin du Tsar, <strong>les</strong> installations <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> supermarchés, associent la voiture à un passé prestigieux, ou que l’on voudrait comme tel, à l’histoire et l’ancre plus soli<strong>de</strong>ment encore dans cette notion <strong>de</strong> patrimoine. Et c’est bien par cette association, cette fusion entre voiture et vin, autour <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> patrimoine et d’i<strong>de</strong>ntité locale qu’il faut comprendre l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jean-Clau<strong>de</strong> lors <strong>de</strong>s Journées du patrimoine. La 203 n’y a participé. “ Je vendais du vin du Tsar, à Paris. On installe notre barda sur <strong>les</strong> quais <strong>de</strong> Seine et à fond ! on vend c’est pas croyable. C’est pour ça que je fais jamais <strong>les</strong> Journées du patrimoine ici, parce que je suis à Paris entrain <strong>de</strong> vendre mon vin. Alors on peut pas être partout ”. C’est par le biais du vin que la voiture a participé, malgré tout, à l’événement. Rien d’étonnant à ce qu’il n’éprouve pas le moindre besoin <strong>de</strong> rouler en cortège, ce jour-là, ni un autre jour. N’est-ce pas tous <strong>les</strong> jours qu’il fabrique du patrimoine, qu’il inscrit sa voiture dans la sphère patrimoniale, attendant le chaland à l’ombre <strong>de</strong> la bâche <strong>de</strong> la 203, roulant “ à fond ” dans <strong>les</strong> chemins herbus <strong>de</strong> ses 116
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“ Des voitures qui roulent, j’e
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