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Jusqu'au standard passif - Plate-forme Maison Passive asbl

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Passeurs d’énergie<br />

Une rénovation par étapes<br />

Jusqu’au<br />

<strong>standard</strong> <strong>passif</strong><br />

opportunités en matière de rénovation<br />

énergétique. Voici un projet de rénovation<br />

proposé dans le cadre de l’appel à projets<br />

« Bâtiments exemplaires 2008 », organisé<br />

pour la deuxième année consécutive par<br />

Bruxelles Environnement.<br />

Les maisons de ville offrent de réelles<br />

Le passeport environnemental témoigne du saut qui sera<br />

accompli et qui fera passer la maison de l’orange au vert.<br />

Une maison de ville « ordinaire » qui<br />

A gauche, la situation actuellement existante : consommation de<br />

s’apprête à devenir « passive ».<br />

115 l d’eau par jour et par personne et de 375 kW/h/m2.an.<br />

A droite, la consommation prévue lorsque la maison aura fait<br />

l’objet des travaux de rénovation : consommation de 18 l d’eau<br />

par jour et par personne et de 15 kW/m2.an.<br />

22 [imagine 70] novembre & décembre 2008


Rénover une maison habitée est un exercice particulier<br />

qui exige réflexion et stratégie. Le projet de rénovation<br />

part souvent de la nécessité de réaménager l’habitat<br />

existant selon ses besoins et ses envies. Dans ce cas-ci,<br />

la maison, divisée en deux appartements, devrait être reconvertie<br />

en habitation unifamiliale d’ici un an environ.<br />

La rénovation énergétique poussée jusqu’au <strong>standard</strong> <strong>passif</strong> a été le fil<br />

conducteur de la réflexion.<br />

<br />

Même en ne disposant pas de fonds propres suffisants pour couvrir<br />

l’ensemble des coûts de rénovation, il est possible de se lancer dans un<br />

projet ambitieux.<br />

Via une reprise d’encours sur un crédit hypothécaire contracté avec la<br />

banque, par exemple, il est en effet possible de réutiliser le capital déjà<br />

remboursé (1). C’est une véritable aubaine pour financer des travaux<br />

de rénovation énergétique : la charge mensuelle liée à l’emprunt ne<br />

change pas (le crédit est prolongé de quelques années) et les économies<br />

de chauffage après travaux seront donc tout bénéfice. Dans ce<br />

cas-ci, un budget de départ de 50 000 aura été dégagé pour démarrer<br />

les travaux.<br />

Le recours aux aides publiques disponibles est le second levier à actionner.<br />

A Bruxelles, une prime de 100 par mètre carré de plancher net<br />

chauffé est octroyée pour une rénovation « basse énergie » (soit une<br />

consommation maximale de 60 kWh/m 2 .an). Ceci constitue l’objectif à<br />

atteindre pour la première étape du projet avec, à la clé, 16 000 pour<br />

passer à la phase suivante.<br />

La deuxième étape est l’objectif fixé par l’appel à projets « Bâtiments<br />

exemplaires 2008 » pour une rénovation « très basse énergie » : soit une<br />

consommation de 30 kWh/m2.an maximum. En cas de sélection par le<br />

jury du concours, une prime supplémentaire de 100 par mètre carré<br />

de plancher brut est octroyée au terme des travaux, soit ici 18 000 <br />

de budget supplémentaire. Cette prime permettrait d’embrayer directement<br />

sur la troisième étape, le « <strong>standard</strong> <strong>passif</strong> » (ce qui fait chuter la<br />

consommation à 15 kWh/m 2 .an). La certification « maison passive »<br />

permet d’obtenir une déduction fiscale de 790 par an pendant dix<br />

ans. Soit 7 900 à ajouter aux deux autres aides publiques.<br />

Un phasage des travaux « 60-30-15 »<br />

L’étude des possibilités de financement du projet a donc induit un<br />

phasage des travaux en trois étapes. L’étalement des travaux permettra<br />

également de s’organiser pour continuer à habiter la maison pendant<br />

la durée du chantier.<br />

La maison comprend un rez-de-chaussée<br />

et deux étages. Cette coupe montre le<br />

phasage des travaux qui seront réalisés<br />

alors que la maison restera habitée : en<br />

bleu la phase 1, en rose la phase 2 et en<br />

vert la phase 3.<br />

Sur la base de ce scénario, un bilan de la situation existante a été<br />

réalisé par le bureau écoRce (2) au moyen du logiciel PHPP (utilisé<br />

pour la conception de maisons passives). Aucune paroi du bâtiment<br />

n’étant isolée, à part les fenêtres équipées de double vitrage, le besoin<br />

en chauffage atteint… 375 kWh/m 2 .an (soit 37,5 m 3 de gaz/m 2 .an) !<br />

Le bilan détaillé des surfaces de déperdition a montré que les plus<br />

grandes pertes de chaleur se font par la toiture (58 %), le sol et les<br />

façades se répartissant à parts plus ou moins égales le solde des déperditions.<br />

Ce constat a orienté l’étude des étapes pour atteindre le<br />

<strong>standard</strong> <strong>passif</strong> :<br />

formance<br />

de 57 kWh/m 2 .an ;<br />

ment<br />

de châssis triple vitrage permettront d’atteindre la performance<br />

de 28 kWh/m 2 .an ;<br />

ment<br />

de châssis triple vitrage permettront d’atteindre la performance<br />

de 15 kWh/m 2 .an.<br />

Il est intéressant de noter que, dans le cas d’une maison mitoyenne<br />

très compacte, les façades prennent une part moins importante dans le<br />

bilan des déperditions du bâtiment que dans le cas d’une maison quatre<br />

façades. L’épaisseur d’isolation est donc moindre (ici 16 et 12 cm,<br />

chiffres qui peuvent être multipliés par deux pour les maisons quatre<br />

façades !).<br />

<br />

Parallèlement à l’isolation, les raccords entre les parois devront être<br />

exécutés très soigneusement pour atteindre la valeur d’étanchéité à<br />

l’air exigée par le <strong>standard</strong> <strong>passif</strong> (renouvellement de l’air inférieur à<br />

0,6 fois le volume par heure et sous une pression de 50 pascals ; soit<br />

une étanchéité 20 fois supérieure à la valeur estimée pour la situation<br />

avant les travaux). Avec un tel niveau de performance d’isolation et<br />

d’étanchéité à l’air, une ventilation mécanique double flux avec récupération<br />

de chaleur sur l’air extrait est indispensable. Isolation, étanchéité<br />

à l’air et ventilation sont les trois axes à travailler en parallèle pour<br />

concevoir des bâtiments à basse consommation d’énergie. La recette<br />

du bâtiment <strong>passif</strong> consiste « simplement » à mettre en œuvre ces trois<br />

éléments de la manière la plus efficace possible.<br />

La première phase des travaux rassemblera les interventions les plus<br />

lourdes. L’importante isolation de la toiture exigera un renforcement<br />

<br />

<br />

Le Centre d’étude, de recherche et d’action en architecture <strong>asbl</strong> vient<br />

de publier, en juin dernier, un rapport portant sur « L’application de<br />

principes de la maison passive en région de Bruxelles-Capitale ».<br />

Ce rapport, commandé par l’IBGE, évalue le potentiel d’application<br />

des principes de la maison passive aux constructions et rénovations sur le<br />

territoire de la Région de Bruxelles-Capitale.<br />

Pour les bâtiments de logement existants, neuf typologies différentes, représentatives<br />

des bâtiments bruxellois, ont été étudiées : les maisons avec deux,<br />

trois ou quatre façades, les appartements, les bâtiments classés, etc… Pour<br />

chaque cas, l’isolation des parois a été étudiée sur la base des plans réels des<br />

bâtiments, en tenant compte des contraintes techniques (impossibilité d’isoler<br />

certaines parois). Dans une série de cas, on n’arrivera pas au <strong>standard</strong> <strong>passif</strong><br />

mais toujours au <strong>standard</strong> basse énergie ou très basse énergie (soit une<br />

consommation se situant entre 60 et 15 kWh/m 2 .an).<br />

L’aspect économique a été étudié (estimation du prix des travaux pour chaque<br />

<br />

le site www.ceraa.be. Les deux cas de rénovation jusqu’au <strong>standard</strong> <strong>passif</strong><br />

<br />

<br />

chauffé, primes déduites). Les quelques projets de rénovation au <strong>standard</strong><br />

<br />

ces deux extrêmes.<br />

<br />

<br />

déduites). <br />

<br />

[imagine 70] novembre & décembre 2008<br />

23


Passeurs d’énergie<br />

capable d’absorber une certaine quantité d’humidité (la cellulose dans<br />

ce cas-ci). La vapeur d’eau peut alors migrer de l’ambiance intérieure<br />

vers l’isolant et, inversement, de l’isolant vers l’ambiance intérieure<br />

lorsque l’air est plus sec. Un calcul dynamique de migration de la vapeur<br />

d’eau (par le logiciel Wufi, par exemple) reste indispensable pour<br />

s’assurer que la paroi s’assèche bien au fil des ans et ne se trans<strong>forme</strong><br />

pas au contraire en éponge.<br />

de la structure de charpente actuelle et l’isolation de la dalle de sol<br />

impliquera la démolition complète du dallage existant.<br />

En deuxième phase, la façade côté jardin sera isolée par l’extérieur,<br />

au moyen de panneaux de particules de bois fixés sur la maçonnerie<br />

et recouverts d’un enduit de finition. Cette solution, écologique par<br />

excellence, permet à la paroi de respirer, de rester ouverte à la diffusion<br />

de la vapeur.<br />

En troisième phase, la façade côté rue sera isolée par l’intérieur, afin<br />

de ne pas modifier l’aspect extérieur. Cette option facilitera en outre les<br />

détails de raccord avec le plancher du rez-de-chaussée et la toiture :<br />

l’isolation sera parfaitement continue.<br />

Il restera alors à éliminer les ponts thermiques créés par les appuis du<br />

plancher dans la façade. Pour ce faire, la façade sera doublée du côté<br />

intérieur par une structure en bois sur laquelle portera le plancher. Les<br />

extrémités des gîtes qui reposent dans la maçonnerie pourront ensuite<br />

être découpées et enlevées du mur pour supprimer tout pont thermique.<br />

La façade sera ancrée en plusieurs points à la structure en bois pour<br />

éviter tout problème de stabilité.<br />

Du point de vue technique, l’isolation par l’intérieur comporte un risque<br />

de condensation sur la face intérieure du mur existant. Ce risque<br />

peut être maîtrisé par la pose d’un freine-vapeur, associé à un isolant<br />

<br />

Pour ce projet, la rentabilité des investissements des travaux d’isolation<br />

a été étudiée par rapport aux économies d’énergie engendrées. Le<br />

temps de retour, calculé en tenant compte d’une probable augmentation<br />

du prix de l’énergie de 4 % par an, est de 14 ans sans aides publiques,<br />

et de 11 ans en comptabilisant les différentes primes et déductions<br />

fiscales existantes.<br />

L’exemple de ce projet montre que la rénovation jusqu’au <strong>standard</strong><br />

<strong>passif</strong> de nos maisons anciennes est techniquement et financièrement<br />

réalisable. L’application des principes de la maison passive à la rénovation,<br />

même sans arriver jusqu’au <strong>standard</strong>, constitue une formidable<br />

source d’économies d’énergie et donc, un énorme potentiel de réduction<br />

d’émissions de CO 2<br />

. Sans compter l’augmentation de confort pour<br />

les occupants !<br />

Si l’opération est rentable à terme, un capital de départ est nécessaire<br />

et les aides publiques restent un levier indispensable. La question du<br />

financement, pour tous, de la rénovation des logements existants est<br />

une question politique fondamentale.<br />

Aujourd’hui, action politique et action citoyenne doivent aller de pair,<br />

car il est grand temps de nous engager collectivement et efficacement<br />

dans la lutte contre le réchauffement climatique. <br />

Olivier Alexandre, architecte<br />

www.passeursdenergie.be<br />

(1) La reprise d’encours est une disposition qui permet à la banque de mettre à la disposition de l’emprunteur une partie du<br />

montant du crédit qu’il avait obtenu pour l’achat ou pour la construction d’un immeuble.<br />

(2) Bureau spécialisé dans la guidance énergétique de projets : www.ecorce.be<br />

Localisation : Schaerbeek<br />

Maîtres de l’ouvrage : Laurence Stevelinck<br />

et Olivier Alexandre<br />

Architecte : Olivier Alexandre<br />

Bureau conseil : écoRce, Muriel Brandt<br />

Surface (chauffée) plancher :<br />

Budget des travaux (tvac) :<br />

<br />

<br />

<br />

Total après primes :<br />

Temps de retour sur investissement : 11 ans<br />

<br />

ISOLATION DES PAROIS :<br />

<br />

<br />

<br />

isolante<br />

<br />

et 6 cm de chape isolante<br />

<br />

<br />

AUTRES POSTES D’ÉCORÉNOVATION :<br />

<br />

<br />

en cave<br />

<br />

rationnelle de l’eau<br />

<br />

[imagine 70] novembre & décembre 2008<br />

24

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