pathologie des cellules, des tissus et des substances intercellulaires

pathologie des cellules, des tissus et des substances intercellulaires pathologie des cellules, des tissus et des substances intercellulaires

chusa.upmc.fr
from chusa.upmc.fr More from this publisher
10.01.2015 Views

- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES INTERCELLULAIRES II. - PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES INTERCELLULAIRES DIFFÉRENCIATION CELLULAIRE ET TISSULAIRE............................................ II-1 ADAPTATION CELLULAIRE ET TISSULAIRE..................................................... II-2 RENOUVELLEMENT DES CELLULES DE L’ORGANISME................................. II-8 PATHOLOGIE DES SUBSTANCES INTERCELLULAIRES ................................. II-14 A. - DIFFÉRENCIATION CELLULAIRE ET TISSULAIRE 1. - LA DIFFÉRENCIATION D’UNE CELLULE OU D’UN TISSU est le fait pour cette cellule ou ce tissu d’avoir une image histologique qui lui est particulière et qui est généralement en rapport avec sa spécialisation fonctionnelle (cils de l’épithélium respiratoire; maturation cornée de l’épiderme; bordure en brosse des entérocytes, etc.). La différenciation du tissu résulte de la différenciation des cellules qui le composent mais toutes les cellules ne sont pas au même degré de différenciation. Celle-ci est nulle ou peu marquée pour les éléments jeunes et s’accentue progressivement au cours de leur vieillissement. 2. - LA DÉDIFFÉRENCIATION est l’arrêt ou le ralentissement, temporaire ou définitif, du processus de différenciation. On l’observe, par exemple, après une destruction épithéliale. Les éléments qui vont proliférer pour reconstituer l’épithélium seront dans un premier temps moins différenciés que les cellules d’origine. ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE PAGE II-1

- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

II. - PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES<br />

SUBSTANCES INTERCELLULAIRES<br />

DIFFÉRENCIATION CELLULAIRE ET TISSULAIRE............................................ II-1<br />

ADAPTATION CELLULAIRE ET TISSULAIRE..................................................... II-2<br />

RENOUVELLEMENT DES CELLULES DE L’ORGANISME................................. II-8<br />

PATHOLOGIE DES SUBSTANCES INTERCELLULAIRES ................................. II-14<br />

A. - DIFFÉRENCIATION CELLULAIRE ET TISSULAIRE<br />

1. - LA DIFFÉRENCIATION D’UNE CELLULE OU D’UN TISSU<br />

est le fait pour c<strong>et</strong>te cellule ou ce tissu d’avoir une image histologique qui lui est<br />

particulière <strong>et</strong> qui est généralement en rapport avec sa spécialisation fonctionnelle<br />

(cils de l’épithélium respiratoire; maturation cornée de l’épiderme; bordure en brosse<br />

<strong>des</strong> entérocytes, <strong>et</strong>c.).<br />

La différenciation du tissu résulte de la différenciation <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> qui le<br />

composent mais toutes les <strong>cellules</strong> ne sont pas au même degré de différenciation.<br />

Celle-ci est nulle ou peu marquée pour les éléments jeunes <strong>et</strong> s’accentue<br />

progressivement au cours de leur vieillissement.<br />

2. - LA DÉDIFFÉRENCIATION<br />

est l’arrêt ou le ralentissement, temporaire ou définitif, du processus de<br />

différenciation. On l’observe, par exemple, après une <strong>des</strong>truction épithéliale. Les<br />

éléments qui vont proliférer pour reconstituer l’épithélium seront dans un premier<br />

temps moins différenciés que les <strong>cellules</strong> d’origine.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-1


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

B. - ADAPTATION CELLULAIRE ET TISSULAIRE<br />

Les <strong>cellules</strong> <strong>et</strong> les <strong>tissus</strong>, quelle que soit leur différenciation, sont capables de<br />

réagir à une modification de leur environnement au sens le plus large de ce terme.<br />

Ce sont ces modifications qui constituent l’adaptation cellulaire, qui perm<strong>et</strong> aux<br />

<strong>cellules</strong> de survivre dans leur nouvel environnement. Selon les cas, elle est<br />

secondaire à un stimulus physiologique ou à un stimulus pathologique; elle peut, à<br />

l’inverse, être secondaire à l’arrêt d’une stimulation normale.<br />

Les quatre types les plus importants d’adaptation cellulaire <strong>et</strong> tissulaire sont:<br />

l’atrophie, l’hypertrophie, l’hyperplasie <strong>et</strong> la métaplasie.<br />

1. - ATROPHIE<br />

Dans le langage courant, l’atrophie désigne communément la diminution de<br />

volume d’un organe ou d’un viscère qu’elle qu’en soit la cause. En fait, la définition<br />

de l’atrophie est précise <strong>et</strong> limitative: il s’agit d’une diminution de volume <strong>des</strong> <strong>cellules</strong><br />

fonctionnelles d’un tissu ou d’un organe, ce qui a généralement pour conséquence<br />

une diminution de volume de l’organe entier.<br />

La cellule atrophique reste vivante, sa masse diminue par disparition de<br />

certains éléments fonctionnels (myofibrilles pour le muscle, ergastoplasme pour les<br />

hépatocytes, <strong>et</strong>c.) C<strong>et</strong>te diminution est la conséquence à la fois de l’arrêt du<br />

renouvellement de ces structures <strong>et</strong> de leur <strong>des</strong>truction par autophagie.<br />

L’atrophie résulte d’une diminution <strong>des</strong> apports nutritifs. Il peut s’agir <strong>des</strong><br />

apports caloriques; Exemple: fonte du pannicule adipeux dans l’amaigrissement (les<br />

adipocytes persistent tout en diminuant de volume par perte de leurs enclaves<br />

lipidiques).Il peut s’agir d’une insuffisance d’apport d’oxygène: atrophie par hypoxie<br />

dans certains cas d’ischémie chronique.<br />

L’atrophie peut résulter également d’une perte d’un stimulus physiologique;<br />

Exemple: atrophie du muscle strié par inactivité ou dénervation; atrophie de<br />

l’endomètre par disparition <strong>des</strong> stimulus ovariens après la ménopause ou après<br />

ovariectomie bilatérale.<br />

En principe, l’atrophie est un état réversible si l’on restaure les conditions<br />

métaboliques normales. En fait, l’atrophie accentuée aboutit à la mort de certains<br />

éléments cellulaires qui seront remplacés par un accroissement compensateur du<br />

tissu conjonctif <strong>et</strong> adipeux. Exemple: adipose interstitielle du muscle strié chez les<br />

vieillards inactifs.<br />

2. - HYPERTROPHIE<br />

Ici encore, le langage courant donne au mot hypertrophie un sens plus large<br />

que le sens anatomo-pathologique précis. L’hypertrophie n’est pas l’augmentation de<br />

volume pure <strong>et</strong> simple d’un organe ou d’une partie du corps, c’est l’augmentation de<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-2


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

la taille <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> d’un tissu ou d’un organe sans multiplication cellulaire. Ceci a<br />

généralement pour conséquence une augmentation de volume de l’organe entier.<br />

Le terme d’hypotrophie est un terme clinique qui désigne l’insuffisance de<br />

développement de l’ensemble du corps. On l’emploie surtout à propos de nouveaunés<br />

<strong>et</strong> de nourrissons de p<strong>et</strong>it poids.<br />

L’hypertrophie a deux ordres de causes:<br />

A) L’adaptation de la cellule à l’augmentation de l’apport nutritif ou à une<br />

sollicitation fonctionnelle accrue. Dans ce cas, c’est à peu près l’inverse de l’atrophie<br />

puisque les <strong>cellules</strong> restent vivantes <strong>et</strong> accroissent leur masse fonctionnelle en<br />

multipliant le nombre de leurs organelles (myofibrilles, mitochondries, <strong>et</strong>c.).<br />

Exemple:<br />

• hypertrophie compensatrice du rein restant après néphrectomie. Le nombre<br />

<strong>des</strong> néphrons ne s’accroît pas, chacun d’entre eux est plus volumineux qu’un<br />

néphron normal,<br />

• hypertrophie du myomètre au cours de la grossesse, induite par l’action <strong>des</strong><br />

oestrogènes sur les myocytes du myomètre qui deviennent énormes,<br />

• hypertrophie mammaire au cours de l’allaitement, induite par la prolactine <strong>et</strong><br />

les oestrogènes,<br />

• hypertrophie du muscle squel<strong>et</strong>tique <strong>des</strong> athlètes,<br />

• hypertrophie du myocarde <strong>des</strong> insuffisances cardiaques.<br />

C<strong>et</strong>te adaptation à l’augmentation <strong>des</strong> sollicitations fonctionnelles n’est pas<br />

illimitée. Au delà d’un certain stade, de nombreuses altérations dégénératives<br />

apparaissent, aboutissant à la mort cellulaire par nécrose ou par apoptose.<br />

B) La seconde cause possible est l’accumulation dans les <strong>cellules</strong> de<br />

<strong>substances</strong> solubles en quantité accrue. L’Exemple le plus simple est celui de l’eau<br />

qui, accumulée dans une cellule (oedème cellulaire), aboutit à une hypertrophie.<br />

Exemple: gros rein de la néphrose osmotique.<br />

3. - HYPERPLASIE<br />

L’hyperplasie est définie par un accroissement du nombre <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> d’un<br />

organe avec augmentation du volume de c<strong>et</strong> organe par rapport au volume normal.<br />

Elle se voit dans les organes dont les <strong>cellules</strong> ont gardé la capacité de se diviser, au<br />

moins sous l’influence de certains stimulus. Ces stimulus sont variables, il peut s’agir<br />

d’une exagération <strong>des</strong> apports nutritionnels ou d’une hyperoxie, il peut s’agir d’une<br />

stimulation hormonale. L’hyperplasie s’observe également au cours ou au décours<br />

de certains processus inflammatoires <strong>et</strong> au cours de l’infestation par certains virus<br />

(Cf. papillome <strong>et</strong> condylome).<br />

S’il est aisé de définir l’hyperplasie, il est en fait souvent difficile de tracer les<br />

limites de ce processus pathologique.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-3


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

A) HYPERPLASIE ET HYPERTROPHIE<br />

En principe, une population cellulaire s’adapte à un stimulus, soit par une<br />

hyperplasie, soit par une hypertrophie. Dans quelques cas, le stimulus aura pour<br />

conséquence à la fois une augmentation de la taille <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> <strong>et</strong> une augmentation<br />

de leur nombre. La multiplication est cependant toujours limitée.<br />

Exemple: le muscle cardiaque de l’enfant subit une hypertrophie en cas<br />

d’insuffisance cardiaque mais également une hyperplasie car certaines <strong>cellules</strong> se<br />

divisent ; en revanche, chez l’adulte, les <strong>cellules</strong> myocardiques ne peuvent plus se<br />

diviser, <strong>et</strong> il s’agit en cas d’insuffisance cardiaque d’une hypertrophie pure. Il y a<br />

également <strong>des</strong> divisions cellulaires dans le myomètre au cours de la grossesse, qui<br />

présente donc à la fois une hypertrophie <strong>et</strong> une hyperplasie.<br />

B) HYPERPLASIE ET RÉGENÉRATION<br />

Lorsqu’un tissu aura été détruit <strong>et</strong> reconstitué par la prolifération <strong>des</strong> <strong>cellules</strong><br />

restantes, on aboutit à une régénération. Celle-ci est finalement peu différente d’une<br />

hyperplasie, puisqu’il s’agit d’une hyperplasie temporaire qui va s’interrompre dès<br />

qu’elle aura atteint son but en restaurant la masse tissulaire détruite. Il peut arriver<br />

que la régénération soit excessive.<br />

C) RAPPORTS ENTRE HYPERPLASIE ET TUMEUR<br />

L’accroissement du volume d’un organe par un phénomène d’hyperplasie est<br />

un processus limité qui ne dépassera pas certaines proportions. Ceci est une<br />

distinction théorique fondamentale avec les tumeurs. La distinction pratique peut<br />

cependant être difficile:<br />

• Le phénomène d’hyperplasie peut être localisé à un secteur d’un organe<br />

(hyperplasie nodulaire focale du foie, hyperplasie nodulaire <strong>des</strong> surrénales).<br />

Les limites entre hyperplasie nodulaire <strong>et</strong> tumeur bénigne restent souvent<br />

floues.<br />

• Certains cancers sont fréquents chez les suj<strong>et</strong>s ayant <strong>des</strong> lésions<br />

d’hyperplasie plus ou moins durables. On parle dans ce cas d’hyperplasies<br />

atypiques (exemple: endomètre, glande mammaire). Ce terme d’hyperplasie<br />

atypique est très voisin en pratique de celui de dysplasie épithéliale. On<br />

désigne ainsi <strong>des</strong> anomalies <strong>des</strong> épithéliums de revêtement à<br />

renouvellement rapide (col utérin, estomac, <strong>et</strong>c.). Ces anomalies peuvent<br />

être la conséquence d’une régénération anormale après irritation ou<br />

inflammation. Certaines d’entre elles sont <strong>des</strong> lésions pré-cancéreuses.<br />

Il faut noter que le terme de dysplasie a un autre sens tout à fait différent,<br />

beaucoup plus ancien <strong>et</strong> consacré par l’usage, qui est celui de maladie<br />

constitutionnelle à caractère malformatif plus ou moins manifeste. Exemple:<br />

dysplasie fibreuse <strong>des</strong> os.<br />

A propos de l’hyperplasie, on doit définir deux autres termes qui sont en<br />

quelque sorte l’opposé de l’hyperplasie.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-4


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

4. - HYPOPLASIE<br />

Ce n’est pas exactement l’inverse de l’hyperplasie. On emploie ce terme à<br />

propos <strong>des</strong> organes anormalement p<strong>et</strong>its, ayant un nombre de <strong>cellules</strong> inférieur à<br />

celui d’un organe normal en raison d’un trouble du développement. Un organe ou un<br />

tissu hypoplasiques sont donc un organe ou un tissu qui n’ont jamais atteint leur taille<br />

normale <strong>et</strong> non pas <strong>des</strong> organes ou <strong>des</strong> <strong>tissus</strong> qui auraient pu perdre au cours de la<br />

vie une partie de leur contingent cellulaire normal.<br />

5. - APLASIE<br />

C’est théoriquement l’absence d’un organe dont l’ébauche embryonnaire<br />

quoique présente, n’a pas subi l’induction qui lui aurait permis un développement<br />

normal au cours de l’embryogenèse. C’est donc une lésion congénitale; Exemple:<br />

aplasie rénale, aplasie diaphragmatique, <strong>et</strong>c..<br />

Pour les organes constitués de <strong>cellules</strong> qui se renouvellent rapidement (moelle<br />

osseuse essentiellement) le développement n’est jamais achevé mais au contraire<br />

perpétuellement recommencé; on peut alors parler d’aplasie pour désigner l’arrêt du<br />

renouvellement cellulaire qui succède à un blocage de la maturation <strong>des</strong> <strong>cellules</strong><br />

souches ou à leur <strong>des</strong>truction. De même, un renouvellement insuffisant de la moelle<br />

osseuse pourra porter le nom d’hypoplasie médullaire.<br />

6. - MÉTAPLASIE<br />

Ce type d’adaptation cellulaire ou tissulaire est défini comme la transformation<br />

d’un tissu normal en un autre tissu normal de structure <strong>et</strong> de fonction différentes.<br />

C<strong>et</strong>te transformation morphologique traduit un changement dans la différenciation<br />

<strong>des</strong> <strong>cellules</strong> qui assurent normalement le renouvellement du tissu. Ceci peut aboutir<br />

à un tissu mieux adapté à une agression que le tissu qu’il remplace. Les<br />

phénomènes de métaplasie sont fréquents ; ils sont cependant assez peu variés car<br />

la plupart <strong>des</strong> <strong>tissus</strong> n’ont pas les capacités de renouvellement nécessaires à la<br />

constitution d’une métaplasie. Pour un tissu donné, les capacités de métaplasie sont<br />

elles-mêmes limitées<br />

. Il n’y a pas de métaplasie d’un tissu conjonctif en tissu épithélial ou<br />

inversement mais simplement métaplasie d’un type d’épithélium en un autre ou d’un<br />

type de tissu conjonctif en un autre;<br />

Exemples de métaplasie au niveau <strong>des</strong> épithéliums :<br />

- d’un épithélium glandulaire vers un épithélium malpighien : métaplasie<br />

malpighienne de l’épithélium bronchique chez le fumeur. C<strong>et</strong> épithélium<br />

métaplasique serait moins irritable que l’épithélium respiratoire normal<br />

- d’un épithélium malpighien en épithélium glandulaire : métaplasie<br />

glandulaire de l’épithélium œsophagien en cas de reflux acide gastroœsophagien<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-5


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

- d’un épithélium glandulaire vers un autre épithélium glandulaire : dans le cas<br />

de la métaplasie intestinale de la muqueuse gastrique présentant une<br />

gastrite atrophique, la métaplasie est l’équivalent d’une dédifférenciation par<br />

perte de spécialisation. L’épithélium gastrique différencié r<strong>et</strong>ourne à un type<br />

intestinal simplifié.<br />

Exemple de métaplasie au niveau du tissu conjonctif : métaplasie osseuse du<br />

tissu conjonctif dans une cicatrice.<br />

Les rapports entre les métaplasie <strong>et</strong> les tumeurs sont très étudiés mais encore<br />

mal connus. On peut considérer empiriquement que certaines métaplasies sont <strong>des</strong><br />

états pré-cancéreux, alors que d'autres ne le sont manifestement pas.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-6


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

Illustration vidéo du polycopié:<br />

Métaplasie malpighienne de la zone de jonction du col utérin<br />

Parmi les types d’adaptation cellulaire, la métaplasie est la transformation<br />

d’un tissu normal en un autre tissu normal, mais de structure <strong>et</strong> de fonction<br />

différentes (c. à d. de localisation anormale).<br />

Sur c<strong>et</strong>te vue à faible grossissement, à droite, la partie exocervicale du col<br />

utérin <strong>et</strong> horizontal, en blanc, le canal endocervical.<br />

L’exocervix est tapissé par un épithélium malpighien stratifié non kératinisé en<br />

surface. En sombre la couche cellulaire basale de renouvellement cellulaire. Au<strong>des</strong>sus<br />

les <strong>cellules</strong> plus étalées du corps muqueux de Malpighi, avec leur p<strong>et</strong>it noyau<br />

foncé <strong>et</strong> leur cytoplasme clarifié vraisemblablement par artéfact. Sous l’épithélium le<br />

chorion conjonctif est dépourvu de structures glandulaires, il est riche en p<strong>et</strong>its<br />

vaisseaux.<br />

Ces <strong>cellules</strong> malpighiennes sont étroitement jointives avec <strong>des</strong> figures de<br />

ponts d’union, ce sont les <strong>cellules</strong> à épines aux contours polygonaux.<br />

Une vue à grossissement moyen montre la partie endocervicale. Au sein du<br />

chorion conjonctivo-musculaire on repère comme <strong>des</strong> taches plus claires les glan<strong>des</strong><br />

endocervicales à la lumière dilatée par l’accumulation de mucus.<br />

A fort grossissement on pourra voir le cytoplasme apical clarifié<br />

manifestement riche en mucus.<br />

La région d’affrontement <strong>des</strong> deux types d’épithélium est franche, c’est la zone<br />

de jonction ; elle se situe avant la puberté exactement à l’entrée du canal<br />

endocervical anatomique.<br />

La lésion s’objective par l’existence d’une zone où l’épithélium de surface est<br />

malpighien, de type exocervical, alors que le chorion sous-jacent contient <strong>des</strong><br />

glan<strong>des</strong> endocervicales. L’épithélium monostratifié de surface a disparu, remplacé<br />

par un épithélium pluristratifié malpighien, d’aspect histologique normal ou<br />

discrètement modifié, mais anormal quant à sa localisation. On l’explique par la<br />

survenue, très banale, d’une éversion de la zone de jonction exo-endo en direction<br />

de la cavité vaginale. La partie cylindrique monostratifié de l’épithélium de surface<br />

jonctionnel se r<strong>et</strong>rouve alors dans <strong>des</strong> conditions physico-chimiques défavorables, <strong>et</strong><br />

par adaptation tissulaire est remplacé par un épithélium malpighien plus résistant.<br />

C’est la métaplasie.<br />

Ce n’est que plus en amont dans le canal endocervical qu’on r<strong>et</strong>rouvera<br />

l’épithélium cylindrique monostratifié de surface disposé normalement au-<strong>des</strong>sus du<br />

chorion glandulaire.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-7


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

Il est important de souligner que les différents phénomènes d’adaptation<br />

cellulaire <strong>et</strong> tissulaire que nous avons vus peuvent être associés. C’est ainsi qu’un<br />

épithélium peut être à la fois métaplasique, hyperplasique <strong>et</strong> dysplasique. Exemple:<br />

métaplasie malpighienne atypique de l’épithélium bronchique.<br />

7.- DYSTROPHIES<br />

Toutes les lésions que nous avons envisagées au cours de ce chapitre sur<br />

l’adaptation cellulaire <strong>et</strong> qui sont secondaires à une modification de l’environnement<br />

rentrent dans un vaste groupe qui est celui <strong>des</strong> dystrophies. Ce groupe réunit <strong>des</strong><br />

lésions morphologiquement très différentes mais qui ont en commun d’être liées à un<br />

trouble <strong>des</strong> apports nutritionnels au sens le plus large du terme. Ce groupe contient<br />

bien plus de choses encore que ce que nous avons vu car il est d’usage d’en faire un<br />

cadre d’attente <strong>et</strong> de considérer comme dystrophie toute lésion d’origine inconnue ou<br />

mal précisée <strong>et</strong> qui n’est manifestement ni une inflammation, ni une tumeur, ni une<br />

malformation.<br />

C. - RENOUVELLEMENT DES CELLULES DE L’ORGANISME<br />

La capacité qu’ont les différentes <strong>cellules</strong> de l’organisme à se renouveler est<br />

variable d’une lignée cellulaire à l’autre <strong>et</strong>, en outre, selon les circonstances<br />

physiologiques ou pathologiques.<br />

Les divisions cellulaires interviennent dans les circonstances suivantes:<br />

1. - CROISSANCE NORMALE<br />

Il est clair qu’elle n’est possible que grâce à la multiplication du nombre <strong>des</strong><br />

<strong>cellules</strong> présentes à la naissance ou à leur accroissement volumétrique. Ces deux<br />

processus sont souvent associés mais il n’en est pas nécessairement ainsi. Il y a <strong>des</strong><br />

lignées cellulaires dans lesquelles il n’y a pas normalement de multiplication au cours<br />

de la croissance. C’est le cas pour les neurones qui sont présents à la naissance<br />

aussi nombreux qu’à l’âge adulte; ils subissent au cours de la croissance une<br />

maturation <strong>et</strong> un accroissement volumétrique mais ne se divisent pas. De même<br />

pour le muscle strié dont les fibres augmentent de volume <strong>et</strong> de longueur sans qu’il y<br />

ait de division cellulaire.<br />

2. - MAINTIEN DE L’ORGANISME EN ÉTAT D’ÉQUILIBRE, UNE FOIS<br />

LA CROISSANCE TERMINÉE<br />

Ceci suppose l’arrêt <strong>des</strong> stimulations qui perm<strong>et</strong>taient l’accroissement du<br />

nombre <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> <strong>et</strong> une adéquation exacte entre le nombre <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> détruites<br />

au terme de leur vie normale <strong>et</strong> de celles qui viendront les remplacer. La durée de<br />

vie <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> normales est extrêmement variable selon les souches cellulaires<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-8


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

considérées; quelques jours pour les entérocytes, <strong>cellules</strong> épithéliales de la<br />

muqueuse de l’intestin grêle, quelques semaines pour les <strong>cellules</strong> sanguines. Elle est<br />

beaucoup plus longue pour les hépatocytes. La capacité de renouvellement <strong>des</strong><br />

<strong>cellules</strong> diminue avec l’âge <strong>et</strong> c’est un <strong>des</strong> facteurs de la sénescence.<br />

3. - RÉGÉNERATION TISSULAIRE<br />

La régénération perm<strong>et</strong> à l’organisme de reconstituer les éléments cellulaires<br />

détruits à la suite d’un phénomène pathologique ou physiologique (menstruation par<br />

exemple). La régénération parfaite est celle qui aboutit à la restitution d’un tissu<br />

épithélial ou d’un tissu conjonctif spécialisé absolument semblable à celui qui a été<br />

initialement détruit. La possibilité de régénération <strong>et</strong> sa qualité varient<br />

considérablement d’un organe à l’autre <strong>et</strong> d’une souche cellulaire à l’autre. Deux<br />

facteurs interviennent dans c<strong>et</strong>te régénération:<br />

• la capacité <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> spécialisées à se reproduire,<br />

• la restitution de la charpente conjonctive de l’organe. Le tissu conjonctif, en<br />

eff<strong>et</strong>, en cas de <strong>des</strong>truction tissulaire aura toujours tendance à venir combler<br />

la perte de substance. Si la régénération <strong>des</strong> éléments fonctionnels est trop<br />

lente ou impossible, ils seront remplacés par un tissu conjonctif cicatriciel.<br />

4. - POPULATIONS CELLULAIRES<br />

En fonction <strong>des</strong> capacités de renouvellement <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> <strong>et</strong> de leur aptitude à<br />

régénérer, on peut distinguer dans l’organisme trois catégories de populations<br />

cellulaires<br />

A) POPULATIONS LABILES<br />

Il s’agit de <strong>cellules</strong> qui se renouvellent rapidement comme les <strong>cellules</strong> de<br />

l’épiderme, les entérocytes ou les <strong>cellules</strong> sanguines. Si nécessaire, la régénération<br />

complète <strong>des</strong> <strong>tissus</strong> détruits se fait dans <strong>des</strong> conditions de rapidité telles que le<br />

support conjonctif soit peu modifié. Ces éléments capables de renouvellement sont<br />

bien entendu capables également de donner <strong>des</strong> lésions d’hyperplasie <strong>et</strong> de<br />

métaplasie.<br />

B) POPULATIONS STABLES<br />

Il s’agit de <strong>cellules</strong> épithéliales ou conjonctives, à durée de vie très longue dont<br />

le renouvellement est nul ou très lent à l’état normal, tels les myocytes du muscle<br />

strié, les hépatocytes, les éléments épithéliaux du rein. En cas de besoin, ces<br />

<strong>cellules</strong> peuvent récupérer leur capacité à se reproduire <strong>et</strong> les organes qu’elles<br />

constituent peuvent régénérer. C<strong>et</strong>te régénération cependant est aléatoire dans la<br />

mesure où elle peut être gravement perturbée par <strong>des</strong> modifications de la charpente<br />

conjonctive.<br />

Il n’y a pas de règle générale dans ce domaine. Le muscle strié squel<strong>et</strong>tique est<br />

susceptible d’une certaine régénération aux dépens de <strong>cellules</strong> de réserve<br />

normalement présentes dans le muscle adulte; le myocarde est dépourvu de c<strong>et</strong>te<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-9


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

capacité. Bien que les hépatocytes se divisent assez peu normalement, le foie a <strong>des</strong><br />

capacités de régénération importantes. Chez l’animal, une hépatectomie <strong>des</strong> 4/5 est<br />

suivie d’une véritable repousse de tissu hépatique complètement différencié. En<br />

<strong>pathologie</strong>, le foie est susceptible de régénérer de façon très complète en restaurant<br />

une masse hépatocytaire normale mais dont l’architecture sera parfois complètement<br />

perturbée (cirrhose). C<strong>et</strong>te capacité de régénération va de pair avec la possibilité de<br />

présenter les lésions d’hyperplasie.<br />

Pour le rein, les capacités de régénération sont moindres. L’épithélium <strong>des</strong><br />

tubes rénaux peut régénérer après une néphrite mais il n’y a pas de repousse du<br />

tissu rénal après néphrectomie partielle. On observera non pas une régénération<br />

mais une hypertrophie compensatrice.<br />

C) POPULATIONS PERMANENTES<br />

Il s’agit essentiellement <strong>des</strong> neurones qui ne se divisent pas quelles que soient<br />

les circonstances pathologiques. De ce fait, la diminution progressive du nombre <strong>des</strong><br />

neurones observés au cours de la sénescence n’est pas compensée <strong>et</strong> toute<br />

<strong>des</strong>truction pathologique <strong>des</strong> neurones entraîne un déficit définitif. La régénération<br />

que l’on peut observer au niveau du tissu nerveux est celle <strong>des</strong> prolongements<br />

cellulaires (axones ou dendrites) d’un neurone dont le corps cellulaire est intact. Ici<br />

encore, c<strong>et</strong>te régénération n’est possible qu’en l’absence d’interposition conjonctive.<br />

Il va de soit que les phénomènes d’hyperplasie <strong>et</strong> de métaplasie sont inconnus dans<br />

les <strong>tissus</strong> constitués de populations cellulaires permanentes.<br />

5. - SOUFFRANCE ET MORT CELLULAIRE<br />

Les stimulus ou les agressions qui atteignent la cellule peuvent provoquer une<br />

adaptation cellulaire ou tissulaire. Ils peuvent également altérer certains constituants<br />

cellulaires <strong>et</strong> provoquer <strong>des</strong> lésions. Lorsque celle-ci sont réversibles, on parle de<br />

souffrance cellulaire. Lorsqu’elles sont irréversibles, c’est la mort cellulaire. Lorsque<br />

c<strong>et</strong>te mort cellulaire survient au sein d’un organisme vivant la lésion peut être de<br />

deux types, nécrose <strong>et</strong> apoptose. La nécrose peut atteindre <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> isolées <strong>des</strong><br />

groupes de <strong>cellules</strong>, <strong>des</strong> <strong>tissus</strong> ou <strong>des</strong> organes entiers.<br />

A) CAUSES DE LA SOUFFRANCE ET DE LA MORT CELLULAIRE<br />

De multiples agents peuvent être responsables de lésions cellulaires <strong>et</strong> leurs<br />

mécanismes d’action à l’échelon moléculaire sont encore très imparfaitement<br />

connus. On sait cependant que l’un <strong>des</strong> facteurs les plus importants est l’anoxie ou<br />

l’hypoxie, c’est-à-dire l’arrêt ou la diminution de l’apport d’oxygène à la cellule. C<strong>et</strong>te<br />

anoxie est sans doute le biais par lequel agissent directement ou indirectement la<br />

plupart <strong>des</strong> stimuli pathogènes.<br />

La sensibilité <strong>des</strong> différentes populations cellulaires à l’hypoxie est<br />

extrêmement variable:<br />

• les neurones ne supportent pas une anoxie dépassant quelques minutes,<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-10


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

• les fibroblastes à l’inverse résistent beaucoup plus longtemps <strong>et</strong> l’on peut<br />

obtenir <strong>des</strong> cultures viables de fibroblastes à partir de <strong>cellules</strong> prélevées<br />

plusieurs heures après l’arrêt circulatoire,<br />

• les différentes autres <strong>cellules</strong> ont <strong>des</strong> sensibilités intermédiaires <strong>et</strong> variables.<br />

B) EXPRESSIONS DE LA SOUFFRANCE CELLULAIRE<br />

Une <strong>des</strong> premières conséquences d’une agression au niveau d’une cellule est<br />

la perte pour celle-ci de la capacité d’assurer l’équilibre de son bilan hydroélectrolytique.<br />

Il en résulte un oedème intra-cellulaire avec augmentation de la taille<br />

de la cellule dont le cytoplasme devient peu colorable. On appelle clarification ou<br />

tuméfaction cellulaire l’image de c<strong>et</strong> oedème intra-cellulaire. Lorsque le liquide qui<br />

se trouve en excès dans la cellule s’accumule dans <strong>des</strong> vacuoles, on parle de<br />

vacuolisation (ou dégénérescence vacuolaire). Si les vacuoles sont très<br />

volumineuses <strong>et</strong> donnent l’impression de souffler la cellule, c’est la ballonisation.<br />

Dans d’autres cas, l’expression de la souffrance cellulaire est une accumulation<br />

intra-cytoplasmique de triglycéri<strong>des</strong>. C’est ce que l’on appelle une stéatose. Ceci<br />

survient notamment dans les <strong>cellules</strong> qui utilisent ou transforment les triglycéri<strong>des</strong><br />

(<strong>cellules</strong> musculaires du myocarde, hépatocytes). Les apports de triglycéri<strong>des</strong> sont<br />

normaux mais la cellule a perdu la capacité de les utiliser <strong>et</strong> ils s’accumulent sur<br />

place. Exemple: stéatose anoxique du foie de stase sub-aiguë.<br />

C) EXPRESSION MORPHOLOGIQUE DE LA NECROSE<br />

La distinction entre lésion cellulaire réversible <strong>et</strong> lésion cellulaire irréversible est<br />

difficile. Le caractère irréversible de la lésion <strong>et</strong> la mort effective de la cellule ne<br />

peuvent être affirmés que lorsque apparaissent <strong>des</strong> images de nécrose qui<br />

traduisent un début de <strong>des</strong>truction de la cellule morte par <strong>des</strong> enzymes<br />

protéolytiques <strong>des</strong> lysosomes. Ce processus est analogue à celui de l’autolyse mais,<br />

par définition, il n’y a nécrose que lorsque la cellule morte est restée dans un<br />

environnement vivant.<br />

A la différence <strong>des</strong> lésions de souffrance cellulaire qui peuvent être visibles<br />

dans les premières minutes suivant l’agression pathogène, la nécrose n’est<br />

manifeste que plusieurs heures après la mort cellulaire. La cellule nécrosée est<br />

habituellement éosinophile car l’ARN cytoplasmique responsable de la basophilie<br />

normale disparaît rapidement.<br />

Le cytoplasme peut être homogène ou vacuolaire, ce sont les modifications du<br />

noyau qui sont les indicateurs les plus sûrs de la mort cellulaire. Au début du<br />

processus, le noyau est rétracté <strong>et</strong> réduit à une p<strong>et</strong>ite masse hyper-colorable: c’est la<br />

pycnose. C<strong>et</strong>te masse résiduelle va ensuite disparaître soit en donnant l’impression<br />

de fondre sous l’influence <strong>des</strong> DNases lysosomiales: c’est la caryolyse, soit en se<br />

fragmentant en p<strong>et</strong>ites masses éparpillées: c’est le caryorrhexis.<br />

La nécrose peut frapper <strong>des</strong> éléments cellulaires isolés. Le plus souvent en fait<br />

elle atteint un segment d’organe dans son ensemble, c’est-à-dire non seulement les<br />

<strong>cellules</strong> fonctionnelles de l’organe mais également le tissu conjonctif interstitiel avec<br />

ses <strong>cellules</strong> <strong>et</strong> ses structures fibrillaires. La mort <strong>et</strong> la lyse d’un secteur de tissu ou<br />

nécrose tissulaire peut avoir diverses expressions morphologiques qui peuvent dans<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-11


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

certains cas fournir <strong>des</strong> indications sur la cause de la nécrose:<br />

1) Nécrose de coagulation<br />

Elle aboutit dans un premier temps à la formation de fantômes cellulaires, à<br />

cytoplasme éosinophile, à noyau lysé mais dont la forme <strong>et</strong> l’agencement en tissu<br />

sont longtemps conservés en raison d’une coagulation rapide <strong>des</strong> protéines de<br />

structure. La nécrose ischémique est le prototype de ces nécroses de coagulation.<br />

L’évolution ultérieure se fait vers le détersion par les enzymes <strong>des</strong> polynucléaires.<br />

2) Nécrose de liquéfaction<br />

Il s’agit ici d’un ramollissement <strong>et</strong> d’une liquéfaction rapide du territoire nécrosé<br />

sous l’action d’enzymes protéolytiques provenant <strong>des</strong> propres <strong>cellules</strong> nécrosées ou<br />

<strong>des</strong> <strong>cellules</strong> sanguines attirées dans le foyer nécrotique. On observe ce type de<br />

nécrose dans le cas se suppuration <strong>et</strong> dans le cas de nécrose ischémique du tissu<br />

cérébral.<br />

On peut citer:<br />

3) Autres types de nécrose<br />

a) la cytostéatonécrose: nécrose du tissu adipeux sous l’influence d’une lipase<br />

agissant localement, activée en cas de <strong>pathologie</strong> pancréatique ou à la suite d’un<br />

traumatisme du tissu adipeux.<br />

b) la nécrose caséeuse dont nous reverrons l’importance à propos de la<br />

tuberculose.<br />

c) la nécrose gangreneuse qui est un exemple de sommation lésionnelle<br />

puisqu’elle est due aux eff<strong>et</strong>s combinés d’une ischémie <strong>et</strong> de germes anérobies.<br />

D) APOPTOSE<br />

Il s’agit d’un type particulier de mort cellulaire. Elle fut nommée ainsi d’après le<br />

terme grec « tombé ». C’est une mort cellulaire qui élimine les <strong>cellules</strong> indésirables<br />

par l‘activation d’une série d’étapes coordonnées, programmées, déclenchées par<br />

<strong>des</strong> gènes spécifiquement affectés à c<strong>et</strong>te tâche.<br />

Elle s’observe de façon physiologique au cours du développement<br />

embryonnaire <strong>et</strong> pour maintenir l’homéostasie <strong>des</strong> <strong>tissus</strong> adultes proliférants (par<br />

exemple les épithéliums digestifs), au cours du vieillissement, <strong>et</strong> dans <strong>des</strong><br />

circonstances pathologiques telles que les réactions immunologiques ou en réactions<br />

à d’autres types d’agression (certaines infections virales, d’autres stimuli variés<br />

administrés à faible dose…).<br />

Aspect morphologique :<br />

La cellule en apoptose est arrondie, <strong>et</strong> son cytoplasme éosinophile contient <strong>des</strong><br />

fragments de chromatine nucléaire dense. Elle peut être très difficile à reconnaître,<br />

en particulier parce que, contrairement à la nécrose, elle n’entraîne pas de réaction<br />

inflammatoire.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-12


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

En microscopie électronique, les altérations sont caractéristiques : rétraction<br />

cellulaire, condensation chromatinienne, fragmentation en corps apoptotiques.<br />

6. - ÉLÉMENTS DE PATHOLOGIE ULTRA-STRUCTURALE<br />

L’étude <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>tissus</strong> en microscopie électronique dans diverses<br />

circonstances pathologiques a permis de m<strong>et</strong>tre en évidence <strong>des</strong> modifications<br />

caractéristiques au niveau <strong>des</strong> organites intra-cellulaires ou <strong>des</strong> structures<br />

interstitielles. Selon les cas, ces lésions ont été observées au cours de maladies<br />

dans lesquelles l’examen histologique ordinaire ne montrait rien ou, plus souvent,<br />

elles ont permis de fournir une explication aux images observées en microscopie<br />

photonique.<br />

Il s’agit là d’un domaine très vaste auquel nous avons fait quelques allusions à<br />

propos de l’adaptation cellulaire <strong>et</strong> de la souffrance cellulaire: nous nous bornerons à<br />

quelques exemples:<br />

A) ACCROISSEMENT DU RETICULUM ENDOPLASMIQUE LISSE<br />

On l’observe dans les hépatocytes lors <strong>des</strong> inductions enzymatiques par<br />

exemple liées au phénobarbital. Il est d’ailleurs repérable en microscopie optique<br />

sous forme d’un aspect finement spumeux du cytoplasme.<br />

B) ACCROISSEMENT DU RETICULUM ENDOPLASMIQUE<br />

RUGUEUX<br />

Il s’observe dans les <strong>cellules</strong> ayant une activité intense de synthèse protéique.<br />

On peut observer l’accumulation de la sécrétion elle-même dans ce réticulum<br />

endoplasmique rugueux. C’est le cas pour les immunoglobulines de certains<br />

plasmocytes.<br />

C) MODIFICATIONS DES MITOCHONDRIES<br />

Mitochondries géantes dans les hépatocytes <strong>des</strong> suj<strong>et</strong>s alcooliques;<br />

multiplication <strong>des</strong> mitochondries dans les <strong>cellules</strong> <strong>des</strong> glan<strong>des</strong> endocrines ou dans<br />

les <strong>cellules</strong> du muscle strié dans le cas d’hypertrophie.<br />

D) MODIFICATIONS DES LYSOSOMES<br />

Participation <strong>des</strong> lysosomes à la digestion <strong>des</strong> particules phagocytées <strong>et</strong> à<br />

l’auto phagocytose; accumulation de <strong>substances</strong> non métabolisables dans les<br />

lysosomes dans certaines carences enzymatiques lysosomales. Ceci constitue une<br />

<strong>des</strong> causes possibles <strong>des</strong> maladies de surcharge (mucopolysaccharidoses, certaines<br />

glycogènoses, <strong>et</strong>c.).<br />

E) IDENTIFICATION D’INCLUSIONS DIVERSES,<br />

perm<strong>et</strong>tant de reconnaître la souche d’origine d’une cellule pathologique:<br />

• Granules de Bierbeck ou “ corps X ” <strong>des</strong> histiocytes de l’histiocytose X;<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-13


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

• Grains de sécrétion <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> endocrines <strong>et</strong> <strong>des</strong> tumeurs qui en dérivent;<br />

• Mélanosomes <strong>des</strong> mélanocytes peu différenciés;<br />

• Filaments intermédiaires du cytoplasme <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> <strong>des</strong> sarcomes; <strong>et</strong>c.<br />

L’immunohistochimie tend de plus en plus à se substituer à la microscopie<br />

électronique dans l’identification de certains de ces marqueurs cellulaires.<br />

F) MODIFICATIONS DU CYTO-SQUELETTE<br />

Apparition <strong>des</strong> myofilaments dans les fibroblastes au cours de la cicatrisation <strong>et</strong><br />

de la rétraction <strong>des</strong> plaies. Diverses modifications <strong>des</strong> microtubules <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

myofilaments allant de pair avec <strong>des</strong> changements de la mobilité cellulaire ou du<br />

siège <strong>des</strong> sites antigéniques à la surface <strong>des</strong> <strong>cellules</strong>.<br />

G) MODIFICATIONS DES CILS VIBRATILES<br />

Anomalies de structure de l’appareil ciliaire expliquant l’immobilité <strong>des</strong> cils,<br />

innée ou acquise, cause de certaines insuffisances respiratoires.<br />

H) L’ÉTUDE DES ÉLÉMENTS INTERSTITIELS<br />

montre également <strong>des</strong> lésions qui peuvent être caractéristiques:<br />

• modifications du type <strong>des</strong> fibres collagènes normalement présentes dans un<br />

tissu; Mise en évidence de collagène anormal;<br />

• dépôts divers au niveau <strong>des</strong> membranes basales, dans le glomérule rénal<br />

par exemple;<br />

• identification ultra-structurale <strong>des</strong> fibrilles d’amyloïde.<br />

D. - PATHOLOGIE DES SUBSTANCES INTERCELLULAIRES<br />

La <strong>pathologie</strong> <strong>des</strong> <strong>substances</strong> inter-cellulaires se traduit par <strong>des</strong> lésions<br />

observables au niveau <strong>des</strong> fibres inter-cellulaires ou <strong>des</strong> <strong>substances</strong> fondamentales.<br />

Il s’agit de modifications quantitatives ou qualitatives de ces différents éléments.<br />

Le terme de <strong>pathologie</strong> <strong>des</strong> <strong>substances</strong> inter-cellulaires est morphologique <strong>et</strong><br />

ne préjuge pas de la physio<strong>pathologie</strong> <strong>des</strong> lésions. En eff<strong>et</strong>, la cause première de<br />

ces lésions est souvent une modification fonctionnelle <strong>des</strong> <strong>cellules</strong>. Ceci est bien<br />

illustré par l’exemple du tissu conjonctif où se déroule l’essentiel de la <strong>pathologie</strong> <strong>des</strong><br />

<strong>substances</strong> inter-cellulaires. On sait que les éléments fibrillaires <strong>et</strong> la substance<br />

fondamentale du tissu conjonctif sont synthétisés par les fibroblastes <strong>et</strong> il est bien<br />

évident que les altérations <strong>des</strong> <strong>substances</strong> interstitielles ne sont souvent que la<br />

conséquence d’un fonctionnement anormal du fibroblaste. Ceci cependant n’est pas<br />

constant <strong>et</strong> la <strong>pathologie</strong> <strong>des</strong> <strong>substances</strong> interstitielles comprend également la<br />

<strong>des</strong>truction <strong>des</strong> <strong>substances</strong> fondamentales ou <strong>des</strong> fibres sous l’eff<strong>et</strong>, par exemple<br />

d’enzymes bactériens (hyaluronidase, collagénase ou élastase); elle comprend<br />

encore le dépôt de <strong>substances</strong> étrangères dans l’élaboration <strong>des</strong>quelles le fibroblaste<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-14


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

n’a aucune part.<br />

Les plus importants <strong>des</strong> processus pathologiques qui se déroulent au niveau<br />

<strong>des</strong> <strong>substances</strong> inter-cellulaires sont l’œdème, la sclérose <strong>et</strong> les dépôts de<br />

<strong>substances</strong> de nature protéique.<br />

1. - OEDÈME TISSULAIRE<br />

C’est la plus banale <strong>des</strong> lésions <strong>des</strong> <strong>substances</strong> inter-cellulaires. On définit<br />

l’œdème comme l’augmentation, macroscopiquement <strong>et</strong> histologiquement<br />

perceptible, de la quantité de liquide contenu dans les espaces interstitiels.<br />

Le liquide d’œdème provient du système vasculaire; il passe dans le tissu<br />

conjonctif dans trois circonstances étiologiques principales.<br />

A) AUGMENTATION DE LA PERMÉABILITE VASCULAIRE<br />

au niveau <strong>des</strong> capillaires <strong>et</strong> <strong>des</strong> veinules: c’est l’œdème inflammatoire; le<br />

liquide d’œdème est riche en protéines. Le terme d’exsudat est pratiquement<br />

synonyme d’œdème inflammatoire.<br />

B) AUGMENTATION DE LA PRESSSION HYDROSTATIQUE<br />

INTRA-VASCULAIRE<br />

C’est l’œdème de la congestion passive encore appelé oedème de stase; le<br />

liquide d’œdème est pauvre en protéine. Le terme de transsudat est pratiquement<br />

synonyme d’œdème de stase.<br />

C) DIMINUTION DE LA PRESSION ONCOTIQUE<br />

du plasma en cas d’hypo-protéinémie. C’est l’œdème de carence; il est pauvre<br />

en protéines.<br />

2. - SCLÉROSES<br />

Il s’agit ici encore d’une lésion d’une extrême banalité <strong>et</strong> d’une extrême<br />

importance.<br />

A l’origine, le terme de sclérose avait une signification macroscopique <strong>et</strong> on<br />

l’appliquait aux organes durs (“scléros” signifiant dur en grec). La définition est<br />

ensuite devenue histologique: la sclérose est l’accroissement du nombre ou de<br />

l’épaisseur <strong>des</strong> fibres du tissu conjonctif dans un territoire donné de celui-ci. Le terme<br />

de fibrose, employé comme synonyme de sclérose, se réfère à c<strong>et</strong>te image<br />

histologique.<br />

Le plus souvent, la sclérose est un accroissement <strong>des</strong> fibres collagènes. Cellesci<br />

peuvent être d’un ou de plusieurs <strong>des</strong> nombreux types actuellement connus, <strong>et</strong><br />

parfois différents du type normal pour l’organe où apparaît la sclérose. Il peut s’agir<br />

également d’un accroissement <strong>des</strong> fibres élastiques.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-15


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

A) CAUSES DE LA SCLÉROSE<br />

La sclérose peut être la conséquence de pratiquement n’importe quelle<br />

agression survenue au niveau du tissu conjonctif. Parmi les causes les plus<br />

importantes, on peut citer:<br />

1) Les processus inflammatoires<br />

qu’il y ait ou non perte de substance qui sera comblée par une lésion de<br />

sclérose, la persistance d’un processus inflammatoire entraîne un accroissement du<br />

tissu conjonctif. Il est très vraisemblable que les <strong>cellules</strong> endothéliales, les<br />

plaqu<strong>et</strong>tes, les lymphocytes T <strong>et</strong> les <strong>cellules</strong> de la lignée monocytaire élaborent <strong>des</strong><br />

facteurs qui stimulent la migration <strong>et</strong> la prolifération <strong>des</strong> fibroblastes, ainsi que la<br />

synthèse du collagène par les fibroblastes (facteurs de croissance tels que le<br />

TGFb<strong>et</strong>a, le PDGF, cytokines telles que l’IL1 <strong>et</strong> le TNFalpha…).<br />

2) Les processus dystrophiques<br />

peuvent être à l’origine de sclérose. Exemple: sclérose de l’intima artérielle<br />

autour <strong>des</strong> lésions d’athérome. D’une façon générale, toute <strong>des</strong>truction d’un élément<br />

cellulaire fonctionnel qui ne régénère pas sera suivie d’un accroissement<br />

compensateur <strong>des</strong> <strong>tissus</strong> conjonctifs; c’est le cas dans l’ischémie aiguë ou chronique,<br />

nous avons vu également le cas <strong>des</strong> atrophies.<br />

3) Les processus tumoraux<br />

la croissance <strong>des</strong> tumeurs maligne induit une prolifération conjonctive qui<br />

constitue le stroma. Le stroma peut être sclérosé <strong>et</strong> ceci est parfois un élément<br />

important de la séméiologie clinique. Exemple: stroma scléreux <strong>et</strong> rétractile du<br />

cancer du sein responsable de la rétraction de la tumeur <strong>et</strong> de la peau sus-jacente.<br />

Stroma scléreux <strong>des</strong> cancers infiltrants de l’estomac avec rigidité pariétale (linite<br />

plastique).<br />

B) CLASSIFICATION TOPOGRAPHIQUE DES SCLÉROSES<br />

Toute lésion de sclérose peut être caractérisée par deux <strong>des</strong> quatre adjectifs<br />

suivants: une sclérose sera soit systématisée, soit mutilante <strong>et</strong> soit localisée, soit<br />

généralisée.<br />

1) On parle de sclérose systématisée<br />

lorsque le processus de sclérose atteint la charpente conjonctive d’un organe.<br />

C<strong>et</strong>te charpente devient anormalement épaisse mais l’architecture d’ensemble reste<br />

reconnaissable, au moins lorsque le processus n’est pas trop évolué. Au niveau du<br />

poumon par exemple, la sclérose systématisée sera l’épaississement <strong>des</strong> cloisons<br />

inter-lobulaire <strong>et</strong> <strong>des</strong> cloisons inter-alvéolaires. Ce processus peut atteindre<br />

l’ensemble <strong>des</strong> deux poumons; il s’agit alors d’une sclérose systématisée<br />

généralisée. Il peut au contraire n’atteindre qu’un lobe à la suite d’une pneumopathie<br />

lobaire: il s’agira alors d’une sclérose systématisée localisée.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-16


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

Illustration vidéo du polycopié:<br />

Fibrose collagénique pulmonaire systématisée<br />

La fibrose est l’accroissement du nombre <strong>et</strong>/ou de l’épaisseur <strong>des</strong> fibres du<br />

tissu conjonctif dans un territoire donné. Ici le processus pathologique porte sur les<br />

fibres de collagène.<br />

La charpente conjonctive inter alvéolaire pulmonaire est hypertrophiée, mais<br />

l’architecture d’ensemble reste reconnaissable : il s’agit d’une fibrose systématisée.<br />

A faible grossissement le tissu examiné reste en plusieurs zones très clair. Il<br />

s’agit <strong>des</strong> espaces aériens <strong>des</strong> alvéoles pulmonaires.<br />

Dans les secteurs les plus proches de la normale, les septas inter alvéolaires<br />

apparaissent très ténus, constitués à 50% de sections capillaires. Les pneumocytes I<br />

de revêtement sont à peine visibles. Le tissu conjonctif inter alvéolaire est<br />

pratiquement invisible au microscope optique.<br />

Le diagnostic de tissu pulmonaire est confirmé par la reconnaissance <strong>des</strong><br />

axes broncho-vasculaires, associant section bronchiolaire <strong>et</strong> section d’une artériole<br />

pulmonaire.<br />

Dans les zones pathologiques <strong>des</strong> fibres de collagène colorées en jaune par le<br />

Safran élargissent par leur présence le septum inter alvéolaire.<br />

Du fait de l’interposition tissulaire ainsi créée la diffusion de l’oxygène est<br />

perturbée. Le gaz carbonique diffuse plus facilement ; le patient qui hyper ventile<br />

pourra être hypocapnique.<br />

Dans le cadre de l’alvéolite inflammatoire causale les pneumocytes<br />

membraneux, très fragiles, sont remplacés par <strong>des</strong> pneumocytes dédifférencies<br />

régénératifs d’aspect cuboïdal, créant une barrière supplémentaire à la diffusion de<br />

l’oxygène.<br />

En conclusion l’architecture générale du lobule reste perceptible dans les<br />

zones pathologiques, quoique caricaturale. C<strong>et</strong>te fibrose est dite systématisée. Le<br />

fait que c<strong>et</strong>te fibrose touche inégalement les territoires lobulaires explique que le<br />

patient a pu survivre à c<strong>et</strong> épisode, au prix probablement d’une altération de sa<br />

capacité fonctionnelle respiratoire. C<strong>et</strong>te fibrose systématisée est donc dite localisée,<br />

ici multifocale.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-17


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

2) La sclérose mutilante<br />

est l’inverse de la sclérose systématisée: elle consiste en un remplacement<br />

d’une portion d’un organe, qui aura été détruite, par un tissu conjonctif cicatriciel.<br />

C<strong>et</strong>te sclérose peut également être localisée, c’est le cas lorsque la lésion de<br />

sclérose représente l’évolution d’une lésion tuberculeuse unique du poumon. C<strong>et</strong>te<br />

sclérose mutilante peut être également généralisée; c’est le cas lorsque <strong>des</strong> lésions<br />

tuberculeuses sont multiples <strong>et</strong> disséminées aux deux poumons.<br />

C) ASPECTS ANATOMIQUES DE LA SCLÉROSE<br />

La sclérose est le résultat d’un processus de néoformation de fibres qui<br />

comporte plusieurs étapes successives. L’aspect de la sclérose varie ainsi au cours<br />

de son développement.<br />

1)<br />

Une lésion de sclérose en voie de constitution ou sclérose jeune est<br />

caractérisée macroscopiquement par un aspect tuméfié, parfois congestif <strong>et</strong> une<br />

consistance encore modérée. Histologiquement, le tissu conjonctif en cours<br />

d’élaboration est oedémateux, riche en substance fondamentale <strong>et</strong> en fibroblastes <strong>et</strong><br />

encore relativement pauvre en fibres collagènes. Il peut contenir de nombreux<br />

vaisseaux capillaires néoformés.<br />

On peut décrire morphologiquement tous les intermédiaires entre l’œdème<br />

chronique <strong>et</strong> la sclérose jeune. L’association d’un oedème important <strong>et</strong> d’une<br />

sclérose porte le nom de scléroedème.<br />

2)<br />

A l’opposé, une lésion de sclérose ancienne, fixée, est de consistance dure <strong>et</strong><br />

se présente souvent comme une zone de rétraction. Histologiquement, le tissu<br />

conjonctif est constitué de trousseaux collagènes épais contenant peu de <strong>cellules</strong> <strong>et</strong><br />

peu de vaisseaux. C<strong>et</strong>te sclérose évoluée peut se calcifier.<br />

3)<br />

Entre ces deux extrêmes s’observent tous les intermédiaires. Une lésion de<br />

sclérose ancienne évoluée est généralement fixée, irréversible, une lésion de<br />

sclérose jeune au contraire peut s’atténuer <strong>et</strong> s’appauvrir en structures fibrillaires<br />

après un stade d’accroissement passager. Il est cependant <strong>des</strong> cas où elle s’aggrave<br />

<strong>et</strong> s’étend, paraissant échapper aux mécanismes régulateurs de l’organisme. De<br />

telles scléroses extensives peuvent avoir <strong>des</strong> conséquences graves <strong>et</strong> se<br />

rapprochent de certaines tumeurs à malignité locale (cf. fibromatose).<br />

4)<br />

Dans le cas de sclérose systématisée à l’ensemble d’un organe, l’aspect<br />

macroscopique de celui-ci est variable. D’une façon générale, toute sclérose un peu<br />

évoluée se traduit par une induration de l’organe; c<strong>et</strong>te induration peut<br />

s’accompagner d’une augmentation de volume. Plus souvent, elle s’accompagne<br />

d’une diminution de volume avec rétraction d’ensemble. Exemple: p<strong>et</strong>it rein scléreux<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-18


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

de l’artériosclérose rénale.<br />

3. - DEPÔTS PATHOLOGIQUES DANS LA SUBSTANCE INTER-<br />

CELLULAIRE<br />

Les dépôts qui peuvent se produire dans la substance inter-cellulaire au cours<br />

d’un certain nombre de troubles métaboliques sont nombreux <strong>et</strong> variés.<br />

Ici, nous aurons en vue essentiellement <strong>des</strong> dépôts inter-cellulaires de<br />

<strong>substances</strong> anormales constituées dans leur totalité ou en majorité par <strong>des</strong><br />

protéines.<br />

Il s’agit de la substance fibrinoïde, de la substance hyaline <strong>et</strong> de la substance<br />

amyloïde.<br />

Les dépôts de ces trois <strong>substances</strong> ont en commun un certain nombre de<br />

caractères: la substance protéique qui se dépose dans le tissu conjonctif est<br />

composée au moins en partie de protéines sanguines qui traversent la paroi <strong>des</strong><br />

vaisseaux. Les dépôts sont donc situés dans la majorité <strong>des</strong> cas dans le tissu<br />

conjonctif de la paroi vasculaire elle-même <strong>et</strong> moins souvent dans le tissu conjonctif<br />

à distance <strong>des</strong> vaisseaux.<br />

A) DEPÔTS DE SUBSTANCE FIBRINOÏDE<br />

La définition en est purement morphologique: il s’agit de la présence au sein<br />

du tissu conjonctif d’une substance ayant l’aspect de la fibrine sur les lames colorées<br />

par l’hématéine-éosine, c’est-à-dire qu’elle est rouge, légèrement réfringente <strong>et</strong><br />

d’aspect un peu fibrillaire. L’image résulte à la fois du dépôt de substance fibrinoïde<br />

<strong>et</strong> de modifications locales du tissu conjonctif.<br />

La structure de la substance fibrinoïde est variable selon les maladies où on<br />

l’observe. Dans un certain nombre de cas, il a été démontré qu’elle était constituée<br />

de complexes immuns capables d’activer le complément <strong>et</strong> de déclencher une<br />

réaction inflammatoire. Qu’il y ait ou non réaction inflammatoire, la paroi du vaisseau<br />

ou la zone du tissu conjonctif où s’est produit le dépôt peuvent se nécroser donnant<br />

naissance à une lésion de nécrose fibrinoïde. Exemple: nodule rhumatoïde,<br />

vascularite nécrosante type périartérite noueuse ou états apparentés.<br />

B) SUBSTANCE HYALINE<br />

L’adjectif hyalin signifie vitreux; on l’emploie pour désigner les <strong>substances</strong> ou<br />

les organes réfringent <strong>et</strong> translucide (cartilage hyalin, par exemple). Il qualifie<br />

également certaines inclusions intra-cellulaires (boules hyalines, corps hyalins de<br />

Mallory).<br />

En matière de <strong>pathologie</strong> <strong>des</strong> <strong>substances</strong> inter-cellulaires, l’adjectif hyalin est<br />

employé dans deux circonstances:<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-19


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

• pour qualifier certaines scléroses dites scléroses hyalines qui sont très peu<br />

cellulaires <strong>et</strong> dans lesquelles les fibres collagènes se distinguent mal les<br />

unes <strong>des</strong> autres; la sclérose de la silicose en est un exemple classique;<br />

• pour qualifier <strong>des</strong> dépôts de <strong>substances</strong> éosinophiles <strong>et</strong> homogènes,<br />

constitués de protéines <strong>et</strong> de lipi<strong>des</strong> qui se font dans la paroi <strong>des</strong> vaisseaux<br />

artériolaires. On emploie alors souvent comme synonyme le terme de<br />

hyalinose artériolaire.<br />

La hyalinose artériolaire est une lésion fréquente. C’est une conséquence du<br />

vieillissement artériel au niveau <strong>des</strong> artérioles rénales <strong>et</strong> <strong>des</strong> artérioles spléniques.<br />

Dans c<strong>et</strong>te localisation, la lésion peut s’observer dès l’adolescence.<br />

A côté de ces phénomènes quasi-physiologiques, il y a <strong>des</strong> hyalinoses<br />

pathologiques que l’on peut observer lorsqu’il y a modification de la perméabilité<br />

artériolaire après radiothérapie <strong>et</strong> surtout dans le diabète, au cours duquel la<br />

hyalinose artériolaire est précoce <strong>et</strong> étendue.<br />

C) SUBSTANCE AMYLOÏDE<br />

A la différence <strong>des</strong> dépôts de substance fibrinoïde <strong>et</strong> de substance hyaline, les<br />

dépôts de substance amyloïde peuvent être très abondants <strong>et</strong> être la cause d’une<br />

déchéance viscérale, surtout rénale ou cardiaque, au cours de maladies qu’on<br />

appelle les amyloïdoses généralisées.<br />

1) Aspects macroscopiques <strong>des</strong> organes infiltrés de<br />

substance amyloïde<br />

ces organes sont gros, pâles, durs <strong>et</strong> élastiques, d’aspect cireux <strong>et</strong> vaguement<br />

translucide.<br />

Exemple: / rate "jambon fumé" en cas de dépôts amyloï<strong>des</strong> massifs dans la<br />

pulpe rouge splénique; / rate sagou semée de p<strong>et</strong>its grains transluci<strong>des</strong> en cas<br />

d’atteinte de la pulpe blanche. / Gros rein “vieil ivoire”. / Cœur grisâtre <strong>et</strong> rigide qui<br />

semble avoir été fixé au formol / Foie : hépatomégalie de teinte rouge orangée,<br />

lardacée, d’aspect vitreux à la coupe.<br />

2) Aspect histologique de la substance amyloïde<br />

c’est une substance anhiste <strong>et</strong> homogène, éosinophile. Elle infiltre les<br />

vaisseaux <strong>et</strong> la charpente conjonctive <strong>des</strong> organes <strong>et</strong> peut comprimer <strong>et</strong> détruire les<br />

éléments fonctionnels <strong>des</strong> parenchymes. C’est le cas, par exemple, dans le cœur<br />

dont les <strong>cellules</strong> musculaires myocardiques finissent par disparaître,<br />

progressivement étouffées, atrophiées par la compression de la substance amyloïde<br />

qui les entoure; les anses glomérulaires sont détruites de la même manière.<br />

Les p<strong>et</strong>its dépôts de substance amyloïde sont pratiquement impossibles à<br />

distinguer de dépôt de hyaline sur les colorations de routine. On utilise donc pour<br />

m<strong>et</strong>tre en évidence l’amyloïde <strong>des</strong> colorations spéciales qui sont caractéristiques,<br />

la première surtout:<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-20


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

• coloration par le rouge Congo, que l’on examinera au microscope polarisant<br />

(biréfringence jaune-vert),<br />

• coloration par la Thio flavine T, que l’on examinera au microscope à<br />

fluorescence (fluorescence verte),<br />

• coloration par le viol<strong>et</strong> de Paris, qui donnera une métachromasie pourpre.<br />

3) Constitution chimique de la substance amyloïde<br />

on a d’abord pensé que la substance amyloïde était un glucide complexe<br />

analogue à l’amidon. Il ne reste de c<strong>et</strong>te hypothèse que le nom qui lui a été donné à<br />

l’époque <strong>et</strong> que l’usage a consacré bien qu’il soit impropre.<br />

On sait actuellement qu’il existe de nombreuses <strong>substances</strong> amyloï<strong>des</strong><br />

chimiquement distinctes qui ont le même aspect histologique <strong>et</strong> le même aspect<br />

ultrastructural. Les différentes <strong>substances</strong> amyloï<strong>des</strong> ont un constituant<br />

glycoprotéique commun, le composant P, <strong>et</strong> un constituant protéique de nature<br />

variable mais dont la configuration spatiale réalise toujours un plissement de type<br />

bêta. L’aspect ultrastructural fibrillaire est lié à c<strong>et</strong>te configuration spatiale de la<br />

molécule protéique, c’est pour c<strong>et</strong>te raison que l’on a proposé de remplacer le terme<br />

d’amyloïdose par celui de béta-fibrillose.<br />

Pour qu’apparaisse une amylose généralisée, deux phénomènes interviennent:<br />

la formation, parfois en très grande quantité, d’un précurseur de la protéine de<br />

l’amyloïde <strong>et</strong> une anomalie de la dégradation de ce précurseur. Les précurseurs<br />

actuellement identifiés sont les chaînes légères d’immunoglobulines, les protéines<br />

SAA, produites en excès dans les inflammations chroniques, les pré albumines <strong>et</strong><br />

certaines hormones protéiques.<br />

4) Les cadres anatomo-cliniques <strong>des</strong> amyloï<strong>des</strong><br />

ils sont extrêmement disparates <strong>et</strong> variés mais on a pu établir <strong>des</strong> corrélations<br />

entre l’étiologie de l’amyloïdose, la topographie <strong>des</strong> dépôts <strong>et</strong> la nature chimique de<br />

la protéine amyloïde <strong>et</strong> de son précurseur. C’est la base <strong>des</strong> classifications actuelles.<br />

Les principales variétés d’amyloïdoses sont les suivantes:<br />

a) L’amyloïdose primitive (sans affection causale<br />

reconnue) <strong>et</strong> l’amyloïdose <strong>des</strong> dysglobulinémies (myélome<br />

multiple, gammapathies monoclonales)<br />

pour lesquelles les dépôts sont surtout linguaux, cutanés, digestifs <strong>et</strong><br />

cardiaques. La substance amyloïde est constituée de protéine AL (« amyloid light<br />

chain »), résultant de la dégradation de chaînes légères d’immunoglobulines.<br />

b) L’amyloïdose secondaire<br />

autrefois très fréquente dans les infections chroniques (tuberculose, syphilis,<br />

ostéomyélite chronique...) elle est devenue très rare comme celles-ci disparaissaient.<br />

On la voit encore dans la lèpre <strong>et</strong>, sous nos climats, dans la polyarthrite rhumatoïde,<br />

les colopathies inflammatoires chroniques <strong>et</strong> certains cancers (maladie de Hodgkin <strong>et</strong><br />

adénocarcinome rénal notamment). C’est une amyloïdose à topographie hépatospléno-rénale<br />

prédominante. La protéine de la substance amyloïde est la protéine<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-21


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

AA (« amyloid associated ») dont le précurseur est la SAA (« serum amyloid<br />

associated ») fabriquée par le foie.<br />

c) L’amyloïdose sénile<br />

elle est relativement fréquente chez les vieillards de plus de 80 ans. Les dépôts<br />

sont presque exclusivement cardiaques. La protéine de la substance amyloïde, dite<br />

protéine AF, dérive d’une protéine transthyrétine (fabriquée par le foie) mutante.<br />

d) Les amyloïdoses familiales<br />

il y en a plusieurs variétés. Les plus fréquentes en Europe sont l’amyloïdose de<br />

la maladie périodique, à prédominance rénale, pour laquelle le précurseur est la SAA<br />

<strong>et</strong> l’amyloïdose familiale portugaise avec neuropathie périphérique <strong>et</strong> atteinte<br />

digestive pour laquelle le précurseur est une protéine transthyr<strong>et</strong>ine mutante.<br />

e) Les amyloïdoses localisées<br />

elles n’ont pas la gravité <strong>des</strong> formes précédentes. Il s’agit tantôt de dépôts<br />

localisés de protéine AL comme dans les amyloïdoses <strong>des</strong> dysglobulinémies <strong>et</strong> tantôt<br />

de dépôts situés dans le stroma de certaines tumeurs. L’exemple le mieux étudié est<br />

celui du carcinome thyroïdien médullaire à stroma amyloïde, né <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> C qui<br />

élaborent la thyrocalcitonine; la protéine amyloïde est ici un produit de dégradation<br />

de la thyrocalcitonine.<br />

5) Diagnostic anatomo-pathologique <strong>des</strong> amyloïdoses<br />

le seul moyen que l’on ait actuellement de faire le diagnostic d’amyloïdose avec<br />

certitude est de m<strong>et</strong>tre en évidence la substance amyloïde sur une préparation<br />

histologique. Ceci peut se faire sur toutes sortes de prélèvements. En pratique, on<br />

recherche la substance amyloïde sur une biopsie de la muqueuse rectale qui est<br />

facile à faire, peu douloureuse <strong>et</strong> pratiquement sans danger, quoique peu agréable à<br />

subir. La substance amyloïde peut être présente dans la muqueuse, plus souvent<br />

elle n’est visible que dans la paroi <strong>des</strong> p<strong>et</strong>its vaisseaux de la sous-muqueuse. C’est<br />

pour c<strong>et</strong>te raison qu’il faut que la biopsie soit relativement profonde: une biopsie<br />

superficielle négative serait sans valeur.<br />

Hormis le cas d’amylose localisée ou d’amyloïdose sénile exclusivement<br />

cardiaque, la biopsie rectale a de bonnes chances d'être positive quel que soit le<br />

type anatomo-clinique de l’amyloïdose.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-22


- PATHOLOGIE DES CELLULES, DES TISSUS ET DES SUBSTANCES<br />

INTERCELLULAIRES<br />

Lame de travaux-pratiques :<br />

Amylose hépatique<br />

La substance amyloïde est riche en pepti<strong>des</strong>. Elle présente un aspect<br />

histologique univoque qui est commun à <strong>des</strong> <strong>substances</strong> de composition chimique<br />

différente. On la r<strong>et</strong>rouvera dans <strong>des</strong> contextes cliniques très variés. A ce jour, c’est<br />

l’examen histologique seul qui perm<strong>et</strong> le diagnostic positif de maladie amyloïde.<br />

On devra reconnaître une coupe histologique de foie, d’architecture générale<br />

d’ailleurs normale. A faible grossissement on repère surtout les espaces porte.<br />

Voici a un grossissement moyen les éléments architecturaux d’un espace<br />

porte. La veine porte présente la lumière la plus large ; le canal biliaire avec les<br />

noyaux <strong>des</strong> <strong>cellules</strong> biliaires bien visibles ; une ou deux sections d’artériole<br />

hépatique.<br />

A l’autre extrémité du lobule la section isolée d’une veine centro-lobulaire.<br />

Le lobule est constitué de <strong>cellules</strong> épithéliales appelées hépatocytes,<br />

disposées en travées. Les travées hépatocytaires sont séparées par les capillaires<br />

sinusoï<strong>des</strong>.<br />

Au sein du lobule les travées hépatocytaires sont dissociées par une<br />

substance extra-cellulaire qui est déposée principalement dans l’espace de Disse,<br />

c’est-à-dire entre le pôle baso-latéral <strong>des</strong> hépatocytes <strong>et</strong> la couche endothéliale<br />

bordant la lumière du capillaire sinusoïde.<br />

La substance amyloïde prend faiblement l’éosine ce qui la fait apparaître<br />

assez pâle, moins colorée en général que le cytoplasme <strong>des</strong> hépatocytes. Elle est<br />

amorphe, sans organisation interne cristalline visible à l’échelon du microscope. Elle<br />

est anhiste, c’est-à-dire qu’on ne reconnaît pas d’élément cellulaire viable en son<br />

sein. Lorsque les dépôts sont très marqués, comme ici, ils refoulent les hépatocytes<br />

qui s’atrophient par compression.<br />

Dans certaines zones lobulaires une analyse attentive perm<strong>et</strong>tra de r<strong>et</strong>rouver<br />

<strong>des</strong> p<strong>et</strong>its thrombi biliaires dans les canalicules, signalant une lésion associée<br />

secondaire de cholestase.<br />

Dans la pratique histopathologique diagnostique courante les dépôts<br />

protéiques d’amylose sont le plus souvent discr<strong>et</strong>s <strong>et</strong> doivent être authentifiés par la<br />

coloration au Rouge Congo. Les plages d’amylose prennent comme certaines autres<br />

<strong>substances</strong> ce colorant ; mais en analyse avec une source de lumière polarisée, elles<br />

sont les seules à s’éclairer en rouge <strong>et</strong> vert, selon l’angle imprimé au deuxième filtre.<br />

C<strong>et</strong>te propriété est pathognomonique de la substance amyloïde.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE II-23

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!