Canavesio, décorateur de Notre-Dame-des-Fontaines

l’édifice était bâti sur des sources intermittentes
auxquelles on attribuait un pouvoir miraculeux
lors de leurs résurgences. Une légende ancienne
voudrait que le sanctuaire ait été bâti à la suite
d’un vœu des populations, qui privées d’eau, sans
doute à la suite d'un tremblement de terre, avaient
invoqué la Vierge pour retrouver le précieux
liquide indispensable à leur quotidien.
L’état actuel du bâtiment résulte de diverses
transformations architecturales, la chapelle aurait
été agrandie dans la seconde moitié du XVe siècle
et le petit porche reposant sur pilastres fut rajouté
au début du XVIIe siècle pour permettre
d’accueillir, sur le terre-plein actuel, un plus grand
nombre de pèlerins. D’importantes modifications
touchèrent la façade occidentale : deux portes
latérales furent ouvertes en 1605 remplaçant la
porte primitive qui fut bouchée ; un oculus, percé
dans la façade pour améliorer l'éclairage intérieur,
a endommagé la fresque du Jugement dernier
réalisée à son revers.
Œuvre de collaboration, la décoration de la
chapelle est due au peintre Baleison pour le
chœur, à G. Canavesio pour le reste.
Seul le centurion qui surveilla l’exécution du
Christ se tient toujours dans l’espace à sa gauche,
mais sa déclaration de foi inscrite au-dessus de
lui, rappelle sa conversion et l’espoir, pour chaque
homme, de passer d’un camp à l’autre pour
racheter son salut.
Laissons Georges Normandy, cité par Guillaume
Boréa 3 donner sa description du saisissant Judas
pendu qui forme le panneau précédent.
La Passion du Christ est figurée en 25 panneaux
disposés en deux registres superposés sur les murs
de la nef. Chaque panneau est chronologiquement
cohérent, seul le panneau consacré à la mort de
Jésus, double en proportion, mêle des événements
se déroulant avant, pendant, et après la mort du
Christ. Dans cette scène complexe, qui juxtapose
les évènements, et où sont représentés près de
vingt cinq personnages, c’est la croix qui marque
l’axe de symétrie du tableau, groupant à la droite
du Christ les personnages remarquables et
reléguant les méchants à sa gauche.
« Le Judas pendu constitue à lui seul un
effroyable chef-d’œuvre […] il est pendu à une
branche d’olivier, le corps flottant et inerte ; mais
ses yeux convulsés, sa bouche tordue, sa langue
pendante, témoignent des dernières crispations de
l’agonie, de la torture des remords, de
l’épouvante de la damnation, l’expression de celui
qui n’a pu trouver dans la mort la paix de l’âme
est poignante jusqu’à l’horreur. Les Ecritures ont
dit « Et suspensus crepuit medius et diffusa sunt
omnia viscera ejus » aussi le ventre du disciple
félon est-il ouvert, mettant à nu ses viscères et
laissant pendre ses intestins […]. Un démon a
violé cette chair damnée, il a fouillé ses entrailles
abominables et il en extirpe avec effort l’âme
traitresse, s’arc-boutant pour sa sinistre besogne
aux flancs du misérable »
3 Boréa (Guillaume), Les fresques de Jean Canavesi au
sanctuaire de Notre-Dame-du-Fontan à La Briga in
« Annales de la Société des lettres, sciences et arts des
Alpes-Maritimes », tome 23, 1914