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Studiedag voor jonge historici – Oorlog, herinnering en erfenis Journée d’étude “jeunes historiens” – Guerres, héritages et mémoires laquelle seuls les petits collaborateurs auraient été visés et que les gros poissons seraient passés entre les mailles du filet. En l’espèce, je me rallie donc à une des conclusions de Dirk Luyten au terme de son analyse statistique de tous les jugements de collaboration économique. Les petits collaborateurs économiques qui étaient également des propag<strong>and</strong>istes actifs de l’idéologie allem<strong>and</strong>e ou, pire encore, des dénonciateurs, pouvaient néanmoins s’attendre à des peines sévères. Pourtant, l’aspect financier primait sur la dimension idéologique chez la très gr<strong>and</strong>e majorité des collaborateurs dans le cadre des jugements examinés et il y a donc surtout eu des condamnations pour fait de collaboration économique stricto sensu. Troisièmement, mon étude m’a également permis d’examiner si la répression de la collaboration économique dans le secteur du meuble et du bois dépendait uniquement de la question de la culpabilité ou les recherches confirmaient-elles l’idée générale qu’il n’y avait eu pas mal de variations dans le temps et dans l’espace dans la répression de cette <strong>for</strong>me de collaboration Ce qui est apparu, c’est que la période – avant ou après l’arrêté-loi du 25 mai 1945 – a joué un rôle important dans la fixation de la peine. Les premiers procès se sont déroulés dans un contexte de vide sociétal. Tant à Courtrai qu’à Malines, la passion de la rue a trouvé son chemin vers le tribunal. C’est surtout la presse écrite qui n’a cessé de <strong>for</strong>muler des commentaires critiques après le déroulement du procès et le prononcé du jugement. Plus l’affaire arrivait tard devant le conseil de guerre, plus il y avait de chance d’obtenir une peine atténuée. Les conseils de guerre apportaient-ils par ailleurs une dimension personnelle dans leur jugement Le lieu où se déroulait le procès avait-il une influence sur la peine finalement prononcée Dans le cadre de la Fl<strong>and</strong>re, il y avait des différences significatives : le conseil de guerre de Courtrai a, de manière générale, prononcé des peines plus sévères, le conseil de guerre de Malines acceptait plus de circonstances atténuantes et de motifs de justification. Mon étude a particulièrement mis en lumière que la poursuite et la répression de la collaboration économique était, de manière générale, avant tout une affaire flam<strong>and</strong>e. Neuf des dix dossiers de collaboration dans le secteur du meuble et du bois ont été jugés devant un conseil de guerre flam<strong>and</strong>. Mon étude démontre indubitablement que l’on a moins poursuivi en Wallonie et à Bruxelles qu’en Fl<strong>and</strong>re. Le fait que l’on aurait condamné plus sévèrement en Wallonie est une conclusion néanmoins un peu trop poussée. Le nombre de jugements francophones est très bas, ce qui n’a pas permis une comparaison pertinente. Le fait que le conseil de guerre de Bruxelles a surtout eu à traiter des dossiers de collaboration économique avec un chiffre d’affaire particulièrement élevé a été en partie confirmé. Enfin, il apparaît que la sanction pour collaboration économique dans le secteur du meuble et du bois était particulièrement élevée. Quelque 44,5 % des cas étudiés ont été sanctionnés d’une peine criminelle. Ce constat confirme l’analyse de Luyten que la peine pour fait de collaboration économique, en comparaison avec d’autres <strong>for</strong>mes de collaborations avec l’ennemi, était assez élevée. Par ailleurs, il est frappant que 15,5 % des cas aient été acquittés mais se constat s’inscrit également dans la ligne des conclusions de Luyten. Il apparaît néanmoins que certaines de ces personnes acquittées ont été déclarées civilement responsables pour les sommes, les saisies, etc. qui devaient être payées par un membre de la famille ou une société apparentée. L’acquittement pouvait donc avoir des suites amères sur le plan financier. Dernier aspect à épingler, du fait de la nature de la recherche et des sources consultées, la collaboration économique à l’intérieur du secteur du meuble et du bois a été abordée de 58
Studiedag voor jonge historici – Oorlog, herinnering en erfenis Journée d’étude “jeunes historiens” – Guerres, héritages et mémoires manière juridique et très abstraite. Il ne faut pas oublier que derrière les chiffres se trouvent des gens. Les jugements avaient non seulement des conséquences sérieuses pour les condamnés et leur famille directe mais également pour les milliers de travailleurs employés dans le secteur du meuble et bois qui se sont eux aussi retrouvés impliqués et qui avaient besoin d’un emploi y compris après la Seconde Guerre. Chaque march<strong>and</strong> de bois ou fabriquant de meuble s’est sans doute un jour posé la question : “Produire pour les Allem<strong>and</strong>s ou pas ”. 59
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