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Studiedag voor jonge historici – Oorlog, herinnering en erfenis
Journée d’étude “jeunes historiens” – Guerres, héritages et mémoires
Marc DORMAL
(ULg)
L’affaire Dombret au travers des périodiques d’in<strong>for</strong>mation
L’affaire Dombret est une bombe qui éclate en juin 1939. Au cœur de celle-ci, un homme
tient le premier rôle, Joseph Dombret (1904-1990).
Son histoire est simple : brillant officier de cavalerie, détaché à l’Institut Cartographique
Militaire, il rencontre une jeune femme, Simone Pirlot, peu avant de se marier avec une
certaine Camille Devriendt en janvier 1931. Son mariage est un désastre, il retourne dans les
bras de Pirlot dès 1936, elle devient une amante si régulière qu’il finit par emménager chez
elle. Devriendt réclame et obtient une pension alimentaire d’environ 800 francs et la prise en
charge de son loyer par son mari, soit 450 francs. Au total, près de la moitié de la solde de
l’officier est remise à Devriendt chaque mois. Or, Simone Pirlot dépense, dilapide l’avoir de
son amant, elle pour qui aucun présent n’est trop beau. Dombret commence alors à contracter
des dettes pour conserver un certain train de vie. En 1937, acculé par les créanciers, il reçoit
chez lui une lettre l’invitant à se rendre à Amsterdam où une personne pourrait lui remettre
une grosse somme d’argent, sans contrepartie. Dombret s’y rend et rencontre le capitaine
Rumpe, officier de l’Abwehr, responsable de l’espionnage allem<strong>and</strong> en Belgique et dans le
nord de la France. Celui-ci propose à l’officier belge d’importantes sommes en échange de la
transmission de plans, cartes, brochures et autres documents secrets auxquels Dombret avait
accès. Il accepte aussi tôt. De septembre 1937 à juin 1939, sa trahison lui a rapporté environ
120.000 francs. Il est arrêté suite à une erreur d’un de ses contacts allem<strong>and</strong>s qui dépose une
lettre d’instruction pour l’officier non pas dans une borne-poste mais dans la boîte aux lettres
du journal La Meuse. Envoyé comme prisonnier en Angleterre dès le début de la guerre, il en
reviendra en septembre 1944. Trois ans plus tard, il est condamné par un Conseil de guerre
aux travaux <strong>for</strong>cés à perpétuité. Cette peine sera confirmée en appel par la Cour militaire.
Ce travail présente deux aspects scientifiques particulièrement intéressants. Ainsi, je me suis
concentré sur l’image que les périodiques d’in<strong>for</strong>mation ont développée vis-à-vis de ce traître.
D’abord, l’aspect de la critique historique dans un tel travail est primordial. En effet,
nombreuses sont les erreurs ou les fautes commises par les auteurs d’articles de presse qui
s’essaient à décrire ce sujet. Dans le cadre d’un travail de séminaire de critique historique, il y
a là une matière de travail infinie pour démontrer l’intérêt de la critique de document à des
étudiants de baccalauréat. Ces diverses fautes et erreurs m’ont permis, par extension, de
m’intéresser au pouvoir énorme que détient la presse sur ses lecteurs. Les dérives de celle-ci,
dans une histoire aussi sensible qu’une affaire d’espionnage, sont presque inimaginables.
Dans plusieurs quotidiens, comme par exemple La Dernière Heure, l’historien perçoit une
volonté très nette de la part de l’auteur de l’article de noircir l’image d’un homme comme
Dombret, en aggravant les actes qui lui sont attribués, voire en en inventant de toutes pièces.
Dans une telle affaire, plusieurs quotidiens ont quitté le domaine de l’objectif vers lequel ils
sont censés tendre pour tomber dans le registre du sensationnalisme pur jus. Or, il s’agit là
d’une des rares sources d’in<strong>for</strong>mation du public qui a ainsi une vision faussée, aggravée, de
Dombret et de ses agissements. À l’époque, l’homme de la rue n’a vu en Dombret qu’un
monstre qui a trahi son pays, alors qu’aucun élément à décharge n’a jamais été rapporté par la
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