Klik hier - Centre for Historical Research and Documentation on War

Studiedag voor jonge historici – Oorlog, herinnering en erfenis
Journée d’étude “jeunes historiens” – Guerres, héritages et mémoires
Sophie DELHALLE
(ULg)
L’image de la Belgique pendant la Première Guerre mondiale
à travers les cartes postales belges et étrangères
Notre mémoire s’intitule L’image de la Belgique pendant la Première Guerre mondiale à
travers les cartes postales belges et étrangères. Le choix du sujet était pertinent car la carte
postale connaît son apogée pendant la Première Guerre mondiale et que la Première Guerre
mondiale est un moment <strong>for</strong>t dans l’histoire des représentations collectives de la Belgique à
l’étranger. Notre propos principal était de réhabiliter la carte postale comme source historique
à part entière; nous voulions clairement démontrer sa valeur scientifique et sa participation à
une certaine propag<strong>and</strong>e patriotique. L’analyse de cartes postales comme source est une
démarche très souvent écartée, voire oubliée; le domaine de la carte postale est presque
totalement délaissé en Belgique. Nous remarquons que l’intérêt pour les cartes postales est
beaucoup plus large et dynamique à l’étranger. De manière générale, la carte postale est
négligée en tant que support de propag<strong>and</strong>e efficace et véhicule puissant d’idées et d’images
<strong>for</strong>matrices de représentations dont nous sommes encore imprégnés. La carte postale participe
encore aujourd’hui à <strong>for</strong>ger notre image, notre vision de la guerre 1914-1918. Jusqu’à présent,
peu d’historiens ont osé lui attribuer le rôle qui lui revient dans cette guerre qui fut avant tout
une guerre morale où la propag<strong>and</strong>e de masse a donné toute sa mesure.
La carte postale a permis de diffuser à gr<strong>and</strong>e échelle une variété d’images de la Belgique,
imprégnées par certains “mythes” du passé (récits et fables populaires) et par les discours des
différents belligérants. En effet, la carte postale patriotique, au-delà de son apparence anodine,
est à la fois un produit de la culture de guerre et un outil efficace de propag<strong>and</strong>e; une double
identité, un croisement de deux concepts intimement liés à l’étude et à l’histoire de la Gr<strong>and</strong>e
Guerre.
La question majeure à laquelle nous avons tenté de répondre était la suivante : cartes postales
de 14-18 : miroir dé<strong>for</strong>mé ou reflet fidèle de la réalité Démonstration faite que ces images
étaient manipulées, il nous fallait tenter de comprendre dans quel but ces retouches et
photomontages étaient élaborés. Les éditeurs de cartes visent tout d’abord à se réapproprier
une illustration en la recontextualisant (par une légende erronée) ou en la modifiant (par
retouche). Le résultat final est la “création”, le montage de scènes patriotiques réalistes qui
n’ont jamais existé. Nous assistons donc à une reconstruction du réel à partir d’éléments
concrets, une véritable réécriture de l’Histoire.
Nous avons dégagé une série de gr<strong>and</strong>s thèmes relatifs à la Belgique. La famille royale est, de
loin, le thème qui a le plus attiré notre attention : chaque membre est représenté avec une
fonction ou des attributs spécifiques. Le Roi Chevalier et la Reine Infirmière sont les deux
figures majeures de cette série. La Nation apparaît sous de très nombreux aspects positifs et
négatifs; le pays agressé, puis subissant l’occupation, la Belgique martyre, les massacres, mais
aussi l’héroïsme belge… Nous proposons pour certaines catégories – lorsque les sources le
permettent – une confrontation des représentations alliée et allem<strong>and</strong>e sur le même sujet.
19