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52 LE PRIVILEGIUM FORI réclame pour les églises le jugement de leurs serfs *. Le pape Grégoire IX paraît fort soucieux de réserver à la juridiction ecclésiastique les affaires intéressant les familiers de la cour pontificale. Il fait de ce privilège une condition du rétablissement de la paix avec les Romains en 1235 '. La doctrine classique devait beaucoup en rabattre. Elle écarte délibérément les rustici ecclesiae c'est-à-dire les hommes des domaines de l'Eglise. Quant aux servieîites elle ramène sur ce point la question à celle, déjà connue, des oblats. Une exception est faite pour la. faînilia epùcopi, à qui un argument de texte permet d'attribuer les privilèges dont jouit l'évoque et par suite le prlvUegium fori \ On trouvera dans Panormitanus un excellent exposé de doctrine *. Ce pri- 1. Innocent III, vu. ep. 115. 2. « Quod omnes clerici et ecclesiastice personc, qui sunt in Urbe et extra et familie lioniini pape ac cardinalium conveniantur tantum sub judice ecclesiastico nec ad secularem trahantur ». Grégoire IX, n" 3019, 1235. 3. Voir les commentaires sur le c. 10, X, de officio archidiaconi, I, xxiu. P. ex. Hostiensis, n» 14 : « familia eodem gaudet privilegio quo et episcopus ->. Joh. Andreae, n" 15 : « familiae... qui gaudent privilegio episcopi ». Antonius de Butrio, sur le c. 2,'X, de foro competenli, II, ii : « De existentibus in familia episcopi nota quod gaudent privilegio fori ». 4. « Secunda glossa querit, qui comprehendantur liic appellatione minorum, qui non possunt distringi a judice saeculari. Respondet quod possunt comprehendi. . . ecclesiae deservientes deputati ad eius obsequium Vincentius videtur intelligere de janitoribus ecclesiarum, seu de illis minoribus, qui sunt deputati obsequio ecclesiae, ut, adveniente aetate, pronioveantur ad ordines. . . Federicus de Senis iu consiliis suis intelligit istum textum de deputatis et astrictis ecclesiiB servitio, secus secundum eum, si non esset sic astrictus, quia tune, licet incedat in habitu et tonsura et vivat inter clericos, et intersit célébration! divinorum, non gaudet privilegio ecclesiastico etiam respectu immunitatis personae Non enim videntur taies personae gaudere privilegio maxime fori, nisi sint perpetuo et eflicaciter oblati... Licet glossa in c. clericum, XI, q. 1, velit indistincte quod familia clericorum gaudeat privilegio fori. Sed, ut ibi notât Archidiaconus post alios,.. non videtur hoc habere locum in conductitiis servitoribus id est qui serviunl pro pretio. Hoc enim non reperitur jure cautum In familia vero episcopi videtur hoc spéciale ut gaudeat privilegio fori ut. . . Archidiaconus et hoc communiter tenent ibi doctores. Quid autem de rusticis ecclesiae vide glossam in c. indicadim, 89 Dist, ubi Johannes tenet quod generaliter conveniunt coram saeculari ». Panormitanus, sur le c. 2, X, de foro competenti, II, II, n» 5 et 6,
PREMIÈRE PARTIE 53 vilègeque les canonisies les plus fameux hésitent à admettre était cependant assez largement répandu en France et respecté de nos tribunaux. S'il n'est pas question de donner le privilège aux serfs et vilains des domaines ecclésiastiques, du moins les sergents au service des églises et chapitres, et quelquefois même des chanoines ut singuli^ étaient traités comme personnes ecclésiastiques. Le concile de Lillebonne de 1080 reconnaît que les chapitres normands ont la juridiction sur 'leurs serviteurs et ceux qui habitent l'aitre de l'église '. Le rapprochement du clerc, du inanupastus et de Y habilator atrii montre bien qu'il s'agit ici de la juridiction spirituelle et non de la juridiction temporelle. Si le concile vise la juridiction du chapitre et non celle de l'ordinaire, c'est que les chapitres, comme les abbayes, avaient dans une large mesure conquis l'exemption et la juridiction quasi-épiscopale. Cette prérogative donna lieu, au début du xni* siècle, à un grave conflit entre le chapitre et la commune de Rouen. Le maire ayant fait arrêter et emprisonner le serviteur d'un des chanoines, le chapitre mit l'interdit sur la ville. Le roi intervint mais les chanoines répondirent qu'ils étaient prêts à prouver devant leur ordinaire le privilège que constatait et sanctionnait le concile de Lillebonne, et que le roi de son côté pouvait faire une enquête auprès des évêques normands. Quant au maire il ne niait pas qu'en principe le chapitre eût juridiction exclusive sur ses serviteurs, mais il prétendait que ce privilège ne s'appliquait pas aux membres de la commune de Rouen. 11 fut cependant obligé de céder; l'homme arrêté fut rendu et l'interdit ne fut levé que quand le maire eiît en plein chapitre et devant les envoyés du roi gagé l'amende. 1. « Si clericus raptum fecerit vel furtum vel aliquem perçussent aut vulneraverit aut occiderit, si duellum sine licentia episcopi susceperit aut namnuni ceperit, aut assultum fecerit, aut aliquid saisierit aut incendiuni fecerit aut manupastus ejus aut habitator atrii similiter » (supple : per pecuniam emendetur, comme à la fin des canons précédents). Concile de Lillebonne, 1080, c. 19. Layettes du trésor des Chartes, I, 22, p. 27. •^
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réclame pour les églises le jugement de leurs serfs *. Le<br />
pape Grégoire IX paraît fort soucieux de réserver à la juridiction<br />
ecclésiastique les<br />
affaires intéressant les familiers de<br />
la cour pontificale. Il fait de ce privilège une condition du<br />
rétablissement de la paix avec les Romains en 1235 '.<br />
La doctrine classique devait beaucoup en rabattre. Elle<br />
écarte délibérément les rustici ecclesiae c'est-à-dire les<br />
hommes des domaines de l'Eglise. Quant aux servieîites elle<br />
ramène sur ce point la question à celle, déjà connue, des<br />
oblats. Une exception est faite pour la. faînilia epùcopi, à qui<br />
un argument de texte permet d'attribuer les privilèges dont<br />
jouit l'évoque et par suite le prlvUegium fori \ On trouvera<br />
dans Panormitanus un excellent exposé de doctrine *. Ce pri-<br />
1. Innocent III, vu. ep. 115.<br />
2. « Quod omnes clerici et ecclesiastice personc, qui sunt in Urbe et extra<br />
et familie lioniini pape ac cardinalium conveniantur tantum sub judice ecclesiastico<br />
nec ad secularem trahantur ». Grégoire IX, n" 3019, 1235.<br />
3. Voir les commentaires sur le c. 10, X, de officio archidiaconi, I, xxiu.<br />
P. ex. Hostiensis, n» 14 : « familia eodem gaudet privilegio quo et episcopus ->.<br />
Joh. Andreae, n" 15 : « familiae... qui gaudent privilegio episcopi ». Antonius<br />
de Butrio, sur le c. 2,'X, de foro competenli, II, ii : « De existentibus in<br />
familia episcopi nota quod gaudent privilegio fori ».<br />
4. « Secunda glossa querit, qui comprehendantur liic appellatione minorum,<br />
qui non possunt distringi a judice saeculari. Respondet quod possunt<br />
comprehendi. . . ecclesiae deservientes deputati ad eius obsequium<br />
Vincentius videtur intelligere de janitoribus ecclesiarum, seu de illis minoribus,<br />
qui sunt deputati obsequio ecclesiae, ut, adveniente aetate, pronioveantur<br />
ad ordines. . . Federicus de Senis iu consiliis suis intelligit istum<br />
textum de deputatis et astrictis ecclesiiB servitio, secus secundum eum, si non<br />
esset sic astrictus, quia tune, licet incedat in habitu et tonsura et vivat inter<br />
clericos, et intersit célébration! divinorum, non gaudet privilegio ecclesiastico<br />
etiam respectu immunitatis personae Non enim videntur taies<br />
personae gaudere privilegio maxime fori, nisi sint perpetuo et eflicaciter<br />
oblati... Licet glossa in c. clericum, XI, q. 1, velit indistincte quod familia<br />
clericorum gaudeat privilegio fori. Sed, ut ibi notât Archidiaconus post alios,..<br />
non videtur hoc habere locum in conductitiis servitoribus id est qui serviunl<br />
pro pretio. Hoc enim non reperitur jure cautum In familia vero episcopi<br />
videtur hoc spéciale ut gaudeat privilegio fori ut. . . Archidiaconus et hoc<br />
communiter tenent ibi doctores. Quid autem de rusticis ecclesiae vide<br />
glossam in c. indicadim, 89 Dist, ubi Johannes tenet quod generaliter conveniunt<br />
coram saeculari ». Panormitanus, sur le c. 2, X, de foro competenti,<br />
II, II, n» 5 et 6,