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DEUXIÈME PARTIE l57<br />

dégradation suivie de tradition y était encore le droit commun<br />

pour les crimes graves des clercs, les conciles prescrivant<br />

seulement aux évoques de ne pas manquer d'en faire<br />

application dans deux cas particulièrement odieux.<br />

Mais je croirais plutôt qu'il faut chercher dans une lointaine<br />

tradition juridique des raisons particulières de traiter<br />

l'empoisonnement et l'avortement comme la magie et par<br />

conséquent comme l'hérésie. Le droit germanique et le droit<br />

franc considéraient déjà comme rentrant dans la magie<br />

l'empoisonnement et l'administration de breuvages d«<br />

nature à rendre une femme stérile '. Que l'assimilation se<br />

soit maintenue dans les idées courantes, que l'on ait mal<br />

distingué entre les effets naturels et les effets magiques des<br />

potions ou poisons, il n'y a pas là de quoi s'élonner ^ C'est<br />

cette vieille notion que traduisent sans doute nos trois conciles<br />

en appliquant à l'empoisonnement et à l'avortement<br />

les<br />

peines qui de leur temps frappaient la magie.<br />

Cependant ces dispositions ne purent se maintenir à rencontre<br />

du droit canonique classique, pour qui la tradition<br />

au bras séculier était une exception rigoureusement limitée<br />

et non susceptible d'être étendue par voie d'interprétation<br />

et d'assimilation.<br />

En 1368, les métropolitains de Narbonne, Toulouse et<br />

Auch réunissaient leurs suff'ragants en un concile général<br />

tenu à Lavaur, dans la province de Toulouse. Cette assem-<br />

1. La magie dommageable que punit le droit germanique, malefieium, comprend<br />

l'empoisonnement. Lex Rib. 83. « Si quis per venenum vel per aliquod<br />

malefieium aliquem perdiderit, weregildum componat ». Lex Sal. 19. 1 titre<br />

de maleficiis. Brunner, Deutsche Rechtsgechichle, II, p. 678. On traitait de<br />

même l'administration de potions destinées à rendre une femme stérile et<br />

l'avortement, id, p. 680. Les Romains eux aussi faisaient rentrer l'emploi<br />

des moyens magiques dans la notion de venenum. Mommsen, Dirait pénal,<br />

II, p. 357.<br />

'2. On trouve d'ailleurs dans les procès d'inquisition les deux chefs d'accusation<br />

souvent joints, par exemple dans l'affaire de Hugues Géraud, évêque<br />

de Cahors. « Potiones et venena mortifera paraverint et parari fecerint et<br />

imagines cereas magicis artibus ut per earum punctionem vita eorum abbreviaretur<br />

». Supra, p. 145,

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