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94 LE PRIVILEGIUM PORI contre lé clerc dégradé, s'il n'hésitait pas à le faire dans les cas les plus graves, les discussions de Saint-Basle témoignent que bien souvent aussi on devait arrêter la procédure après l'instance ecclésiastique et se contenter pour toute peine l'internement du dégradé dans un monastère à tin de pénitence. En théorie la punition séculière est le de droit commun, en fait elle n'intervenait qu'avec discrétion. A partir du milieu du xu" siècle la pratique va suivre les évolutions de la doctrine et delà loi canoniques. Tout d'abord la règle appliquée est partout celle qui ressort du Décret de Gratien: dégradation et livraison. Mais la réaction cléricale se produit rapidement. En Angleterre, puis en Normandie, c'est l'intransigeance de Thomas Becket qui fait disparaître la vieille procédure franque et qui fait même interdire d'une manière générale par le pape toute livraison après dégradation. En France la transformation s'opéra un peu plus lentement et sans heurts aussi violents. Mais les nouveaux principes canoniques y triomphent dans la seconde moitié du xui* siècle ou au plus tard au suivant. La dégradation suivie cîe livraison au bras séculier ne constitue plus qu'une procédure exceptionnelle, dont les fort cas d'application, restreints dans la doctrine, le sont encore plus dans la pratique. Seul le clerc hérétique est encore livré. A la fin du xiv® siècle et au xv** seulement se marquent quelques velléités de réaction. Le jurisprudence séculière tente, mais assez timidement, de regagner, en utilisant les raisonnements hardis de quelques canonistes, une partie du terrain perdu. J'étudierai d'abord le conflit de Thomas Becket et de Henri II d'Angleterre, pour exposer ensuite l'évolution de la pratique française. H

CHAPITRE V LA QUERELLE DE THOMAS BEGKET ET DE HENRI H Il n'entre pas dans mon plan d'étudier le privilegium fori hors de France, mais la querelle de Thomas Becket et de Henri II a eu des conséquences trop étendues pour qu'il soit possible de la laisser de côté. On sait déjà quelle fut son influence sur la décrétale at si clerici et par là sur le développement du droit canonique général '. On verra, quand j'aurai exposé sommairement les phases du conflit et, avec plus de détails, son objet, c'est-à-dire les prétentions des deux parties, quelles furent, pour le droit public ecclésiastique d'Angleterre et de Normandie les résultats de la victoire du prélat. Le 1*"^ octobre 1163, dans un parlement tenu à Westminster, le roi Henri II énonçait ses prétentions quant aux droits de la juridiction laïque pour la répression des crimes des clercs. L'épiscopat s'y serait peut-être montré favorable sans l'influence de Thomas Becket, archevêque de Cantorbury, qui ne voulait ni admettre expressément les droits de la justice laïque, ni jurer par une formule vague et générale d'observer les anciennes coutumes du royaume. Le roi renouvela sa demande quatre mois plus tard à Clarendon (30 janvier 1164). Là Thomas faiblit et accepta de jurer l. Voir plus haut p. 22. Sur l'histoire de la querelle de Thomas Becket et de Henri II, voir Dom A. L'Huillier, Saint Thomas de Cantorbery, 1891. Les sources se trouvent recueillies dans l'ouvrage de Robertson, Materials for the hislory of Thomas Becket, 1875-1885, 9 volumes in-8».

CHAPITRE V<br />

LA QUERELLE DE THOMAS BEGKET ET DE HENRI H<br />

Il n'entre pas dans mon plan d'étudier le privilegium fori<br />

hors de France, mais la querelle de Thomas Becket et de<br />

Henri II a eu des conséquences trop étendues pour qu'il soit<br />

possible de la laisser de côté. On sait déjà quelle fut son<br />

influence sur la décrétale at si clerici et par là sur le développement<br />

du droit canonique général '. On verra, quand<br />

j'aurai exposé sommairement les phases du conflit et, avec<br />

plus de détails, son objet, c'est-à-dire les prétentions des<br />

deux parties, quelles furent, pour le droit public ecclésiastique<br />

d'Angleterre et de Normandie les résultats de la victoire<br />

du prélat.<br />

Le 1*"^ octobre 1163, dans un parlement tenu à Westminster,<br />

le roi Henri II énonçait ses prétentions quant aux<br />

droits de la juridiction laïque pour la répression des crimes<br />

des clercs. L'épiscopat s'y serait peut-être montré favorable<br />

sans l'influence<br />

de Thomas Becket, archevêque de Cantorbury,<br />

qui ne voulait ni admettre expressément les<br />

droits de<br />

la justice laïque, ni jurer par une formule vague et générale<br />

d'observer les anciennes coutumes du royaume. Le roi<br />

renouvela sa demande quatre mois plus tard à Clarendon<br />

(30 janvier 1164). Là Thomas faiblit et accepta de jurer<br />

l. Voir plus haut p. 22. Sur l'histoire de la querelle de Thomas Becket<br />

et de Henri II, voir Dom A. L'Huillier, Saint Thomas de Cantorbery, 1891.<br />

Les sources se trouvent recueillies dans l'ouvrage de Robertson, Materials<br />

for the hislory of Thomas Becket, 1875-1885, 9 volumes in-8».

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