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60 LE PRIVILEGIUM FORI
Frédol s évêque de Béziers, jugeait nécessaire
de consulter
à nouveau le Saint-Siège sur la manière de procéder à la
dégradation. La réponse de Boniface VIII, insérée au Liber
Sextus % allait donner à
l'opinion de Guillaume Durand la
consécration législative ^
La question posée portait sans doute principalement sur
la forme de la dégradation. Innocent III, dans le c. îiovimus,
avait dit qu'elle devait être célébrée, mais il n'avait pas dit
comment. Boniface VIII distingue, comme Guillaume
Durand, entre la sentence et son exécution. La sentence,
c'est la dégradation verbale, appelée aussi simple déposition,
déposition
de l'ordre et du grade. L'exécution de cette sentence,
c'est la dégradation actuelle.
La première doit être prononcée, pour les clercs majeurs,
par l'évêque diocésain assisté d'un certain nombre de ses
collègues, fixé par les canons, pour le clerc mineur, par
l'évêque seul. On voit que Boniface VIII suit aveuglément
1. Bérenger Frédol fut élu évêque de Béziers en 1294 et sacré par Célestin V
un peu avant son abdication et l'avènement de Boniface VII l. Il avait donc
toutes sortes de raisons pour ne point omettre cette décrétale dans le recueil
qu'il fut chargé par Boniface VIII de compiler. Cf. Paul Viollet, Bérenger
Frédol, Histoire litt. de la France, XXXIV, p. 68.
2. Cap. 2, degraclalio, in VI», de pwiiis, V, ix. On ne connaît pas la date de
cette décrétale, mais elle est antérieure à 1298, car elle n'a pas été spécialement
écrite pour le Liber Sextus, étant une réponse à une consultation d'évêque.
EUe se place donc entre 1294 et 1298.
3. Johannes Andreee affirme [Novella, sur ce texte) que Boniface s'est inspiré
des développements de Guillaume Durand et de François de Verceil
(1250-80). Ce dernier aurait traité la question sur la décrétale ad aposlolicœ
(c. 2, in VI°, XIV, II) par laquelle Innocent IV, au concile de Lyon de 1245,
excommuniait l'empereur et déliait ses sujets du serment de fidélité. « Et
déterminât notata per Guillelmum in Speculo de accusalione, § ii" loco,
versiculo et no. et versiculis sequentibus et § iiii° loco per toLum pairigraphum
et perFranciscum Vercellensem supra, eodem lîbro, de re Judicaln, ad aposlolicœ,
sunipta occasione a depositione imperatoris de qua ibi ». Johannes
Andresp, Novella, sur le c. 2, de pœnis. Schulte n'a trouvé aucun manuscrit
de François de Verceil, qu'il ne connaît que par Johannes Andreœ. D'autre
part il n'indique de ce canoniste qu'un apparalns sur les décrétales de
Grégoire IX. On voit qu'il avait glosé aussi les décrétales qu'Innocent IV
avait adressées après le concile de Lyon aux universités de Paris et de Bo'ogne
(Schulte, Geschichte der Quellen, II, p. 30).