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XXXVI
INTRODUCTION
Et pendant qu'en Italie la traditio curiœ trouvait une
application dans le sens même où vraisemblablement l'auteur
des Fausses Décrétales l'avait entendue, on commettait
en France le contre-sens qui l'assimilait à la livraison à la
justice séculière après dégradation. C'est ce que font deux
lettres d'Yves de Chartres.
L'évêque d'Orléans, Sanctio ou Samson, avait, suivant
l'usage, lors de son entrée solennelle dans sa ville épisco-
Vila Anselmi écrite par son successeur Rangerio, édition La Fuenle, p. 66,
citée par Gaudenzi, // lemplo délia giuslizia a Ravenna e ciBologna, Mélanges
Fitling, II, p. 712 :
Conspiratores damnât Fabianus, ut illos
in servos habeat curia perpetuo.
Quid facimus Quid consulitis Parère récusant,
Conjurant in eum qui fovet et peperit.
Tune circumstantis surgit censura coronse,
Et servos fieri consonat atque petit.
« Curia crudeles habeat *, vivantque
« et cruor illorum in caput extet eis.
« Qui fratres lacérant, Fabiani lege notentur,
« conspiratores curia possideat.
« Judœ consimiles habeantur seditiosi,
« Gregorio longus et specialis honor. »
HfEC ubi ter dictum, servos comitissa patenter
norainat et juri mancipat inde suo.
* Les mots < curia crudeles liabeat » sont une allusion au Constitutum Sylvestri, Fausses
dècrMales, p. 449, c. 5 ; « omnis curia a cruore dicitur »,
En outre, on allait chercher la traditio curiae, dès le xi^ siècle, dans le
droit romain lui-même. C'est ainsi qu'un concile de Pavie de 1022 fait application
au clerc concubinaire des dispositions de la novelle CXXIII, 14 {Epitome,
CXV, 21). Mais il les modifie en faisant de la traditio curiœ une réduction
en la servitude de l'Eglise : « Lege Justiniani... deponitur et curiee civitatis
ciijus est clericus traditur. Ecce clericos curia et servos legibus traditos
Nostrorum preesulum... dominio et protestati ubicumque inventi fuerint, mox
subicientur obnoxi » (Gaudenzi, Il templo délia Giudizia, p. 713). C'est par
extension de ce texte que l'on songera à attribuer
comme ancillse au palais
de Latran les concubines des clercs (Voir tome I, p. 44). Enfin on peut croire
que les évoques du concile de Melti (1089) avaient présent à l'esprit cette
peine de la traditio curiœ ad serviendum, quand ils disaient d'un coupable
interné dans un monastère : « in monasterium domino serviturus detrudatur
». Mansi, XX c. 727.