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170 LE PRIVLLEGIUM PORÎ
§ 5. La doctrine du xiv* siècle.
On peut résumer ainsi la situation au début du xiv* siècle :
le clerc qui garde la tonsure et l'habit, garde son privilège,
quoiqu'il fasse, sauf s'il est goliard, sauf s'il continue, après
monition, d'exercer la profession de boucher, tueur ou tavernier.
Le clerc qui abandonne habit et tonsure perd le
après triple
monition.
privilège
Il perd même son privilège ipso facto, outre le cas de
goliardise, par l'habitude des violences à main armée [enormitatibiis
se immiscens), et, suivant quelques-uns, par toute
vie absolument et définitivement laïque et contraire à l'état
clérical.
C'est dans le sens de l'indulgence, c'est-à-dire de l'exlensioa
et de la solidité du privilège clérical, que le droit canonique
a évolué au cours du xiu' siècle. C'est dans le même sens que
son évolution va continuer. La doctrine du xiv* siècle va
multiplier les efforts pour faire disparaître les cas déjà
raréfies de perte du privilège ipso facto.
Les deux premiers commentateurs du Liber Sextus sont
nets à cet égard. Pour l'Archidiacre, en dehors du cas de
goliardise, le privilège n'est jamais perdu sans la triple
monition i.
11 fallait surtout écarter la perte du privilège pour énormités,
que tous les grands canonistes du siècle précédent
avaient admise.
Johannes Andreae, dont l'autorité fut grande, enseignait
que le clerc garde son privilège entier tant qu'il
conserve la
tenue cléricale, quoiqu'il fasse. Quant à celui qui, ayant
abandonné la tonsure et l'habit, commet des énormités,
il perd bien le privilegium canonis, c'est-à-dire que celui
qui le
frappe n'encourt pas l'excommunication iatae senten-
1. « Et in hoc est novi juris editio, quia absque monitione quis non auiittebat
privilegium cléricale ». Guido de Baisio, sur les mots ipso jure, c. 1
in VI», de vita et honestate clericorum, III, i.