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PREMIÈRE PARTIE 109
Mais les évoques ne lardèreiil pas à comprendre qno leurs
efforts pour faire abroger la dccrétale seraient vains. C'est
sur un autre terrain qu'ils portèrent leur défense. Ce que le
droit commun leur i-efusait, ne pouvaient-ils le conserver à
litre de coutume diocésaine Le pape avait n(>gligé d'inscrire
dans la décrélale clerici la clause : « nonobstant loute
coutume contraire », que Grégoire X avait eu soin d'insérer
dans la décrétale altcrcationis contre les bigames. La résistance
était donc théoriquement possible, et elle fut tentée
avec succès, puisque c'est seulement à la fin du xiv^ siècle
que la justice royale condamna définitivement ces coutumes
contra jus.
Cette résistance porta sur deux points : les officialités
cherchèrent à maintenir leur compétence au civil sur tous les
clercs mariés et surtout sur les tonsurés, et leur compétence
au criminel sur les clercs mariés non tonsurés.
En 1300 les officiers royaux du Languedoc se plaignent
que l'Eglise protège indûment les clercs mariés in omnibus
causis, c'est-à-dire sans distinguer entre les affaires civiles
et les atîaires criminelles Au '. concile de Vienne la province
de Bordeaux fit connaître que les officiers royaux contraignaient
les clercs mariés cuni unica et virgine et vivant clcricaliter
à répondre devant eux en matière personnelle.
C'était réclamer pour la justice ecclésiastique la compétence
en matière civile,
que leur refusait Boniface VIII ^ Dans les
vocatione concilii goneralis, cum tamen secundum decretum Gregorii papre,
XXII dist., si qui, taies clerici conjugati stipendia etiain ab ecciesia reciperc
possent et sub ecclesiastira cssent lenondi régula ». Guillaume Durand, De
modo celebrandi (jeneralis co7icilii. P. u, t. iv.
1. Voir supra, p. i06, n 3.
2. « Provincia Burdegalensis dicit quod clericos non conjugatos et conjugatps
cum unicis et virginibiis et clericaMter viventes compellunt coram se
super personalibus actionibus respondere ». Ehrle, Ans den Ak.'en des Vienner
Conzils, p. 370. Les prélats parlent ici certainement des atîaires civiles,
caria compétence criminelle est visée séparément plus loin. Les évéques de
la province de Bordeaux avaient dû en même temps se plaindre au roi, car
celui-ci mande en 1310 aux sénéchaux de Toulouse, Périgueux, Saintes et