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104 LE PRIVILEGIUM FORT leur privilège de juridiction '. C'était déjà l'argument traditionnel. Il ne restait donc, les textes anciens étant écartés du débat, qu'à préciser quelques points d'application de la décrélalc de Bonil'ace. La condition posée expressément par le pape au maintien du privilège est le port de la tonsure et de l'habit clérical '. Ce dernier point demandait quelques précisions. L'habit clérical dont il est ici question, n'est pas bien entendu un uniforme analogue à celui des ecclésiastiques d'aujourd'hui Le clerc doit seulement être vêtu avec décence et sévérité, de vêlements longs et d'une seule couleur sombre ^ . Bien des fois papes et conciles avaient interdit aux clercs certains costumes et ornements. Le texte auquel on se réfère pendant tout le xni'' siècle est celui du quatrième coîicile de Latran \ Mais peu de temps après la décrétale de Boniface, le concile de Vienne précisa de nouveau les vêtements interdits au clerc, t^est la vestis virgata et partita, le vêtement rayé et mi-partie, le bonnet de lin (ou de soie ajoute la glose), le manteau court et fourré jusqu'au bord, les cJiausses à carreaux rouges ou vertes'. Entrent en 1. « Quomodo ergo respondebitur ad decretalein supra eodem, Joannes '! Triçlex est solutio. Prima est quod ex sola delatione tonsurae sine habilu non rctinet privile^ium. Vel ibi cuiu vidua vel corrupta contraxerat, vel aliam uxoreni habuerat. Vel, quia hoc est divinare, die tertio et verius quod de alio privilégie loquitur, et sic concordat ». Glose sur le mot declaramus, c. 1, n VI», 111, ii. 2. « Nota quod clericus conjugatus débet déferre habitum ciericalem, qui consistit in duobus, sciiicet in habitu et tonsura «. Glose sur le c. 1, in VI", 111, II, casus. 3. « Et ex hoc riolatur quod etiam clerici seculares habent certam formam vestinicntorum, quod tamen in veritate jure non cavetur expresse, sed tantum quidam colores sunt interdicti et cavetur ut portent vestes usque ad talos ». Panormitanus, sur le c. 45, X, de senlenlia éxcommunicaliohis , V, xxxix, n" 2. 4. « Clausa déférant desuper indumenta, niiiiia brevitate vel longitudine non notanda. Pannis riibeis aut viiidibus necnon manicis aut sotulariis consuliciis seu rostratis, frajuis, sellis, pectoralibus et calcaribus deauratis, aut aliam superfluitatem gerentibus non utantur ». Concile de Latrcm de 1215, c. 16. 5. Clémentine 2, de vita et honeslate clericorum, III, i. Sur le détail des
PREMIÈRE PARTIE l05 considération tous les vêtements apparents, ceux de dessous, comme ceux de dessus \ Enfin Boniface n'avait pas dit que le privilège élait perdu pour toujours pour ceux qui avaient quitté habit et tonsure. 11 restait donc loisible au clerc de reprendre la tonsure et l'habit, quand il voudrait jouir de nouveau de son privilège. C'était un point de grande importance pratique, sur lequel les docteurs étaient tous pleinement d'accord "^ § 3. — La jurisprudence séculière. La jurisprudence séculière accueillit avec faveur la décrétale et ne chercha gucres à maintenir à la compétence des prescriptions ecclésiastiques relatives au costume des clercs à notre époque, voir Thomassin, Velus et nova disciplina, I, ii, c. 50 et 51. 1. « Nota ibi, vestes, quod conjugatus clericus non soluni débet déferre habitum clericalem in veste snperiori, sed etiam in inferiori et aliis. Et istud verum. nisi illa vestis sit latens et non appareat, et in hoc ponderatur verbum vestes : alias, si sit indecentia in veste inferiori, censetur laicus et tanquam laicus potest puniri. Ideo Tholosre quidam clericus conjugatus, eo quod habebat caligas bipertitas, reputatus fuit laicus et pro crimine tanquam laicus fuit condemnatus, nam fuit laqueo suspensus ». Glose sur le c. 1, in VI", m, II, casus. 2. « Quero clericus conjugatus non defert tonsurani vcl vestes cléricales, postmodum vult resumere et gauderc privilegio clericali, numquid potest. Videtur quod non. ..., contra die saltem in casibus resumptioneni sequentibus ». Johannes Monachus, sur le c. Clerici, de clericis conjuqalis in 6", BU), nat., lat. 16901, f" 66 r°. « Et ubi prius dimisissent ferre tonsurain et habitum clericalem, si nunc volunt déferre et gaudere privilegio clérical), credo quod possunt, cTum hic dicat indistincte quod taies clerici sic conjugati talia déférentes gaudent tali privilegio ». Guido de Baisio, sur le c. 1, in VI", III, II. « Quarto quicro quid de clerico conjugale qui, prius incedens ut laicus, post tempora resumit habitum et tonsurani, numquid gaudet privilegio clérical! Videtur quod non, sufRcit enini eum semel laicalem professionem elegisse Sed contra, humanitas justœ pasnitudinis non débet auferri, il, q. 6, si qtiis libellas (Dictum suivant le c. 41). Item decretalis vult illos gaudere, si deferunt, etc. Sed iste nunc defert, ergo privilegiis illis gauiiet ». Johannes Andreœ, sur le c. 1, X, de clericis conjugalis, III, m, no 19. Covarruvias [Practicarum quœstionum cap. XXXI, n° 8) témoigne que telle était la communis opinio.
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11 restait donc loisible au clerc de reprendre la tonsure et<br />
l'habit, quand il voudrait jouir de nouveau de son privilège.<br />
C'était un point de grande importance pratique, sur lequel<br />
les docteurs étaient tous pleinement d'accord "^<br />
§ 3. — La jurisprudence séculière.<br />
La jurisprudence séculière accueillit avec faveur la décrétale<br />
et ne chercha gucres à maintenir à la compétence des<br />
prescriptions ecclésiastiques relatives au costume des clercs à notre époque,<br />
voir Thomassin, Velus et nova disciplina, I, ii, c. 50 et 51.<br />
1. « Nota ibi, vestes, quod conjugatus clericus non soluni débet déferre<br />
habitum clericalem in veste snperiori, sed etiam in inferiori et aliis. Et istud<br />
verum. nisi illa vestis sit latens et non appareat, et in hoc ponderatur verbum<br />
vestes : alias, si sit indecentia in veste inferiori, censetur laicus et<br />
tanquam laicus potest puniri. Ideo Tholosre quidam clericus conjugatus, eo<br />
quod habebat caligas bipertitas, reputatus fuit laicus et pro crimine tanquam<br />
laicus fuit condemnatus, nam fuit laqueo suspensus ». Glose sur le c. 1, in<br />
VI", m, II, casus.<br />
2. « Quero clericus conjugatus non defert tonsurani vcl vestes cléricales,<br />
postmodum vult resumere et gauderc privilegio clericali, numquid potest.<br />
Videtur quod non. ..., contra die saltem in casibus resumptioneni sequentibus<br />
». Johannes Monachus, sur le c. Clerici, de clericis conjuqalis in 6",<br />
BU), nat., lat. 16901, f" 66 r°. « Et ubi prius dimisissent ferre tonsurain et<br />
habitum clericalem, si nunc volunt déferre et gaudere privilegio clérical),<br />
credo quod possunt, cTum hic dicat indistincte quod taies clerici sic conjugati<br />
talia déférentes gaudent tali privilegio ». Guido de Baisio, sur le c. 1,<br />
in VI", III, II. « Quarto quicro quid de clerico conjugale qui, prius incedens<br />
ut laicus, post tempora resumit habitum et tonsurani, numquid gaudet privilegio<br />
clérical! Videtur quod non, sufRcit enini eum semel laicalem professionem<br />
elegisse Sed contra, humanitas justœ pasnitudinis non débet<br />
auferri, il, q. 6, si qtiis libellas (Dictum suivant le c. 41). Item decretalis vult<br />
illos gaudere, si deferunt, etc. Sed iste nunc defert, ergo privilegiis illis<br />
gauiiet ». Johannes Andreœ, sur le c. 1, X, de clericis conjugalis, III, m,<br />
no 19. Covarruvias [Practicarum quœstionum cap. XXXI, n° 8) témoigne<br />
que telle était la communis opinio.