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27 II. UNE NOUVELLE VISION DE LA PROCÉDURE CIVILE Devant de tels constats, il faut conclure qu’une intervention est nécessaire et rappeler qu’elle est possible, puisque la justice n’est pas une institution immuable. Au contraire, étant soumise à la dynamique du changement social, culturel et technologique, aujourd’hui particulièrement, la justice se redéfinit, se réoriente, se modernise. En effet, sous l’impulsion de divers organismes nationaux et supranationaux, l’administration de la justice civile et la pratique professionnelle se transforment et des assises propres au système de justice lui-même sont parfois remises en question. Ainsi, après avoir pris connaissance des tendances nouvelles exprimées dans différents rapports et travaux, le Comité présente sa vision d’une procédure civile renouvelée et fixe les objectifs qu’il poursuit dans la révision. 1. LES TENDANCES CONTEMPORAINES À l’échelle mondiale, une trentaine d’organismes voués exclusivement à la réforme du droit, telles la Commission du droit du Canada, la Conférence pour l’harmonisation des lois au Canada, l’Australian Law Reform Commission et la Law Commission for England and Wales jouent un rôle de premier plan dans l’avancement et la modernisation de la justice et leurs travaux sont facilement accessibles. Les gouvernements, la magistrature et les barreaux ainsi que certains organismes nationaux, telles l’Association du Barreau canadien et l’American Bar Association, participent également à cette démarche et y contribuent fréquemment en produisant des rapports et des études sur la justice contemporaine, parmi lesquels il faut noter le Rapport Woolf 67 , le Rapport Blair 68 , le Rapport de l’Association du Barreau canadien 69 , le Mémoire sur le rapport de la justice civile au Canada du Barreau du Québec 70 et de nombreux textes portant sur des sujets plus précis, par exemple le Rapport de la South African Law Commission sur la reconnaissance du recours collectif et l’action d’intérêt collectif en Afrique du Sud 71 . Par ailleurs, il ne faut pas oublier les travaux d’organismes supranationaux, tels la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (C.N.U.D.C.I.), la Conférence de La Haye de droit international privé, UNIDROIT et le Parlement européen, ou ceux issus de 67. LORD CHANCELLOR’S DEPARTMENT, Access to Justice – Final Report, aussi appelé Rapport Woolf, Londres, 1996, [En ligne] http://www.lcd.gov.uk/civil/finalfr.htm (Page consultée le 29 juin 2001). 68. Op. cit., note 22; voir aussi : MINISTÈRE DU PROCUREUR GÉNÉRAL, Rapport sur la révision de la justice civile, Toronto, 1995 (ce document est le premier rapport sur la révision de la justice civile en Ontario). 69. ASSOCIATION DU BARREAU CANADIEN, Rapport du groupe de travail sur les systèmes de justice civile, aussi appelé Rapport de l’Association du Barreau canadien, Ottawa, 1996. 70. BARREAU DU QUÉBEC, Mémoire sur le Rapport de la Justice civile au Canada, aussi appelé Mémoire du Barreau du Québec, Montréal, 1998. 71. SOUTH AFRICAN LAW COMMISSION, The Recognition of Class Actions and Public Interest Actions in South African Law, Pretoria, 1998, [En ligne] http://www.server.law.wits.ac.za/salc/ report/classact.pdf (Page consultée le 10 juillet 2001).

28 réflexions et d’échanges tenus lors d’événements internationaux, tel le World Congress for Procedural Law qui, en août 1999 à Vienne, s’est penché sur les conséquences de l’informatisation de la procédure civile et de l’incidence des technologies de l’information. 1.1. EN ANGLETERRE ET AU PAYS DE GALLES Ainsi, en Angleterre et au Pays de Galles, le processus de réforme de la procédure civile, engagé en 1994 par le mandat confié à Lord Woolf d’examiner l’état de la situation et de proposer les mesures de nature à modifier cette procédure en la modernisant, a été achevé avec l’adoption, en avril 1999, des nouvelles règles de procédure civile 72 . Conscient de la nécessité impérieuse de l’exercice et de son importance, le groupe de travail présidé par Lord Woolf préconisait dans son rapport final une véritable réforme de la procédure et non une simple révision superficielle. Les 303 recommandations contenues dans ce rapport touchent divers domaines de la justice civile et, dans l’ensemble, modernisent de multiples règles désuètes et rigides de la procédure. Le rapport accorde également une place importante aux technologies de l’information. Nombre de ces recommandations se démarquent radicalement de la procédure civile traditionnelle et, de l’avis même du Lord Chancellor, le ministre de la Justice, certaines d’entre elles seraient difficiles à mettre en œuvre. Néanmoins convaincu du bienfait qu’elles auraient sur le système de justice civile anglais en général, ce dernier en a favorisé l’adoption. Ainsi, non seulement la procédure civile a-t-elle été unifiée pour faire en sorte que les nouvelles règles s’appliquent autant devant la High Court que les County courts, mais également les voies procédurales ont été simplifiées. Ces nouvelles règles visent par ailleurs à créer de nouveaux équilibres entre les parties, leurs procureurs et le tribunal, à assurer une meilleure proportionnalité entre la nature de la cause et la procédure utilisée, à atténuer les effets du système contradictoire, entre autres en donnant aux tribunaux les moyens de gérer les instances, de contrôler les expertises et d’encadrer la preuve, à responsabiliser les parties et leurs avocats dans la conduite de l’instance et à instaurer des délais-cibles. Elles mettent également l’accent sur les modes amiables de règlement des litiges, les favorisent et les insèrent dans le contexte procédural. 1.2. EN FRANCE En France, le Décret n°98-1231 du 28 décembre 1998 modifiant le code de l’organisation judiciaire et le nouveau code de procédure civile 73 , entré en vigueur le 1 er mars 1999, constitue la première étape de la mise en œuvre de la réforme de la procédure civile. Les apports du décret sont nombreux. Il étend notamment le champ d’intervention du Tribunal d’instance qui statue au terme d’une procédure expéditive, orale et peu coûteuse et il simplifie la procédure. La représentation par avocat devant ce tribunal n’étant pas obligatoire, le décret étend également la liste des personnes habilitées à y représenter ou à y assister les parties. Le décret favorise le recours aux modes amiables de règlement des litiges; il prévoit aussi une procédure 72. Civil Procedure Rules 1998, S.I. 1998/3132, [En ligne] http://www.hmso.gov.uk/si/si1998/ 19983132.htm (Page consultée le 4 juillet 2001), en vigueur le 26 avril 1999. 73. J.O. 30 décembre 1998, p. 19904.

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UNE NOUVELLE VISION DE LA PROCÉDURE CIVILE<br />

Devant <strong>de</strong> tels constats, il faut conclure qu’une intervention est nécessaire et rappeler qu’elle<br />

est possible, puisque <strong>la</strong> justice n’est pas une institution immuable. Au contraire, étant soumise à<br />

<strong>la</strong> dynamique <strong>du</strong> changement social, culturel et technologique, aujourd’hui particulièrement, <strong>la</strong><br />

justice se redéfinit, se réoriente, se mo<strong>de</strong>rnise. En effet, sous l’impulsion <strong>de</strong> divers organismes<br />

nationaux et supranationaux, l’administration <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice <strong>civile</strong> et <strong>la</strong> pratique professionnelle se<br />

transforment et <strong>de</strong>s assises propres au système <strong>de</strong> justice lui-même sont parfois remises en<br />

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Ainsi, après avoir pris connaissance <strong>de</strong>s tendances nouvelles exprimées dans différents<br />

<strong>rapport</strong>s et travaux, le Comité présente sa vision d’une procé<strong>du</strong>re <strong>civile</strong> renouvelée et fixe les<br />

objectifs qu’il poursuit dans <strong>la</strong> révision.<br />

1. LES TENDANCES CONTEMPORAINES<br />

À l’échelle mondiale, une trentaine d’organismes voués exclusivement à <strong>la</strong> réforme <strong>du</strong> droit,<br />

telles <strong>la</strong> Commission <strong>du</strong> droit <strong>du</strong> Canada, <strong>la</strong> Conférence pour l’harmonisation <strong>de</strong>s lois au<br />

Canada, l’Australian Law Reform Commission et <strong>la</strong> Law Commission for Eng<strong>la</strong>nd and Wales<br />

jouent un rôle <strong>de</strong> premier p<strong>la</strong>n dans l’avancement et <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice et leurs<br />

travaux sont facilement accessibles. Les gouvernements, <strong>la</strong> magistrature et les barreaux ainsi<br />

que certains organismes nationaux, telles l’Association <strong>du</strong> Barreau canadien et l’American Bar<br />

Association, participent également à cette démarche et y contribuent fréquemment en<br />

pro<strong>du</strong>isant <strong>de</strong>s <strong>rapport</strong>s et <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sur <strong>la</strong> justice contemporaine, parmi lesquels il faut noter<br />

le Rapport Woolf 67 , le Rapport B<strong>la</strong>ir 68 , le Rapport <strong>de</strong> l’Association <strong>du</strong> Barreau canadien 69 , le<br />

Mémoire sur le <strong>rapport</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice <strong>civile</strong> au Canada <strong>du</strong> Barreau <strong>du</strong> Québec 70 et <strong>de</strong> nombreux<br />

textes portant sur <strong>de</strong>s sujets plus précis, par exemple le Rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> South African Law<br />

Commission sur <strong>la</strong> reconnaissance <strong>du</strong> recours collectif et l’action d’intérêt collectif en Afrique <strong>du</strong><br />

Sud 71 .<br />

Par ailleurs, il ne faut pas oublier les travaux d’organismes supranationaux, tels <strong>la</strong> Commission<br />

<strong>de</strong>s Nations Unies pour le droit commercial international (C.N.U.D.C.I.), <strong>la</strong> Conférence <strong>de</strong> La<br />

Haye <strong>de</strong> droit international privé, UNIDROIT et le Parlement européen, ou ceux issus <strong>de</strong><br />

67. LORD CHANCELLOR’S DEPARTMENT, Access to Justice – Final Report, aussi appelé Rapport<br />

Woolf, Londres, 1996, [En ligne] http://www.lcd.gov.uk/civil/finalfr.htm (Page consultée le 29 juin<br />

2001).<br />

68. Op. cit., note 22; voir aussi : MINISTÈRE DU PROCUREUR GÉNÉRAL, Rapport sur <strong>la</strong> révision <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> justice <strong>civile</strong>, Toronto, 1995 (ce document est le premier <strong>rapport</strong> sur <strong>la</strong> révision <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice <strong>civile</strong><br />

en Ontario).<br />

69. ASSOCIATION DU BARREAU CANADIEN, Rapport <strong>du</strong> groupe <strong>de</strong> travail sur les systèmes <strong>de</strong><br />

justice <strong>civile</strong>, aussi appelé Rapport <strong>de</strong> l’Association <strong>du</strong> Barreau canadien, Ottawa, 1996.<br />

70. BARREAU DU QUÉBEC, Mémoire sur le Rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> Justice <strong>civile</strong> au Canada, aussi appelé<br />

Mémoire <strong>du</strong> Barreau <strong>du</strong> Québec, Montréal, 1998.<br />

71. SOUTH AFRICAN LAW COMMISSION, The Recognition of C<strong>la</strong>ss Actions and Public Interest<br />

Actions in South African Law, Pretoria, 1998, [En ligne] http://www.server.<strong>la</strong>w.wits.ac.za/salc/<br />

report/c<strong>la</strong>ssact.pdf (Page consultée le 10 juillet 2001).

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