rapport du comité de révision de la procédure civile - Ministère de la ...
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Le Co<strong>de</strong> ne définit pas ce qu’est une matière non contentieuse. Cependant, le Livre VI regroupe<br />
traditionnellement <strong>de</strong>s recours qui ont <strong>de</strong>s caractéristiques particulières. Les matières non<br />
contentieuses visent principalement le droit <strong>de</strong>s personnes, qu’il s’agisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> tutelle au<br />
mineur, <strong>du</strong> régime <strong>de</strong> protection <strong>du</strong> majeur, <strong>de</strong> l’homologation d’un mandat donné en prévision<br />
<strong>de</strong> l’inaptitu<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> vente <strong>du</strong> bien d’autrui. Généralement, elles échappent au principe <strong>du</strong><br />
contradictoire, le juge ou le greffier se limitant à vérifier que <strong>la</strong> mesure sollicitée est dans l’intérêt<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> personne visée et ne porte pas atteinte aux droits <strong>de</strong>s tiers ou à l’ordre public. Il n’y a, à<br />
l’origine, ni litige ni adversaire connu ou présumé, contrairement aux recours exercés dans <strong>la</strong><br />
juridiction contentieuse. Un conflit peut toutefois éc<strong>la</strong>ter entre les personnes impliquées après<br />
l’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Le second alinéa <strong>de</strong> l’article 863.2 <strong>du</strong> Co<strong>de</strong> prévoit d’ailleurs que<br />
si le juge ou le greffier « […] constate que les observations ou les représentations faites par une<br />
partie constituent une contestation réelle <strong>du</strong> bien-fondé <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, il ordonne le renvoi <strong>du</strong><br />
dossier <strong>de</strong>vant le tribunal, aux conditions qu’il détermine ».<br />
La jurispru<strong>de</strong>nce et <strong>la</strong> doctrine sont presque unanimes à considérer que les décisions non<br />
contentieuses sont dépourvues <strong>de</strong> l’autorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose jugée 370 et que ce principe n’a pas sa<br />
p<strong>la</strong>ce en ces matières 371 . À ce propos, <strong>la</strong> Cour suprême écrivait en 1982 : « c’est un jugement<br />
<strong>de</strong> juridiction gracieuse et <strong>de</strong> tels jugements, selon <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s auteurs, n’ont pas l’autorité <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> chose jugée » 372 et, en 1991 : « pour que le jugement constitue chose jugée, il doit être<br />
conforme aux critères suivants […] : le tribunal doit avoir compétence, le jugement doit être<br />
définitif et il doit avoir été ren<strong>du</strong> en matière contentieuse » 373 . La Cour supérieure s’est d’ailleurs<br />
fondée sur ces critères, dans Barreau <strong>du</strong> Québec c. Chambre <strong>de</strong>s notaires <strong>du</strong> Québec 374 , pour<br />
qualifier <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> conjointe en séparation <strong>de</strong> corps ou en divorce <strong>de</strong> matière contentieuse 375 .<br />
La question <strong>de</strong>meure toutefois controversée et certains auteurs affirment que les concepts <strong>de</strong><br />
décision non contentieuse et d’autorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose jugée ne sont pas antinomiques 376 .<br />
Certains ont suggéré que le légis<strong>la</strong>teur définisse dans le co<strong>de</strong> <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> matière non<br />
contentieuse, comme le font d’ailleurs d’autres légis<strong>la</strong>tions. Le Comité ne voit pas l’utilité <strong>de</strong><br />
370. Comme le souligne <strong>la</strong> Commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> terminologie juridique, il ne faut pas confondre le principe<br />
<strong>de</strong> l’autorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose jugée et celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> force <strong>de</strong> chose jugée. Ce <strong>de</strong>rnier est l’« état d’un<br />
jugement qui n’est susceptible d’aucun recours, ou qui ne l’est plus parce que les recours ont été<br />
épuisés ou que les dé<strong>la</strong>is pour les exercer sont expirés » tandis que l’autorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose jugée est<br />
<strong>la</strong> « qualité attribuée par <strong>la</strong> loi à toute décision juridictionnelle re<strong>la</strong>tivement à <strong>la</strong> contestation qu’elle<br />
tranche et qui empêche, sous réserve <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> recours, que <strong>la</strong> même chose soit rejugée entre<br />
les mêmes parties dans un autre procès » : COMMISION DE TERMINOLOGIE JURIDIQUE,<br />
Vocabu<strong>la</strong>ire français-ang<strong>la</strong>is, Gouvernement <strong>du</strong> Québec, Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice, 1997, p. 12, 24.<br />
371. Gabriel BAUDRY-LACANTINERIE, Traité théorique et pratique <strong>de</strong> droit civil, 3 e éd., Des<br />
obligations, tome IV, Paris, Sirey, 1908, p. 348; François LANGELIER, Cours <strong>de</strong> droit civil <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
province <strong>de</strong> Québec, tome 4, Montréal, Wilson & Lafleur, 1908, p. 256; André NADEAU et Léo<br />
DUCHARME, Traité <strong>de</strong> droit civil <strong>du</strong> Québec, Tome 9, Montréal, Wilson & Lafleur, 1965, p. 453;<br />
André NADEAU, loc. cit., note 366, 105; Henri DE PAGE, Traité élémentaire <strong>de</strong> droit civil belge,<br />
Les obligations, tome III, Bruxelles, Bruy<strong>la</strong>nt, 1967, p. 985.<br />
372. Denis-Cossette c. Germain, précitée, note 367, 803.<br />
373. Roberge c. Bol<strong>du</strong>c, [1991] 1 R.C.S. 374, 404.<br />
374. [1992] R.J.Q. 1054 (C.S.).<br />
375. Id., 1082 et 1083.<br />
376. Dominique Le NINIVIN, La juridiction gracieuse dans le nouveau Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procé<strong>du</strong>re <strong>civile</strong>, Paris,<br />
Litec, 1983, p. 104-108.