08.01.2015 Views

AXE 1 - HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE - Iulm

AXE 1 - HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE - Iulm

AXE 1 - HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE - Iulm

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Lettres électronique — N° 3 — printemps 2005<br />

statut biblique (sa canonicité et son historicité<br />

problématiques) ou sous celui de ses divers niveaux<br />

de sens, dans les exégèses religieuses et les échos<br />

politiques que le récit a suscités dans les traditions<br />

judaïques et chrétiennes. Mais, comme l’annonce le<br />

titre même du livre, la majeure partie de l’étude est<br />

consacrée aux « échos » du récit biblique dans la<br />

littérature française – ce champ de recherche n’étant<br />

d’ailleurs pas exclusif, puisque la Judith (1840) de<br />

Friedrich Hebbel, par exemple, donne lieu à de<br />

nombreuses analyses qui révèlent bien l’inflexion<br />

fondamentale que cette pièce fait subir au mythe pour<br />

le faire entrer dans la modernité.<br />

La moindre des qualités de l’ouvrage n’est pas,<br />

dans cette exploration des prolongements littéraires<br />

du récit biblique, le choix d’une perspective diachronique,<br />

qui permet de mettre à jour le travail continu de<br />

la tension entre les invariants narratifs de l’histoire de<br />

Judith et les réappropriations ou réinterprétations<br />

successives. Jacques Poirier peut ainsi montrer le<br />

mouvement par lequel le récit biblique est devenu à<br />

proprement parler un mythe littéraire, sans négliger<br />

les interactions multiples entre l’épistémè ou les arts<br />

d’une époque et l’évolution de la représentation<br />

littéraire de Judith. Cette évolution fait apparaître alors<br />

quelques grands axes de significations du mythe :<br />

Judith perçue comme figure sainte, puis comme figure<br />

héroïque, enfin comme incarnation trouble du désir,<br />

face à un Holopherne qui, aux XIX e et XX e siècles,<br />

voit son importance narrative et symbolique s’accroître<br />

considérablement. A travers des analyses<br />

rigoureuses d’œuvres de Hebbel, de Giraudoux, de<br />

Bernstein, de Leiris et de Fernandez notamment<br />

(analyses qui n’oublient jamais les spécificités de<br />

chaque auteur et des genres littéraires concernés),<br />

l’on découvre la progressive intériorisation moderne<br />

du mythe, dont les enjeux sacrés (la relation à la<br />

transcendance divine) ou politiques (la relation à la<br />

communauté juive de Béthulie) s’effacent devant des<br />

enjeux subjectifs (la relation entre les sexes et les<br />

obscurités de la psychologie profonde).<br />

Le point d’orgue de la réappropriation du mythe est<br />

à cet égard L’Âge d’homme (1939) de Michel Leiris,<br />

que Jacques Poirier étudie à la lumière des théories<br />

psychanalytiques qu’il connaît parfaitement – on se<br />

souvient peut-être de son ouvrage Les Ecrivains français<br />

et la psychanalyse (1950-2000) aux éditions<br />

L’Harmattan en 2001. Le mythe de Judith devient<br />

chez Leiris le miroir où, à travers un jeu complexe<br />

d’identifications, se reflètent et s’approfondissent les<br />

angoisses sexuelles (la castration, dont la décollation<br />

est un équivalent selon Freud) et les pulsions<br />

suicidaires du moi. Leiris découvre donc, à travers<br />

l’histoire de Judith et d’Holopherne, son identité<br />

d’« homme blessé », qui ne peut certes fermer ses<br />

plaies par l’écriture, mais qui peut au moins les<br />

penser par l’acte littéraire.<br />

On lira avec intérêt cette étude détaillée et<br />

argumentée, qui mène le lecteur jusqu’à une interrogation<br />

ouverte sur l’expérience qui se joue dans la<br />

littérature, si tant est que, sans trop céder aux pièges<br />

de l’analogie, celle-ci puisse ne pas seulement se<br />

définir comme une « tauromachie », ainsi que le voulait<br />

Leiris, mais aussi comme une séparation et une<br />

perte (une décapitation…), ce que suggère Jacques<br />

Poirier dans la conclusion de son livre. (Compte rendu<br />

de David GALAND, Univ. Angers)<br />

POIRIER Nicolas, Castoriadis l’imaginaire radical,<br />

Paris, PUF, 2004, 152 p.,18 x 12 cm (Philosophies)<br />

ISBN 2-13-054182-8, Br., 12 €.<br />

Après avoir défendu le projet révolutionnaire d’une<br />

société auto-gérée qui s’appuyait sur une critique<br />

sans concessions de l’imposture stalinienne, Castoriadis<br />

allait rompre avec la pensée de Marx auquel il<br />

reprochait son déterminisme, pour repenser l’histoire<br />

des hommes et la possibilité de l’émancipation sociale<br />

à partir de la notion d’imaginaire créateur.<br />

QUILLIOT Roland, Philosophie de Woody Allen,<br />

Ellipses, Cinéma et Philosophie, 2004, ISBN 2-7298-<br />

1568-6, 14,5 x 19 cm, 192 p., 12,50.<br />

Woody Allen est une figure majeure non seulement<br />

du cinéma mais de la culture contemporaine.<br />

Cet ouvrage examine les figures et les thèmes qui<br />

donnent son unité au « monde mental allenien », en<br />

mettant en évidence les plus centraux d'entre eux : la<br />

question de l'identité personnelle et de la différence<br />

entre névrose et équilibre psychologique, celle de la<br />

morale, des rapports entre le réel et l'imaginaire, celle<br />

de la nature de l'art, celle enfin du sens de la vie.<br />

Roland Quilliot est professeur de philosophie à<br />

l'Université de Bourgogne.<br />

Sommaire : L'individu contemporain et ses contradictions<br />

– Itinéraire d'un illusionniste – Humour et<br />

métaphysique – Un burlesque intellectuel – Le nouveau<br />

désordre amoureux – La tentation de l’avantgardisme<br />

– Les maladies de l'identité – Anatomie de<br />

la mélancolie – Se trouver – La vie est un songe –<br />

Hésitations et fluctuations – Morale et réalisme – Les<br />

puissances de l'ombre – L'art et la vie – L'imaginaire<br />

et le réel – L'art de la comédie légère – En guise de<br />

conclusion : Woody Allen et la réalité – Filmographie –<br />

Bibliographie<br />

REMAURY Bruno, Marques et récits : la marque<br />

face à l’imaginaire culturel contemporain, Paris Institut<br />

français de la mode Regard, 2004, 127 p., 21 x 15<br />

cm, Index, ISBN 2-914863-06-3, Br., 18 €.<br />

Réflexion sur la façon dont la culture et l’imaginaire<br />

collectifs actuels participent à l’institutionnalisation de<br />

la marque. Avec une analyse de trois cas d’utilisation<br />

de récits culturels par les marques Chanel, Dior et<br />

Saint-Laurent.<br />

Association Recherche sur l’Image — DIJON 49

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!