AXE 1 - HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE - Iulm
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Lettres électronique — N° 3 — printemps 2005<br />
à nous renouveler Quelle image de l’homme et de la<br />
culture en résultent-ils <br />
Renseignements : Julien-lamy@wanadoo.fr ou<br />
dapraezcarpe@hotmail.com<br />
Colloque international La pensée mythique.<br />
Figures, méthodes, pratiques, 6-7-8/10/2005, à<br />
Lyon, 10-11-12/10/2005 à Bruxelles. Comité organisateur<br />
: Lambros COULOUBARISTIS, ULB, Baudouin<br />
DECHARNEUX, ULB, Pierre SOMVILLE, Univ.<br />
Louvain-la-Neuve, Bruno PINCHARD, Univ. Jean-<br />
Moulin Lyon3, Jean-Jacques WUNENBURGER, Univ.<br />
Jean Moulin Lyon3<br />
L’Université Jean-Moulin-Lyon3 et l’Université libre<br />
de Bruxelles ont décidé, dans le cadre d’un projet<br />
européen, d’unir leurs efforts pour proposer un état<br />
des lieux, le plus complet possible, sur la pensée<br />
mythique dans le débat contemporain. Au moment où<br />
l’on parle d’une crise de la science en général, et des<br />
sciences humaines en particulier, où l’on constate<br />
aussi un « retour » du religieux dans le monde alors<br />
même que dans le discours philosophique on assiste<br />
à l’effacement de la question de Dieu, il semble utile<br />
de s’interroger sur la spécificité de la pensée mythique.<br />
Au lendemain des grandes crises de la rationalité<br />
qui ont traversé le siècle précédent et au vu de<br />
la difficulté d’analyser les rapports de la pensée<br />
mythique et de la pensée religieuse, il devient urgent<br />
de réfléchir sur le statut d’une rationalité élargie.<br />
Il ne s’agit pas pour nous de proposer une restauration<br />
aveugle d’un mode de penser dont les Anciens<br />
avaient déjà montré les limites face aux possibilités<br />
ouvertes par la rationalité, à condition qu’elle se place<br />
à l’articulation du visible et de l’invisible. Il n’en apparaît<br />
pas moins que la pensée mythique, même reconnue<br />
dans sa dépendance à l’égard du concept, demeure<br />
à la fois un principe constituant de la psychè<br />
des modernes et le fond sur lequel la raison trace ses<br />
esquisses systématiques. C’est d’elle, comme d’une<br />
force originaire, que nous tirons les analogies qui sont<br />
à l’œuvre dans toute tentative de saisie intellective de<br />
la vie cosmique.<br />
Nous prendrons donc pour point de départ ce moment<br />
où la conscience, sans renoncer à sa puissance<br />
de vérité, a dû reconnaître les forces à l’œuvre dans<br />
le sens commun des sociétés et dans les désirs<br />
impensés des individus. Une telle entreprise est<br />
toujours une marque de confiance dans la raison. De<br />
même que, par le passé, la conciliation de la foi et de<br />
la raison était le signe d’une nouvelle maturité de la<br />
raison face au monde de la croyance, l’affrontement<br />
concerté de l’intelligence et du monde magique<br />
constitue la plus belle preuve de confiance dans la<br />
raison que nous puissions manifester devant l’histoire<br />
de la pensée européenne. Loin de nous satisfaire<br />
d’une raison traquée, nous cherchons une raison qui<br />
mobilise tout son effort de clarification pour comprendre<br />
ce qui perturbe la cohérence de ses principes.<br />
Ainsi devient-elle concrète par la masse des<br />
faits à laquelle elle se mesure et dont elle devient<br />
l’Hermès circulateur.<br />
Depuis qu’elle se sont reconnues dans le grand<br />
Récit du Big Bang, les sciences exactes ne dédaignent<br />
plus les esquisses mythologiques de<br />
l’intelligibilité. Cela ne retire rien au caractère péremptoire<br />
de la preuve mathématique, mais signifie à<br />
tout le moins que la mathématique ne peut se<br />
contenter d’une vocation prédictive et quantitative,<br />
mais doit valoir aussi par l’élégance de ses explications<br />
et la puissance synthétique de son herméneutique.<br />
Un principe sinon de finalité, à tout le moins<br />
d’économie peut jouer dans ce domaine qui reconquiert<br />
ainsi une dimension qualitative. Ce serait en<br />
conséquence un paradoxe non seulement surprenant,<br />
mais ruineux pour la connaissance des Modernes,<br />
que les sciences dite « humaines » dont elles s’honorent<br />
oublient cette leçon de liberté et doivent se<br />
contenter d’un archivage informatisé selon des<br />
modèles mécanistes. C’est là que la question d’une<br />
philosophie du mythe devient une tâche décisive pour<br />
la pensée.<br />
Forts de ces constats, nous ne pouvons que faire<br />
nôtre le jugement que formulait Yves Bonnefoy, il y a<br />
quelques années, à l’orée de son Dictionnaire des<br />
mythologies : « La mythologie nous apparaît de plus<br />
en plus clairement un des grands aspects de notre<br />
relation à nous-mêmes, autant qu’une idée du monde<br />
et de l’environnement terrestre qui fut assurément<br />
bénéfique : à ce titre, il nous faut élaborer un bilan,<br />
évidemment provisoire, des découvertes que notre<br />
siècle a précipitées dans les divers chapitres de la<br />
réflexion sur le mythe. » Il nous revient aujourd’hui<br />
d’évaluer le statut et le rôle du mythe dans la société<br />
et dans la culture en dépit du triomphe des sciences<br />
et des techniques. Le moment semble aujourd’hui<br />
propice pour proposer quelques lignes de force susceptibles<br />
d’ordonner l’énorme documentation anthropologique<br />
rassemblée depuis le XIX è s.<br />
En effet, au XIX e siècle, les problématiques dominantes<br />
dans l’étude des mythes, liées d’une façon<br />
indissociable au religieux et soumises à l’approche<br />
comparatiste, portaient d’abord sur la proximité ou<br />
l’éloignement de l’homme à l’égard du Dieu ou des<br />
dieux, ensuite, sur le sens de l’émergence du monothéisme<br />
et, enfin, sur l’antériorité du mythe ou du rite.<br />
Par contre, au XX e s., la question du mythe en tant<br />
que mythe a pu être posée d’une façon directe, mais<br />
pour aussitôt multiplier les propositions et les confusions.<br />
Celles-ci se sont révélées d’une façon spectaculaire<br />
dans l’opposition entre l’idée que le mythe<br />
serait compris comme mythe par tout le monde et<br />
celle qui considère qu’il n’existerait pas un genre<br />
autonome qu’on pourrait qualifier de « mythe ». Si la<br />
première perspective suppose une précompréhension<br />
du mythe, la seconde révèle que la multiplicité de<br />
Association Recherche sur l’Image — DIJON 31