AXE 1 - HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE - Iulm
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Lettres électronique — N° 3 — printemps 2005<br />
C’est ainsi que le mythos pourrait bien nous donner<br />
à penser, quand le logos nous inviterait à rêver.<br />
Bien sûr, l’inverse est tout aussi juste.<br />
C’est dans ce nœud qu’il conviendra de partager le<br />
projet de ce colloque et de situer nos échanges. Non<br />
pas réconcilier le mythe et la raison et montrer qu’ils<br />
marchent d’un même pas, une sorte de politiquement<br />
correct dans ces temps d’idéologies épistémologiques<br />
qui s’affrontent, mais essayer de les enchevêtrer,<br />
dans des hiérarchies qui, s’inversant perpétuellement,<br />
renouvelleraient et le mythe (ou plutôt ce que l’on en<br />
entend et le regard que l’on porte sur lui et qu’il génère<br />
en nous) et le discours dit savant.<br />
En l’occurrence, le discours savant dont il s’agit est<br />
celui de l’éducation. On dira que ce n’est pas tout à<br />
fait par hasard, si, parmi ces sciences dites humaines,<br />
ce sont celles qui ont pour objet l’éducation qui tentent<br />
l’expérience, dans une voie ouverte par l’anthropologie<br />
et une certaine psychanalyse. Car, s’il fallait les<br />
définir, dans leur acception actuelle de sciences de<br />
l’éducation, elles se définiraient par leur absence/<br />
multiplicité de disciplines de référence. L’éducation<br />
est affaire (alphabétiquement, et pour essayer de<br />
repérer des disciplines) biologique, cognitive, communicationnelle,<br />
culturelle, économique, géographique,<br />
historique, philosophique, physiologique, politique,<br />
psychanalytique, psychologique, sociale... Parions<br />
que cette multidisciplinarité les prédispose à une<br />
variété de systèmes référentiels qui les rend sensibles<br />
aux enjeux d’unicité et de pluralité que mythos et<br />
logos traduisent. Elles tentent, autant qu’elles le<br />
peuvent, et avec difficulté, de tisser des liens entre<br />
ces différentes disciplines, pour des théorisations qui<br />
ne soient pas trop mutilantes et réductrices de<br />
l’homme et des hommes s’apprenant. De là à ce<br />
qu’elles soient dans une perspective totalitaire, celle<br />
qui prétendrait avoir tout relié, tissé et compris, il<br />
pourrait bien n’y avoir qu’un pas.<br />
Ce pas ne sera pas franchi tant qu’elles n’oublieront<br />
pas le tout petit mais tellement énorme « se »<br />
qui précède « apprenant », qui leur interdit à jamais<br />
de pouvoir prétendre avoir fait le tour de la question.<br />
Elles proposent donc des interprétations des phénomènes,<br />
faits, situations d’éducation qu’elles travaillent<br />
avec méthode(s), dont aucun sens final et définitif ne<br />
saura jamais être posé, tant que ce petit « se » les<br />
travaillera. Ce qui les situe aussi, selon le type de<br />
discours scientifique qu’elles produisent, dans des<br />
référentiels épistémologiques différents, dont l’adhésion<br />
ou non au principe logique du tiers exclu pourrait<br />
être aujourd’hui la ligne de démarcation visible.<br />
Si l’on veut bien voir le mythe comme un logos qui<br />
à la fois viole et ne viole pas ce principe (sa violence<br />
actualise de la séparation et, donc, de l’identité, sans<br />
pour autant actualiser la non-contradiction, à travers<br />
l’ambivalence toujours tenue des personnages et des<br />
symboles), on peut alors envisager que le passage<br />
par le mythe pour penser l’éducation lui permettra<br />
peut-être de commencer à construire un nouveau<br />
référentiel épistémologique, plus propre à son identité<br />
singulière multiréférentielle. Comme mythos est dans<br />
logos et logos dans mythos, il y sera question d’investir<br />
les contradictions comme autant de potentialités<br />
de sens (ici éducatifs), étayage potentiel des logiques<br />
paradoxales, toujours susceptibles d’engendrer leur<br />
contraire. Elles laissent ainsi délibérément indécidable<br />
et incontrôlable, tant par le chercheur que par l’éducateur,<br />
le petit « se » qui est en jeu, celui de l’autre et<br />
le sien propre.<br />
Contrairement aux fables, le mythe est une histoire<br />
vraie, en ce sens qu’« il décrit […] l’irruption du sacré<br />
qui fonde réellement le Monde et qui le fait tel qu’il est<br />
aujourd’hui. Plus encore : c’est à la suite des interventions<br />
des Etres Surnaturels que l’homme est ce<br />
qu’il est aujourd’hui, un être mortel, sexué et culturel<br />
». « Parce que les mythes grecs encodent les<br />
conflits biologiques et sociaux primitifs de l’histoire de<br />
l’humanité, ils survivent dans la mémoire et la reconnaissance<br />
collectives comme un vivant héritage.<br />
Nous revenons à eux comme à nos racines psychiques.<br />
» Le caractère contradictoire de l’être même,<br />
dans son universalité, se trouve mis en acte, mis en<br />
jeu, mis en scène dans la tragédie, particulièrement<br />
dans chaque « figure » tragique. Ce particulier de<br />
l’universel, et, réciproquement, l’universel « ontologique<br />
» de chaque personnage tragique, nous atteint<br />
nous, lecteur du XXI e siècle, parce que le mythe a<br />
cette particularité de transcender l’histoire particulière,<br />
généalogiquement particulière de chaque pièce, pour<br />
atteindre chacun. A la fois il nous atteint hors contexte<br />
et nous permet de re-penser nos sensibilités et nos<br />
connaissances dans leur contexte actuel.<br />
C’est le nouage de l’imaginaire et du symbolique<br />
incarné dans des êtres non-réels, qui, peut-être, contribue<br />
à nous construire dans notre réalité vibrante.<br />
Défini par Lévi-Strauss comme la succession de ses<br />
récits, nous revenons à lui pour, à notre tour et dans<br />
notre propre actualité scientifique et morale de<br />
l’éducation, l’ouvrir à notre sens à partager, contester,<br />
développer, afin qu’il nous ouvre à notre sens méditant<br />
comme laborieux, au service d’une pensée de<br />
l’éducation entendue comme humanisation.<br />
C’est donc ce nouage que nous tenterons d’explorer<br />
dans les situations éducatives rencontrées sur les<br />
terrains de la formation et de l’éducation, et c’est à<br />
cette herméneutique que seront ainsi conviés les<br />
participants appelés eux mêmes à être ainsi pourvoyeurs<br />
de sens. Le triptyque pratique/théorie/mythe<br />
sera ainsi exploré dans les différentes dimensions de<br />
la recherche et de la pratique : épistémologie, visées,<br />
concepts, méthodes… (Frédérique LERB<strong>ET</strong>-SERENI)<br />
Programme<br />
Lundi 11 juillet : 9h. accueil à l’IFORIS<br />
9 h 30 : conférence plénière introductive, Frédérique<br />
LERB<strong>ET</strong> SERENI, UPPA-PAF, Mythe et Education.<br />
10 h 30 : débat et pause.<br />
Association Recherche sur l’Image — DIJON 3