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Juin 2014<br />

Besançon,<br />

un tramway autrement


Le 30 août, l’agglomération de Besançon inaugurera sa<br />

ligne de tramway dans les temps et dans l’enveloppe<br />

financière prévue. Retour sur un projet exemplaire.<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

Interview :<br />

Jean-Louis Fousseret, Président du Grand Besançon et maire de Besançon<br />

« Fier d’avoir été à l’origine d’une<br />

nouvelle génération de tramways »<br />

Jean-Louis Fousseret, Président<br />

du Grand Besançon et maire de Besançon<br />

Dans le cadre d’une ville moyenne,<br />

pourquoi avoir choisi un tramway<br />

plutôt qu’un BHNS <br />

La réponse est simple : c’est un problème<br />

de capacité. Le BHNS est intéressant,<br />

sauf que le nombre de places n’est pas<br />

extensible. Pour Besançon, cela pouvait<br />

passer à horizon de quatre ou cinq ans,<br />

pas plus. Au-delà, il n’y avait plus suffisamment<br />

de capacité – sauf à augmenter<br />

la fréquence, ce qui veut dire rajouter des<br />

bus, et donc des chauffeurs. Or, on sait<br />

que les conducteurs représentent 70 %<br />

des coûts d’exploitation. Le BHNS avait<br />

donc une capacité trop limitée, alors<br />

qu’un tramway comme celui qu’on a<br />

choisi, est dimensionné pour 130 places.<br />

Mais lorsqu’on le passera à 36 m, on sera<br />

à 220 places. C’est-à-dire qu’on pourra en<br />

gros doubler la capacité du système sans<br />

rien changer à l’infrastructure, sans toucher<br />

aux installations, sans ajouter un<br />

seul conducteur.<br />

Par ailleurs, lorsqu’on est dans un tramway,<br />

on n’a pas forcément le sentiment<br />

d’être dans un transport en commun. Le<br />

BHNS, malgré toutes ses qualités reste<br />

tout de même un bus ! Alors qu’un tramway<br />

est un mode de transport résolument<br />

tourné vers l’avenir et la modernité.<br />

C’est électrique, plus calme, plus silencieux,<br />

cela démarre et freine plus doucement.<br />

C’est plus convivial.<br />

Troisième élément : le BHNS reste sur<br />

pneu. Or, nous sommes dans une ville où<br />

il peut y avoir de la neige et du verglas.<br />

Dans ce cas, on arrête tout. Alors qu’un<br />

tramway, lorsqu’il y a 5 cm de neige,il<br />

roule.<br />

Ensuite, un argument à plus long terme :<br />

le BHNS ne permet pas d’évoluer vers le<br />

tram-train. Mon rêve, c’est que demain on<br />

2 TRANSPORT PUBLIC - JUIN 2014


BESANÇON<br />

puisse proposer aux usagers de monter<br />

dans un tram-train au centre-ville et<br />

d’être connectés au réseau SNCF interurbain.<br />

La solution tramway permet<br />

donc de préparer l’avenir. Avec l’arrivée<br />

du tram en 2014, le réseau Ginko va gagner<br />

28 % de fréquentation, pour atteindre<br />

117.000 voyages par jour (contre<br />

91.000 aujourd’hui), dont près de la moitié<br />

(45.000 voyageurs par jour à la mise<br />

en service) sera assurée en tramway.<br />

Au-delà, quelle différence y a-t-il entre un<br />

BHNS et un tramway Pour un BHNS, il<br />

faut dévier les réseaux ; le tramway aussi.<br />

Pour un BHNS, il faut faire des stations<br />

adaptées ; le trawmay aussi. Il faut un système<br />

d’information voyageur ; le tramway<br />

aussi. Au final, le surcoût n’est pas si important.<br />

J’ai vu, chez certains de mes homologues,<br />

des BHNS à 12 ou 13 millions<br />

du kilomètre, alors que nous on est à<br />

moins de 17 millions d’euros. Il y a bien un<br />

écart, mais il n’est pas très grand. De plus,<br />

il conviendrait de rapporter ces ratios à la<br />

longévité des systèmes : 15 ans pour le<br />

BHNS et 30 à 40 ans pour le tramway.<br />

Attention, je ne suis pas un obsédé du<br />

tramway ! Tout cela est d’abord une question<br />

de capacité. Nous allons d’ailleurs<br />

faire une autre ligne de transport en site<br />

propre, à un endroit où il y a beaucoup<br />

moins de monde, et ce sera du bus.<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

L’un de vos objectifs était de réaliser<br />

un tramway en maîtrisant au<br />

maximum les coûts. Avez-vous réussi <br />

Oui. À l’époque, quand j’ai posé les<br />

conditions, certains ont dit que c’était<br />

impossible. D’autres on dit que c’était<br />

possible… Au final, nous avons créé un<br />

tramway d’un nouveau genre, optimisé<br />

avec des aménagements qualitatifs et un<br />

design apprécié par les habitants. Au niveau<br />

budgétaire surtout, là où l’on nous<br />

prédisait une explosion du coût du projet<br />

aux conséquences inévitables sur<br />

l’imposition des ménages, l’Agglomération<br />

a su respecter à la lettre ses engagements.<br />

Le tram de Besançon n’aura<br />

finalement bien coûté que 228 millions<br />

d’euros (valeur 2008).<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

Vous êtes l’une des premières<br />

collectivités à avoir choisi un tramway<br />

de la marque espagnole CAF. Était-ce<br />

un choix difficile à faire <br />

Non, cela ne me pose aucun problème. Il<br />

faut être cohérent. Nous sommes un pays<br />

qui exporte beaucoup – plusieurs grandes<br />

villes espagnoles sont équipées avec des<br />

tramways fabriqués par un constructeur<br />

français. Alors, je ne vois pas pourquoi on<br />

irait, nous, vendre des tramways en Espagne<br />

et interdire aux Espagnols de venir<br />

en vendre chez nous.<br />

D’autre part, je précise que notre tramway<br />

« espagnol » est assemblé à Bagnères-de-<br />

Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées. Il est<br />

donc fabriqué par des ouvriers français.<br />

TRANSPORT PUBLIC - JUIN 2014<br />

3


En plus, je dois rappeler que le principal<br />

constructeur français, auquel je m’étais<br />

adressé, m’a répondu : « Monsieur le Maire,<br />

un tramway de 23 mètres, ça n’existe pas ».<br />

Ils n’avaient en rayon que des tramways de<br />

34 mètres. J’ai choisi de maintenir les exigences<br />

du cahier des charges auxquelles le<br />

constructeur CAF a répondu.<br />

Ceci dit, ce grand industriel français n’est<br />

pas fâché contre moi puisqu’il fabrique<br />

désormais aussi des tramways courts. Ce<br />

constructeur le reconnaît lui-même, la<br />

démarche de Besançon a ouvert la porte<br />

à de nouvelles perspectives en mettant<br />

sur le marché, de nouvelles générations<br />

de tramways, intéressant les agglomérations<br />

de taille moyenne.<br />

Vous avez donc prouvé que l’on<br />

pouvait faire un tramway pas trop<br />

cher, mais répond-t-il vraiment aux<br />

exigences de la ville de demain <br />

Oui. Les défis majeurs que représentait<br />

ce projet ont été brillamment relevés. Au<br />

niveau du calendrier d’abord, puisque la<br />

mise en service interviendra le 1er septembre<br />

2014, avec 9 mois d’avance par<br />

rapport au calendrier initial. Au niveau<br />

urbain surtout. En desservant les sites<br />

majeurs de l’Agglomération dont 3 quartiers<br />

en renouvellement urbain (Planoise,<br />

Brûlard et Palente-Orchamps), un écoquartier<br />

(Les Vaîtes), un centre commercial<br />

ainsi que le centre historique de<br />

Besançon et les grands équipements régionaux<br />

(Pôle Santé, l’Université, le<br />

CHRU, le futur Institut Régional Fédératif<br />

du Cancer, la Gare), le tramway est au<br />

cœur de notre politique d’aménagement<br />

et de développement durable. La vague<br />

de modernité que le tram engendre est<br />

déjà palpable, tant les projets publics ou<br />

privés se portent sur les zones qui, à présent<br />

desservies par le tram, sont attractives<br />

et elles-mêmes prometteuses : c’est<br />

le cas de la périphérie aux Marnières et,<br />

en cœur de ville à St Jacques.<br />

En prenant le contre-pied des pratiques<br />

en usage, Besançon a ouvert la porte à<br />

une réflexion de fond sur les besoins<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

réels, tant en termes d’aménagement que<br />

de matériel roulant réellement nécessaires<br />

pour mener à bien un tel projet. Je<br />

suis fier d’avoir été à l’origine de cette<br />

nouvelle génération de tramways, un<br />

tramway moins coûteux (moins de<br />

17 millions d’euros le kilomètre) mais<br />

tout aussi performant.<br />

Et plus fier encore que Besançon reste une<br />

référence en transport… Comme c’était le<br />

cas dès 1974 où nous innovions déjà en<br />

mettant en place les premières zones piétonnes.<br />

40 ans après, Besançon sait encore<br />

innover et conserver son avance en devenant<br />

un modèle pour d’autres villes<br />

moyennes en Europe en matière de mobilité<br />

avec « le tram autrement ».<br />

On m’avait dit que j’étais fou de lancer<br />

tout cela avec des travaux prévus en<br />

pleine période électorale. Mais vous<br />

voyez… les élections sont passées, et je<br />

suis toujours là ! Le rôle d’un élu local<br />

comme moi est de préparer l’avenir et la<br />

compétitivité de l’Agglomération qui a un<br />

énorme potentiel. Je souhaite inscrire<br />

Besançon dans une nouvelle ère de développement<br />

avec le nouveau réseau de<br />

transport bus+tram. Construire la ville<br />

de demain autour de sa mobilité et non<br />

l’inverse, comme c’était le cas en France,<br />

ces dernières décennies.<br />

©Jean-Cyril Daenekyndt<br />

4 TRANSPORT PUBLIC - JUIN 2014


BESANÇON<br />

Coûts maîtrisés :<br />

les secrets d’une réussite<br />

Un tramway à coûts maîtrisés ne<br />

veut, en aucun cas, dire un tramway<br />

au rabais. C’est ce que l’on<br />

se dit lorsqu’on parcourt à pied les rives<br />

du Doubs, lorsque, sur le nouveau balcon<br />

piéton aménagé au bord de la rivière,<br />

on voit passer les rames bleues<br />

flambant neuves, lorsque, en s’éloignant<br />

de l’hyper-centre, on longe la plate-forme<br />

végétalisée couverte de fleurs… Si le<br />

tram de Besançon restera dans les mémoires<br />

parce qu’il a coûté étonnamment<br />

peu cher, il serait injuste de n’en retenir<br />

que cela. Trait d’union entre les différents<br />

quartiers de la ville, outil d’urbanisation,<br />

acteur majeur du renouvellement des<br />

transports de l’agglomération… le nouveau<br />

tramway, le long de ses 14,5 km, est<br />

tout cela à la fois.<br />

La mobilité,<br />

ADN de Besançon<br />

L’une des premières spécificités de cette<br />

ligne est qu’elle est bâtie dans une ville de<br />

taille moyenne. Le temps n’est plus où le<br />

tramway était réservé aux métropoles.<br />

Avec ses 170 000 habitants, l'Agglomération<br />

de Besançon a quand même fait le<br />

choix du fer, parce que les élus ont plus<br />

raisonné en termes de densité qu’en<br />

termes de taille : « Ce qui compte, explique<br />

Pascal Gudefin, directeur du projet<br />

Tramway, c’est le nombre d’habitants<br />

desservis plus que la taille de la ville. Et<br />

de ce point de vue, nous sommes dans les<br />

mêmes ratios que les grandes villes. »<br />

Besançon a, en matière de mobilité, une<br />

longue histoire et beaucoup d’expérience.<br />

Elle fait même partie, selon Pascal<br />

Gudefin, « de l’ADN de la ville,<br />

depuis quarante ans ». Quarante ans,<br />

c’est 1974 – lorsque le maire de la ville a<br />

décidé de transformer la route nationale<br />

Nancy-Lausanne, qui traverse la ville, en<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

voie piétonne. Et ce, bien avant que les<br />

zones de rencontres ou les aires sans<br />

voiture deviennent à la mode. Désormais,<br />

l’accès à l’hyper-centre se ferait en<br />

bus, et non en voiture. C’est ce qui fait,<br />

rappellent les élus, que le réseau de bus<br />

de Besançon a été le plus performant du<br />

pays dans les années 1980.<br />

Le revers de la médaille, c’est que le centre-ville<br />

s’est peu à peu retrouvé saturé<br />

en bus : « Il y a eu jusqu’à 1500 bus par<br />

jour dans les rues du centre-ville historique,<br />

se souvient Pascal Gudefin. Le réseau<br />

de bus a peu à peu perdu de son<br />

attractivité, sa vitesse commerciale a<br />

décliné, passant de 18 à 17,5, puis<br />

17 km/h. Il a fallu proposer des solutions<br />

aux élus pour redonner du souffle<br />

à ce réseau. »<br />

Les grandes décisions sont intervenues<br />

à partir de 2001, c’est-à-dire au moment<br />

de la création de la communauté d’agglomération<br />

regroupant 59 communes.<br />

L’agglomération prend la compétence<br />

transport et, dès le début, a en tête de<br />

créer une nouvelle ligne structurante de<br />

TCSP. BHNS, trolley, tramway… toutes<br />

les options ont été mises sur la table.<br />

Avec une préoccupation constante : décider<br />

d’un budget, et s’y tenir.<br />

Chaque décision pesée<br />

Après plusieurs années d’études, en<br />

2008, l’agglomération arrête un budget,<br />

correspondant à ses capacités financières<br />

: 228 millions d’euros – plus ou<br />

moins 5 %. Un quart d’autofinancement,<br />

grâce à une provision constituée depuis<br />

2006 sur le versement transport, un<br />

quart de subventions diverses (dont une<br />

trentaine de millions de l’État), et la moitié<br />

par emprunt, remboursé par une augmentation<br />

du VT.<br />

« Les élus ont clairement fait le choix<br />

que ce serait une somme maximale, ex-<br />

TRANSPORT PUBLIC - JUIN 2014<br />

5


BESANÇON<br />

plique le directeur de projet. Ils n’ont<br />

pas décidé de faire un tramway à tout<br />

prix. Ils ont souhaité le tramway, mais<br />

en disant : si ce n’est techniquement pas<br />

possible de faire à tramway à ce prix-là,<br />

on fera du BHNS. »<br />

Dès lors, tout a été fait, des études<br />

jusqu’à la fin du chantier, pour rester<br />

dans ce budget. Avec un succès certain,<br />

puisqu’à la veille de l’inauguration, le<br />

surplus éventuel de 5 % n’a pas été<br />

consommé.<br />

Ce challenge a été réussi, avant tout,<br />

grâce à la volonté politique des élus. Il a<br />

fallu faire des choix, et ils ont été faits –<br />

sans jamais pourtant sacrifier l’aspect<br />

qualitatif du projet. Chaque décision a<br />

été pesée selon un critère financier, pour<br />

éviter le superflu, repenser les processus,<br />

traquer les doublons. Alors qu’il est<br />

souvent d’usage de refaire un centre de<br />

remisage et de maintenance neuf qui soit<br />

commun aux tramways et aux bus, la<br />

collectivité estime que cela n’a aucun caractère<br />

de nécessité, garde l’ancien centre<br />

de remisage bus et n’en bâtit un que<br />

pour les tramways.<br />

Dans une ville dont le centre est déjà en<br />

soi une œuvre d’art (entièrement classée<br />

et inscrite au patrimoine mondial de<br />

l’Unesco), les élus décident de se passer<br />

de bâtir autour du tramway une œuvre<br />

d’art supplémentaire. De même, ils font<br />

le choix de ne pas réaliser de très importantes<br />

dépenses de foncier pour racheter<br />

et raser des bâtiments. Le<br />

tramway occupe l’espace public précédemment<br />

dévolu à la voiture – assumant<br />

le fait que le tramway est là pour prendre<br />

des parts modales à la voiture.<br />

Rompre avec<br />

les routines<br />

Mais c’est sur la manière de gérer les<br />

études et le chantier lui-même que les<br />

décisions les plus innovantes ont été<br />

prises. D’abord, les élus décident de se<br />

passer de mandataire, et de discuter en<br />

direct avec les maîtres d’œuvres – ce qui<br />

a réprésenté « une réelle prise de<br />

risque », selon Pascal Gudefin, mais a<br />

généré une économie de 10 millions<br />

d’euros. Le Grand Besançon assume<br />

donc la maîtrise d’ouvrage, avec Systra<br />

comme assistant à maîtrise d’ouvrage et<br />

comme maîtres d’œuvres : Egis, Atelier<br />

Ville et Paysages, Reichen & Robert pour<br />

les infrastructures et les aménagements ;<br />

Systra pour la LAC et l’Energie et, DRLW<br />

pour le Centre de Maintenance. À partir<br />

de là, pas questions de se contenter des<br />

solutions toutes faites : « Nous les avons<br />

prévenus que nous allions les embêter,<br />

©Jean-Cyril Daenekyndt<br />

raconte le directeur de la mission tramway,<br />

contester leurs solutions, remettre<br />

en cause ce qu’ils avaient fait ailleurs. »<br />

Une forme d’émulation qui a amené les<br />

partenaires de l’agglomération à inventer<br />

et proposer des solutions plus économiques.<br />

Exemple Une solution de<br />

rames monocabine est proposée, plus<br />

capacitaire, mais, par nature, non réversible.<br />

Ce qui aurait supposé de lourds<br />

travaux pour permettre le rebroussement<br />

des rames. L’agglomération dit<br />

non.<br />

L’un des exemples les plus intéressants<br />

est celui des sous-stations électriques.<br />

La norme habituelle, pour une ligne de<br />

cette taille, est de 10 à 12 stations – à un<br />

million d’euros l’unité. Les responsables<br />

de l’agglomération demandent alors s’il<br />

n’est pas possible d’en installer moins.<br />

« Impossible ! Nous ont, à l’époque, répondu<br />

les maitres d’œuvres. Si une<br />

sous-station tombe en panne, tout est<br />

bloqué. Nous leur avons demandé de refaire<br />

les simulations. Finalement, ils<br />

sont tombés à sept. Et s’il y a une<br />

panne Ils nous ont répondu qu’à sept<br />

sous-stations, il n’y aurait pas de blocage.<br />

Le réseau électrique continuerait<br />

à suffisamment alimenter le tramway.<br />

Le premier chiffre qui avait été donné<br />

était seulement le résultat d’une pratique<br />

antérieure qui n’avait jamais été<br />

remise en cause. »<br />

Partenaires « proactifs »<br />

Avec les entreprises qui ont été chargées<br />

du chantier, les élus ont également souhaité<br />

mettre en place un dialogue permanent.<br />

Ils ont, là encore, demandé aux<br />

entreprises de bousculer les idées reçues,<br />

de proposer des solutions alternatives<br />

et des variantes – à condition que<br />

ces variantes soient systématiquement<br />

moins chères.<br />

La ligne a été divisée en deux lots de<br />

7 km, et il a été demandé aux entreprises<br />

de se grouper – chaque groupement devant<br />

effectuer, pour 45 millions d’euros<br />

chacun, les travaux de terrassement et<br />

d’infrastructure, la pose des rails et<br />

6 TRANSPORT PUBLIC - JUIN 2014


BESANÇON<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

d’éclairage public. Le découpage de ces<br />

lots a été imaginé pour représenter une<br />

masse critique assez importante pour intéresser<br />

les entreprises et faire jouer la<br />

concurrence. La LAC, l’énergie, les ouvrages<br />

d’art, les espaces verts et la SLT,<br />

ont fait l’objet de marchés séparés.<br />

« Nous avons aussi largement bénéficié,<br />

reconnaît Pascal Gudefin, de l’expérience<br />

des autres villes qui sont passées avant<br />

nous. » En matière de déplacement des<br />

réseaux, par exemple. On l’ignore souvent,<br />

mais la loi impose que les travaux<br />

soient pris en charge à 100% par les<br />

concessionnaires – aussi bien pour l’eau<br />

que pour le gaz, l’électricité ou le téléphone.<br />

« Or souvent, les concessionnaires<br />

prennent leur temps, négocient,<br />

et finissent pas amener les collectivités à<br />

transiger et à prendre à leur charge 20<br />

ou 30 % des coûts. » Le Grand Besançon<br />

s’y est refusé, et n’a pas transigé. « Non<br />

seulement nous leur avons dit que tous<br />

les travaux seraient à leur charge, mais<br />

nous leur avons imposé de se regrouper<br />

pour faire les travaux et de faire, rue<br />

par rue, tous les travaux d’un seul coup.<br />

» Le directeur de la mission tramway en<br />

profite au passage pour saluer des entreprises<br />

qui ont « joué le jeu », et se sont<br />

montrées, selon lui, « des partenaires<br />

particulièrement proactifs ».<br />

Pas de sacrifice<br />

sur la qualité<br />

Répétons-le, malgré cette volonté permanente<br />

d’économies, à aucun moment<br />

les élus n’ont cherché à fabriquer une<br />

ligne au rabais – ce qui était d’autant<br />

plus inimaginable que le tramway traverse,<br />

au centre-ville, dans la boucle du<br />

Doubs, un secteur sauvegardé abritant<br />

pas moins de 200 bâtiments classés.<br />

Dans le cadre d’un tel secteur, ce n’est<br />

pas seulement l’Architecte des bâtiments<br />

de France qui tranche, mais l’inspecteur<br />

général de l’architecture et du<br />

patrimoine du Ministère de la Culture !<br />

Autant dire que la construction du tramway<br />

bisontin était surveillée comme le lait<br />

sur le feu, depuis Paris. Témoin, le premier<br />

projet de tracé, qui traversait la Grande rue<br />

et coupait le secteur sauvegardé, a été carrément<br />

refusé par le préfet, obligeant les<br />

services techniques à mettre au point un<br />

nouveau tracé, traversant le Doubs quatre<br />

fois au lieu de deux. Certes, la déconstruction-reconstruction<br />

du pont Battant et<br />

l’aménagement d’un encorbellement long<br />

de 300 mètres surplombant le Doubs, a représenté<br />

un surcoût de 15 millions d’euros<br />

compris dans le budget des 228 millions<br />

d’euros – mais cette promenade est aujourd’hui<br />

une des plus prisées des grands<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

bisontins offrant une vue imprenable sur<br />

les façades Vauban.<br />

Reste qu’avec une portion de la ligne traversant<br />

le secteur sauvegardé, la ligne se<br />

devait, explique Pascal Gudefin, « de se<br />

doter d’éléments qualitatifs très forts » :<br />

mâts de LAC en fonte dans le secteur<br />

sauvegardé, pierre naturelle sur 5 hectares,<br />

bordures en granit plutôt qu’en<br />

béton sur toute la plate-forme, pont Battant<br />

entièrement refait pour devenir un<br />

espace de partage de 24 m de large entre<br />

tramway, piétons et modes doux… Si le<br />

projet est sobre, il n’en est pas moins esthétiquement<br />

très achevé, et constitué<br />

tout du long de matériaux nobles.<br />

Pour Jean-Louis Fousseret et les élus, le<br />

secteur Battant-Révolution est plus<br />

qu’une simple ligne de transport : c’est<br />

« un trait d’union entre deux quartiers<br />

emblématiques de la ville ». D’un côté,<br />

le centre historique, dans la boucle du<br />

Doubs, traditionnellement plus administratif<br />

et plus aisé, et le quartier Battant,<br />

plus populaire. C’est un projet qui « redessine<br />

la ville », pour Pascal Gudefin,<br />

« qui essaye de faire cohabiter le point<br />

de vue des spécialistes du transport, qui<br />

estiment que le tramway doit aller chercher<br />

les gens là où ils sont, et celui des<br />

urbanistes, qui pensent qu’il faut aller<br />

là où ils seront demain. »<br />

Nul doute que le tramway de Besançon<br />

fera école. Achevé avec presque un an<br />

d’avance sur le planning intial, et dans le<br />

strict respect d’une enveloppe budgétaire<br />

contrainte, ce projet nouveau a<br />

montré à quel point, sur un chantier de<br />

cette ampleur, l’engagement des élus, la<br />

détermination des équipes de maîtrise<br />

d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre, et leur<br />

coopération quotidienne avec les entreprises<br />

pouvait être capitale.<br />

TRANSPORT PUBLIC - JUIN 2014<br />

7


BESANÇON<br />

Matériel roulant :<br />

un nouveau marché qui s’ouvre<br />

Le tram en chiffres<br />

• Une ligne de 14,5 km de long<br />

• 31 stations dont 6 en secteur sauvegardé<br />

• Fréquentation de 43 000<br />

à 50 000 voyageurs par jour<br />

• 132 places par rame, extensibles à 230<br />

• 50.000 m3 de pierre naturelle<br />

• 1.000 arbres replantés<br />

• 5 km de voies végétalisées<br />

«Alors dans Besançon, vieille ville<br />

espagnole/Jeté comme la graine<br />

au gré de l'air qui vole… » Le<br />

vers célèbre de Victor Hugo aura trouvé<br />

une nouvelle modernité avec l’arrivée remarquée,<br />

sur le marché français du<br />

tramway, de l’espagnol CAF. Avec<br />

Nantes, Besançon aura été la première<br />

agglomération française à faire rouler<br />

sur ses rails un tramway espagnol.<br />

À l’origine de cette petite révolution, un<br />

constat : à 45 000 voyageurs par jour, il<br />

fallait à la capitale franc-comtoise un<br />

tramway court. Autrement dit, des<br />

rames de 23 m – éventuellement extensibles<br />

par la suite, mais pas dès la mise<br />

en service. Un appel d’offre a donc été<br />

lancé sur cette base de rames courtes.<br />

Alstom, n’ayant pas de telles rames dans<br />

son catalogue, a proposé un tramway<br />

classique plus long. CAF ayant proposé<br />

un produit parfaitement adapté à cette<br />

demande, a donc été retenu par les élus.<br />

La société espagnole a suffisamment de<br />

références, dans le monde entier, pour<br />

inspirer confiance : Saragosse, Grenade,<br />

Séville ou Valence, bien sûr, sur ses<br />

terres natales, mais aussi aujourd’hui<br />

des tramways qui roulent ou vont rouler<br />

de Sydney à Cincinnati, de Kansas City<br />

à Budapest, d’Édimbourg à Taïwan.<br />

Pour Francis Nakache, le directeur général<br />

de CAF France, la clé du succès est<br />

simple : « Nous avons su proposer à Besançon<br />

quelque chose que les autres<br />

n’avaient pas. Nous avons gagné parce<br />

que nous avons su nous adapter. Les<br />

élus voulaient un tramway court ; nous<br />

l’avons fait, en adaptant exactement un<br />

produit de notre gamme à leur cahier<br />

des charges. » Les rames qui circuleront<br />

dans Besançon ont été fabriquées pour<br />

ce marché, elles sont donc de la dernière<br />

génération : plancher 100%<br />

bas et plat, sans aucune<br />

marche, sans aucun « podium<br />

», même pour les socles<br />

des sièges. « Nous<br />

n’avons fait aucun compromis<br />

sur le matériel, assure<br />

Francis Nakache, ni sur le<br />

confort, ni sur le bruit », le<br />

tout pour des prix que les<br />

responsables bisontins estiment<br />

« très intéressants ».<br />

Francis Nakache estime que<br />

cela a été rendu possible par le fait que<br />

sa société est « habituée à un marché<br />

beaucoup plus concurrentiel » que son<br />

grand concurrent français. « En Espagne,<br />

le marché est très différent, les<br />

autorités organisatrices sont avant tout<br />

pragmatiques, ouvertes à la concurrence.<br />

Nous sommes donc habitués à revoir<br />

en permanence nos processus de<br />

fabrication, c’est un exercice que l’on<br />

fait tout le temps, qui fait partie de<br />

notre ADN. Et nous n’hésitons jamais à<br />

réadapter nos produits en fonction des<br />

besoins. » Souplesse, donc, et adaptabilité<br />

sont le secret de la réussite de CAF.<br />

Exemple : la face avant du tramway de<br />

Besançon. « Puisque Jean-Louis Fousseret<br />

voulait faire des économies, nous<br />

lui avons proposé une face avant que<br />

l’on était en train de développer pour<br />

Nantes. Grâce au talent du designer,<br />

Eric Rhinn, chacun des deux tramways<br />

à sa personnalité propre, mais sans être<br />

obligé de dépenser des fortunes. »<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

8<br />

TRANSPORT PUBLIC - JUIN 2014


BESANÇON<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

Vers le sans caténaire <br />

Le tramway de Besançon sera doublement<br />

évolutif : d’abord parce qu’il pourra<br />

être rallongé de 24 à 36 mètres, en rajoutant<br />

une caisse – les quais ont déjà<br />

été dimensionnés pour cela. Si la fréquentation<br />

l’exige, la collectivité a donc<br />

déjà prévu de faire ce choix.<br />

Par ailleurs, il sera possible demain de<br />

mettre en place sur une partie du parcours<br />

une alimentation sans caténaire.<br />

Sur le pont Battant ou place de la Révolution,<br />

au milieu des bâtiments du XVIIIe<br />

siècle, une telle évolution représenterait<br />

évidemment une plus-value esthétique,<br />

en permettant de s’affranchir des LAC.<br />

La technique sans caténaire de CAF ne<br />

s’appuie pas par une alimentation au sol<br />

par un rail central, mais sur des supercapacités.<br />

Ces super-capacités sont non<br />

seulement capables de récupérer l’énergie<br />

du freinage, mais elles peuvent également<br />

être rechargées en station, via<br />

une caténaire ou un élément de rail. Ce<br />

système est « éprouvé », explique Francis<br />

Nakache, et déjà en exploitation dans<br />

plusieurs villes espagnoles (Séville, Saragosse).<br />

Les rames livrées à Besançon<br />

sont pré-équipées pour pouvoir recevoir,<br />

si les élus le demandent, ces super-capacités.<br />

Des emplacements sont réservés<br />

sur le toit et le pré-câblage est fait. « Il<br />

n’y a presque plus qu’à poser un coffre,<br />

brancher et faire tomber les LAC ! »,<br />

ajoute Francis Nakache en souriant.<br />

Pour le directeur général de CAF<br />

France, Besançon est évidemment une<br />

vitrine intéressante – outre qu’il permet<br />

à l’entreprise de pénétrer le marché français.<br />

Tout simplement parce que « pris<br />

dans son ensemble, le tram de Besançon<br />

est un exemple de système économique.<br />

À 17 millions d’euros du kilomètre, ce<br />

sera le tramway le moins cher de<br />

France, « très loin du niveau moyen de<br />

22 à 24 millions, voire 40 ou 50 à<br />

Paris. » Il y a là, pour lui, « un nouveau<br />

segment de marché qui s’ouvre – celui<br />

des villes moyennes, voire petites, qui<br />

pourront maintenant s’équiper d’un<br />

tramway pour beaucoup moins cher<br />

qu’elles ne le pensaient. »<br />

Preuve de la confiance de CAF dans ses<br />

possibilités de développement sur le<br />

marché français : l’entreprise a racheté<br />

en 2008 l’ancienne usine Soulé de Bagnères-de-Bigorre,<br />

et y assemble ses<br />

tramways destinés à la France. Le tramway<br />

de Besançon est le plus français des<br />

tramways espagnols !<br />

Les grands-bisontins<br />

à l’honneur<br />

Chacune des 19 rames du tramway<br />

est baptisée du nom d’un ou d’une<br />

grand-e bisontin-e. De Victor Hugo<br />

à Louis Pasteur, de Vauban aux<br />

Frères Lumières, de Proudhon à<br />

Marie Curie ou Colette, ces 19<br />

grandes figures originaires de la<br />

Région Franche- Comté ont leur signature<br />

et leur portrait sur le côté<br />

de la face avant de chaque rame.<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

TRANSPORT PUBLIC - JUIN 2014<br />

9


Un réseau de transport tourné vers l’avenir<br />

Le tramway n’est pas seulement un<br />

moyen de transport : il est aussi un<br />

vecteur d’aménagement urbain et de développement<br />

économique. Son tracé va<br />

servir de trait d’union entre le centreville<br />

et l’est de l’agglomération, « qui<br />

souffre d’un déficit de développement<br />

économique », explique Bernard Rach,<br />

directeur adjoint général des services du<br />

Grand Besançon. Le tramway va donc<br />

permettre « un rééquilibrage ».<br />

Exemple Le développement espéré de la<br />

zone commerciale des Marnières, à l’est<br />

de la ville, qui connaît aujourd’hui de<br />

réelles difficultés mais que l’arrivée du<br />

tramway devrait redynamiser – avec l’arrivée<br />

de nouvelles enseignes.<br />

Les quartiers en difficulté vont aussi bénéficier<br />

de l’arrivée du tramway, avec « une<br />

vraie possibilité de désenclavement pour<br />

des quartiers classés en géographie prioritaire<br />

comme Planoise ou Brûlard »,<br />

souligne Bernard Rach, dont les habitants<br />

pourront désormais rejoindre le centreville<br />

bien plus facilement qu’auparavant.<br />

Ce sont des quartiers entiers qui vont<br />

changer de visage, voire sortir de terre,<br />

avec l’arrivée du tram. À l’extrémité<br />

ouest de la ligne, les Hauts du Chazal,<br />

par exemple, verra à terme, naître un<br />

nouveau quartier de 1 200 logements<br />

autour du Pôle Santé, du CHRU Jean<br />

Minjoz et de l’Université de Médecine.<br />

De l’autre côté du centre-ville, le quartier<br />

des Vaîtes va également connaître une<br />

véritable métamorphose. Actuellement<br />

peu urbanisée, peu desservie par les<br />

transports avant qu’arrive le tram, la<br />

zone des Vaîtes va devenir demain un<br />

écoquartier répondant à toutes les exigences<br />

exprimées dans le Programme<br />

local de l’habitat, avec habitat mixte<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

(maisons de ville et immeubles) de haute<br />

qualité environnementale, commerces et<br />

services (dont une nouvelle école). Un<br />

quartier qui devrait, espère Bernard<br />

Rach, être lancé « dans la décennie ».<br />

Une nouvelle preuve, s’il en fallait, qu’un<br />

tramway ne répond pas seulement aux<br />

besoins du présent, mais est aussi<br />

un outil d’anticipation – puisqu’autour<br />

de lui se bâtiront les nouveaux quartiers<br />

de demain, à son image : modernes et<br />

écologiques.<br />

©J-C Sexe - Ville de Besançon<br />

10 TRANSPORT PUBLIC - JUIN 2014


BESANÇON<br />

Objectif report modal<br />

Deux questions à Bruno Baumgarten, directeur adjoint des opérations de l’agence Sud Est de<br />

Systra, et en charge de la mission d’assistant technique auprès du Grand Besançon depuis 2009.<br />

1. Au-delà de la ligne structurante<br />

que représente le tramway, quels<br />

sont les principes qui ont présidé à la<br />

refonte du réseau de bus Ginko <br />

Il faut bien comprendre que la création de<br />

la première ligne de tramway du réseau<br />

ne remettra pas en cause le fait que le réseau<br />

Ginko est un ensemble, composé de<br />

lignes cohérentes et complémentaires. Si<br />

le tramway est l’axe structurant du réseau,<br />

il ne transportera à terme qu’un peu<br />

moins de 40% de la clientèle.<br />

Le projet de restructuration du réseau<br />

s’appuie sur le concept dit du « rabattement<br />

sans contrainte » : les lignes de bus<br />

et de cars doivent entrer en contact (correspondance)<br />

avec la ligne de tramway,<br />

dans les meilleurs délais, en assurant<br />

Le réseau bus et tram<br />

en quelques chiffres<br />

• 6 lignes essentielles dont 2 lignes de tram.<br />

De 5h à 1h du matin tous les jours<br />

• 17 lignes urbaines.<br />

De 6h à 20h30 du lundi au samedi.<br />

• 33 lignes périurbaines. Desserte des<br />

58 autres communes vers 4 pôles d'échanges.<br />

• 13 gares TER (+2 gares TGV)<br />

• 6 parkings relais<br />

également leur rôle de desserte de proximité<br />

et de desserte entre les quartiers.<br />

Chaque ligne de bus ou d’autocar doit<br />

conserver une fonction propre afin de répondre<br />

à des origines/destinations multiples<br />

auxquelles le tramway ne peut<br />

répondre seul. Les lignes de bus et d’autocars<br />

ne s’arrêtent pas forcément abruptement<br />

au contact du tramway, en y<br />

ayant leur terminus : elles poursuivent<br />

leur itinéraire si nécessaire.<br />

Ainsi le réseau restructuré va s’appuyer<br />

sur la performance de la ligne de tramway,<br />

mais sans négliger l’une des forces<br />

du réseau Ginko actuel : la proximité de<br />

l’offre et le maillage, gages d’une facilité<br />

d’utilisation et de confort pour les habitants<br />

du Grand Besançon.<br />

La réorganisation est principalement<br />

centrée sur la hiérarchisation<br />

du réseau, l’amélioration des<br />

temps de parcours, le renforcement<br />

de la desserte de la gare<br />

pour accroître son attractivité et<br />

sa lisibilité.<br />

En conséquence, l’organisation<br />

générale du réseau de bus n’est<br />

pas fondamentalement bouleversée<br />

: la plupart des lignes du<br />

futur réseau existent aujourd’hui<br />

et les modifications de tracés<br />

proposées viennent améliorer leur lisibilité<br />

et les temps de parcours et les correspondances.<br />

Sur ces bases, une étude fine de réorganisation<br />

des lignes de bus a été menée<br />

par la CAGB de juin 2008 à mars 2010 en<br />

parallèle des études de définition et de<br />

conception du projet de tramway. Cette<br />

étude a servi de base à l’attribution du<br />

marché de délégation de service public<br />

conclu avec Transdev, exploitant actuel<br />

du réseau GINKO.<br />

2. Quels sont les objectifs en termes<br />

de report modal et avec quels<br />

moyens <br />

À la mise en service, nous espérons une<br />

fréquentation globale quotidienne du réseau<br />

Ginko de 117 000 montées. Sur cette<br />

fréquentation totale le tramway devrait<br />

représenter environ 47 000 montées. Ceci<br />

représente un report modal de la voiture<br />

particulière vers les transports d'environ<br />

12 000 déplacements.<br />

En termes de moyens, la restructuration<br />

du réseau a été pensée pour, au<br />

total, économiser des kilomètres produits.<br />

Ainsi, la production globale en<br />

véhicules.km (bus et tram confondus)<br />

sera réduite d’environ 150 000<br />

véhicules.km.<br />

Le nouveau réseau vu par…<br />

Laurent Gelhaye, Directeur de Besançon Mobilités Transdev<br />

Le territoire du Grand Besançon est divisé en deux zones, une zone très urbaine, et 57 communes périurbaines, voire rurales.<br />

En vingt ans, le réseau s’est construit autour d’une particularité : un mode lourd appuyé sur le TER et ses 14 haltes ferroviaires,<br />

pour le périurbain, complété d’un réseau de bus, bâti en étoile autour du cœur de ville et des sites historiques remarquables. Une<br />

organisation performante qui arrivait aux limites en termes de capacité.<br />

Le nouveau réseau s’est restructuré autour de six lignes essentielles, les deux lignes de tramway et quatre lignes de bus, accentuant<br />

ainsi l’offre multimodale et intermodale. La hiérarchisation des lignes s’attache à proposer davantage de fréquences et ainsi<br />

une meilleure accessibilité, plus de souplesse et de confort aux usagers.<br />

La nouvelle offre du réseau Ginko modernisé, permet de redynamiser le coeur de ville et facilite les déplacements des Bisontins<br />

et des Grands-Bisontins qui peuvent découvrir leur ville autrement.<br />

Refondre un réseau peut s’assimiler à un travail d’horloger et les 520 salariés de l’entreprise se sont engagés dans cette mission<br />

avec d’autant plus de fierté pour être prêt en temps et en heure au rendez-vous fixé par la capitale de l’horlogerie.<br />

TRANSPORT PUBLIC - JUIN 2014 11

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