Vol. 18 - No. 3, Hiver 2005 - Www3.carleton.ca - Carleton University

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I N S C A N Vol. 18 - No. 3 Hiver 2005 Intégration et Appartenance – Bâtir les capacités des communautés: Du dialogue aux plans d’action Antoine Huss L’établissement international au Canada Division de ressources pour la recherche sur les réfugiés « La cohésion sociale nécessite plus que la simple tolérance parmi les citoyens; elle nécessite un discours public et la garantie de libertés culturelles en tant que droits humains fondamentaux. C’est ce qu’il faut pour le développement des sociétés de plus en plus diverses du 21e siècle. Les Nations Unies croient que si le monde va atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement et finir par éliminer la pauvreté, il doit d’abord relever avec succès le défi qui consiste à bâtir des sociétés inclusives et culturellement diverses. » Kathryn White, Directrice exécutive de l’ACNU L’ACNU lance une initiative opportune: Intégration et Appartenance L’Association canadienne pour les Nations Unies (ACNU), avec l’appui du ministère du Patrimoine canadien, a lancé une nouvelle initiative, Intégration et Appartenance, en octobre 2004. Dans cinq séances, à Calgary (Alberta), Saskatoon (Saskatchewan), St. John’s (T.-N.), Kingston (Ontario) et Montréal (Québec), un atelier jeunesse et une table ronde communautaire engagent les jeunes et les dirigeants communautaires dans une série d’ateliers qui fournissent l’occasion de discuter des droits et responsabilités de la citoyenneté dans une société multiculturelle. Intégration et Appartenance engage les Canadiens d’origines, régions, religions ou professions diverses prêts à discuter entre eux des arrangements sociaux qui nous tiennent ensemble et qui règlent notre vie. En réunissant tous les Canadiens et en recueillant les meilleures pratiques et les leçons apprises, cette initiative uniquement canadienne élaborera un modèle novateur qui servira à définir, comprendre et favoriser l’intégration et l’appartenance et à renforcer nos communautés. Les dernières enquêtes et données de Statistique Canada relatives à la diversité ethnique, aux immigrants au Canada, et aux groupes religieux et de minorités visibles évoquent le besoin d’enquêter encore plus sur l’intégration et l’appartenance de groupes et de communautés tombant sous la catégorie de minorités visibles et religieuses au Canada. Les événements à la suite du 11 septembre 2001 et la « guerre au terrorisme » dirigée par les États-Unis en Afghanistan, et plus récemment en Irak, ont introduit des menaces à l’édifice de la société canadienne et à l’âme des citoyens canadiens en semant la peur ou la méfiance à l’égard des communautés immigrantes ou minoritaires. Cela se reflète dans des attaques raciales accrues (crimes haineux et contre la propriété) aboutissant à des divisons et à des peurs au sein des communautés. L’expérience du passé du Canada pour ce qui est du traitement accordé aux groupes distincts en temps de crise (ex. l’internement des Canadiens d’origine ukrainienne entre 1914 et 1920 et des Japonais pendant la deuxième guerre mondiale) remet en question ce que cela veut dire « être Canadien. » Malgré les mesures clés prises par le gouvernement pour reconnaître les injustices du passé et y remédier, il y a un besoin d’examiner les risques potentiels qui pourraient bouleverser l’essence même de notre identité canadienne. Ce projet combinant l’éducation des jeunes et la liaison avec la communauté produira des stratégies pour bâtir les capacités de tous les citoyens peu importe leur âge, leur race ou leur croyance. « Nous voulons un Canada avec des assises sociales solides, où les gens sont traités avec respect, où ils sont épaulés au besoin, où personne n’est laissé pour compte. Nous voulons un pays où les Canadiens-les familles et les collectivités-ont les outils nécessaires pour trouver des Intégration et Appartenance, suite à la page 3 DRRR DANS NOS PAGES • Intégration et Appartenance . 1 • Activités communautaires d’Intégration-Net ................. 2 • La Calgary Immigrant Aid Society ................................ 6 • Conseil ontarien des organismes de service aux immigrants ........................ 11 - L’Intégration des nouveaux arrivants africains ............. 11 - Étude problématique sur les Soudanais de l’Ontario ...... 12 - Dans l’intérêt public ........ 14 • Conseil canadien pour les réfugiés ............................. 16 - Le coût afférent à la séparation des membres de la famille des personnes protégées .......................... 16 - La réponse de CIC .......... 19 - Moyens de protection pour les victimes de traite des personnes ......................... 20 • Atelier sur la traite des femmes et des enfants ..................... 24 • Réseau canadien pour la santé des survivants de la torture et de la violence organisée ..... 28 1 INSCAN Vol 18 (3) 2005

I N S C A N<br />

<strong>Vol</strong>. <strong>18</strong> - <strong>No</strong>. 3 <strong>Hiver</strong> <strong>2005</strong><br />

Intégration et Appartenance – Bâtir les <strong>ca</strong>pacités des communautés:<br />

Du dialogue aux plans d’action<br />

Antoine Huss<br />

L’établissement international au Canada<br />

Division de ressources pour la recherche sur les réfugiés<br />

« La cohésion sociale nécessite plus que la simple<br />

tolérance parmi les citoyens; elle nécessite<br />

un discours public et la garantie de libertés culturelles<br />

en tant que droits humains fondamentaux.<br />

C’est ce qu’il faut pour le développement<br />

des sociétés de plus en plus diverses du 21e siècle.<br />

Les Nations Unies croient que si le monde<br />

va atteindre les Objectifs du Millénaire pour le<br />

Développement et finir par éliminer la pauvreté,<br />

il doit d’abord relever avec succès le défi qui<br />

consiste à bâtir des sociétés inclusives et<br />

culturellement diverses. » Kathryn White, Directrice<br />

exécutive de l’ACNU<br />

L’ACNU lance une initiative opportune:<br />

Intégration et Appartenance<br />

L’Association <strong>ca</strong>nadienne pour les Nations<br />

Unies (ACNU), avec l’appui du ministère du<br />

Patrimoine <strong>ca</strong>nadien, a lancé une nouvelle<br />

initiative, Intégration et Appartenance, en octobre<br />

2004. Dans cinq séances, à Calgary (Alberta), Saskatoon<br />

(Saskatchewan), St. John’s (T.-N.), Kingston<br />

(Ontario) et Montréal (Québec), un atelier jeunesse<br />

et une table ronde communautaire engagent les jeunes<br />

et les dirigeants communautaires dans une série<br />

d’ateliers qui fournissent l’oc<strong>ca</strong>sion de discuter des<br />

droits et responsabilités de la citoyenneté dans une<br />

société multiculturelle.<br />

Intégration et Appartenance engage les Canadiens<br />

d’origines, régions, religions ou professions<br />

diverses prêts à discuter entre eux des arrangements<br />

sociaux qui nous tiennent ensemble<br />

et qui règlent notre vie. En réunissant tous<br />

les Canadiens et en recueillant les meilleures<br />

pratiques et les leçons apprises, cette initiative<br />

uniquement <strong>ca</strong>nadienne élaborera un modèle<br />

novateur qui servira à définir, comprendre et favoriser<br />

l’intégration et l’appartenance et à renforcer<br />

nos communautés.<br />

Les dernières enquêtes et données de Statistique Canada<br />

relatives à la diversité ethnique, aux immigrants<br />

au Canada, et aux groupes religieux et de minorités<br />

visibles évoquent le besoin d’enquêter encore plus<br />

sur l’intégration et l’appartenance de groupes et de<br />

communautés tombant sous la <strong>ca</strong>tégorie de minorités<br />

visibles et religieuses au Canada. Les événements<br />

à la suite du 11 septembre 2001 et la « guerre au<br />

terrorisme » dirigée par les États-Unis en<br />

Afghanistan, et plus récemment en Irak, ont introduit<br />

des menaces à l’édifice de la société <strong>ca</strong>nadienne<br />

et à l’âme des citoyens <strong>ca</strong>nadiens en semant<br />

la peur ou la méfiance à l’égard des communautés<br />

immigrantes ou minoritaires. Cela se reflète<br />

dans des attaques raciales accrues (crimes<br />

haineux et contre la propriété) aboutissant à des<br />

divisons et à des peurs au sein des communautés.<br />

L’expérience du passé du Canada pour ce qui est du<br />

traitement accordé aux groupes distincts en temps de<br />

crise (ex. l’internement des Canadiens d’origine ukrainienne<br />

entre 1914 et 1920 et des Japonais pendant la<br />

deuxième guerre mondiale) remet en question ce que<br />

cela veut dire « être Canadien. » Malgré les mesures<br />

clés prises par le gouvernement pour reconnaître les<br />

injustices du passé et y remédier, il y a un besoin<br />

d’examiner les risques potentiels qui pourraient bouleverser<br />

l’essence même de notre identité <strong>ca</strong>nadienne.<br />

Ce projet combinant l’édu<strong>ca</strong>tion des jeunes et la<br />

liaison avec la communauté produira des stratégies<br />

pour bâtir les <strong>ca</strong>pacités de tous les citoyens peu importe<br />

leur âge, leur race ou leur croyance.<br />

« <strong>No</strong>us voulons un Canada avec des assises sociales<br />

solides, où les gens sont traités avec respect,<br />

où ils sont épaulés au besoin, où personne<br />

n’est laissé pour compte. <strong>No</strong>us voulons un pays<br />

où les Canadiens-les familles et les collectivités-ont<br />

les outils nécessaires pour trouver des<br />

Intégration et Appartenance, suite à la page 3<br />

DRRR<br />

DANS NOS<br />

PAGES<br />

• Intégration et Appartenance . 1<br />

• Activités communautaires<br />

d’Intégration-Net ................. 2<br />

• La Calgary Immigrant Aid<br />

Society ................................ 6<br />

• Conseil ontarien des<br />

organismes de service aux<br />

immigrants ........................ 11<br />

- L’Intégration des nouveaux<br />

arrivants afri<strong>ca</strong>ins ............. 11<br />

- Étude problématique sur les<br />

Soudanais de l’Ontario ...... 12<br />

- Dans l’intérêt public ........ 14<br />

• Conseil <strong>ca</strong>nadien pour les<br />

réfugiés ............................. 16<br />

- Le coût afférent à la<br />

séparation des membres de la<br />

famille des personnes<br />

protégées .......................... 16<br />

- La réponse de CIC .......... 19<br />

- Moyens de protection pour les<br />

victimes de traite des<br />

personnes ......................... 20<br />

• Atelier sur la traite des femmes<br />

et des enfants ..................... 24<br />

• Réseau <strong>ca</strong>nadien pour la santé<br />

des survivants de la torture et<br />

de la violence organisée ..... 28<br />

1 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


Activités communautaires d’Intégration-Net<br />

Barbara Loh<br />

Construit pour servir<br />

d’instrument de<br />

communi<strong>ca</strong>tion,<br />

d’information et de<br />

recherche à la<br />

communauté de<br />

l’établissement du<br />

Canada, le site a sept<br />

sections majeures: Quoi<br />

de neuf, Événements,<br />

Infocentre, Information<br />

pour nouveaux arrivants,<br />

Liens, Partager vos<br />

renseignements, et Faits<br />

marquants régionaux.<br />

Intégration-Net <br />

est un site Web qui appartient à<br />

Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) et qui<br />

est administré par la Division de ressources pour la<br />

recherche sur les réfugiés à l’Université <strong>Carleton</strong>.<br />

Construit pour servir d’instrument de communi<strong>ca</strong>tion,<br />

d’information et de recherche à la communauté de<br />

l’établissement du Canada, le site a sept sections majeures:<br />

Quoi de neuf, Événements, Infocentre, Information<br />

pour nouveaux arrivants, Liens, Partager vos<br />

renseignements, et Faits marquants régionaux.<br />

En tant que coordonnatrice des relations avec la communauté<br />

pour Intégration-Net, j’ai assisté à la Consultation<br />

d’automne du Conseil <strong>ca</strong>nadien pour les réfugiés<br />

(CCR) tenue à Victoria en Colombie-Britannique<br />

(du <strong>18</strong> au 20 novembre 2004) afin de promouvoir<br />

Faits marquants régionaux et le site Web en général.<br />

L’agent de promotion de CIC, Guy Routhier,<br />

était là aussi, et ensemble nous nous sommes occupés<br />

de la table d’exposition d’Intégration-Net avec<br />

l’administrateur du site, Adnan Türegün. M. Routhier<br />

avait apporté du matériel promotionnel d’Intégration-<br />

Net: bloc-notes, signets, tapis de souris, et affiches<br />

à montrer et à distribuer à des individus intéressés.<br />

On avait également une grande bannière flottante<br />

Intégration-Net sur le côté de la table qui s’est avérée<br />

très effi<strong>ca</strong>ce comme aide visuelle.<br />

Avec le matériel promotionnel M. Routhier avait<br />

apporté un ordinateur portatif qui nous a permis de<br />

montrer aux personnes qui s’arrêtaient les <strong>ca</strong>ractéristiques<br />

d’Intégration-Net. Je montrais à ces gens<br />

(surtout des travailleurs en établissement) les faits<br />

saillants de Faits marquants régionaux et d’Information<br />

pour nouveaux arrivants et ils se disaient<br />

intéressés à parcourir le site de façon plus approfondie<br />

par la suite.<br />

J’ai pu également rencontrer le Directeur de la politique<br />

en matière d’établissement du CCR, Alfred<br />

Lukhanda, qui a déclaré qu’Intégration-Net constituait<br />

une ressource précieuse pour la communauté<br />

de l’établissement et qui m’a demandé d’assister à<br />

la réunion du groupe de travail Immigration et Établissement<br />

du CCR et de faire une annonce pour<br />

faire connaître Intégration-Net. La suggestion de M.<br />

Lukhanda a été bien accueillie par l’équipe d’Intégration-Net.<br />

À la réunion du groupe de travail,<br />

au cours des mises à jour provinciales, on m’a<br />

donné la parole pendant quelques minutes. J’ai<br />

donné l’URL du site et j’ai distribué un bulletin<br />

bilingue sollicitant des soumissions aux Faits<br />

marquants régionaux.<br />

Une fois de retour à Ottawa, j’ai envoyé des courriels<br />

de suivi à ceux que j’avais rencontrés à la table d’Intégration-Net.<br />

Dans l’ensemble, ce voyage a grandement<br />

réussi à promouvoir Intégration-Net.■<br />

INSCAN<br />

L’établissement international au Canada<br />

Division de ressources pour la recherche<br />

sur les réfugiés<br />

Directrice: Gertrud Neuwirth<br />

Éditorialiste: Barbara Grant<br />

Traduction: Sinclair Robinson<br />

Centre pour une action de paix et la recherche sur la migration<br />

<strong>Carleton</strong> <strong>University</strong> LA A735<br />

1125 Colonel By Drive, Ottawa, ON Canada, K1S 5B6<br />

Téléphone: 613-520-2717, Télécopieur: 613-520-3676<br />

Courriel: ins<strong>ca</strong>n@<strong>ca</strong>rleton.<strong>ca</strong><br />

Rédacteur: Adnan Türegün<br />

Rédactrice adjointe/Administratrice: Barbara Loh<br />

Traduction: Nandini Sarma<br />

La publi<strong>ca</strong>tion de ce numéro a été rendue possible grâce à l’aide financière de Citoyenneté et Immigration Canada. Des copies supplémentaires<br />

d’INSCAN sont disponibles au coût de 7.50 $ (TPS .53). Les numéros antérieurs sont disponibles au coût de 5.50 $ (TPS .39,<br />

pour un numéro). Les abonnements sont de 25.00 $ (TPS 1.75 $). Veuillez régler le paiement au moment de commander avec un<br />

chèque à l’ordre de : <strong>Carleton</strong> <strong>University</strong> (RRDR).<br />

Les opinions exprimées dans les articles du présent numéro sont celles des contributeurs et ne reflètent pas nécessairement les<br />

points de vue de la Division de ressources pour la recherche sur les réfugiés.<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

G.S.T. #1<strong>18</strong>838937 ISSN #0845-2466<br />

2


Intégration et Appartenance, suite de la page 1<br />

solutions lo<strong>ca</strong>les aux problèmes lo<strong>ca</strong>ux. » (Discours<br />

du Trône, 2004)<br />

Édu<strong>ca</strong>tion des jeunes et relations avec la<br />

communauté<br />

Chaque séance comprend deux volets: un atelier jeunesse<br />

et une table ronde communautaire. À l’atelier<br />

jeunesse, une classe de neuvième année est engagée,<br />

par des ateliers, discussions de groupe, et la création<br />

d’une charte de salle de classe d’Intégration et Appartenance,<br />

dans la promotion de l’intégration et de<br />

la diversité. Deux représentants jeunesse sont sélectionnés<br />

pour assister à la table ronde communautaire<br />

pour présenter leurs plans d’action et les conclusions<br />

de leur atelier, et sont engagés comme des partenaires<br />

à part entière dans la direction et la prise de décisions<br />

au sein de la communauté. On a<br />

accordé une attention<br />

particulière aux écoles<br />

regroupant des élèves<br />

provenant de minorités<br />

visibles ou religieuses.<br />

Ce processus aboutira à la cueillette de renseignements<br />

explicites concernant les pensées des jeunes et<br />

à la création de manuels pour jeunes s’attaquant aux<br />

questions soulevées au cours de l’atelier.<br />

La table ronde communautaire se déroule sur une<br />

journée et demie et comprend la participation de dirigeants<br />

communautaires connus pour leur engagement<br />

dans les questions abordées. La séance va de l’identifi<strong>ca</strong>tion<br />

des questions et la discussion des meilleures<br />

pratiques à la planifi<strong>ca</strong>tion d’action communautaire.<br />

On a invité environ 12 à 15 dirigeants communautaires<br />

en devenir identifiés par des groupes religieux,<br />

la société civile, et des ONG lo<strong>ca</strong>les. Il ne s’agit<br />

pas nécessairement de ceux qui jouissent déjà d’un<br />

haut profil mais plutôt de ceux qui représentent la<br />

prochaine génération de dirigeants en devenir prêts à<br />

assumer la tâche de mener la communauté vers une<br />

société plus intégrée.<br />

Rejoindre les jeunes dans leur propre milieu aidera à<br />

ouvrir un espace plus sécuritaire et moins intimidant<br />

où ils pourront parler librement de questions telles<br />

que l’isolement, l’intégration et la sécurité, questions<br />

qu’ils n’abordent peut-être pas aisément avec les<br />

membres plus âgés de leur communauté. Ce programme<br />

fera découvrir des connaissances honnêtes<br />

et dirigées, qui seront par la suite apportées aux tables<br />

rondes communautaires aux fins d’un approfondissement<br />

et d’une action. <strong>No</strong>us croyons que ce processus<br />

intergénérationnel améliorera les résultats et<br />

aboutira à un projet plus complet et intégré.<br />

Une partie essentielle de ce projet c’est la création de<br />

liens vivant et travaillant dans chacune des cinq villes.<br />

Ces individus engagés et dynamiques ont beaucoup<br />

aidé à identifier les participants, à faire la planifi<strong>ca</strong>tion<br />

logique et la facilitation et planifieront donc<br />

des mesures de durabilité pour chaque ville.<br />

Résultats: Vers un modèle<br />

complet de cohésion sociale<br />

Les résultats espérés d’Intégration et<br />

Appartenance comprennent l’identifi<strong>ca</strong>tion<br />

de joueurs clés et le développement de réseaux<br />

de dirigeants, de soutiens et de ressources communautaires<br />

ainsi que de jeunes dirigeants informés et<br />

ayant la confiance de s’engager dans la recherche de<br />

solutions aux problèmes naissants.<br />

Premièrement, l’identifi<strong>ca</strong>tion de jeunes dirigeants<br />

crée de l’action dans l’environnement<br />

scolaire et sert de liaison avec la<br />

grande communauté. Deuxièmement, un<br />

réseau de dirigeants communautaires <strong>ca</strong>nadiens<br />

clairement identifié, comprenant<br />

les participants des ateliers jeunesse et des<br />

tables rondes communautaires des cinq villes,<br />

aidera les Canadiens à s’intégrer à une<br />

société plus compréhensive et à aborder les<br />

nouveaux enjeux pour bâtir la résilience<br />

communautaire. À partir des données des<br />

cinq séances, nos rapports fournissent une<br />

analyse détaillée, comprenant des perspectives<br />

de risques et d’obstacles, une identifi<strong>ca</strong>tion<br />

des forces et des lacunes dans l’intégration<br />

des citoyens, et une compréhension de<br />

l’unité et de la diversité des communautés <strong>ca</strong>nadiennes.<br />

Pour les dirigeants communautaires et des jeunes,<br />

des manuels de ressources seront créés pour servir<br />

à rejoindre et à lier les communautés et les jeunes<br />

en vue de la cohésion sociale. Les dirigeants communautaires<br />

et de jeunes sont en train d’élaborer des<br />

Plans d’action communautaire et des activités de suivi<br />

aux fins de leur engagement continu dans le domaine<br />

de l’intégration et de l’appartenance. Dernièrement, un<br />

site Web interactif a été conçu pour encourager la contribution<br />

de points de vue de la part des jeunes, des<br />

enseignants et du grand public afin de renforcer le dialogue<br />

continu dans un espace sécuritaire et ouvert.<br />

« Calgary a été un succès<br />

et j’ai hâte aux prochaines<br />

étapes. Les participants de<br />

la jeunesse étaient<br />

incroyables et j’ai été<br />

impressionnée par leur<br />

énergie et leur esprit<br />

critique. La table ronde<br />

communautaire était très<br />

bien aussi. Dans une<br />

perspective lo<strong>ca</strong>le je dirais<br />

qu’on a pu réunir un<br />

groupe divers et d’après<br />

mon expérience ce n’était<br />

pas la sorte de groupe<br />

qu’on voit d’habitude à<br />

des événements pareils et<br />

cela a fait du bien. »<br />

(Marie Jurcevic, liaison de<br />

Calgary)<br />

3 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


« La diversité, c’est<br />

vraiment important parce<br />

que c’est ce qu’il nous<br />

faut pour un monde<br />

meilleur. Cela fait peur<br />

presque. Tu ouvres les<br />

nouvelles et tu vois toutes<br />

les choses terribles que les<br />

gens font. J’aimerais voir<br />

les gens embrasser la<br />

diversité. » (Melissa<br />

McLaughlin, élève de 8 e ,<br />

Bob Edwards)<br />

En février <strong>2005</strong>, le projet mènera à<br />

un atelier national à Ottawa. L’atelier<br />

réunira des représentants sélectionnés<br />

par et dans chacune des<br />

communautés participantes et des<br />

représentants d’organismes nationaux<br />

intéressés à l’intégration et à<br />

l’appartenance. L’atelier fournira<br />

l’oc<strong>ca</strong>sion de partager les plans<br />

d’action jeunesse et communautaires,<br />

les activités de suivi, et les conclusions<br />

initiales et l’analyse provenant<br />

des ateliers régionaux. Cet<br />

atelier aidera les dirigeants communautaires<br />

à raffiner leur plan<br />

d’action et leurs activités de suivi une fois de retour<br />

dans leur région.<br />

Au Canada, le respect de la diversité culturelle en est<br />

venu à reposer sur trois piliers: la dualité linguistique,<br />

la reconnaissance des droits des peuples autochtones,<br />

et le multiculturalisme. Cependant,<br />

il nous reste à discuter et<br />

à décider la façon dont nous respecterons<br />

cette diversité culturelle<br />

tout en maintenant la cohésion nécessaire<br />

pour soutenir le Canada<br />

jusque dans le 21e siècle.<br />

« Les jeunes ont apporté à<br />

la table un sens d’espoir<br />

et d’intégrité qui était sans<br />

précédent et les adultes<br />

ont assaisonné cela de<br />

leur expérience. » (Angela<br />

Korchinski, liaison de<br />

Saskatoon)<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

L’ACNU est bien placée pour offrir un tel espace réunissant<br />

les membres de communautés différentes où ils<br />

pourront partager réalités et perceptions dans une atmosphère<br />

d’égalité et d’équité. Perçue comme terrain<br />

neutre où la médiation et la compréhension sont considérées<br />

comme essentielles à l’ONU et à sa philosophie,<br />

l’ACNU a servi et continuera de servir d’organisme<br />

relais qui s’efforce de créer un espace commun pour<br />

une représentation diverse de notre société <strong>ca</strong>nadienne.<br />

L’atelier national final engagera pleinement les participants<br />

des groupes cibles et les encouragera à s’engager<br />

à des suivis à moyen et long terme, tels qu’un<br />

engagement aux plans d’action, à une intégration des<br />

manuels de ressources dans leur travail, et au prêt de<br />

leurs ressources pour appuyer le réseau naissant de<br />

dirigeants de jeunes et communautaires en devenir.<br />

Mise à jour: Conclusions à ce jour<br />

Au 5 novembre 2004, trois des cinq séances ont<br />

été terminées. Voici l’instantané des conclusions<br />

jusqu’ici.<br />

4<br />

Les minorités visibles et les nouveaux<br />

arrivants au Canada rencontrent<br />

souvent des obstacles raciaux<br />

et discriminatoires qui empêchent<br />

leur intégration dans la société<br />

<strong>ca</strong>nadienne. Par conséquent, les<br />

deux groupes ont plus de difficulté<br />

à trouver des emplois adéquats et à<br />

vivre dans de bonnes conditions. On<br />

a déjà fait remarquer que le racisme<br />

peut se produire à un niveau individuel<br />

et à un niveau systémique.<br />

Les deux ont un impact négatif sur<br />

leur intégration sociale et leur sens d’appartenance.<br />

Ces obstacles sont:<br />

• un racisme systémique et une discrimination à<br />

l’égard des minorités (autochtones, visibles, immigrantes<br />

et réfugiées, sexuelles et GLBT);<br />

• la complexité des diverses réalités;<br />

• les stéréotypes, préjugés et partis pris;<br />

• obstacles économiques (emploi), le logement, et<br />

les questions de santé;<br />

• l’accès aux services;<br />

• la peur;<br />

• les conflits intergénérationnels;<br />

• le manque de ressources et d’appui (partenariats,<br />

réseaux, et institutions);<br />

• les pressions institutionnelles et sociales;<br />

• la culture et la langue; et<br />

• un manque de vision.<br />

La création d’un environnement social sécuritaire est<br />

un processus à multiples facettes et compliqué qui


implique toute une gamme de domaines politiques :<br />

l’édu<strong>ca</strong>tion, la santé, le logement, la planifi<strong>ca</strong>tion urbaine,<br />

et la création d’emplois. Ce qui semble central<br />

au processus c’est la <strong>ca</strong>pacité des institutions au niveau<br />

lo<strong>ca</strong>l de faciliter l’intégration des nouveaux<br />

immigrants et des groupes minoritaires dans le marché<br />

du travail tout en assurant l’accès aux services<br />

sociaux, à la formation linguistique, et à l’édu<strong>ca</strong>tion.<br />

Ce qui est essentiel également c’est la<br />

création d’un espace public, comme ces tables<br />

rondes, où les gens marginalisés peuvent bâtir<br />

leurs réseaux sociaux et participer à la vie culturelle<br />

et politique de la communauté.<br />

En fin de compte, cependant, les décisions sur la façon<br />

d’améliorer et de soutenir la cohésion lo<strong>ca</strong>le reviennent<br />

aux sortes de choix que font les décideurs<br />

politiques et les réformateurs de la société. Or nous<br />

vivons dans une société axée sur l’information plutôt<br />

qu’industrielle, qui est plus ouverte aux courants<br />

de la diversité culturelle que jamais, et qui souffre,<br />

de plusieurs façons, d’un manque de cohésion et de<br />

vision mondiale. On a identifié la nécessité d’une<br />

conversation fondamentale, mais cruciale, portant sur<br />

les liens qui nous unissent.<br />

Le défi que nous devons donc relever aujourd’hui<br />

est celui de soutenir le modèle de diversité. Ce modèle<br />

doit être soutenu et adapté aux nouvelles réalités<br />

afin de développer une société plus forte. Il faut<br />

des institutions de dialogue démocratique et d’engagement,<br />

au plan formel et informel, afin de trouver<br />

des solutions aux défis naissants.<br />

Cela veut dire que les citoyens et résidents doivent<br />

pouvoir communiquer entre eux et à leurs représentants<br />

toute inquiétude relative à leur intégration et à<br />

leur sens d’appartenance. Ils doivent pouvoir faire<br />

leurs propres choix sur qui appuyer et dans quelles<br />

conditions. Il faut un espace pour l’expression de<br />

scepticisme, ainsi que d’appui enthousiaste, au sein<br />

de notre société.<br />

Expertise organisationnelle<br />

L’ACNU est uniquement placée pour mettre en oeuvre<br />

et soutenir cette initiative puisqu’elle est un organisme<br />

national chargé d’amener les questions internationales<br />

dans la sphère lo<strong>ca</strong>le. Par l’entremise du projet<br />

Intégration et Appartenance, nous pouvons modéliser<br />

le pouvoir du relais du <strong>ca</strong>pital social. Au début de<br />

notre sixième décennie, nous sommes le mouvement<br />

populaire pour l’ONU et la voix du peuple du Canada<br />

au sein de la communauté internationale.<br />

L’ACNU est un organisme de bienfaisance national<br />

sans but lucratif qui, depuis 57 ans, sensibilise le public<br />

<strong>ca</strong>nadien aux questions internationales névralgiques<br />

qui nous touchent tous. C’est un organisme bilingue<br />

comprenant un bureau national à Ottawa et 12<br />

sections régionales à travers le pays.<br />

L’ACNU est composée de 13 000 membres actifs et<br />

appuie le travail de 14 sections dirigées par des bénévoles<br />

et une équipe d’employés à Ottawa. <strong>No</strong>s réseaux<br />

comprennent des institutions dans le domaine<br />

de la jeunesse et de l’édu<strong>ca</strong>tion, de jeunes professionnels<br />

de l’ONU, un conseil d’organismes et d’autres ONG, ainsi<br />

que le siège du Conseil <strong>ca</strong>nadien de leadership corporatif<br />

pour l’ONU qui favorise la participation des entreprises<br />

<strong>ca</strong>nadiennes aux questions se rattachant à l’ONU.<br />

Au cours de son existence, l’ACNU a forgé des partenariats<br />

très réussis avec les écoles, les jeunes, les ONG,<br />

les agences de gouvernements fédéral et provinciaux,<br />

et le grand public. Grâce à ces partenariats, l’ACNU a<br />

développé une expertise dans l’édu<strong>ca</strong>tion et la programmation<br />

axées sur les jeunes à l’échelle nationale.<br />

Antoine Huss est agent de projet, Intégration et Appartenance,<br />

à l’Association <strong>ca</strong>nadienne pour les Nations Unies,<br />

300-309, rue Cooper, Ottawa (Ontario) K2P 0G5; Téléphone:<br />

613-232-5751, poste 247; Télécopieur: 613-563-<br />

2455; Courriel: ; site Web:<br />

.■<br />

« J’ai une impression<br />

positive en général des<br />

discussions de la table<br />

ronde parce que cela a<br />

permis à différents<br />

membres de la<br />

communauté de se réunir<br />

et de voir combien de<br />

personnes, d’organisations<br />

et d’agences à Saskatoon<br />

partagent ces intérêts. »<br />

(Haleh Samimi,<br />

participante à la table<br />

ronde communautaire de<br />

Saskatoon)<br />

5 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


La Calgary Immigrant Aid Society: fournir des services novateurs aux<br />

familles immigrantes et réfugiées à Calgary<br />

Cynthia Gallop, MSW<br />

Aujourd’hui, la CIAS est<br />

un organisme<br />

d’établissement complet<br />

qui fournit toute une<br />

gamme de programmes et<br />

services à la population<br />

immigrante et réfugiée de<br />

Calgary.<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

Respectant les valeurs de l’équité, de l’inclusion,<br />

et de la diversité, la Calgary Immigrant<br />

Aid Society se consacre à assurer aux immigrants<br />

la possibilité de participer à part entière<br />

à la société <strong>ca</strong>nadienne en y contribuant et en<br />

en tirant des bénéfices.<br />

Bref historique<br />

La Calgary Immigrant Aid Society (CIAS) a<br />

été fondée en 1977 par un groupe de citoyens<br />

qui a fourni un personnel bénévole et qui a<br />

établi un bureau dans un espace donné par le Mount<br />

Royal College. Au cours des deux dernières décennies,<br />

la CIAS a maintenu ses traditions de la prestation<br />

de services attentifs et de haute qualité, d’action<br />

communautaire, de bénévolat et de liens de partenariat.<br />

En même temps, la CIAS a répondu aux changements<br />

des besoins, s’est adaptée aux pressions externes,<br />

et a élaboré de nouvelles opportunités.<br />

En partenariat avec les trois niveaux<br />

de gouvernement, le secteur<br />

bénévole et la communauté, la<br />

CIAS s’efforce de fournir aux immigrants:<br />

les compétences nécessaires<br />

pour participer à la communauté;<br />

des renseignements sur les<br />

services et ressources communautaires;<br />

des opportunités qui favorisent<br />

la participation et la fierté civiques;<br />

un soutien et une reconnaissance<br />

de la part de la communauté;<br />

et des initiatives qui renforcent la<br />

<strong>ca</strong>pacité de la communauté d’être inclusive.<br />

Au cours des huit dernières années, La CIAS a aussi<br />

fièrement célébré les réalisations des immigrants et<br />

des réfugiés qui ont contribué de façon remarquable<br />

à notre communauté. On fête ces réalisations au Gala<br />

annuel Immigrants of Distinction Awards. Ces prix<br />

sont décernés à des individus qui ont non seulement<br />

réussi de façon remarquable pour eux et leur famille<br />

mais en même temps ont contribué à la société <strong>ca</strong>nadienne<br />

et sont devenus des modèles et des dirigeants<br />

dans notre communauté.<br />

Aujourd’hui, la CIAS est un organisme d’établissement<br />

complet qui fournit toute une gamme de programmes<br />

et services à la population immigrante et<br />

réfugiée de Calgary. Ces services sont fournis par l’entremise<br />

du Settlement/Language Bank Centre, l’Immigrant<br />

Language and Vo<strong>ca</strong>tional Assessment-<br />

Referral Centre, Special Projects, et le Mosaic Family<br />

Resource Centre.<br />

6<br />

Settlement/Language Bank Centre<br />

Les services d’établissement constituent le premier<br />

point de contact pour de nombreux nouveaux arrivants<br />

à Calgary. Les conseillers en établissement<br />

mènent des évaluations globales pour identifier les<br />

besoins des nouveaux immigrants. En 2003, la CIAS<br />

a fourni des services d’établissement à 3 332 clients<br />

venus de 116 pays. À l’heure actuelle, la CIAS offre<br />

les services d’établissement suivants:<br />

Information et orientation. Les nouveaux arrivants<br />

au Canada reçoivent des renseignements et une orientation<br />

essentiels sur les ressources communautaires<br />

disponibles à Calgary et les façons d’y accéder.<br />

Renvoi. Les services de renvoi dirigent les nouveaux<br />

arrivants vers les ressources disponibles.<br />

Interprétation et traduction. Des services d’interprétation<br />

facilitent la communi<strong>ca</strong>tion entre nouveaux<br />

arrivants et fournisseurs de services pour<br />

permettre à ceux-là d’accéder aux services qu’il<br />

leur faut. La traduction de documents dans plusieurs<br />

langues permet aux clients d’accéder aux services<br />

dans les domaines de l’établissement, de l’emploi,<br />

de l’édu<strong>ca</strong>tion et du counselling.<br />

Counselling positif. Des services de counselling<br />

positif sont offerts aux nouveaux arrivants faisant<br />

face à des problèmes d’établissement tels que l’isolement<br />

et les tensions créées par l’acculturation.<br />

Ateliers de groupe et séances d’orientation. Le<br />

personnel en établissement fournit des ateliers de<br />

groupe et des séances d’orientation sur divers sujets,<br />

dont les lois sur l’immigration, les questions<br />

de santé, les services juridiques, les problèmes de<br />

logement, et les ressources communautaires.<br />

Cours de citoyenneté. Ces cours permettent aux<br />

nouveaux arrivants d’acquérir les compétences, les<br />

connaissances, et la confiance nécessaires pour une<br />

participation informée et responsable à la société<br />

<strong>ca</strong>nadienne.<br />

Services de bénévolat. Les bénévoles font partie<br />

intégrante de la prestation des services aux immigrants.<br />

Ils suppléent au travail fondamental d’établissement<br />

par l’entremise de divers programmes<br />

de soutien. Le programme de bénévolat permet<br />

d’étendre les ressources limitées et de renforcer<br />

l’intégration des immigrants . Le programme assure<br />

recrutement, formation, placement, suivi et<br />

reconnaissance pour tous les bénévoles. En 2003,


423 bénévoles de la CIAS, la plupart des immigrants<br />

eux-mêmes, ont contribué un total de 25 013<br />

heures bénévoles à l’organisme.<br />

Banque linguistique. Les interprètes et traducteurs<br />

bénévoles aident les immigrants, réfugiés et agences<br />

de la communauté avec des <strong>ca</strong>pacités dans plus<br />

de 72 langues. Les services comprennent la traduction<br />

de certifi<strong>ca</strong>ts, diplômes et autres documents<br />

vers l’anglais et à partir de l’anglais, ainsi que des<br />

services d’interprétation pour clients et divers fournisseurs<br />

de services.<br />

Immigrant Language and Vo<strong>ca</strong>tional<br />

Assessment-Referral Centre (ILVARC)<br />

ILVARC est un centre d’évaluation et de renvoi conçu<br />

pour aider les immigrants et les réfugiés à atteindre<br />

leurs objectifs en matière de langue, édu<strong>ca</strong>tion, métier<br />

et <strong>ca</strong>rrière. Le centre est également autorisé à<br />

déterminer l’admissibilité des clients aux Cours de<br />

langue pour les immigrants au Canada (CLIC) parrainés<br />

par le gouvernement fédéral. ILVARC a servi<br />

7 873 clients et a mené 5 404 évaluations en 2003. À<br />

l’heure actuelle, ILVARC offre les services suivants:<br />

• Évaluation du niveau d’alphabétisation en anglais<br />

ou dans la langue première et orientation vers des<br />

cours d’anglais langue seconde (ALS) ou autres<br />

programmes s’il y a lieu<br />

• Détermination d’admissibilité au programme CLIC<br />

et orientation vers les programmes CLIC<br />

• Counselling dans la langue première du client au<br />

sujet de l’édu<strong>ca</strong>tion, de la planifi<strong>ca</strong>tion d’une <strong>ca</strong>rrière,<br />

de la reconnaissance des titres et des techniques<br />

de recherche d’emploi<br />

• Une publi<strong>ca</strong>tion : guide des programmes ALS et<br />

des services aux immigrants et aux étudiants internationaux<br />

à Calgary<br />

Projets spéciaux<br />

Home<strong>ca</strong>re Attendant Training Programme. En collaboration<br />

avec le Bow Valley College, Calgary<br />

Family Services, We Care Home Health Services,<br />

et Calgary Home Support Services, ce programme<br />

offre huit semaines de formation en classe, comprenant<br />

un stage pratique. S’ils ont terminé la formation<br />

avec succès, les participants se voient garantir<br />

un poste à temps plein, qu’ils doivent occuper<br />

pendant un minimum de six mois. Avec un financement<br />

de Human Resources and Employment<br />

de l’Alberta et du gouvernement du Canada, le programme<br />

est fourni sans frais aux immigrants qui<br />

sont chômeurs, sous-employés, bénéficiaires de<br />

l’assurance-emploi ou d’EI Reachback, ou de Supports<br />

for Independence.<br />

Youth Industry Internship Programme. Le Youth<br />

Industry Internship Programme de la CIAS aide<br />

les jeunes immigrants (entre l’âge de <strong>18</strong> et 30 ans<br />

qui sont inadmissibles à l’AE ou au Reachback et<br />

qui n’ont pas étudié au Canada) à trouver et à retenir<br />

un emploi à long terme. Ce programme unique<br />

fournit aux jeunes immigrants des compétences<br />

transférables qui mèneront au maintien de l’emploi<br />

et aux possibilités d’avancement professionnel.<br />

Un partenariat avec l’industrie a été établi pour<br />

fournir 14 semaines d’expérience de travail ainsi<br />

qu’un emploi à temps plein à la fin du programme.<br />

Multicultural In-Home Support Programme. Ce<br />

programme assure des services de soutien à la maison<br />

aux familles immigrantes et réfugiées bénéficiant<br />

de l’aide sociale à l’enfance.<br />

Mosaic Family Resource Centre<br />

Le Mosaic Family Resource Centre offre un modèle<br />

holistique de services aux familles immigrantes et<br />

réfugiées ayant de jeunes enfants. Quinze programmes<br />

différents répondent aux besoins des nouveaux<br />

arrivants et de leurs enfants en matière de santé, édu<strong>ca</strong>tion,<br />

et au niveau social et émotif. Le Centre s’est<br />

occupé de 2 688 immigrants et réfugiés venant de 26<br />

communautés ethniques différentes en 2003. À<br />

l’heure actuelle, les programmes suivants sont offerts:<br />

Children and Parents Programme. Ce programme<br />

assure des services de prévention et d’intervention<br />

aux familles de nouveaux arrivants ayant de jeunes<br />

enfants et ayant besoin d’aide pour accéder aux<br />

services de santé, de récréation et sociaux et aux<br />

ressources en édu<strong>ca</strong>tion de la jeune enfance à Calgary.<br />

Les services sont fournis au centre même et<br />

dans la communauté et comprennent un programme<br />

préscolaire et d’alphabétisation familiale. Le programme<br />

préscolaire s’adresse aux enfants immigrants<br />

et réfugiés âgés de trois à cinq ans et comprend<br />

un programme orienté vers le jeu en vue de<br />

favoriser le développement social, cognitif, physique,<br />

affectif et linguistique dans un environnement<br />

adapté aux différences culturelles, sécuritaire et<br />

avec un soutien en langue maternelle. Le programme<br />

d’alphabétisation familiale est offert dans<br />

la communauté du nord-est de Calgary aux parents<br />

Le Mosaic Family<br />

Resource Centre offre un<br />

modèle holistique de<br />

services aux familles<br />

immigrantes et réfugiées<br />

ayant de jeunes enfants.<br />

7 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


Le projet se sert d’un modèle holistique qui combine<br />

la responsabilisation familiale et individuelle<br />

avec les préoccupations sociales et en matière de<br />

santé (telles que la langue, l’emploi et les obstacles<br />

à l’acculturation) de la famille en tant qu’unité.<br />

La CIAS a reçu un<br />

financement de<br />

Développement des<br />

ressources humaines<br />

Canada pour<br />

l’élaboration d’un Manuel<br />

de Développement d’un<br />

Centre de Ressources pour<br />

les Familles Immigrantes<br />

et Réfugiées avec des<br />

enfants âgés de 0 à 6 ans.<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

et enfants réfugiés et immigrants. Ce programme<br />

permet aux parents de participer aux activités d’alphabétisation<br />

pour améliorer les compétences linguistiques<br />

de leurs enfants et leur permet de développer<br />

des compétences pour soutenir l’apprentissage<br />

de ceux-ci.<br />

Family Resource Programmes. Des ateliers et des<br />

groupes aident les familles immigrantes et réfugiées<br />

à accéder aux ressources et services. Les programmes<br />

comprennent des groupes de parents, un lo<strong>ca</strong>l<br />

de rencontre pour familles, des fêtes culturelles et<br />

des possibilités récréatives, ainsi qu’un service de<br />

prêt de jouets et de livres.<br />

Multicultural Family and Child Training Programme.<br />

Ce programme vise à fournir une intervention<br />

et un soutien multiculturels et ciblés aux<br />

familles immigrantes et réfugiées à haut risque<br />

ayant des enfants âgés de six ans ou moins. Le but<br />

du programme est de soutenir les familles faisant<br />

face à de nombreux obstacles et difficiles d’accès<br />

venant de communautés ethniques mal servies qui<br />

ont des difficultés à jouer le rôle de parents dans la<br />

société <strong>ca</strong>nadienne. Ce programme d’apprentissage<br />

orienté vers le jeu prépare les enfants à réussir à<br />

l’école grâce au développement social et celui des<br />

compétences. Les groupes de parents aident à informer<br />

les parents sur le parentage positif, la<br />

communi<strong>ca</strong>tion, les ressources communautaires<br />

et la façon de stimuler les enfants et d’interagir<br />

avec ceux-ci en vue de favoriser leur développement.<br />

Les groupes de soutien sont offerts dans<br />

toute une gamme de milieux communautaires<br />

tels qu’écoles, centres de ressources, bibliothèques<br />

et chez des familles.<br />

Men’s Programme. Ce programme fournit l’oc<strong>ca</strong>sion<br />

aux hommes immigrants et réfugiés de diverses<br />

communautés culturelles de se rencontrer et de<br />

collaborer en vue d’améliorer les relations familiales,<br />

bâtir des liens sociaux et bien réaliser leur<br />

adaptation à la vie au Canada.<br />

Sudanese Family Empowerment Initiative. Ce projet<br />

aide les clients de la communauté soudanaise<br />

qui font face à de nombreux obstacles dans leur<br />

tentative de s’intégrer à la communauté dominante.<br />

8<br />

Fathers and Children Together. Ce projet aborde<br />

les besoins spécifiques des pères ou des personnes<br />

chargées d’enfants âgés de trois à cinq ans chez les<br />

immigrants. La population ciblée est composée<br />

d’hommes immigrants et réfugiés et de leurs enfants<br />

faisant face à de multiples obstacles et vivant<br />

la pauvreté, le sous-emploi ou le chômage, des problèmes<br />

de santé ou d’attachement, des traumatismes,<br />

des barrières linguistiques, l’isolement culturel<br />

et des défis reliés à l’intégration à la société<br />

<strong>ca</strong>nadienne. Ce projet offre des activités d’apprentissage<br />

communes aux enfants et aux pères, ainsi<br />

que des séances d’information pour les pères et des<br />

activités appropriées pour l’âge des enfants pour préparer<br />

ceux-ci à l’école. Les pères vivent une interaction<br />

sociale et un soutien en passant du temps de<br />

qualité les uns avec les autres et avec leurs enfants.<br />

Community Initiatives and Access Project. Ce projet<br />

fournit des services communautaires<br />

multiculturels aux aînés et aux familles isolées, dans<br />

le but d’augmenter leur participation et de réduire<br />

l’isolement, et de développer un réseau d’appui pour<br />

favoriser l’accès aux services communautaires.<br />

Manuel de Développement d’un Centre<br />

de Ressources pour les Familles<br />

Immigrantes et Réfugiées avec des<br />

enfants âgés de 0 à 6 ans<br />

Le Mosaic Family Resource Centre est reconnu à<br />

l’échelle nationale et internationale pour son programme<br />

flexible, complet, inclusif et polyvalent pour<br />

les familles immigrantes et réfugiées. Des recherches<br />

évaluatives ont été présentées à des conférences provinciales,<br />

nationales et internationales accueillant des<br />

praticiens, décideurs, gestionnaires de services et spécialistes.<br />

La CIAS a reçu un financement de Développement<br />

des ressources humaines Canada pour<br />

l’élaboration d’un Manuel de Développement d’un<br />

Centre de Ressources pour les Familles Immigrantes<br />

et Réfugiées avec des enfants âgés de 0 à 6 ans. Le<br />

manuel a été lancé officiellement le 27 novembre<br />

2003.<br />

Même si des centres pour familles et enfants ont été<br />

développés dans de nombreuses régions du pays, il<br />

existe très peu de manuels sur le sujet. Les questions<br />

critiques touchant les familles immigrantes et réfugiées<br />

abordées dans le manuel ne sont pas traitées<br />

par des organismes ou manuels du secteur principal.<br />

Ce manuel a été créé pour les praticiens, décideurs,<br />

gestionnaires de services et spécialistes pour leur permettre<br />

de participer à la mise sur pied de programmes<br />

semblables et pour sensibiliser le public aux va-


leurs du manuel et aux besoins des familles immigrantes<br />

et réfugiées avec des enfants et à ceux de tout<br />

autre groupe vulnérable, à l’échelle nationale et internationale<br />

(CIAS 2001).<br />

L’objectif précis du manuel était d’offrir à tous les<br />

fournisseurs de services sociaux, services de base et<br />

services aux immigrants, des stratégies et des idées<br />

pouvant contribuer au développement et à la mise en<br />

place de programmes et services positifs, riches en<br />

compétences culturelles et inclusifs : « Il existe de<br />

nombreux programmes de prévention et d’intervention<br />

visant l’appui et l’édu<strong>ca</strong>tion des parents désirant<br />

adopter des stratégies afin de mieux répondre<br />

aux besoins de leurs enfants. Cependant, rares sont<br />

les programmes qui répondent aux besoins particuliers<br />

des familles immigrantes et réfugiées »<br />

(Shimoni et al. 2003, p. iii).<br />

Le manuel fournit des renseignements en vue de faire<br />

comprendre les besoins des familles immigrantes et<br />

réfugiées par l’entremise d’un modèle holistique traitant<br />

entre autres du développement des programmes<br />

pour les enfants et familles. Le manuel discute aussi<br />

des facteurs de risque et du rôle de la pauvreté et de<br />

l’isolement social dans le développement des enfants<br />

et leur état de préparation pour l’école (Shimoni et<br />

al. 2003). Des questions de traitement (l’aide aux familles<br />

démunies et isolées et faisant face à des barrières<br />

à l’accès aux services, au renversement des rôles<br />

et au chômage et sous-emploi) sont également abordées<br />

dans le manuel (CIAS 2001).<br />

Avec l’objectif de renforcer les <strong>ca</strong>pacités dans le secteur<br />

de l’apprentissage de la petite enfance et de la<br />

garde des enfants, le manuel a été reconnu dans les<br />

disciplines reliées aux services sociaux à travers le<br />

Canada pour avoir offert une aide précieuse aux professionnels<br />

et bénévoles oeuvrant dans toute une<br />

gamme d’organismes de services de santé et sociaux.<br />

La gestion, le personnel et les bénévoles de centres<br />

de soutien aux familles, les centres de garde d’enfants,<br />

les organismes de service aux immigrants, les<br />

organismes d’édu<strong>ca</strong>tion en garderie et les instituts de<br />

formation, les instituts de counselling familial, tous<br />

les projets du Programme d’action communautaire<br />

pour les enfants, les associations ethno-culturelles<br />

ainsi que le Conseil <strong>ca</strong>nadien pour les réfugiés (groupes<br />

affiliés nationaux et internationaux) sont les lecteurs<br />

cibles du manuel. Le manuel décrit la façon de<br />

devenir l’organisme hôte pour un centre de ressources<br />

familiales, citant des exemples de l’association<br />

de la CIAS avec le Mosaic Centre. Le manuel comprend<br />

aussi des descriptions de programmes de centres<br />

de ressources familiales (dont des programmes<br />

pour enfants, des programmes pour parents, des programmes<br />

pour familles, des événements spéciaux, des<br />

célébrations, la récréation, des visites à domicile, des<br />

programmes d’alphabétisation, des programmes pour<br />

pères et enfants, et des instruments d’évaluation)<br />

(CIAS 2004).<br />

Le manuel donne des conseils sur la façon de consolider<br />

l’équipe et de créer et de maintenir des partenariats.<br />

Des renseignements sur la promotion des compétences<br />

culturelles au sein des organismes sont également<br />

fournis. On a mené des consultations régulières<br />

(sur le contenu, format et philosophie par les<br />

recherchistes primaires et secondaires, revue poussée<br />

de la documentation actuelle et entrevues intensives<br />

avec le personnel).<br />

La publi<strong>ca</strong>tion du manuel dans les deux langues officielles<br />

en a assuré la distribution à travers le pays.<br />

Une collaboration avec le Centre <strong>ca</strong>tholique pour<br />

immigrants d’Ottawa a fait que les questions de diversité<br />

essentielles au manuel sont présentées de façon<br />

holistique. Vu la diversité ethnique d’Ottawa, le<br />

point de vue francophone a été présenté de façon juste.<br />

De plus, la présentation d’informations sur le manuel<br />

sur un site Web a renseigné des institutions et individus<br />

à travers le pays désireux d’établir un centre de<br />

ressources familiales ou de se renseigner là-dessus.<br />

Le manuel a été présenté à des conférences à travers<br />

le pays pour permettre aux organismes et aux fournisseurs<br />

de services de le commenter.<br />

Les praticiens qui recevaient le manuel ont été invités<br />

à en évaluer l’effi<strong>ca</strong>cité pour la pratique quotidienne<br />

du travail auprès des familles immigrantes et<br />

réfugiées. Sur les 41 praticiens sondés, la grosse majorité<br />

ont été d’accord pour dire que le manuel les a<br />

aidés à augmenter les compétences culturelles concernant<br />

les familles immigrantes et réfugiées avec de<br />

jeunes enfants. Les praticiens ont aussi déclaré que<br />

le manuel leur fournissait des outils pertinents pour<br />

les aider avec la prestation quotidienne de services<br />

aux familles immigrantes et réfugiées avec de jeunes<br />

enfants et qu’il les aiderait dans le domaine du développement<br />

de programmes. De plus, la majorité des<br />

praticiens ont dit que le manuel renforçait leurs connaissances<br />

sur le développement de partenariats. Finalement,<br />

les praticiens ont dit qu’ils consulteraient<br />

Le manuel fournit des<br />

renseignements en vue de<br />

faire comprendre les<br />

besoins des familles<br />

immigrantes et réfugiées<br />

par l’entremise d’un<br />

modèle holistique traitant<br />

entre autres du<br />

développement des<br />

programmes pour les<br />

enfants et familles.<br />

9 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


la <strong>ca</strong>pacité des communautés dans le domaine de l’apprentissage<br />

et de la garde des petits enfants afin de<br />

mieux répondre aux besoins sociaux et aux aspirations<br />

de cette population.<br />

Les questions<br />

signifi<strong>ca</strong>tives et uniques<br />

auxquelles font face les<br />

familles immigrantes et<br />

réfugiées nécessitent des<br />

programmes et des<br />

interventions spécifiques<br />

et comprenant des<br />

compétences culturelles.<br />

le site Web ou le manuel pour se faire aider dans la<br />

prestation de services au jour le jour aux familles<br />

immigrantes et réfugiées avec de jeunes enfants<br />

(CIAS 2004).<br />

Conclusion<br />

Calgary est devenu le quatrième centre en importance<br />

au Canada pour l’accueil des immigrants, avec 8 000<br />

nouveaux arrivants chaque année (Alberta Learning<br />

2003). Il faut une programmation positive pour minimiser<br />

les facteurs de risque tels que la pauvreté, l’isolement,<br />

la nutrition, les questions de développement<br />

pour les enfants et le manque d’accès aux ressources<br />

communautaires. Les questions signifi<strong>ca</strong>tives et uniques<br />

auxquelles font face les familles immigrantes et<br />

réfugiées nécessitent des programmes et des interventions<br />

spécifiques et comprenant des compétences culturelles.<br />

Le Mosaic Family Resource Centre a élaboré<br />

un modèle de programme reconnu<br />

internationalement pour s’attaquer à ces facteurs de<br />

risque et renforcer les familles immigrantes et réfugiées<br />

au moment de leur établissement à Calgary. Le<br />

Manuel de Développement d’un Centre de Ressources<br />

pour les Familles Immigrantes et Réfugiées avec<br />

des enfants âgés de 0 à 6 ans favorise les pratiques<br />

prometteuses signifi<strong>ca</strong>tives ainsi qu’un modèle<br />

holistique de prestation de services auprès des familles<br />

immigrantes et réfugiées. Le manuel aide aussi les<br />

organismes et fournisseurs de services à développer<br />

des programmes culturellement adaptés et renforce<br />

La CIAS exemplifie un modèle holistique de prestation<br />

des services pour aider les nouveaux arrivants à<br />

surmonter les défis inhérents au processus de<br />

réétablissement: en s’appuyant sur les fondements de<br />

son histoire et de ses traditions tout en embrassant<br />

les possibilités de l’avenir. La CIAS est reconnue à<br />

l’échelle nationale pour sa programmation novatrice,<br />

le développement de manuels de services, et une gestion<br />

crédible. La CIAS reste engagée à un haut niveau<br />

d’imputabilité, d’accessibilité, de consultation<br />

communautaire, de partenariat et de collaboration, et<br />

au processus continu d’auto-évaluation.<br />

Références<br />

Alberta Learning. 2003. An Overview of Immigration<br />

to Alberta (IMM1000). Edmonton: Auteur .<br />

Calgary Immigrant Aid Society (CIAS). 2004. « Final<br />

Report to Human Resources Development Canada:<br />

A Handbook for Developing a Resource Centre<br />

for Immigrant and Refugee Families with Children<br />

Ages 0-6. » Calgary: CIAS.<br />

Calgary Immigrant Aid Society (CIAS). 2001. « Project<br />

Proposal to Human Resources Development Canada: A<br />

Handbook for Developing a Resource Centre for Immigrant<br />

and Refugee Families with Children Ages 0-6. »<br />

Calgary: CIAS.<br />

Shimoni, R., Este, D., Clark, D., et Bon Bernard,<br />

C. 2003. Manuel de Développement d’un Centre<br />

de Ressources pour les Familles Immigrantes et<br />

Réfugiées avec des enfants âgés de 0 à 6 ans. Calgary:<br />

CIAS.<br />

Cynthia Gallop, MSW, est planifi<strong>ca</strong>trice de projets à<br />

la Calgary Immigrant Aid Society, #1200, 910-7th<br />

Avenue S.W., Calgary (Alberta) T2P 3N8; Téléphone:<br />

403-265-1120; Télécopieur: 403-266-2486; Courriel:<br />

; site Web:<br />

.■<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

10


Conseil ontarien des organismes de service aux immigrants, conférence<br />

pour le développement professionnel, 20-22 octobre 2004, Orillia<br />

L’Intégration des nouveaux arrivants afri<strong>ca</strong>ins : une étude de<br />

l’établissement des Soudanais en Ontario<br />

Barbara Loh<br />

Le contenu présenté lors de cet atelier était basé<br />

sur l’évaluation des besoins fondamentaux<br />

menée par l’entremise d’un partenariat du<br />

Centre for Addiction and Mental Health de l’Université<br />

de Toronto, Ani-Sa’a (connue aussi sous le nom<br />

de l’Association of Sudanese Women in Research and<br />

Development) et la Division de ressources pour la<br />

recherche sur les réfugiés de l’Université <strong>Carleton</strong>.<br />

Les deux présentatrices, Sarah Bukhari et Beatrice<br />

Khamisa Baya, ont commencé par résumer la situation<br />

géopolitique et culturelle au Soudan et par décrire<br />

le projet de recherche. Ensuite, elles ont présenté<br />

les résultats des recherches ainsi que les recommandations<br />

faites à Citoyenneté et Immigration Canada<br />

(Région de l’Ontario) pour répondre aux besoins<br />

des nouveaux arrivants soudanais.<br />

Des 220 Soudanais interrogés dans les sept villes de<br />

l’Ontario, 1 57 pour cent étaient masculins et 43 pour<br />

cent féminins, et l’âge moyen était de 34 ans. Trentehuit<br />

pour cent des personnes interrogées n’avaient<br />

pas fait d’études secondaires avant d’arriver au Canada,<br />

13 pour cent avaient fini l’école secondaire<br />

avant de venir au Canada, et 49 pour cent avaient<br />

fait des études postsecondaires avant d’arriver au<br />

Canada. La plupart des répondants étaient des réfugiés<br />

parrainés par le gouvernement (RPG) et ils<br />

avaient passé en moyenne 2,1 ans au Canada.<br />

Un grand nombre des Soudanais interrogés ont dit<br />

que trouver un logement abordable était une grande<br />

difficulté pour eux. Pour les RPG, le remboursement<br />

du prêt de transport constituait un fardeau supplémentaire.<br />

Pour demander de l’aide pour ces problèmes<br />

ou d’autres, la plupart des répondants ont dit qu’ils<br />

s’adressaient d’abord à des membres de leur famille<br />

ou à des amis. Une exception était Hamilton, une des<br />

sept villes, où le nombre de ceux qui s’adressaient<br />

aux organismes d’établissement comme leur source<br />

première d’appui social est égal à ceux qui s’adressaient<br />

à des amis. Ceux qui s’adressaient à des travailleurs<br />

en établissement ne les trouvaient pas aussi<br />

utiles que des membres de famille ou des amis.<br />

Certains besoins tels que trouver un logement ou un<br />

emploi ou se faire aider dans l’activité de la vie quotidienne<br />

n’étaient pas satisfaits. Les entrevues ont<br />

révélé aussi que parmi d’autres besoins qui restaient<br />

insatisfaits il y avait l’aide avec la poursuite des études<br />

et les renseignements sur l’évaluation ou la reconnaissance<br />

des titres professionnels. Les attentes<br />

relatives au Canada ont été examinées aussi : quatrevingt-cinq<br />

pour cent ont dit qu’ils ne s’attendaient<br />

pas à la difficulté de trouver un emploi, 76 pour cent<br />

ont dit qu’ils ne s’attendaient pas au coût de la vie au<br />

Canada, et 73 pour cent ont dit ne pas s’attendre à<br />

avoir besoin d’« expérience <strong>ca</strong>nadienne » pour avoir<br />

un emploi. À part le stress de ces besoins insatisfaits,<br />

la plupart des répondants ont dit que leur plus grande<br />

préoccupation concernait la sécurité des membres de<br />

leur famille qui habitaient en dehors du Canada. Un<br />

fardeau financier supplémentaire provenait des attentes<br />

de ces parents à l’étranger qui les obligeaient à<br />

leur envoyer de l’argent.<br />

Quand on a demandé aux répondants quel aspect de<br />

la vie au Canada posait le plus de difficultés d’adaptation,<br />

jusqu’à 85 pour cent ont mentionné le climat<br />

et comment y faire face, par exemple apprendre à s’habiller<br />

pour les grands froids. Quand on leur a demandé<br />

pourquoi ils ne recherchaient pas de l’aide pour certains<br />

de ces problèmes, ils ont répondu qu’ils ne savaient<br />

pas qu’il y avait des sources d’aide ou qu’ils<br />

ne savaient pas où aller chercher de l’aide. Parfois,<br />

ils se sentaient trop gênés pour demander de l’aide,<br />

surtout à des organismes d’établissement.<br />

Dans l’ensemble ce sont les RPG et les répondants de<br />

la <strong>ca</strong>tégorie de la famille qui avaient le plus de difficultés<br />

d’adaptation à la vie au Canada. Plus de femmes<br />

(37 pour cent) que d’hommes (24 pour cent) avaient<br />

des difficultés linguistiques. De plus, les femmes ressentaient<br />

la pression provenant de l’évolution de leur<br />

rôle qu’elles devaient jouer et des attentes à leur égard,<br />

des pressions financières et de l’augmentation de la<br />

charge de travail au sein de la famille. Seulement quelques<br />

répondants, masculins et féminins, ont dit avoir eu<br />

des difficultés avec des organismes gouvernementaux, la<br />

police, leur conjoint(e), ou des membres de leur famille.<br />

En ce qui concerne la santé, de nombreux répondants<br />

ont dit que les inquiétudes les empêchaient de dormir,<br />

qu’ils sentaient constamment une tension, se sentaient<br />

déprimés ou qu’ils étaient , comme la plupart<br />

des RPG, tourmentés par de mauvais souvenirs.<br />

Quant à la garde des enfants, 25 pour cent des parents<br />

ont dit avoir des difficultés avec le système scolaire.<br />

D’autres grandes préoccupations pour de nombreux<br />

répondants étaient le manque d’un centre communautaire<br />

soudanais ainsi que les divisions au sein<br />

de la communauté soudanaise.<br />

Facilitatrices : Sarah<br />

Bukhari et Beatrice<br />

Khamisa Baya,<br />

Association of Sudanese<br />

Women in Research and<br />

Development, Toronto<br />

Les deux présentatrices,<br />

Sarah Bukhari et Beatrice<br />

Khamisa Baya, ont<br />

commencé par résumer la<br />

situation géopolitique et<br />

culturelle au Soudan et par<br />

décrire le projet de<br />

recherche.<br />

1<br />

Les sept villes sont : Ottawa, Hamilton, St. Catharines, Windsor, Kitchener, London et Toronto.<br />

11 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


Trois recommandations<br />

générales ont découlé des<br />

résultats de cette étude : qu’il<br />

fallait trouver des façons de<br />

responsabiliser la communauté<br />

soudanaise, d’établir des liens<br />

entre la communauté<br />

soudanaise et les communautés<br />

et institutions <strong>ca</strong>nadiennes , et<br />

d’augmenter les services à<br />

l’intention de la communauté<br />

soudanaise.<br />

Trois recommandations générales ont découlé des résultats<br />

de cette étude : qu’il fallait trouver des façons<br />

de responsabiliser la communauté soudanaise, d’établir<br />

des liens entre la communauté soudanaise et les<br />

communautés et institutions <strong>ca</strong>nadiennes , et d’augmenter<br />

les services à l’intention de la communauté soudanaise.<br />

Afin d’atteindre ces objectifs, il faudrait une compréhension<br />

et une sensibilité accrues à l’égard de la diversité des<br />

Soudanais et de leurs expériences d’avant la migration.<br />

Contacts :<br />

Sarah Bukhari et Beatrice Khamisa Baya, Association<br />

of Sudanese Women in Research and<br />

Development, 215 Spadina Avenue, Suite 127,<br />

Toronto (Ontario) M5T 2C7; Téléphone : 416-<br />

658-5100, poste 3, et 416-281-6041 (respectivement);<br />

Courriel : et<br />

.■<br />

Étude problématique sur les Soudanais de l’Ontario<br />

Gertrud Neuwirth, Ph.D.<br />

Professeure émérite de sociologie<br />

Tout d’abord, soulignons<br />

le fait que l’enquête ne se<br />

base pas sur un<br />

échantillon tiré au hasard,<br />

puisqu’il n’existe aucune<br />

trace de la population<br />

globale dont un tel<br />

échantillon aurait pu être<br />

prélevé.<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

Lorsqu’on nous a demandé de travailler en partenariat<br />

avec une équipe de recherche du centre<br />

de toxicomanie et de santé mentale de Toronto<br />

sur une étude portant sur les Soudanais de l’Ontario,<br />

nous avons cru – en tant que sociologues habitués<br />

aux problèmes de l’établissement des réfugiés –<br />

que notre rôle serait d’apporter un complément d’expertise<br />

à une unité de recherche constituée principalement<br />

de psychologues et de spécialistes de santé<br />

mentale moins à l’aise que nous avec des questions<br />

d’intégration ou de régimes de prestations (ceux-ci<br />

étant liés à la <strong>ca</strong>tégorie dans laquelle les immigrants<br />

soudanais avaient été classés à leur arrivée). Mais ce<br />

n’était pas le <strong>ca</strong>s. Peu à peu, l’équipe de recherche de<br />

Toronto et l’Association of Sudanese Women in<br />

Research and Development, l’autre équipe à collaborer<br />

sur l’étude, se sont approprié le projet, faisant<br />

fi de nos conseils et suggestions – une situation en<br />

partie due aux contraintes de temps et d’argent auxquelles<br />

étaient soumises les équipes. Rien ne justifie<br />

en revanche que a) nous n’ayons jamais été informés<br />

des modifi<strong>ca</strong>tions considérables apportées à notre travail,<br />

au point d’en changer le sens, b) le rapport final<br />

ne nous ait pas été remis pour validation avant sa soumission<br />

à la province de l’Ontario, validation que nous<br />

n’aurions pas permise sans insister sur un certain nombre<br />

de modifi<strong>ca</strong>tions préalables, c) l’Association of<br />

Sudanese Women in Research and Development ait<br />

présenté à la conférence de l’OCASI, sans nous prévenir,<br />

le travail effectué et d) nous n’ayons eu vent<br />

du projet de l’Association of Sudanese Women<br />

in Research and Development d’exposer le rapport<br />

à Ottawa que par des membres de la communauté<br />

soudanaise.<br />

Étant donné le financement limité du projet, nous<br />

partions du principe que les recherches effectuées<br />

permettraient de soulever certains points, et qu’il serait<br />

nécessaire de les explorer plus avant par des recherches<br />

un peu plus poussées, et cela avant que la<br />

moindre recommandation ne soit faite. Cependant, la<br />

12<br />

version finale de l’étude soumise par l’équipe de Toronto<br />

et distribuée aux organisations soudanaises par<br />

l’Association of Sudanese Women in Research and<br />

Development présente les conclusions de la recherche<br />

comme découlant de statistiques valables et formelles<br />

ne nécessitant aucune amélioration. <strong>No</strong>us ne<br />

pouvons donc qu’attirer l’attention sur deux problèmes<br />

lourds ignorés ou masqués lors de la rédaction<br />

du rapport, et les discuter, dans la mesure où<br />

ils affectent la validité et la pertinence des conclusions<br />

que l’équipe de Toronto a émises au sujet<br />

d’éventuelles réformes des services de soutien<br />

à l’établissement des réfugiés.<br />

Tout d’abord, soulignons le fait que l’enquête ne se<br />

base pas sur un échantillon tiré au hasard, puisqu’il<br />

n’existe aucune trace de la population globale dont<br />

un tel échantillon aurait pu être prélevé. Pour chacune<br />

des sept villes, l’échantillon étudié correspond<br />

à un ensemble de Soudanais contactés au préalable,<br />

échantillon complété par sondage cumulatif. Bien que<br />

l’échantillon soit constitué à parts égales de musulmans<br />

du nord et de <strong>ca</strong>tholiques et protestants du sud,<br />

les musulmans, et plus particulièrement ceux possédant<br />

un bon niveau de qualifi<strong>ca</strong>tion, sont<br />

surreprésentés - plus de 52,7 % sont diplômés au niveau<br />

postsecondaire, par rapport à 17 % pour les protestants<br />

et 13 % pour les <strong>ca</strong>tholiques. 1 Si on se base<br />

sur les différences de niveaux d’études, les musulmans,<br />

avec 28%, possèdent la plus faible proportion<br />

de réfugiés parrainés par le gouvernement (RPG)<br />

contre 90 % de membres de dénominations chrétiennes;<br />

ce sont eux aussi qui possèdent une proportion<br />

beaucoup plus élevée de membres de la <strong>ca</strong>tégorie de<br />

la famille, et de réfugiés au sens de la Convention<br />

(reconnus comme tel au Canada); et c’est le seul<br />

groupe dont certains membres sont immigrants indépendants<br />

ou travailleurs qualifiés. Étant donné<br />

le <strong>ca</strong>ractère faussé de la distribution, l’échantillon<br />

complet n’apparaît guère représentatif de la population<br />

soudanaise.<br />

1<br />

Les statistiques relatives aux niveaux d’instruction dans le rapport final et dans le rapport pour l’OCASI doivent<br />

être corrigées. Dans l’échantillon total, 29 pour cent - et non pas 38 pour cent - n’ont pas fini leurs études secondaires<br />

avant de venir au Canada; et 21 pour cent - et non pas 13 pour cent - les ont terminées.


Les questions de connaissance des services d’aide à<br />

l’établissement par les répondants, et l’utilisation<br />

qu’ils en faisaient étaient couvertes dans une partie<br />

de l’entretien, cette partie ne contenant aucune question<br />

ouverte. L’intervieweur, parcourant à voix haute<br />

une liste de services disponibles pour les nouveaux<br />

arrivants, demandait aux personnes interrogées<br />

d’identifier lesquels des organismes suivants : associations<br />

d’aide à l’établissement des immigrants,<br />

maisons d’accueil, organisations religieuses, amis et<br />

membres de la famille, l’Internet ou d’autres médias,<br />

ou parrains fournissaient les renseignements nécessaires<br />

et les services d’orientation à la vie au Canada,<br />

à la santé et au bien-être, à l’emploi, au transport<br />

et aux questions relatives au rôle des parents.<br />

Suivant la réponse donnée, l’intervieweur cochait la<br />

bonne colonne, à choisir parmi : services et information<br />

requis, reçus, et degré de satisfaction. Ces questions<br />

condensées sont trop complexes et ardues pour<br />

recevoir de la part des répondants des réponses fiables.<br />

De plus, le questionnaire ne donnait pas la possibilité<br />

de répondre par « je ne sais pas », ce qui fait qu’aucune<br />

vérifi<strong>ca</strong>tion du nombre de répondants n’ayant pas de<br />

réponse exacte à donner n’a pu être effectuée. Sans<br />

connaissance des noms exacts des organismes d’aide<br />

à l’établissement présents dans leur ville ou leur quartier,<br />

des Soudanais fraîchement arrivés au Canada<br />

comprendraient-ils le sens du terme « organismes<br />

d’aide à l’établissement » Il n’est par conséquent<br />

pas surprenant que l’analyse de cette partie ait été<br />

laissée de côté par l’équipe de recherche de Toronto.<br />

Seules quelques-unes des réponses ont été incluses<br />

dans la version finale du rapport et présentées lors du<br />

programme de l’OCASI, mais leur interprétation est<br />

discutable, voire fallacieuse, Si les forts taux de réfugiés<br />

parrainés par des groupes privés (80%), d’immigrants<br />

indépendants (77%) et d’immigrants appartenant<br />

à la <strong>ca</strong>tégorie de la famille (50%) n’ayant recours<br />

à aucun organisme d’établissement de base ont<br />

pu, en partie, être attribués à une mauvaise compréhension<br />

de la question, il est tout de même nécessaire<br />

de soulever le fait que a) les « services de base » n’ont<br />

jamais été explicités et b) même définis, ces services<br />

ne relèvent pas nécessairement des organisations responsables<br />

des services à l’immigration. Cependant,<br />

le taux élevé de réfugiés parrainés par le gouvernement<br />

(RPG) ayant bénéficié des services fournis par<br />

leur maison d’accueil confirmerait le fait que les répondants<br />

aient connaissance du nom. Il est pourtant<br />

quelque peu déconcertant de découvrir que l’utilisation<br />

de services d’hébergement par les organismes<br />

d’aide à l’établissement est une des plus faibles pour<br />

les RPG à Ottawa et dans la région métropolitaine de<br />

Toronto. Puisque la maison d’accueil d’Ottawa emploie<br />

un agent chargé de trouver un hébergement pour<br />

les RPG avant leur départ, ces derniers n’auraient<br />

normalement pas besoin de faire appel aux services<br />

de logement. Vu les différences dans l’importance des<br />

échantillons, allant de 15 à St. Catharines à 91 pour<br />

la région métropolitaine de Toronto, le bien-fondé des<br />

conclusions concernant les différences d’usage des<br />

services d’établissement entre les villes est également<br />

discutable. Finalement, à l’exception de Hamilton,<br />

les répondants n’ont pas indiqué si le travailleur en<br />

établissement consulté était Soudanais.<br />

Comme il a été précisé dans la version finale du rapport<br />

et lors de la présentation à la conférence de<br />

l’OCASI, la population soudanaise est pluriethnique<br />

et plurilinguistique. Malheureusement, en raison de<br />

la petite taille de l’échantillon - et de son <strong>ca</strong>ractère<br />

faussé - ayant servi à l’étude, il ne nous a pas été<br />

possible de mieux comprendre, même un peu, quels<br />

sont les besoins réels des différents groupes ethniques,<br />

des groupes urbains et ruraux, des diplômés<br />

comme de ceux qui ont fait moins d’études, et comment<br />

y pallier. Par exemple, en ce qui concerne<br />

l’échantillon de London, il n’est fait aucune mention<br />

des besoins spécifiques des répondants dinkas et<br />

nuers. 2 <strong>No</strong>us aimerions donc faire la recommandation<br />

suivante : que les organismes d’aide à l’établissement<br />

reçoivent des fonds pour former et embaucher<br />

des conseillers d’origine soudanaise suffisamment<br />

compétents pour rencontrer, prendre en charge<br />

et répondre aux besoins des Soudanais particuliers<br />

servis par l’organisme. Sans d’autres recherches et<br />

une meilleure connaissance de la diversité culturelle<br />

de la population soudanaise, il serait prématuré de<br />

lancer une quelconque initiative qui impliquerait la<br />

nécessité de déléguer des prestations de services à<br />

des organisations soudanaises. Ces organisations communautaires,<br />

à l’image d’un Canada multiculturel aux<br />

groupes communautaires souvent liés à l’ethnicité,<br />

représenteraient avant tout les besoins de leurs propres<br />

membres, mais il leur manquerait la connaissance<br />

nécessaire pour répondre aux besoins des autres groupes<br />

ethniques.■<br />

Malheureusement, en<br />

raison de la petite taille de<br />

l’échantillon - et de son<br />

<strong>ca</strong>ractère faussé - ayant<br />

servi à l’étude, il ne nous a<br />

pas été possible de mieux<br />

comprendre, même un peu,<br />

quels sont les besoins réels<br />

des différents groupes<br />

ethniques, des groupes<br />

urbains et ruraux, des<br />

diplômés comme de ceux<br />

qui ont fait moins<br />

d’études, et comment y<br />

pallier.<br />

Photo: Gracieuseté du<br />

HCR<br />

2<br />

Mary Williamson, directrice exécutive du London Cross Cultural Learner Centre, discute les besoins spéciaux de<br />

ces réfugiés dans INSCAN, vol <strong>18</strong>, no 1 (été 2004).<br />

13 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


Dans l’intérêt public : l’accès des immigrants aux professions<br />

réglementées dans l’Ontario d’aujourd’hui<br />

Les présentatrices, Jane<br />

Cullingworth et Uzma<br />

Shakir, ont résumé les<br />

conclusions et les<br />

recommandations de<br />

l’exposé, tout en donnant<br />

des renseignements<br />

d’arrière-plan sur<br />

l’exposé et le projet en<br />

général.<br />

L’exposé identifie trois<br />

changements contextuels<br />

qui affectent la<br />

réglementation<br />

professionnelle :(a)<br />

changements dans les lois<br />

relatives à l’équité, dans les<br />

<strong>ca</strong>dres juridiques des droits<br />

humains et dans la<br />

jurisprudence; (b) les<br />

transformations<br />

démographiques; et (c) la<br />

poussée à la tendance à<br />

améliorer l’accès des<br />

professionnels formés à<br />

l’étranger.<br />

Cinq recommandations en<br />

matière de politiques<br />

figurent dans l’exposé.<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

par PROMPT (Policy Roundtable Mobilizing Professions and Trades)<br />

Adnan Türegün<br />

Cet atelier était basé sur l’exposé de principes<br />

du même nom de PROMPT. Les présentatrices,<br />

Jane Cullingworth et Uzma Shakir, ont<br />

résumé les conclusions et les recommandations de<br />

l’exposé, tout en donnant des renseignements d’arrière-plan<br />

sur l’exposé et le projet en général.<br />

PROMPT est une coalition basée en Ontario regroupant<br />

des associations d’immigrants, professionnelles et<br />

commerciales, des initiatives communautaires et des<br />

groupes de coordination qui travaillent à développer et<br />

à promouvoir des solutions politiques pour améliorer<br />

l’accès aux professions et aux métiers. Dirigée par des<br />

immigrants, la coalition oeuvre pour défendre les intérêts<br />

de toutes les professions et tous les métiers, élabore<br />

des recommandations de politiques dans une perspective<br />

immigrante, et favorise les changements politiques<br />

auprès des parties intéressées, surtout le gouvernement.<br />

Depuis janvier 2003, PROMPT a produit quatre<br />

exposés de principes : « In the Public Interest: Immigrant<br />

Access to Regulated Professions in Today’s<br />

Ontario » (septembre 2004), « Re<strong>ca</strong>sting Equity: A<br />

Conceptual Framework » (octobre 2004), « Smart<br />

Settlement Strategies: Modelling Sustainable Immigrant<br />

Settlement in Ontario’s Communities, » et « Towards a<br />

New Approach to Funding and Implementing Immigrant<br />

Employment Initiatives » (titre provisoire). Les<br />

deux derniers seront rendus publics au début de <strong>2005</strong>.<br />

Généralement reconnue comme une voix crédible de<br />

professionnels et de gens de métier formés à l’étranger<br />

et représentée dans de nombreux forums de parties intéressées,<br />

la coalition a développé des relations avec<br />

les gouvernements, organismes de réglementation, établissements<br />

d’enseignement, et les médias.<br />

L’exposé de principes « In the Public Interest » vise à<br />

décrire le contexte historique et le processus de la réglementation<br />

professionnelle en Ontario; à fournir une<br />

analyse systémique du processus d’inscription du point<br />

de vue des professionnels formés à l’étranger; et de recommander<br />

des changements en vue d’une imputabilité<br />

accrue dans le processus d’inscription du point de<br />

vue des professionnels formés à l’étranger, en s’inspirant<br />

de la documentation, de diverses parties intéressées,<br />

et de modèles internationaux. L’exposé souligne<br />

l’obligation légale des organismes de réglementation<br />

professionnelle de s’assurer qu’il n’y a pas de barrières<br />

systémiques dans leurs politiques et procédures. L’exposé<br />

est basé sur des recherches du Centre for Research<br />

and Edu<strong>ca</strong>tion in Human Services, qui a mené une revue<br />

de la documentation, des entrevues avec des informateurs<br />

clés parmi les parties intéressées ainsi que des<br />

groupes de réflexion avec des organismes de réglementation<br />

et des fonctionnaires. Un groupe de travail de PROMPT<br />

a supervisé le processus, a orienté et guidé la rédaction et a<br />

14<br />

participé à la formulation des recommandations. La table<br />

ronde a fourni des conseils et des idées de façon continue<br />

en vue de l’exposé. Au lancement de l’exposé le 29 septembre,<br />

Mary Ann Chambers, ministre ontarienne de la<br />

Formation et des Collèges et Universités, a annoncé la nomination<br />

du juge à la retraite George Thompson pour entreprendre<br />

un examen des processus d’appel au sein des<br />

professions réglementées de la province.<br />

L’exposé identifie trois changements contextuels qui<br />

affectent la réglementation professionnelle :(a) changements<br />

dans les lois relatives à l’équité, dans les <strong>ca</strong>dres<br />

juridiques des droits humains et dans la jurisprudence;<br />

(b) les transformations démographiques; et (c)<br />

la poussée à la tendance à améliorer l’accès des professionnels<br />

formés à l’étranger. La prémisse de l’exposé<br />

est que l’intérêt public a été défini de façon trop étroite.<br />

Ce qu’il faut c’est de penser à s’assurer que tous les<br />

compétents sont admis plutôt que de se concentrer sur<br />

le refus des incompétents. La réglementation doit garantir<br />

la sécurité autant que l’accès. Les organismes de<br />

réglementation ont une obligation légale de garantir<br />

l’absence de barrières systémiques.<br />

Cinq recommandations en matière de politiques figurent<br />

dans l’exposé. La première est que les processus<br />

d’inscription dans les professions réglementées soient<br />

guidées par les principes essentiels de l’intérêt public,<br />

de l’imputabilité, et de l’équité. Les processus doivent<br />

aussi être pertinents, cohérents, transparents, opportuns,<br />

abordables, accessibles, respectueux et défendables.<br />

Principes essentiels<br />

Dans l’intérêt public<br />

Les processus d’inscription autorisent tous les <strong>ca</strong>ndidats<br />

professionnels qualifiés et compétents à exercer et assurent<br />

la sécurité, la santé et le bien-être du public.<br />

Imputabilité face au public<br />

Les processus assurent et sont considérés assurer que<br />

l’inscription se fait dans l’intérêt public.<br />

Équité<br />

Les processus d’inscription sont menés en conformité<br />

avec l’obligation légale des organismes de réglementation<br />

de ne pas faire de discrimination et donc<br />

de considérer les compétences, les connaissances,<br />

les titres et la <strong>ca</strong>pacité d’exercer sans tenir compte<br />

de la race, de l’origine ancestrale, du lieu d’origine,<br />

de la couleur, de l’origine ethnique, de la nationalité,<br />

de la citoyenneté, de la croyance, du genre, de l’orien-


tation sexuelle, de l’âge, de l’état matrimonial, de la<br />

situation familiale, ou de l’invalidité. De plus, les<br />

processus d’inscription sont menés en conformité<br />

avec l’obligation éthique de l’organisme de réglementation<br />

de ne pas faire de discrimination et donc<br />

de considérer les compétences, les connaissances, les<br />

titres et la <strong>ca</strong>pacité d’exercer sans tenir compte du<br />

pays de formation ou du statut socio-économique,<br />

économique ou d’emploi, et sans tenir compte de la<br />

demande du marché du travail.<br />

Valeurs<br />

Pertinents<br />

Les critères d’évaluation et d’autorisation d’autoriser<br />

ne considèrent que les compétences, les connaissances<br />

et l’expérience appli<strong>ca</strong>bles à un exercice<br />

sécuritaire et compétent selon les normes acceptées<br />

et identifiées de l’industrie et de la réglementation.<br />

Cohérents<br />

À l’intérieur de chaque profession, le processus d’inscription<br />

est cohérent; celui-ci est basé sur l’appli<strong>ca</strong>tion<br />

cohérente de normes minimales d’autorisation<br />

d’exercer en fonction de la compétence, quelles que<br />

soient les particularités du <strong>ca</strong>ndidat ou de l’évaluateur.<br />

Transparents<br />

Les critères, les processus et les résultats et sont communiqués<br />

de façon publique et accessible sont sujets<br />

à un examen de la part du <strong>ca</strong>ndidat et du public, tout<br />

en protégeant l’intimité des <strong>ca</strong>ndidats individuels.<br />

Rapides<br />

L’évaluation, la réévaluation et le processus d’appel,<br />

ainsi que la confirmation des résultats sont disponibles<br />

dans un délai raisonnable et défini.<br />

Abordables<br />

Les frais reliés au processus d’inscription sont justifiables.<br />

Les frais sont abordables et ne compromettent pas<br />

l’accès à l’autorisation d’exercer ni à l’exercice même.<br />

Accessibles<br />

Le processus d’inscription ne comprend pas des exigences<br />

qui ne peuvent pas être satisfaites par tous les<br />

<strong>ca</strong>ndidats qualifiés. C’est aux responsables de la réglementation<br />

de s’assurer que les <strong>ca</strong>ndidats ont accès<br />

à tous les éléments du processus et des critères<br />

de l’autorisation d’exercer qui doivent être ou qui<br />

peuvent seulement être satisfaits au Canada.<br />

Respectueux<br />

Le processus d’inscription reconnaît les connaissances,<br />

les compétences et l’expérience des <strong>ca</strong>ndidats.<br />

Les responsables de la réglementation font preuve<br />

d’un traitement respectueux des <strong>ca</strong>ndidats.<br />

Défendables<br />

C’est aux responsables de la réglementation de s’assurer<br />

que les processus et décisions relatives à l’inscription<br />

sont en conformité avec les valeurs et principes<br />

ci-dessus. C’est aux responsables de la réglementation<br />

de fournir une justifi<strong>ca</strong>tion claire des processus<br />

d’inscription et des raisons des décisions.<br />

La deuxième recommandation est que les organismes<br />

de réglementation soient tenus par la législation d’entreprendre<br />

des vérifi<strong>ca</strong>tions de la réglementation, au<br />

niveau des résultats et du processus, qui aboutissent à<br />

des plans d’action pour l’équité. On fournit au public<br />

des rapports annuels sur l’équité.<br />

Une vérifi<strong>ca</strong>tion des résultats mesure la proportion<br />

des professionnels formés à l’étranger à l’intérieur<br />

d’une profession réglementée en particulier par rapport<br />

à la proportion de ceux-ci chez les professionnels<br />

en général.<br />

Une vérifi<strong>ca</strong>tion du processus identifie la conformité<br />

de chaque processus de réglementation avec les principes<br />

essentiels et les valeurs.<br />

Un plan d’action pour l’équité est élaboré par chaque<br />

organisme de réglementation professionnelle en<br />

collaboration avec d’autres parties intéressées. Le<br />

plan aborde chaque principe et chaque valeur, identifie<br />

les buts, fournit une stratégie de mise en oeuvre<br />

avec des délais concrets, et définit les mé<strong>ca</strong>nismes<br />

de communi<strong>ca</strong>tion et de responsabilité.<br />

La troisième recommandation vise des stratégies qui renforcent<br />

la nature publique de la responsabilité par l’intermédiaire<br />

des conseils de réglementation professionnelle.<br />

Trois idées préliminaires sont soumises à la discussion :<br />

Pour les personnes nommées par le lieutenant-gouverneur<br />

qui existent actuellement, le gouvernement<br />

définit une responsabilité claire par l’intermédiaire<br />

d’une orientation et des forums annuels.<br />

Une nouvelle <strong>ca</strong>tégorie de personnes nommées par<br />

le ministère est créée pour siéger de droit au conseil ,<br />

avec l’obligation clairement définie de rendre compte<br />

au gouvernement.<br />

Des sièges spéciaux pour les représentants communautaires<br />

sont créés pour que ceux-ci puissent refléter<br />

la communauté professionnelle ou générale<br />

quant au lieu de formation.<br />

La quatrième recommandation propose un secrétariat<br />

des gouvernements provinciaux centralisé sur l’accès<br />

aux professions. Avec une représentation de tous les<br />

15 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


niveaux de gouvernement, des associations professionnelles<br />

immigrantes, des organismes de réglementation<br />

professionnelle, des services de reconnaissance des titres,<br />

des établissements d’enseignement, et des employeurs,<br />

le secrétariat rehausserait la responsabilité de la communauté<br />

de réglementation, et fournirait un appui à la communauté<br />

et servirait de véhicule de collaboration<br />

pangouvernementale pour enlever les barrières en matière<br />

de professions. Le rôle du secrétariat comprendrait :<br />

• la création d’un <strong>ca</strong>dre pour continuer l’engagement<br />

et la collaboration;<br />

• la coordination des renseignements, des programmes<br />

et des initiatives entre les gouvernements fédéral, provinciaux<br />

et municipaux pour améliorer l’accès aux<br />

professions;<br />

• le développement, la mise en oeuvre et la garantie<br />

de la conformité avec des conditions prescrites améliorées<br />

pour assurer la responsabilité à travers les<br />

professions réglementées;<br />

• la coordination de la nomination de membres non<br />

professionnels aux conseils d’administration;<br />

• l’appui des organismes de réglementation en vue de<br />

l’amélioration de l’accès des professionnels formés<br />

à l’étranger; et<br />

• la création d’un site Web pour fournir des renseignements<br />

au public sur l’activité de l’organisme de réglementation<br />

et sur la responsabilité.<br />

La dernière recommandation concerne l’établissement<br />

de processus d’appel autonomes pour chaque<br />

profession ou à travers les secteurs. Il y aurait<br />

des commissions d’appel composées d’évaluateurs<br />

n’ayant pas participé aux premiers processus<br />

d’évaluation. Ces commissions comprendraient<br />

des membres informés des aspects techniques et<br />

des processus d’appel.<br />

Contacts :<br />

Faviola Fernandez, PROMPT Coordinator, 2 Carlton<br />

Street, Suite 820, Toronto (Ontario) M5B 1J3; Téléphone<br />

: 416-979-8611; Télécopieur : 416-979-9853;<br />

Courriel : < fernandez@<strong>ca</strong>ssa.on.<strong>ca</strong>>.■<br />

Conseil <strong>ca</strong>nadien pour les réfugiés, Consultation de l’automne, <strong>18</strong>-20<br />

novembre 2004, Victoria, Première partie<br />

Le coût afférent à la séparation des membres de la famille des personnes protégées<br />

Personne ressource : Geri<br />

Sadoway, Parkdale<br />

Community Legal<br />

Services, Toronto<br />

Modérateurs : Kemi<br />

Jacobs, Toronto<br />

Community Housing<br />

Corporation; Chris<br />

Pullenayegem, Citizens<br />

for Public Justice, Toronto<br />

Malheureusement, les<br />

retards dans la<br />

réunifi<strong>ca</strong>tion des familles<br />

se font plus prononcés.<br />

Chris Pullenayegem<br />

Les demandeurs d’asile qui sont acceptés<br />

comme réfugiés au Canada ne sont autorisés<br />

à amener des personnes à charge au Canada<br />

qu’une fois le statut de résident permanent accordé.<br />

Pour plusieurs, cela représente un défi plus décourageant<br />

que la persécution qu’ils ont fuie. Il faut plusieurs<br />

années pour obtenir le statut de résident permanent.<br />

Le fait de ne pas pouvoir se réunir avec les<br />

membres de leur famille <strong>ca</strong>use des difficultés intolérables<br />

pour ceux qui ont déjà connu une vie pleine de<br />

traumatismes, sans parler de la peur constante de ne<br />

jamais revoir leur famille. Depuis de nombreuses<br />

années, la question de la réunifi<strong>ca</strong>tion des familles<br />

des réfugiés est une des priorités du CCR. Il y a eu<br />

de nombreuses tentatives de sensibiliser Citoyenneté<br />

et Immigration Canada à ces problèmes ainsi que de<br />

fournir des suggestions et recommandations quant aux<br />

mesures à prendre. Malheureusement, les retards dans<br />

la réunifi<strong>ca</strong>tion des familles se font plus prononcés.<br />

Atelier<br />

clairement articulés. À la fin de l’atelier, les participants<br />

devaient :<br />

• avoir identifié les obstacles à la réunifi<strong>ca</strong>tion des<br />

familles et les <strong>ca</strong>uses des retards;<br />

• avoir identifié l’impact et les conséquences des<br />

retards dans la réunifi<strong>ca</strong>tion des familles;<br />

• avoir développé et testé des stratégies pour éliminer<br />

les <strong>ca</strong>uses des retards dans la réunifi<strong>ca</strong>tion des<br />

familles; et<br />

• s’être mis d’accord sur une action de suivi spécifique.<br />

L’atelier était basé sur un modèle d’apprentissage<br />

adulte et a profité de la richesse de ressources et de<br />

l’expertise des participants. Plusieurs d’entre eux participent<br />

activement dans le domaine de la loi et de la<br />

politique en matière de réfugiés. Les participants ont<br />

été divisés en groupes et ont eu comme tâche de lister<br />

les <strong>ca</strong>uses des retards dans la réunifi<strong>ca</strong>tion des<br />

familles et l’impact de ceux-ci. Les résultats de ces<br />

discussions ont été assemblés dans un seul document.<br />

L’atelier était basé sur un<br />

modèle d’apprentissage<br />

adulte et a profité de la<br />

richesse de ressources et<br />

de l’expertise des<br />

participants.<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

Une fois de plus, la Consultation du CCR a fourni<br />

une oc<strong>ca</strong>sion aux activistes pour les réfugiés d’étudier<br />

les <strong>ca</strong>uses des retards dans la réunifi<strong>ca</strong>tion des<br />

familles et de se mettre d’accord sur l’idée de prendre<br />

des mesures stratégiques en vue de réduire ou<br />

même éliminer ces retards.<br />

Les résultats de l’atelier organisé par le Groupe de<br />

travail sur l’immigration et l’établissement ont été<br />

16<br />

(1) Les obstacles à la réunifi<strong>ca</strong>tion des<br />

familles et les <strong>ca</strong>uses des retards dans celleci<br />

(sur le plan systémique et opérationnel)<br />

Systémique :<br />

• temps de traitement<br />

• bureaucratie<br />

• certifi<strong>ca</strong>ts et autorisations de sécurité


• in<strong>ca</strong>pacité des enfants mineurs à parrainer leurs parents<br />

• limitations dans la définition de membres de la famille<br />

• négligence des droits des enfants<br />

• frais/pièces d’identité<br />

• manque de communi<strong>ca</strong>tion de CIC<br />

• limitations dues aux cibles<br />

• expiration de certifi<strong>ca</strong>ts médi<strong>ca</strong>ux ou de sécurité<br />

• visas de sortie/documents de transit<br />

• accessibilité linguistique<br />

• retards d’admission<br />

• incompréhensibilité de la procédure<br />

Opérationnel :<br />

• questions de sécurité depuis 9/11<br />

• questions de garde juridique<br />

• membres de la famille non inscrits<br />

• lo<strong>ca</strong>lisation des membres de la famille<br />

• préparatifs de voyage et frais de traitement<br />

• obstacles financiers<br />

• documents d’identité<br />

• reconnaissance, preuve de relations<br />

• accès au système<br />

• conditions du pays<br />

• désinformation chez les réfugiés<br />

• préparatifs de voyage<br />

• emplacement des ambassades<br />

• enfants non inscrits et non qualifiés<br />

• traitement à l’étranger<br />

(2) Impact et conséquence des retards dans<br />

la réunifi<strong>ca</strong>tion des familles<br />

C’était encore plus décourageant de voir l’impact et<br />

les conséquences des retards :<br />

• maladie mentale<br />

• mort de la personne à charge toujours à l’étranger<br />

• in<strong>ca</strong>pacité des enfants à fréquenter l’école<br />

• perte économique<br />

• désintégration des familles<br />

• sentiment d’impuissance et de méfiance à l’égard<br />

du gouvernement<br />

• perte de bonne volonté à l’égard du Canada<br />

• maladie, mort prématurée du <strong>ca</strong>ndidat<br />

• in<strong>ca</strong>pacité de se concentrer sur son travail<br />

• compli<strong>ca</strong>tions du processus-ADN<br />

• responsabilité financière à l’étranger<br />

• intégration retardée<br />

• coûts émotionnels<br />

• tribulations de la famille toujours à l’étranger<br />

• abandon<br />

• pressions sur le secteur de l’établissement<br />

• pressions sur CIC<br />

• burnout ou désensibilisation bureaucratique<br />

(3) Stratégies pour éliminer les <strong>ca</strong>uses des<br />

retards dans la réunifi<strong>ca</strong>tion des familles<br />

A suivi un exercice de simulation intéressant et stimulant,<br />

où les groupes ont été invités à nommer deux<br />

membres pour jouer le rôle de hauts fonctionnaires<br />

de CIC et puis discuter avec les autres membres du<br />

groupe une question spécifique choisie par l’ensemble<br />

des participants. Les questions spécifiques choisies<br />

comme étant importantes étaient :<br />

• l’établissement des relations familiales, y compris<br />

l’examen de la définition de la famille;<br />

• ADN (les fonctionnaires de CIC recourent de plus<br />

en plus à l’analyse de l’ADN pour prouver les relations,<br />

malgré le coût élevé);<br />

• retards de traitement;<br />

• examens médi<strong>ca</strong>ux pour réfugiés;<br />

• accès au système (selon l’opinion générale, il devient<br />

de plus en plus difficile d’obtenir des renseignements<br />

sur des <strong>ca</strong>s); et<br />

• la sécurité (la préoccupation avec la sécurité de<br />

l’Amérique du <strong>No</strong>rd semble jouer un grand rôle dans<br />

le système de détermination du statut de réfugié et<br />

dans le programme de réunifi<strong>ca</strong>tion des familles).<br />

La séance de jeux de rôles et la simulation d’un dialogue<br />

entre CIC et les activistes pour les droits des<br />

réfugiés ont très bien réussi. Cela a facilité des réflexions<br />

critiques claires et a forcé les activistes à la<br />

table à préparer leurs contre-propositions de façon<br />

articulée et plus claire.<br />

On résume ci-dessous certains résultats de cet exercice.<br />

Analyse de l’ADN<br />

Les contre-propositions des activistes en ce qui concerne<br />

le nombre croissant de demandes d’analyses<br />

de l’ADN de la part de CIC :<br />

• souffrances et douleurs pour la majorité afin de<br />

dépister un très petit nombre, et à des coûts élevés<br />

• les analyses risquent de ne prouver que l’adultère<br />

• l’obligation du gouvernement de rembourser les<br />

coûts si la relation s’avère authentique<br />

• quelle est la proportion de relations s’avérant fausses<br />

par rapport au nombre total des analyses<br />

• racisme systémique/définition occidentale incorrecte<br />

de la famille<br />

• pourquoi est-ce un dernier recours<br />

• Comment s’y sont-ils pris avant cette technologie<br />

• Il faut fournir des alternatives avant de demander<br />

les analyses de l’ADN (<strong>ca</strong>use devant une cour fédérale)<br />

• Il faut fournir le pourcentage de ceux qui ont échoué<br />

aux analyses de l’ADN<br />

• Il faut mettre des prêts à la disposition de ceux qui<br />

subissent des analyses de l’ADN<br />

Retards de traitement (selon les activistes)<br />

• Les délais de traitement, même quand tous les critères<br />

ont été satisfaits, sont trop longs.<br />

• Comment les familles peuvent-elles communiquer<br />

mieux que CIC<br />

La séance de jeux de rôles<br />

et la simulation d’un<br />

dialogue entre CIC et les<br />

activistes pour les droits<br />

des réfugiés ont très bien<br />

réussi.<br />

17 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


• Quelle est l’ampleur du problème Il faut fournir<br />

des preuves du passage clandestin des enfants dans<br />

le <strong>ca</strong>dre du programme de réunifi<strong>ca</strong>tion des familles<br />

(données).<br />

Examens médi<strong>ca</strong>ux pour réfugiés (positions de CIC<br />

et des activistes)<br />

CIC<br />

• Le Canada viole les conventions de l’ONU<br />

• le choix de Sophie, désinformation<br />

• le manque d’intervention lo<strong>ca</strong>le<br />

• la désintégration des familles<br />

• les coûts personnels et sociaux de la désintégration<br />

et les questions de santé mentale<br />

• les stéréotypes<br />

(4) Mesures de suivi<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

• danger posé à la santé et à la sécurité<br />

• l’appui du public<br />

Activistes<br />

• Quel est le pourcentage des <strong>ca</strong>s où la condition est<br />

dangereuse<br />

• Il faut rechercher les maladies transmises par voie<br />

aérienne ou contagieuses seulement<br />

• Il faut faire les examens au Canada<br />

• Il faut envisager la possibilité d’une quarantaine si<br />

la maladie est dangereuse<br />

• Il faut sensibiliser le public<br />

• Les visiteurs peuvent entrer sans examen médi<strong>ca</strong>l,<br />

pourquoi pas les réfugiés<br />

Accès au système<br />

CIC<br />

• Il faut assurer la sécurité aux ambassades qui traitent<br />

les demandes du statut de réfugié<br />

• Il faut une certitude quant aux relations familiales<br />

• Il y a des préoccupations en matière de santé publique<br />

• Il y a un manque de ressources<br />

• D’autres immigrants doivent se conformer à la définition<br />

de la famille<br />

Activistes<br />

• Les ambassades des pays qui ne traitent pas les<br />

demandes du statut de réfugié n’ont pas besoin<br />

d’une sécurité spéciale<br />

• Il faut élargir la définition de la famille<br />

• Il faut faire les examens médi<strong>ca</strong>ux lors de l’arrivée<br />

au Canada (admettre les personnes à charge et tester<br />

après)<br />

• Il faut augmenter les ressources<br />

• Il faut faire définir la famille par le <strong>ca</strong>ndidat principal<br />

lors de l’arrivée<br />

• Avant la technologie, on ne pratiquait pas les analyses<br />

de l’ADN et pourtant on établissait les relations.<br />

Sécurité<br />

Position des activistes<br />

• Il faut réduire les retards d’autorisation de sécurité<br />

du Service <strong>ca</strong>nadien du renseignement de sécurité<br />

<strong>18</strong><br />

À la conclusion de l’atelier, les participants ont suggéré<br />

des mesures stratégiques pour s’attaquer à certaines<br />

questions clés. Parmi les suggestions :<br />

• Il faut faire des recherches et des communi<strong>ca</strong>tions<br />

sur la question et les politiques<br />

• la résolution du CCR selon laquelle les documents<br />

certifiés doivent être acceptés<br />

• Il faut choisir certains changements spécifiques et<br />

militer en faveur de ceux-ci (ex. quarantaine au pays)<br />

• Il faut sensibiliser les députés lo<strong>ca</strong>lement sur la<br />

gravité des questions<br />

• Il faut réunir des statistiques sur l’impact des analyses<br />

de l’ADN, le nombre de tests, les résultats,<br />

les histoires, les études<br />

• Il faut recruter des personnes pour parler aux médias<br />

• Il faut examiner des voies juridiques<br />

• Une commission parlementaire part en tournée-il<br />

faut signaler la question<br />

• Il faut mettre sur pied un groupe de travail sur la<br />

réunifi<strong>ca</strong>tion des familles<br />

• Il faut engager CIC dans un exercice de simulation<br />

(renversement des rôles)<br />

Militer en faveur de changements dans la politique<br />

de réunifi<strong>ca</strong>tion des familles continuera d’être une<br />

priorité du programme du CCR. Le Groupe de travail<br />

sur l’immigration et l’établissement, dont cette<br />

question relève, recherche activement des bénévoles<br />

pour travailler en vue de ce changement. Prière de<br />

contacter Alfred Lakunda, Directeur de la politique<br />

en matière d’établissement, CCR, par courriel à :<br />

.<br />

Contacts :<br />

Chris Pullenayegem, Citizens for Public Justice, 229<br />

College Street, Suite 311, Toronto (Ontario) M5T 1R4;<br />

Téléphone : 416-979-2443; Télécopieur : 416-979-<br />

2456; Courriel : .<br />

Geri Sadoway, Parkdale Community Legal Services,<br />

1266 Queen’s Street West, Toronto (Ontario) M6K<br />

1L3; Téléphone : 416-531-2411; Télécopieur : 416-<br />

531-0885<br />

Kemi Jacobs, Toronto Community Housing Corporation,<br />

931 Yonge Street, 2nd Floor, Toronto (Ontario)<br />

M4W 2H2; Téléphone : 416-981-4092; Télécopieur<br />

: 416-981-4095; Courriel : .■


La réponse de CIC à « Le coût afférent à la séparation des membres de<br />

la famille des personnes protégées »<br />

En débutant, prière de noter que les représentants<br />

de Citoyenneté et Immigration Canada<br />

n’ont pas été invités à participer à cet atelier.<br />

Il nous est donc impossible de traiter de toute autre<br />

question, sauf des conclusions tirées par l’auteur de<br />

cet article. On ne peut donc pas présumer que le jeu<br />

de rôles entre les agents d’immigration et les clients<br />

et leurs représentants, reflète vraiment la façon dont<br />

les agents de CIC traitent les demandeurs de résidence<br />

permanente.<br />

CIC a adopté des mesures souples et effi<strong>ca</strong>ces en<br />

vue de la réunifi<strong>ca</strong>tion des membres de la famille de<br />

personnes protégées au Canada. Parmi les mesures<br />

visant à maintenir la cohésion de l’unité familiale<br />

durant le traitement des demandes, on compte certaines<br />

dispositions de la Loi sur l’immigration et la<br />

protection des réfugiés (LIPR) ainsi que l’augmentation<br />

des fourchettes de planifi<strong>ca</strong>tion.<br />

Depuis l’adoption de la LIPR, les procédures de contrôle<br />

des membres de la famille à l’étranger ont été<br />

modifiées; avant l’adoption de cette loi, il était nécessaire<br />

de traiter les demandes des membres de la<br />

famille en même temps que celle du réfugié au Canada,<br />

ce qui entraînait des retards pour tous. Contrairement<br />

à d’autres immigrants, les personnes<br />

protégées peuvent maintenant obtenir le droit<br />

d’établissement avant que leurs personnes à charge<br />

soient évaluées à l’étranger. Une fois que la personne<br />

protégée a obtenu le droit d’établissement,<br />

les demandes des membres de sa famille sont traitées<br />

beaucoup plus rapidement.<br />

Chaque année, le gouvernement du Canada annonce<br />

des fourchettes de planifi<strong>ca</strong>tion pour le nombre d’immigrants<br />

dans chaque <strong>ca</strong>tégorie d’immigration. En<br />

établissant les fourchettes pour diverses <strong>ca</strong>tégories<br />

de visas, on doit parfois faire des choix difficiles<br />

compte tenu des ressources disponibles et des divers<br />

objectifs des politiques gouvernementales. Citoyenneté<br />

et Immigration Canada administre le programme<br />

d’immigration en fonction de ces fourchettes et des<br />

ressources allouées au Ministère par le Parlement.<br />

En date de novembre 2004, le nombre de membres<br />

de la famille de personnes protégées avait déjà dépassé<br />

la fourchette établie, avec un total de 5228 immigrants<br />

appartenant à cette <strong>ca</strong>tégorie. Cela représente une<br />

augmentation d’environ 90 % par rapport au total de<br />

2003 pour la même période de 10 mois. Les totaux annuels<br />

pour 2004 afficheront des augmentations semblables,<br />

<strong>ca</strong>r CIC continuera de traiter encore davantage<br />

de demandes jusqu’à la fin de l’exercice.<br />

Les participants à l’atelier ont établi à juste titre que<br />

les retards accusés étaient attribuables en partie à des<br />

pièces d’identité inacceptables, à une décision de tenir<br />

une enquête de sécurité plus approfondie, à des<br />

résultats de tests médi<strong>ca</strong>ux non concluants ou à l’expiration<br />

d’autorisations de sécurité ou de certifi<strong>ca</strong>ts<br />

de santé. La vérifi<strong>ca</strong>tion de l’identité et la tenue<br />

d’examens médi<strong>ca</strong>ux sont un défi pour les bureaux<br />

qui sont situés dans certaines des régions les plus<br />

inaccessibles du monde. Le temps requis pour vérifier<br />

de façon appropriée l’identité d’une personne<br />

peut encore s’allonger si la situation qui règne dans<br />

le pays empêche les membres de la famille de demeurer<br />

en contact avec la mission. Une forte corrélation<br />

existe entre les pays en des conditions plus<br />

difficiles et le temps de traitement.<br />

CIC continuera d’envoyer graduellement ses ressources<br />

en traitement à l’étranger dans les bureaux des<br />

visas qui ont une charge de travail croissante. Cela<br />

démontre à quel point CIC met tout en œuvre pour<br />

réduire le temps de traitement et maintenir la priorité<br />

qu’il s’est donnée, soit le maintien de l’intégrité<br />

du programme d’immigration. CIC estime que la vérifi<strong>ca</strong>tion<br />

de l’identité et la tenue de contrôles de sécurité<br />

et d’examens médi<strong>ca</strong>ux sont des mesures extrêmement<br />

importantes qui ont pour but de protéger<br />

la sécurité et la santé des Canadiens et des Canadiennes.<br />

CIC n’appuie pas le fait de faire venir au<br />

Canada des membres de la famille de personnes protégées<br />

avant d’avoir examiné s’ils constituent des<br />

risques de sécurité ou de criminalité, effectué les examens<br />

médi<strong>ca</strong>ux nécessaires ou déterminé s’ils sont<br />

en fait des membres de la famille de la personne protégée.<br />

Les bureaux des visas doivent plus particulièrement<br />

être certains de l’identité des enfants afin<br />

d’éviter que le processus d’immigration puisse, sans<br />

le savoir, entraîner la séparation d’une famille dans<br />

le pays d’origine.<br />

Dans les <strong>ca</strong>s exceptionnels où les documents soumis<br />

ne sont pas une preuve satisfaisante qu’il existe une<br />

relation de bonne foi, les demandeurs pourront choisir<br />

de se soumettre à des tests d’empreintes génétiques par<br />

un laboratoire à titre de substitut acceptable pour les<br />

documents requis; on pourrait également exiger qu’ils<br />

se soumettent à de tels tests. Même si certains coûts<br />

sont associés aux tests d’empreintes génétiques, ces tests<br />

pourraient faciliter le traitement des <strong>ca</strong>s exceptionnels<br />

qui auraient pu autrement être refusés.<br />

Les améliorations apportées à la <strong>ca</strong>pacité de traitement<br />

de CIC ont été accompagnées d’une amélioration<br />

du temps de traitement et d’une augmentation<br />

du nombre de revendi<strong>ca</strong>tions réglées par la Commission<br />

de l’immigration et du statut de réfugié<br />

(CISR). CIC continue d’élaborer des politiques effi<strong>ca</strong>ces<br />

tout en prenant des dispositions avec la Commission<br />

de l’immigration et du statut de réfugié afin<br />

19 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


qu’elle améliore son temps de traitement et augmente<br />

le volume de revendi<strong>ca</strong>tions réglées.<br />

CIC continuera d’accorder la priorité à la réunifi<strong>ca</strong>tion<br />

des familles au Canada. <strong>No</strong>us nous<br />

attendons à ce que les représentants des organismes<br />

non gouvernementaux nous signalent là<br />

où il y a place à amélioration. Cela dit, les mesures<br />

que nous prendrons devront tenir compte<br />

de nos obligations législatives quant au maintien<br />

de l’intégrité du système de reconnaissance<br />

du statut de réfugié et à la protection de la santé<br />

et de la sécurité des Canadiens et des<br />

Canadiennes.■<br />

Moyens de protection pour les victimes de traite des personnes<br />

Marina Petrova *<br />

Personnes ressources :<br />

Maria Minkova et<br />

Daniela Resh, Refugee<br />

Women’s Alliance<br />

(ReWA), Seattle, État du<br />

Washington<br />

Modératrice : <strong>No</strong>rrie de<br />

Valencia<br />

Au cours de leur<br />

présentation Maria<br />

Minkova et Daniela Resh<br />

ont exposé les moyens<br />

d’assistance mis en oeuvre<br />

par la ReWA : prise de<br />

contact avec les victimes,<br />

suivi et soutien pendant<br />

les enquêtes, ainsi que les<br />

aspects considérés comme<br />

prioritaires dans le <strong>ca</strong>dre<br />

d’une protection globale.<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

Lors de cette rencontre, Maria Minkova<br />

et Daniela Resh ont présenté la cellule<br />

d’action pour les victimes de traite humaine<br />

(Trafficking Response Team), une équipe<br />

spécialisée de la Refugee Women’s Alliance (Alliance<br />

des Femmes Réfugiées) et fait le point<br />

sur les services et possibilités d’assistance offerts<br />

aujourd’hui dans l’État du Washington aux<br />

victimes de la traite des personnes.<br />

Ce programme, ainsi que les services d’aide<br />

aux victimes de traite qui y sont associés, ont<br />

été subventionnés par la division du<br />

réétablissement des réfugiés (Office of Refugee<br />

Resettlement), une division du US Departlment<br />

of Health and Human Services, le ministère de<br />

la santé améri<strong>ca</strong>in. Cependant, seules les victimes<br />

dûment autorisées peuvent bénéficier de<br />

l’aide. Un second organisme fédéral, le US<br />

Department of Justice (ministère de la justice<br />

améri<strong>ca</strong>in), subventionne la mise en place de<br />

services pour les victimes n’ayant pas encore<br />

obtenu leur autorisation, ou étant en cours<br />

d’identifi<strong>ca</strong>tion.<br />

Maria Minkova participe au programme depuis<br />

sa création en mai 2003 en tant que coordinatrice<br />

principale. Bulgare d’origine, elle a travaillé pour<br />

la première association bulgare d’aide aux femmes,<br />

qui prenait en charge les victimes de traite<br />

et de violence conjugale. En d’autres termes, son<br />

expérience sur le terrain découle à la fois de ses<br />

activités dans son pays natal (la Bulgarie) et son<br />

pays d’accueil (les Etats-Unis).<br />

Daniela Resh, qui occupe la fonction d’intervenante<br />

juridique en matière de traite des personnes<br />

est également présente depuis les débuts<br />

du projet. Originaire de la région de<br />

Seattle, elle est diplômée de l’Université du<br />

Washington, avec majeure en sciences politiques<br />

et études féminines.<br />

La ReWA a été créée il y a quinze ans. Elle a pour<br />

but d’aider les immigrants et réfugiés à s’installer<br />

aux Etats-Unis. La Trafficking Response Team est<br />

*<br />

Rédactrice associée de la DRRR pour la consultation d’automne 2004 du CCR.<br />

20<br />

son action la plus récente: elle vient en réponse à un<br />

besoin de protection toujours plus présent, résultat<br />

de la tendance croissante du nombre de victimes de<br />

traite humaine.<br />

Au cours de leur présentation Maria Minkova et<br />

Daniela Resh ont exposé les moyens d’assistance mis<br />

en oeuvre par la ReWA : prise de contact avec les<br />

victimes, suivi et soutien pendant les enquêtes, ainsi<br />

que les aspects considérés comme prioritaires dans<br />

le <strong>ca</strong>dre d’une protection globale.<br />

Mme Minkova a explicité le terme « Trafficking<br />

Response Team » : il reflète le fait que de multiples<br />

organismes d’aide sont impliqués dans la protection<br />

des victimes, la ReWA agissant en tant qu’instance<br />

coordinatrice. En plus des associations à but non lucratif,<br />

l’alliance fait appel à des organismes d’appli<strong>ca</strong>tion<br />

de la loi. Les services aux victimes vont de la<br />

gestion des <strong>ca</strong>s à la représentation juridique, en passant<br />

par des services d’interprétation en quinze langues<br />

différentes. La ReWA subventionn également<br />

un prestataire de soins de santé, qui bénéficie d’un<br />

remboursement en <strong>ca</strong>s de prise en charge d’un client<br />

de l’alliance. Deux autres ONG sont également mises<br />

à contribution : l’une pour la promotion du projet<br />

(en cinq langues), l’autre pour la mise à disposition<br />

de lieux d’accueil. Le principal organisme d’appli<strong>ca</strong>tion<br />

de la loi à collaborer au projet est le service de<br />

police de Seattle. La cellule d’action étant établie à<br />

Seattle les demandes d’aide proviennent principalement<br />

de l’État du Washington.<br />

Mme Resh a explicité les nombreuses définitions<br />

existantes de la traite des personnes; dans le <strong>ca</strong>dre du<br />

projet, elle a précisé que le terme de victime de traite<br />

des personnes désigne des migrants recrutés de force,<br />

soit par enlèvement, par tromperie ou coercition et<br />

transportés malgré eux dans le but d’être exploités.<br />

Bien qu’il existe une différence entre les trafics aux<br />

niveaux internationaux et nationaux, le projet ne prend<br />

pas en compte les <strong>ca</strong>s de trafic des personnes à<br />

l’échelle nationale, faute de moyens.<br />

L’identifi<strong>ca</strong>tion des victimes, et par la suite leur accueil<br />

au sein de la ReWA se fait grâce à l’aide des


esponsables de communautés (représentants religieux,<br />

membres de différents groupes ethniques) qui<br />

connaissent, ou entendent parler de telle ou telle personne<br />

se faisant exploiter; c’est alors qu’ils composent<br />

le numéro d’appel de l’alliance, joignable 24 heures<br />

sur 24. Mme Minkova a rappelé qu’en raison d’une<br />

mauvaise connaissance de la législation en matière<br />

de trafic humain dans les communautés ethniques,<br />

peu de personnes faisaient appel aux services d’aide<br />

existants. Cependant, grâce aux efforts fournis récemment<br />

pour se faire connaître dans des endroits toujours<br />

plus nombreux – notamment par la multipli<strong>ca</strong>tion<br />

des présentations – les demandes d’aide ont afflué<br />

dernièrement.<br />

En plus des communautés, divers groupes fournissent<br />

à la ReWA des informations sur de potentielles<br />

victimes à contacter; parmi ces groupes, on retrouve<br />

les centres d’accueil pour femmes victimes de violence,<br />

des associations d’aide aux réfugiés et aux immigrants,<br />

des prestataires de soins de santé (services<br />

hospitaliers pour personnes démunies ou sans assurance<br />

notamment), et les services d’appli<strong>ca</strong>tion de la<br />

loi. En fait aujourd’hui, la plupart des informations<br />

recueillies proviennent d’agents travaillant dans des<br />

services d’appli<strong>ca</strong>tion de la loi (FBI, immigration,<br />

douanes), parce que ce sont eux qui enquêtent sur<br />

des affaires de trafic humain et reçoivent les victimes.<br />

D’où l’importance, comme Mme Minkova le<br />

soulignait, de travailler en collaboration avec toutes<br />

les institutions possibles, dans une atmosphère de<br />

confiance mutuelle.<br />

Revenant sur l’identifi<strong>ca</strong>tion des victimes, Mme Resh<br />

a néanmoins précisé que même les agents de services<br />

de police étaient mal formés sur les problèmes de<br />

traite humaine. Peu d’agents de police lo<strong>ca</strong>ux<br />

avaient rencontré le terme et le comprenaient convenablement.<br />

Pour pallier à ce problème, l’équipe<br />

du projet a créé des <strong>ca</strong>rtes de type <strong>ca</strong>rte professionnelle,<br />

avec cinq questions permettant d’identifier<br />

les victimes éventuelles. La ReWA a formé<br />

l’ensemble des agents de police de Seattle à l’utilisation<br />

de ces <strong>ca</strong>rtes, qui se sont révélées un excellent<br />

outil d’aide à l’identifi<strong>ca</strong>tion.<br />

La ReWA procède également à un premier filtrage,<br />

en plus de l’identifi<strong>ca</strong>tion du client (la victime). Le<br />

but principal de ce filtrage est de comprendre quelle<br />

définition s’applique le mieux au <strong>ca</strong>s de l’individu,<br />

ou dans quelle <strong>ca</strong>tégorie le classer. Par exemple, bien<br />

qu’on puisse présenter un individu comme une victime<br />

de traite à l’association, il peut très bien n’être<br />

qu’une victime de passage de clandestins, ou alors la<br />

définition exacte du trafic humain peut ne pas s’appliquer<br />

exactement au trafic mis en <strong>ca</strong>use et, suivant<br />

les <strong>ca</strong>s, différentes mesures doivent être prises. Ainsi,<br />

le trafic humain dans le <strong>ca</strong>s de mariages par correspondance<br />

requiert une approche spécifique.<br />

Après ce premier filtrage, la cellule d’action fait une<br />

évaluation des risques encourus par la victime. Les<br />

circonstances dans lesquelles la personne a échappé<br />

à sa <strong>ca</strong>ptivité ainsi que les mesures de protection<br />

existantes – ou nécessaires – sont analysées, afin d’assurer<br />

la sécurité future de la victime. Souvent, cela<br />

signifie mettre la personne dans un lieu sûr jusqu’à<br />

ce qu’elle soit en mesure de se protéger elle-même,<br />

et émettre une ordonnance restrictive ou un mandat<br />

de protection – ce qui provoque en général une action<br />

rapide des forces de l’ordre.<br />

Après qu’on a dressé l’historique du trafic dont l’individu<br />

a été victime, ce dernier répond à une série de<br />

questions concernant les détails du trafic et de la<br />

fuite. On évalue également les besoins immédiats<br />

de la victime (soins de santé, nourriture, logement,<br />

habits). <strong>No</strong>mbre de victimes d’abus sexuels ne<br />

possèdent pas les vêtements adéquats pour affronter<br />

le froid de Seattle.<br />

L’équipe du projet propose également un plan de traitement<br />

médi<strong>ca</strong>l pour chaque personne. Il consiste en<br />

une liste de services et de recours possibles, ainsi<br />

qu’en une série de moyens d’action à mettre en oeuvre<br />

pour aider la personne touchée de la meilleure manière<br />

possible. Mme Minkova a soulevé le fait qu’il<br />

apparaît très souvent extrêmement difficile, voire insurmontable,<br />

pour les victimes de comprendre les<br />

différents types d’organisation chargées de leur protection,<br />

et de faire la distinction entre elles. Les victimes<br />

viennent souvent de cultures pour lesquelles une<br />

telle variété d’organismes et de services sociaux<br />

n’existe pas. Ainsi, en raison de la barrière linguistique,<br />

surmonter la complexité du plan de traitement<br />

s’avère toujours un défi.<br />

Pour les aider à s’intégrer dans la société, la ReWA<br />

offre aux victimes des cours de langue et d’adaptation<br />

à la vie en société dans lesquels ils apprennent,<br />

entre autres choses, à obtenir leurs <strong>ca</strong>rtes d’identité<br />

et à ouvrir un compte ban<strong>ca</strong>ire.<br />

La ReWA ne prend pas part directement au sauvetage<br />

effectif des victimes de trafic, mais essaie néanmoins<br />

de participer aussi tôt que possible à l’intervention,<br />

afin d’obtenir la confiance et de pouvoir dresser<br />

un historique de l’expérience des victimes.<br />

La période durant laquelle l’alliance s’implique le plus<br />

activement est celle de la convalescence. Pendant cette<br />

période, elle aide la personne libérée à s’adapter à<br />

son nouvel environnement, qui est en général très<br />

différent de celui dont elle s’est échappée.<br />

Mme Minkova a soulevé le fait que, au cours de la<br />

gestion du <strong>ca</strong>s et du travail de défense, il est primordial<br />

de n’avoir qu’une unique personne responsable<br />

de l’affaire, et qu’elle supervise le déroulement de<br />

l’ensemble des actions menées dans le <strong>ca</strong>dre de celleci.<br />

De cette manière, elle peut faire part à la victime<br />

de l’avancement de son dossier. <strong>No</strong>n seulement le<br />

21 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


Plusieurs facteurs entrent<br />

en ligne de compte dans la<br />

gravité du traumatisme<br />

mais la plupart sont<br />

relatifs aux phases<br />

pendant lesquelles la<br />

victime est déplacée,<br />

agressée, vendue et , en<br />

général, se rend compte<br />

qu’elle n’a aucune<br />

échappatoire possible.<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

responsable du dossier assume la fonction de coordinateur<br />

des différents services offerts à la victime et<br />

lui explique leur fonctionnement, mais il essaie également<br />

de l’accompagner aux différentes réunions –<br />

obligatoires ou recommandées –, comme les rencontres<br />

avec les représentants des forces de l’ordre. Ceuxci<br />

sont parfois réticents à faire circuler les informations<br />

en leur possession, soit pour <strong>ca</strong>use de confidentialité,<br />

soit parce qu’ils préfèrent les garder pour euxmêmes.<br />

Bien que par le passé la communi<strong>ca</strong>tion ait<br />

été difficile avec les services de douane et d’immigration,<br />

le temps et la multipli<strong>ca</strong>tion des affaires<br />

ont joué en faveur d’une collaboration toujours<br />

plus facile et effi<strong>ca</strong>ce entre les différentes parties<br />

impliquées. La création d’un diagramme sur lequel<br />

les différentes parties ayant participé notent<br />

les noms de leurs organismes, celui des personnes<br />

impliquées, leur adresse et leur rôle s’est révélée<br />

particulièrement bien pensée.<br />

Durant la période de convalescence, il est conseillé<br />

aux réfugiés de se soumettre à un examen médi<strong>ca</strong>l<br />

complet parce que, la plupart du temps, ils ne sont<br />

pas conscients des problèmes médi<strong>ca</strong>ux auxquels ils<br />

pourraient être sujets. Ils sont bien souvent profondément<br />

traumatisés. Plusieurs facteurs entrent en ligne<br />

de compte dans la gravité du traumatisme mais<br />

la plupart sont relatifs aux phases pendant lesquelles<br />

la victime est déplacée, agressée, vendue et , en général,<br />

se rend compte qu’elle n’a aucune échappatoire<br />

possible. Les degrés de traumatisme varient, mais<br />

en <strong>ca</strong>s d’exploitation prolongée sur plusieurs années<br />

et de violence sexuelle, il peut être très profond et<br />

difficile à surmonter. Il se manifeste par de lourds<br />

problèmes de honte, de sentiment intérieur de médiocrité<br />

et d’inutilité, de dépression à long terme, et<br />

d’absence totale de confiance en soi. L’inscription à<br />

un centre de santé mentale et la consultation par des<br />

spécialistes est toujours souhaitable. De plus, il serait<br />

préférable que les conseillers du centre parlent la<br />

même langue que le client, <strong>ca</strong>r une mauvaise interprétation<br />

nuirait au traitement. Il n’est pas rare de voir<br />

des victimes de traite humaine exploitées pendant des<br />

années tomber dans une dépression grave et se retrouver<br />

in<strong>ca</strong>pables de faire quoi que ce soit une fois<br />

le sauvetage terminé et la victime extraite de son milieu<br />

d’exploitation.<br />

Alors qu’elle décrivait les moyens juridiques de protection<br />

dont la ReWA dispose, Mme Resh a informé<br />

l’auditoire que les lois fédérales en matière de lutte<br />

contre la traite humaine ne dataient que d’octobre<br />

2000. Elles se divisent en trois <strong>ca</strong>tégories : prévention,<br />

protection, poursuites judiciaires. En ce qui concerne<br />

la prévention, le US State Department’s Office<br />

to Monitor and Combat Trafficking in Persons organise<br />

les actions et produit un rapport annuel, le<br />

Trafficking in Persons (TIP), censé inciter les pays du monde<br />

entier à redoubler d’efforts dans la lutte contre la traite humaine.<br />

Le rapport est accessible sur l’Internet à l’adresse<br />

suivante : .<br />

22<br />

En matière de protection, et afin de bénéficier des<br />

lois en vigueur, les victimes devraient s’inscrire dans<br />

la définition spécifique que le Département d’État<br />

améri<strong>ca</strong>in donne de la traite des personnes. Cette définition<br />

fait principalement référence aux formes dites<br />

graves de trafic humain, et distingue d’une part le<br />

trafic en vue d’exploitation sexuelle et d’autre part<br />

les autres formes de trafic à fins d’exploitation par le<br />

travail. Une des procédures pour disposer d’une protection<br />

est l’obtention d’une autorisation. Une fois<br />

obtenue, la victime peut bénéficier des services auxquels<br />

les réfugiés ont droit. Le T-visa est une autre<br />

manière d’obtenir une protection. C’est un type particulier<br />

de visa, pour lequel seules les victimes de trafic<br />

aggravé peuvent faire une demande. Il leur permet<br />

de s’installer aux Etats-Unis et d’y rester pour<br />

une période pouvant aller jusqu’à trois ans, à l’issue<br />

de laquelle ils doivent faire une demande de résidence<br />

permanente; Cependant, les <strong>ca</strong>ndidats à l’obtention<br />

d’un T-visa doivent remplir quatre conditions : avoir<br />

été déplacés de force aux Etats-Unis, être prêts à témoigner<br />

contre les trafiquants, prouver qu’un retour<br />

au pays leur vaudrait des difficultés extrêmes, et faire<br />

une demande de T-visa. Le seuil maximum de T-visas<br />

délivrables est fixé à 5000. Mme Resh a affirmé<br />

que depuis avril 2004, 286 demandes ont été refusées,<br />

sur un total de 371. La principale raison avancée<br />

par les autorités est que ces <strong>ca</strong>s ne correspondaient<br />

pas à la définition de traite humaine, mais plutôt<br />

à celle de passage de clandestins.<br />

De plus, selon Mme Resh, dans le <strong>ca</strong>s où les victimes<br />

de trafic acceptent d’aider à faire condamner les trafiquants<br />

mis en <strong>ca</strong>use, une enquête est ouverte, soit<br />

par un service de police lo<strong>ca</strong>l, soit au niveau fédéral.<br />

S’il s’agit d’une autorité fédérale, l’avantage est<br />

qu’elle peut émettre un permis de « présence constante<br />

», qui constitue un moyen provisoire de soulager<br />

la victime dans le sens où il fournit d’emblée un<br />

statut légal et un droit au travail, alors que les services<br />

de police lo<strong>ca</strong>ux ne peuvent délivrer ce permis.<br />

Quant à l’obtention d’un T-visa, elle pourrait prendre<br />

jusqu’à six mois.<br />

Une personne ne peut bénéficier de l’aide réservée<br />

aux réfugiés que si elle reçoit une autorisation de la<br />

Division du réétablissement des réfugiés (Office of<br />

Refugee Resettlement). Une fois le permis de présence<br />

constante délivré, la personne reçoit son autorisation<br />

et, partant, un droit à l’aide aux réfugiés.<br />

L’autorisation lui donne également la possibilité d’accéder<br />

par demande à un certain nombre d’autres services<br />

proposés par des organismes à but non lucratif<br />

ne travaillant que pour des victimes dûment autorisées.<br />

Depuis avril 2004, selon les chiffres présentés<br />

par Mme Resh, 502 autorisations ont été émises.<br />

Les poursuites judiciaires encourues par les trafiquants<br />

pourraient être engagées en conformité avec<br />

les lois en vigueur au niveau fédéral ou à celui des<br />

États. Au niveau fédéral, les procédures sont souvent


peu transparentes et il devient difficile de faire circuler<br />

les informations en question vers les victimes. Bien<br />

que la législation en matière de traite humaine soit –<br />

au niveau lo<strong>ca</strong>l ou à celui des États – souvent proche<br />

de ce qui se fait au niveau fédéral, seuls trois États<br />

améri<strong>ca</strong>ins, dont celui du Washington, ont accepté de<br />

voter une telle législation pour l’instant. Pour ce qui<br />

est de la période d’enquête et de poursuites judiciaires,<br />

Mme Resh a également signalé qu’on attend des<br />

victimes de trafic en situation de présence constante<br />

une totale coopération. Dans le <strong>ca</strong>s contraire, l’agent<br />

ayant légalisé leur séjour pourrait légitimement l’annuler.<br />

Il pourrait s’ensuivre un effet de double<br />

victimisation. Cette période est donc une étape particulièrement<br />

sensible du processus global de protection<br />

de la victime.<br />

La Trafficking Response Team met tout en oeuvre<br />

pour accélérer autant que possible le processus d’obtention<br />

d’un T-visa, et ainsi garantir à la victime un<br />

temps de séjour plus long, ce qui implique une formalité<br />

supplémentaire, et une difficulté de plus. Il<br />

s’agit en effet d’obtenir l’approbation de la LEA (Law<br />

Enforcement Agency) de la part d’un agent fédéral<br />

ou lo<strong>ca</strong>l. Cette approbation n’est possible que si la<br />

personne intéressée a été victime d’un trafic de type<br />

grave, et aide à la condamnation des trafiquants. Elle<br />

a plus de poids si elle provient d’une autorité fédérale.<br />

Lorsque la victime ne possède aucune approbation,<br />

l’examen est très sévère, le temps de traitement<br />

du dossier s’allonge et les chances de se voir refuser<br />

un T-visa augmentent.<br />

Dans certains <strong>ca</strong>s, les autorités en charge de l’appli<strong>ca</strong>tion<br />

des lois ont refusé d’accorder une approbation<br />

LEA avant la fin de l’enquête. Dans d’autres, elles<br />

ont effectivement accordé leur approbation, alors que<br />

les instances juridiques hésitaient à envoyer l’affaire<br />

devant une cour fédérale ou lo<strong>ca</strong>le. La Trafficking<br />

Response Team ne s’épargne aucun effort pour intercéder<br />

en faveur des victimes, afin qu’elles puissent<br />

recevoir une approbation au plus tôt.<br />

Bien souvent , c’est le crime organisé qui contrôle la<br />

traite des personnes. Par conséquent, aider une victime<br />

pourrait s’avérer particulièrement dangereux.<br />

Afin d’assurer la sécurité des personnes qui assistent<br />

comme de celles qui sont assistées, la ReWA a mis au<br />

point un protocole de protection. Une partie de ce<br />

protocole consiste en un livret remis aux victimes,<br />

sur les mesures à prendre si jamais leurs trafiquants<br />

venaient à les retrouver. Une seconde est un guide de<br />

mesures préventives de sécurité, et d’organisation;<br />

celle-ci souligne l’importance d’éviter sa propre communauté,<br />

et les moyens d’y parvenir; c’est en effet<br />

par le biais des communautés que les trafiquants retrouvent<br />

leurs victimes. S’ajoute à ce protocole le<br />

renforcement, par la ReWA, des liens avec les services<br />

de police lo<strong>ca</strong>ux.<br />

En guise de conclusion, et au vu des efforts fournis<br />

par le gouvernement <strong>ca</strong>nadien pour développer une<br />

législation mieux à même de traiter les problèmes de<br />

traite humaine, Mme Minkova a fait partager ses observations<br />

et ses préoccupations sur le fait que très<br />

peu de personnes, pourtant reconnues comme des victimes<br />

d’exploitation ou de violation des droits humains,<br />

répondent, aux États-Unis, aux critères de définition<br />

des victimes de trafic humain avec circonstances<br />

graves. Peu reçoivent donc l’aide sus-mentionnée,<br />

ou accèdent aux services sociaux pouvant les<br />

amener à obtenir le statut d’immigrant légal et leur<br />

réhabilitation. On peut citer les <strong>ca</strong>s des ouvriers agricoles<br />

étrangers en situation temporaire dont les passeports<br />

sont encore entre les mains de leurs employeurs<br />

aux États-Unis; les nourrices étrangères qui<br />

ne possèdent aucun contrat écrit; et les femmes mariées<br />

par correspondance via l’Internet qui finissent<br />

comme bonnes à tout faire. Selon les lois améri<strong>ca</strong>ines<br />

actuelles en matière de législation anti-trafic, aucun<br />

d’eux ne remplit les conditions nécessaires pour pouvoir<br />

bénéficier des services d’aide décrits auparavant.<br />

L’un des plus gros défis concernant la protection des<br />

personnes ayant subi une expérience de traite grave<br />

reste, avant toute chose, de savoir si un agent des forces<br />

de l’ordre peut, ou ne peut pas, décider qu’un individu<br />

soit effectivement classé comme victime d’un<br />

trafic humain de type grave. S’il n’est pas classé dans<br />

cette <strong>ca</strong>tégorie, il sera expulsé du pays d’accueil. Le<br />

logement constitue un second défi. Des abris sont<br />

fournis aux victimes pour une période de un à deux<br />

mois mais, une fois les premières allo<strong>ca</strong>tions versées,<br />

ces personnes sont censées s’arranger pour trouver<br />

leur propre logement et en payer le loyer. Mais avec<br />

une aide financière mensuelle s’élevant à moins de<br />

400 $ US, la tâche peut s’avérer plus que difficile.<br />

Contacts :<br />

Maria Minkova et Daniela Resh, Refugee<br />

Women’s Alliance (ReWA), P.O. Box 28112,<br />

Seattle, WA 981<strong>18</strong>, États-Unis; Téléphone : 206-<br />

898-4741; Télécopieur: 206-721-3967; Courriel:<br />

et ; site<br />

Web : .■<br />

L’un des plus gros défis<br />

concernant la protection<br />

des personnes ayant subi<br />

une expérience de traite<br />

grave reste, avant toute<br />

chose, de savoir si un<br />

agent des forces de l’ordre<br />

peut, ou ne peut pas,<br />

décider qu’un individu soit<br />

effectivement classé<br />

comme victime d’un trafic<br />

humain de type grave.<br />

Photo: Gracieuseté du<br />

HCR<br />

23 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


Atelier sur la traite des femmes et des enfants - un commerce<br />

multinational lucratif: quelle est notre réponse<br />

Barbara Loh<br />

Produit par le Fonds<br />

Mondial pour les Femmes<br />

à la fin des années 1990,<br />

le film donne une<br />

excellente perspective de<br />

l’ampleur mondiale<br />

horrible de la traite des<br />

personnes aux fins du<br />

commerce sexuel<br />

Troisième Réunion de suivi*<br />

le 15 septembre 2004<br />

Après une pause d’été, le groupe s’est réuni<br />

de nouveau à Ottawa pour une troisième réunion<br />

à la suite de l’atelier du 7 et 8 mai 2004. 1<br />

Les participants ont discuté leurs réflexions sur la<br />

traite des personnes et ont soulevé des questions sur<br />

le sujet. Un participant a demandé quelle est la fréquence<br />

de l’arrivée de mineurs non accompagnés au<br />

Canada. Le groupe s’est dit in<strong>ca</strong>pable de répondre à<br />

cette question et celle-ci a été remise pour clarifi<strong>ca</strong>tion<br />

ultérieure. Sheila Smith et Anne Taylor ont accepté<br />

de continuer leurs efforts pour contacter le Service<br />

de police d’Ottawa (SPO) et la GRC pour avoir<br />

des renseignements concrets.<br />

Ensuite, le groupe a visionné un film de 20 minutes,<br />

« Sisters and Daughters Betrayed: The Trafficking of<br />

Women and Girls and the Fight to End It. » Produit<br />

par le Fonds Mondial pour les Femmes à la fin des<br />

années 1990, le film donne une excellente perspective<br />

de l’ampleur mondiale horrible de la traite des<br />

personnes aux fins du commerce sexuel. 2 Il traite<br />

également des <strong>ca</strong>uses premières de la traite des femmes<br />

et des enfants. Quelques points soulevés dans la<br />

discussion à la suite du visionnement :<br />

• que c’est pénible de savoir que la traite constitue<br />

une grande partie de la vie de certaines personnes;<br />

• que la création de la pauvreté fait partie du problème<br />

et qu’un système mondial organisé se nourrit<br />

de cette pauvreté;<br />

• que le film identifie bien les décisions mondiales<br />

des gouvernements et les effets dévastateurs de<br />

celles-ci sur les pays vulnérables;<br />

• que la traite des personnes est un problème mondial<br />

et qu’il faut espérer que le mouvement antitraite<br />

est aussi une réalité mondiale; et<br />

• que E. F. Schumacher dans son livre intitulé Small<br />

is beautiful: une société à la mesure de l’homme<br />

montre les compli<strong>ca</strong>tions et le gâchis de la mondialisation<br />

tels qu’ils ressortent de ce film, et à qui<br />

sert vraiment la mondialisation.<br />

À la suite du visionnement et de la discussion, le<br />

groupe a délibéré sur l’idée d’organiser un atelier de<br />

deux ou trois heures, se servant de la trousse d’information<br />

(version anglaise) produite par l’Union Internationale<br />

des Supérieures Générales (UISG) et<br />

l’Union des Supérieures Générales (qui, en 2001, a<br />

formé un groupe de travail conjoint à Rome sur la<br />

question de la traite des femmes et des enfants). L’atelier<br />

pourrait servir à sensibiliser les groupes communautaires<br />

lo<strong>ca</strong>ux aux questions relatives à la traite des<br />

personnes. Les participants se sont mis d’accord que<br />

cette idée pourrait être poursuivie et développée davantage<br />

à des réunions ultérieures.<br />

Il y a eu aussi une discussion sur l’idée d’appuyer le<br />

groupe « Femmes et traditions chrétiennes » à l’Université<br />

Saint-Paul d’Ottawa dans son projet anti-traite.<br />

Le groupe FTC espère collaborer avec Parminou, un<br />

groupe de théâtre de Montréal, pour monter une pièce<br />

interactive intitulée « Lost in Traffic » pour la Journée<br />

internationale des Femmes de <strong>2005</strong>.<br />

Quatrième Réunion de suivi<br />

le 12 octobre 2004<br />

La quatrième réunion de suivi a commencé par<br />

un rapport de l’état du projet d’une réunion<br />

de partage d’informations avec des représentants<br />

du SPO et de la GRC. Sheila Smith, qui coordonne<br />

ce projet, a contacté un agent de communi<strong>ca</strong>tions<br />

de la GRC susceptible d’aider à trouver un conférencier<br />

pour la prochaine réunion du mois de novembre.<br />

Les participants ont été invités à fournir une<br />

liste des questions qu’ils voulaient voir abordées par<br />

les représentants du SPO et de la GRC. Parmi ces<br />

questions il y avait :<br />

• la prévalence de la traite des personnes à Ottawa;<br />

• le traitement accordé aux <strong>ca</strong>s de traite par le SPO<br />

et la GRC;<br />

• la poursuite de la part du SPO et de la GRC des<br />

liens entre la traite et les sociétés multinationales;<br />

• l’engagement du SPO et de la GRC dans les efforts<br />

anti-traite au niveau international; et<br />

• les possibilités de contribution de groupe lo<strong>ca</strong>ux<br />

aux efforts anti-traite de la GRC.<br />

* La coauteure de ce compte rendu est Sheila Smith, que l’on peut contacter pour avoir des copies du procèsverbal<br />

de chacune des trois réunions rapportées dans ce numéro.<br />

1<br />

Un compte rendu de l’atelier de mai a été publié dans INSCAN, vol. <strong>18</strong>, no 1 (été 2004), p. 22-25.<br />

2<br />

Au moment de la production du film, la définition de l’ONU de la traite des personnes était limitée à la traite en<br />

vue de l’exploitation sexuelle. Cette définition a été élargie depuis pour inclure toute forme d’esclavage où les<br />

personnes deviennent des victimes et où elles sont dupées. Pour voir la définition de l’ONU, prière de visiter:<br />

.<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

24


Après l’élaboration de cette liste, les participants ont<br />

discuté le film Sex Traffic présenté à la CBC le 10 et<br />

11 octobre 2004. Kevin Doyle du centre Kairos-<br />

Spirituality for Social Justice a ensuite partagé ses<br />

recherches sur l’Internet relatives à l’impli<strong>ca</strong>tion des<br />

sociétés commerciales dans le commerce du sexe, la<br />

base probable du film. 3<br />

Il y a eu aussi encore des discussions sur l’idée de<br />

parrainer un projet théâtral (« Lost in Traffic ») avec<br />

le groupe FTC de l’Université Saint-Paul pour la Journée<br />

internationale des Femmes de <strong>2005</strong>. Les participants<br />

ont ensuite écouté une section d’une conférence<br />

enregistrée de Kevin Bales, directeur de Free the Slaves<br />

et auteur de Disposable People: New Slavery in<br />

the Global Economy. La conférence, prononcée à<br />

l’Université de l’Alberta, a été diffusée sur le programme<br />

« Ideas » de CBC Radio One le 23 avril 2004.<br />

Cinquième Réunion de suivi<br />

le 9 novembre 2004<br />

Àla cinquième réunion, le <strong>ca</strong>poral Daniel Ste-<br />

Marie de la GRC s’est joint au groupe en<br />

tant que personne ressource. Il a commencé<br />

sa présentation par citer Martin Luther King Jr.:<br />

« Toute injustice, où qu’elle se produise dans le<br />

monde, est une menace pour la justice partout ailleurs.<br />

<strong>No</strong>us sommes pris dans un réseau de réciprocité<br />

auquel nous ne pouvons échapper, tous liés par une<br />

destinée commune. Ce qui touche directement l’un de<br />

nous, nous touche tous indirectement. » 4 Le <strong>ca</strong>poral<br />

Ste-Marie a ensuite répondu à quelques-unes des questions<br />

soulevées par le groupe lors de la réunion précédente.<br />

Il a dit qu’il manque des statistiques concluantes<br />

sur le nombre de personnes trafiquées et que l’on estime<br />

le nombre annuel à entre 700 000 et quatre millions.<br />

L’é<strong>ca</strong>rt est dû à la difficulté de les identifier.<br />

Le mouvement des personnes trafiquées va du tiers<br />

monde vers le monde industrialisé, de l’hémisphère<br />

Sud vers l’hémisphère <strong>No</strong>rd, et de l’Est vers l’Ouest.<br />

La traite des personnes génère approximativement 10<br />

milliards de dollars par année, un chiffre d’affaires<br />

équivalent à celui d’un petit pays. Les profiteurs sont<br />

des groupes du crime organisé tels que des <strong>ca</strong>rtels de<br />

la drogue et des bandes de motards qui collaborent à<br />

l’échelle internationale pour déplacer de grands groupes<br />

de personnes à travers les frontières. Leurs réseaux<br />

étendus leur permettent de recourir à des itinéraires<br />

extrêmement indirects, ce qui empêche les efforts<br />

des organismes d’appli<strong>ca</strong>tion de la loi de suivre<br />

leurs pistes. Le <strong>ca</strong>poral Ste-Marie a rappelé un <strong>ca</strong>s où<br />

une personne trafiquée avait été déplacée à travers<br />

12 pays différents sur trois continents avant d’arriver<br />

aux États-Unis. De plus, comme dans le <strong>ca</strong>s du Canada,<br />

les personnes trafiquées sont déplacées de ville<br />

en ville et de métier en métier à de nombreuses reprises.<br />

Une personne trafiquée peut être amenée à un<br />

salon de massage dans une ville pour ensuite être<br />

transférée à un atelier de misère dans une autre ville<br />

au bout de quelques semaines ou mois. Ce jeu rend la<br />

tâche de retracer la victime difficile à la police et fait<br />

subir un stress à la personne trafiquée en l’empêchant<br />

de développer un sens de l’endroit où elle se trouve<br />

ou de chercher à se faire protéger ou à sortir de sa<br />

situation.<br />

Le <strong>ca</strong>poral Ste-Marie a dit qu’au Canada la plupart<br />

des personnes trafiquées, surtout celles dans le commerce<br />

du sexe, sont acheminées vers des centres tels<br />

que Montréal, Toronto, et Vancouver parce que ceuxci<br />

sont le lieu du <strong>ca</strong>pital et qu’il y a une grosse demande<br />

de services sexuels dans les grands centres.<br />

Les participants ont été d’accord que la demande de<br />

services sexuels constitue un des problèmes reliés à<br />

la traite des personnes qu’il faut aborder.<br />

Comme le <strong>ca</strong>poral Ste-Marie l’a expliqué, les personnes<br />

trafiquées sont prises au piège au moyen de la<br />

duperie et de la violence. On leur dit, par exemple,<br />

que le Canada a un programme d’assistance sociale<br />

très généreux et que les rues y sont « pavées d’or. »<br />

Quand elles se sont endettées, de jusqu’à 50 000$ US<br />

parfois, leurs documents (ex. passeports) leur sont pris<br />

et elles sont soumises à force d’être battues ou amenées<br />

à croire que leurs familles seront attaquées si<br />

elles n’obéissent pas aux trafiquants.<br />

Le gouvernement <strong>ca</strong>nadien s’est engagé à créer une<br />

stratégie nationale pour combattre la traite des personnes.<br />

Il a créé le Groupe de travail interministériel<br />

sur la traite des personnes (GTITP) pour s’attaquer<br />

au problème au niveau fédéral. Le groupe a lancé une<br />

<strong>ca</strong>mpagne dans les médias, utilisant des affiches pour<br />

sensibiliser le public à la traite des personnes. 5 Ces<br />

affiches et un livret d’informations ont été ensuite<br />

envoyés à des organisations à travers le pays et à<br />

l’étranger. Dans le <strong>ca</strong>dre du GTITP la GRC s’est fixé<br />

trois buts : la prévention, la protection et les poursuites.<br />

Elle cherche à s’attaquer la traite des personnes<br />

au Canada :<br />

• en faisant baisser la demande de personnes trafiquées<br />

par l’édu<strong>ca</strong>tion du public;<br />

• en trouvant les moyens de protéger les personnes<br />

trafiquées en vue de leurs témoignages devant le<br />

tribunal;<br />

• en sensibilisant les organismes d’appli<strong>ca</strong>tion de la<br />

loi et les juges pour que ceux-ci apprécient mieux<br />

la complexité de la traite des personnes (et pour<br />

empêcher donc que les personnes trafiquées soient<br />

des victimes une deuxième fois, cette fois aux mains<br />

du tribunal);<br />

Après l’élaboration de<br />

cette liste, les participants<br />

ont discuté le film Sex<br />

Traffic présenté à la CBC<br />

le 10 et 11 octobre 2004.<br />

Le <strong>ca</strong>poral Ste-Marie a<br />

rappelé un <strong>ca</strong>s où une<br />

personne trafiquée avait<br />

été déplacée à travers 12<br />

pays différents sur trois<br />

continents avant d’arriver<br />

aux États-Unis.<br />

3<br />

Un résumé de la présentation de Kevin Doyle figure séparément ci-dessous.<br />

4<br />

« Letter from a Birmingham Jail » (le 16 avril 1963).<br />

5<br />

Pour avoir de plus amples renseignements sur le GTITP, prière de visiter : .<br />

25 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


Le documentaire de la CBC, Sex Traffic, a montré<br />

une société militaire privée améri<strong>ca</strong>ine du<br />

nom de Kernwell qui était impliquée dans la<br />

trafic sexuel dans l’ex-Yougoslavie. L’histoire a pu<br />

être basée sur une compagnie militaire privée listée<br />

par Fortune 500 du nom de DynCorp. 1 Deux employés<br />

de DynCorp ont été congédiés après avoir dénoncé<br />

certains employés et superviseurs de la compagnie<br />

qui achetaient et vendaient des femmes.<br />

Ben Johnston, un mé<strong>ca</strong>nicien d’avions du Texas, a<br />

accepté un contrat de trois ans chez DynCorp, l’entrepreneur<br />

du Département d’État des États-Unis en<br />

Bosnie. À la fin des années 1999, sa première année,<br />

il a découvert que des employés de DynCorp exploitaient<br />

un réseau d’esclavage sexuel de jeunes femmes<br />

qui ont été détenues pour la prostitution après la<br />

confis<strong>ca</strong>tion de leurs passeports. En 2000, il a signalé<br />

cela à ses superviseurs et, à sa grande surprise, il a<br />

été congédié et renvoyé.<br />

Une situation semblable est survenue dans le <strong>ca</strong>s de<br />

Kathryn Bolkovac, une surveillante de la Force de<br />

Police Internationale de l’ONU (FPI), qui a été invitée<br />

à enquêter sur les histoires de la traite. Il s’est<br />

trouvé que l’ONU a accordé un contrat de FPI à<br />

DynCorp. Quand Bolkovac, en vérité une employée de<br />

DynCorp, a signalé que les agents de police à contrat<br />

participaient au trafic sexuel, elle a été congédiée. 2<br />

Bolkovac et Johnston ont intenté des poursuites contre<br />

la compagnie pour congédiement injustifié. En 2003,<br />

Bolkovac s’est fait accorder un règlement financier important<br />

par un tribunal londonien et, en quelques heures,<br />

DynCorp a réglé à l’amiable avec Johnston.<br />

Trafic sexuel et DynCorp<br />

Kevin Doyle<br />

Quand Victor Malarek, auteur de The Natashas 3<br />

enquêtait sur le trafic sexuel en Bosnie, il est tombé<br />

par hasard sur l’histoire de DynCorp. Il avait reçu<br />

la permission d’accompagner les membres de<br />

l’unité d’enquête de l’ONU sur le trafic des prostituées<br />

lors de leurs descentes effectuées dans le<br />

secteur du Kosovo contrôlée par les États-Unis.<br />

Un des agents de police était un Texan, John<br />

Randolph, qui, tout comme Bolkovac travaille<br />

pour DynCorp à contrat pour l’ONU. Après la première<br />

descente, une série de descentes secrètes sur<br />

d’autres bars a soudain été annulée par le commandant<br />

améri<strong>ca</strong>in. Malarek accuse Randolph<br />

d’avoir rapporté les descentes secrètes à DynCorp<br />

qui a usé de son influence pour arrêter l’enquête.<br />

En mars 2003, DynCorp a été acquise par<br />

Computer Sciences Corporation. La compagnie<br />

s’appelle maintenant CSC/DynCorp et a depuis<br />

reçu de nouveaux contrats pour assurer l’ordre<br />

public en Irak.<br />

Intitulé « Operation Embedded Complicity, » le numéro<br />

d’octobre 2003 de Press for Conversion prétend<br />

que le Régime de pensions du Canada a des<br />

investissements de 1 704 000 dans CSC. 4 Le « crime<br />

organisé » impliqué dans le trafic sexuel a sûrement<br />

atteint un nouveau niveau d’organisation.<br />

Contacts :<br />

Kevin Doyle, Kairos-Spirituality for Social Justice<br />

Centre, 211, avenue Bronson, pièce 306, Ottawa<br />

(Ontario) K1R 6H5; Téléphone : 613-236-<br />

6557; Courriel : .■<br />

1<br />

<br />

2<br />

<br />

3<br />

Victor Malarek, The Natashas: The New Global Sex Trade (Toronto: Viking Press, 2003).<br />

4<br />

Une copie du bulletin de Press for Conversion est disponible à : .<br />

• en trouvant des façons de collaborer avec des organisations<br />

non gouvernementales et de service (ex.<br />

refuges) pour leur permettre d’aider les personnes<br />

trafiquées et leur fournir du counselling;<br />

• en trouvant les moyens d’établir des liens entre fournisseurs<br />

de services et enquêteurs;<br />

• en trouvant les moyens de créer des programmes<br />

d’intégration pour les personnes trafiquées;<br />

• en essayant de favoriser les recherches sur la question;<br />

• en établissant des liens entre les organismes d’appli<strong>ca</strong>tion<br />

de la loi ( au niveau lo<strong>ca</strong>l, provincial, fédéral,<br />

et international) 6 ; et<br />

• en formant sa propre unité de la traite des personnes<br />

(en cours de développement) pour travailler<br />

avec son unité de communi<strong>ca</strong>tions en<br />

vue de sensibiliser le public à la traite des<br />

personnes.<br />

Au Canada, il n’y a eu aucune condamnation pour<br />

la traite des personnes. Aujourd’hui, même si le<br />

coupable peut se voir imposer une amende de jusqu’à<br />

un million de dollars, la gravité de la peine<br />

dépend entièrement de la discrétion du juge puisqu’il<br />

n’y a toujours pas de précédents. Pour ce qui<br />

est de la juridiction, la GRC peut poursuivre des<br />

trafiquants ou des organisations situés au Canada<br />

même si les personnes trafiquées ne se trouvent<br />

pas au Canada.<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

6<br />

À l’heure actuelle, il y a environ 35 agents de liaison postés dans à peu près 26 pays à travers le monde pour<br />

travailler avec la police lo<strong>ca</strong>le, La GRC fait partie du Groupe de travail Canada-Chine servant à s’attaquer aux<br />

problèmes mutuels de la traite des personnes et de la drogue.<br />

26


Le <strong>ca</strong>poral Ste-Marie a dit aux participants qu’ils<br />

pouvaient combattre la traite des personnes en signalant<br />

tout incident suspect aux autorités; en sensibilisant<br />

le public à la question; en exerçant des pressions<br />

sur les médias pour que ceux-ci mettent la traite des<br />

personnes au premier plan; en faisant du lobbying<br />

auprès des gouvernements pour que ceux-ci fournissent<br />

des programmes de refuge, de soutien et d’intégration<br />

pour les personnes trafiquées; et en essayant<br />

de changer la perception des êtres humains comme<br />

des marchandises.<br />

À la fin de la réunion, Sheila Smith a signalé qu’il y a<br />

maintenant 10 groupes différents au sein de la Conférence<br />

religieuse <strong>ca</strong>nadienne qui s’intéressent à accueillir<br />

la pièce « Lost in Traffic. » De plus, la CRC<br />

organise un atelier sur la traite des personnes à Toronto<br />

qui se concentrera sur la sensibilisation et les<br />

moyens d’utiliser la trousse produite par l’UISG<br />

comme outil d’apprentissage.<br />

Finalement, le groupe a discuté la possibilité d’inviter<br />

les membres d’organisations de fournisseurs de<br />

services au niveau lo<strong>ca</strong>l aux réunions sur la traite des<br />

personnes et de discuter peut-être les façons de collaborer<br />

à des projets de sensibilisation à l’avenir. Après<br />

tout, « ce qui touche directement l’un de nous, nous<br />

touche tous indirectement. »<br />

Contacts :<br />

KAIROS- Spirituality for Social Justice Centre, 211,<br />

avenue Bronson, Pièce 306, Ottawa (Ontario) K1R<br />

6H5; Téléphone : 613-236-6557; Courriel :<br />

<br />

Sheila Smith, RSCJ, Justice, Peace, Integrity of<br />

Creation (JPIC) Fieldworker Ontario, Conférence<br />

religieuse <strong>ca</strong>nadienne, 211, avenue Bronson, Pièce<br />

220, Ottawa (Ontario) K1R 6H5; Téléphone : 613-<br />

237-5550, poste 224; Courriel : <br />

Daniel Ste-Marie, <strong>ca</strong>poral, enquêteur, unité sur l’immigration<br />

et les passeports et les enquêtes spéciales,<br />

Gendarmerie royale du Canada, 155, avenue<br />

McArthur, Ottawa (Ontario) K1A 0R4; Téléphone :<br />

613-998-1773; Télécopieur : 613-957-8629;<br />

Téléavertisseur : 613-780-2832; Courriel :<br />

.■<br />

Photo: Gracieuseté du HCR: Sarah Errington<br />

27 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


Réseau <strong>ca</strong>nadien pour la santé des survivants de la torture et de la<br />

violence organisée (ResCanNet)<br />

Le Bulletin (<strong>Hiver</strong> <strong>2005</strong>) <strong>Vol</strong>ume 7.4<br />

Compte rendu de la réunion de<br />

ResCanNet<br />

Victoria (Colombie-Britannique) - le 20<br />

novembre 2004<br />

Présences :<br />

Mulugeta Abai, Centre <strong>ca</strong>nadien pour les victimes de<br />

la torture; Ken Agar-Newman, Victoria Coalition for<br />

Survivors of Torture (VCST); Howard Dieno, VCST;<br />

John Docherty, Réseau d’intervention auprès des personnes<br />

ayant subi la violence organisée (RIVO); Peter<br />

Golden, VCST; Kirby Huminuik, Vancouver Association<br />

for Survivors of Torture (VAST); Janet Mackey,<br />

Association for New Canadians; Shane Molyneaux,<br />

VAST; Tomoko Okada, VCST/Inter-Cultural Association<br />

of Greater Victoria; Adnan Türegün,<br />

INSCAN : l’établissement international au Canada;<br />

Penny Whillans, VCST; Nancy Worsfold,<br />

Services aux immigrants d’Ottawa-<strong>Carleton</strong><br />

Don Payne et Angeli<strong>ca</strong> Marin-Lira s’excusent et envoient<br />

leur salut aux autres.<br />

Les membres du groupe se sont présentés. Certains<br />

participants ont mentionné des points d’intérêt spécifiques.<br />

Howard a fait observer que toutes nos organisations<br />

sont à la limite de leurs ressources. Penny<br />

a mentionné que l’on continue à se demander comment<br />

communiquer avec le public à propos de la<br />

ResCanNet est un réseau formé d’individus<br />

et de groupes à travers le Canada qui apporte<br />

un soutien aux survivants de la torture. Les buts de<br />

ResCanNet sont de faciliter l’interaction entre des<br />

groupes et des individus, de fournir une fondation plus<br />

ferme de soutien aux fournisseurs de services, et de<br />

former une voix plus puissante et unie auprès des<br />

avo<strong>ca</strong>ts pour les survivants. La participation ou l’adhésion<br />

au réseau est ouvert aux groupes qui travaillent<br />

directement avec les survivants de la torture; aux organisations<br />

et individus qui travaillent avec les réfugiés;<br />

aux groupes de santé; aux groupes culturels; et<br />

à toute autre personne intéressée.<br />

Le Réseau <strong>ca</strong>nadien est actuellement coordonné par le<br />

Centre <strong>ca</strong>nadien pour les victimes de la torture (CCVT).<br />

Contact:<br />

Mulugeta Abai, Directeur executif<br />

Centre <strong>ca</strong>nadien pour les victimes de la torture<br />

194, rue Jarvis, 2e étage<br />

Toronto, Ontario<br />

Canada M5B 2B7<br />

Téléphone: 416-363-1066<br />

Télécopieur: 416-363-2122<br />

Courriel: ccvt@icomm.<strong>ca</strong> ou mabai@ccvt.org<br />

(Directeur executif)<br />

Site Web: http://www.icomm.<strong>ca</strong>/ccvt<br />

Le Bulletin publié dans INSCAN est une des façons<br />

dont le Réseau <strong>ca</strong>nadien communique. <strong>No</strong>us voudrions<br />

grandement remercier INSCAN pour cette<br />

oc<strong>ca</strong>sion. Le Bulletin est préparé par Ken Agar-Newman<br />

de la Coalition de Victoria pour les survivants<br />

de la torture (CVST). De brèves contributions au<br />

Bulletin peuvent être expédiées à Ken Agar-Newman,<br />

2901, rue Queenston, Victoria, Colombie-Britannique,<br />

Canada V8R 4P4; Télécopieur: 250-370-8885;<br />

Courriel: . Les opinions exprimées<br />

dans le Bulletin ne sont pas nécessairement celles<br />

du Réseau <strong>ca</strong>nadien.<br />

Le Réseau <strong>ca</strong>nadien est membre du Conseil international<br />

de réhabilitation des victimes de la torture (CIRT). Le CIRT<br />

est une organisation internationale et indépendante des professionnels<br />

de la santé qui favorise et soutient la réhabilitation<br />

des victimes de la torture et la prévention de la torture<br />

à travers près de 200 centres et programmes de réhabilitation<br />

à travers le monde.<br />

Secrétariat du CIRT:<br />

Conseil international de réhabilitation des<br />

victimes de la torture<br />

Case postale 2107<br />

DK-1014 Copenhague O, Danemark<br />

Téléphone: +45 -33 76 06 00<br />

Télécopieur: +45 -33 76 05 00<br />

Courriel: lotte_wissing@irct.org<br />

Site Web: http://www.irct.org<br />

M. Don Payne est le représentant du Réseau <strong>ca</strong>nadien<br />

au Conseil du CIRT. Don invite les contributions<br />

des survivants de la torture, des personnes et<br />

des centres qui travaillent avec les survivants de la<br />

torture. Vous pouvez le rejoindre par courriel:<br />

.<br />

Le site Web du Réseau <strong>ca</strong>nadien peut être visité<br />

au: . Si vous voulez<br />

vous abonner au serveur de listes « res<strong>ca</strong>nnetlist<br />

», contactez le Réseau <strong>ca</strong>nadien au:<br />

.■<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

28


torture sans l’ac<strong>ca</strong>bler d’horreur. Nancy s’intéressait<br />

à se renseigner sur les modules concernant le<br />

développement communautaire. Mulugeta a suggéré<br />

que Nancy regarde les ressources du CCVT.<br />

Ken a mentionné que le Center for Victims of Torture<br />

basé aux États-Unis a un site Web avec beaucoup<br />

de ressources. Mulugeta a exprimé le désir<br />

de rétablir le réseau. Kirby a parlé de sa préoccupation<br />

avec l’instabilité du financement provincial.<br />

VAST, a-t-elle expliqué, examinait le besoin<br />

de financer le counselling plutôt que de compter<br />

sur des bénévoles.<br />

John a résumé les activités de ResCanNet au<br />

cours des 10 dernières années. Il a mentionné<br />

que traditionnellement ResCanNet a fait coïncider<br />

ses réunions avec les consultations du<br />

Conseil <strong>ca</strong>nadien pour les réfugiés (CCR). Il a<br />

fait remarquer que la structure de coordination<br />

ad hoc de ResCanNet était difficile à maintenir.<br />

Dans le passé, la coordination avait été confiée<br />

à tour de rôle à différents centres : RIVO,<br />

VAST, et CCVT, chronologiquement. L’énergie<br />

du début s’était estompée. John a suggéré<br />

qu’engager quelqu’un pour faire une partie du<br />

travail aiderait un peu.<br />

La réunion s’est concentrée sur les méthodes de<br />

communi<strong>ca</strong>tion établies ou proposées pour<br />

ResCanNet. Ken et Adnan ont parlé du Bulletin.<br />

Ce bulletin est publié dans INSCAN, bulletin de<br />

la Division de ressources pour la recherche sur les<br />

réfugiés à l’Université <strong>Carleton</strong>. INSCAN est un<br />

trimestriel financé par Citoyenneté et Immigration<br />

Canada et le seul bulletin bilingue national sur les<br />

questions d’immigration et d’établissement publié<br />

au Canada. INSCAN fournit régulièrement un espace<br />

pour ResCanNet. Adnan a dit que le Bulletin<br />

n’a pas donné toute sa mesure. Ken s’est fait l’écho<br />

de ce sentiment, expliquant la difficulté de recueillir<br />

des informations pour le Bulletin d’individus<br />

à travers le pays.<br />

Le groupe a discuté le res<strong>ca</strong>nnetlist,<br />

un serveur de liste<br />

lancé par Angeli<strong>ca</strong> Marin-Lira. On a suggéré à<br />

Ken d’envoyer un message d’essai à partir d’un<br />

vieux compte de l’Internet puisqu’il avait rapporté<br />

des problèmes avec le serveur de liste<br />

quand un courriel était envoyé à partir d’un<br />

compte plutôt nouveau.<br />

Mulugeta a parlé de la difficulté d’établir des<br />

appels de téléconférence avec les membres de<br />

ResCanNet. John a parlé d’une initiative en vue<br />

d’organiser une conférence séparée pour<br />

ResCanNet. Il a dit que le financement avait été<br />

un obstacle.<br />

La réunion a discuté le Conseil international pour<br />

la réhabilitation des victimes de la torture (IRCT)<br />

et l’importance d’une accréditation auprès de<br />

l’IRCT. On a noté que l’accréditation veut dire<br />

adhésion à l’IRCT et le développement d’une voix<br />

internationale cohérente. Mulugeta a dit qu’à<br />

l’heure actuelle l’Amérique du <strong>No</strong>rd dispose de<br />

deux membres au Conseil de l’IRCT et que Don<br />

Payne, un Canadien, y siège. M. Payne est choisi<br />

par les centres en Amérique du <strong>No</strong>rd accrédités<br />

par l’IRCT. Citant M. Payne, Ken a fait savoir que<br />

l’IRCT est en train d’examiner la question de<br />

l’accréditation et que d’autres centres <strong>ca</strong>nadiens<br />

pourront être admissibles advenant une plus grande<br />

flexibilité à l’IRCT. Dans le <strong>ca</strong>s de toute demande<br />

de la part d’un centre, M. Payne ajouterait volontiers<br />

une note sur la demande, attirant l’attention<br />

sur la nécessité d’une approche flexible de la part<br />

de l’IRCT. Plusieurs participants ont parlé des efforts<br />

de l’IRCT pour améliorer la démocratie et la<br />

gouvernance de l’organisation. Par exemple, on a<br />

confié à un avo<strong>ca</strong>t le soin de rédiger des statuts<br />

plus démocratiques. Récemment, l’IRCT a élaboré<br />

un nouveau plan stratégique.<br />

La réunion a décidé que ResCanNet a besoin de<br />

visibilité pour attirer de l’énergie et des fonds.<br />

Nancy a demandé pourquoi le réseau ne s’était pas<br />

associé de plus près au CCR- par exemple en tant<br />

que sous-comité de celui-ci. Mulugeta a répondu<br />

que ResCanNet avait voulu plus d’indépendance<br />

qu’il aurait eu comme sous-comité. Peter a dit que<br />

le CCR a comme objectif d’inclure des questions<br />

relatives aux survivants de la torture dans ses consultations.<br />

La prochaine consultation aura lieu à<br />

Fredericton au <strong>No</strong>uveau-Brunswick en mai <strong>2005</strong>.<br />

Mulugeta a suggéré que les détentions seraient<br />

peut-être un sujet pertinent. Comme personne ne<br />

connaissait un centre à Fredericton s’occupant des<br />

survivants de la torture, on a suggéré de contacter<br />

un centre à Halifax concernant une session sur la<br />

torture dans le <strong>ca</strong>dre de la consultation.<br />

Nancy a ajouté que les tâches donnent l’impulsion au<br />

financement et aux ressources. Elle a demandé quels<br />

projets nous pourrions avoir. On a dit que ResCanNet<br />

a des objectifs politiques, thérapeutiques et édu<strong>ca</strong>tifs.<br />

Ken a dit qu’il y a actuellement beaucoup de<br />

questions graves sur lesquelles les membres du réseau<br />

pourraient collaborer, dont le « nouveau visage<br />

» de la torture vu les nouvelles récentes sur la<br />

complicité des États-Unis. John a mentionné qu’il y<br />

a quelques années le RIVO, en consultation avec des<br />

membres du réseau, avaient élaboré des principes directeurs<br />

relatifs à une audience plus compatissante<br />

de la Commission de l’immigration et du statut de<br />

réfugié du Canada (CISR) dans le <strong>ca</strong>s des survivants<br />

de la torture. Le RIVO est en train d’élaborer des principes<br />

directeurs, des paramètres et des critères de cohérence<br />

à l’intention de la CISR et du recours de<br />

celle-ci aux évaluations et opinions psychologiques.<br />

Le groupe s’est beaucoup intéressé à ce document.<br />

John a assuré le groupe qu’il enverrait le document<br />

La réunion a discuté le<br />

Conseil international<br />

pour la réhabilitation des<br />

victimes de la torture<br />

(IRCT) et l’importance<br />

d’une accréditation<br />

auprès de l’IRCT.<br />

La réunion a décidé que<br />

ResCanNet a besoin de<br />

visibilité pour attirer de<br />

l’énergie et des fonds.<br />

29 INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong>


aux membres pour avoir leur réaction et que celui-ci<br />

n’est pas encore prêt.<br />

Le groupe a également parlé de collaboration dans<br />

un certain nombre de domaines :<br />

• Les principes directeurs/paramètres/recommandations<br />

pour le recours aux évaluations psychologiques<br />

de la part de la CISR : John enverra le document<br />

par courriel; on demande les réactions de tout<br />

le monde.<br />

• La Journée internationale de soutien aux victimes<br />

de la torture (le 26 juin) : nous allons tous la planifier<br />

et rester en contact.<br />

• L’accréditation auprès de l’IRCT pour les centres<br />

<strong>ca</strong>nadiens : Ken va envoyer des copies des communi<strong>ca</strong>tions<br />

de M. Payne.<br />

• Le développement du bulletin publié dans<br />

INSCAN : on a décidé de publier le compte rendu<br />

de la réunion dans le prochain numéro; on demande<br />

des soumissions continues de tout le monde.<br />

• Projet d’une session sur un sujet relié à la torture à<br />

la prochaine consultation du CCR à Fredericton :<br />

Mulugeta a suggéré les détentions; nous resterons<br />

tous en contact.<br />

Les adresses courriel du groupe ont été recueillies<br />

pour permettre des contacts ultérieurs et celles-ci seront<br />

distribuées à toutes les parties intéressées. La<br />

réunion a fini par le voeu de Ken que tous les présents<br />

se considèrent le comité coordonnateur de<br />

ResCanNet. (Compte rendu de Ken).<br />

Addenda : D’autres renseignements sur les sujets discutés<br />

à la réunion de ResCanNet<br />

1. Un manuel portant sur le soutien communautaire<br />

intitulé Community Support for Survivors of Torture:<br />

A Manual (prix : 20$ plus frais de port) peut<br />

être commandé auprès du CCVT.<br />

demande, prière de contacter l’IRCT par courriel<br />

au .<br />

3. Les États-Unis ont un réseau beaucoup plus organisé<br />

de centres qui s’occupent des survivants de<br />

la torture. Le National Consortium of Torture<br />

Treatment Programs (NCTTP) fait avancer les<br />

connaissances, les <strong>ca</strong>pacités techniques et les<br />

ressources consacrées aux soins aux survivants<br />

de la torture et agit collectivement pour prévenir<br />

la torture à l’échelle mondiale. Voir le lien<br />

sur le site Web du CVT.<br />

L’objectif principal du Consortium est de favoriser<br />

le développement, en qualité et en quantité,<br />

de programmes spécialisés dans les soins<br />

aux survivants de la torture. Les organismes<br />

membres partagent leurs connaissances et leur<br />

expertise par une communi<strong>ca</strong>tion et une collaboration<br />

régulières, renforçant ainsi leurs organisations<br />

et le réseau de soins.<br />

Le Consortium a été fondé en 1998. Il y a actuellement<br />

25 membres à part entière, cinq membres<br />

provisoires, deux organisations membres<br />

associés, et un membre associé provisoire. Le<br />

président actuel du NCTTP est Ernest Duff, Senior<br />

Director, Safe Horizon/Solace : A Program<br />

for Survivors of Torture and Refugee Trauma,<br />

74-09 37th Avenue, Room 412, Jackson Heights,<br />

NY 11372; Téléphone : 7<strong>18</strong>-899-1233, poste<br />

101; Télécopieur : 7<strong>18</strong>-457-6071.<br />

4. Center for Victims of Torture (CVT), 717 East<br />

River Road, Minneapolis, Minnesota 55455; Téléphone<br />

: 612-436-4810; Télécopieur : 612-436-<br />

2600; site Web : .■<br />

INSCAN <strong>Vol</strong> <strong>18</strong> (3) <strong>2005</strong><br />

2. Accréditation auprès de l’IRCT : il y a plus de 95<br />

centres et programmes de réhabilitation accrédités<br />

auprès de l’IRCT. Les centres et programmes accrédités<br />

peuvent :<br />

• participer activement à l’Assemblée générale de<br />

l’IRCT qui a lieu tous les trois ans;<br />

• proposer un représentant de centre ou de programme<br />

à l’élection au Conseil de l’IRCT (mandat<br />

de trois ans); et<br />

• voter aux élections du Conseil de l’IRCT à l’Assemblée<br />

générale.<br />

La première Assemblée générale de l’IRCT a été<br />

menée par écrit en 2003.<br />

Demande d’accréditation. Les critères de<br />

l’accréditation auprès de l’IRCT figurent dans les<br />

statuts de l’IRCT. Pour avoir de plus amples renseignements<br />

ou pour demander un formulaire de<br />

30<br />

Photo: Gracieuseté du HCR

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