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Table des matières - Gilles Daniel

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320 Modélisation et simulation multi-agents pour Sciences de l'Homme et de la Société.<br />

système devrait être conçu (1) pour décrire les interactions <strong>des</strong> agents dans un<br />

langage D. Un observateur ou un expérimentateur (2) pleinement conscient de la<br />

conception (1) devra alors décrire le comportement global du système dans un<br />

langage D’ ≠ D, car les comportements observés à ce niveau ne sont pas « évidents »<br />

à partir de la seule connaissance <strong>des</strong> propriétés (1) : l’expérimentation peut conduire<br />

à <strong>des</strong> « surprises ». Müller reprend cette distinction dans ses deux premiers items de<br />

définition d’un phénomène émergent :<br />

(1) Il y a un système constitué par ensemble d’agents interagissant entre eux et<br />

avec leur environnement dont la <strong>des</strong>cription en tant que processus est<br />

exprimée dans un langage D.<br />

(2) La dynamique du système produit un phénomène structurel global observable<br />

dans <strong>des</strong> « traces d’exécution » et décrit dans un langage distinct de D.<br />

Mais Müller introduit également une troisième condition qui nous intéresse<br />

particulièrement, car elle nous permet de qualifier la nature du phénomène émergent,<br />

par la possibilité d’une causalité rétroactive du niveau collectif sur le niveau<br />

individuel (downward causation), ce qui amène à distinguer une émergence « faible »<br />

d’une émergence « forte » à la suite par exemple de Bedeau [BED 97], [BED 02] 61 .<br />

(3) Le phénomène structurel global est observé par un observateur extérieur<br />

(émergence faible) ou par les agents eux-mêmes (émergence forte).<br />

Dans la configuration qui va nous intéresser, qualifiée d’émergence « forte » par<br />

Müller, le niveau d’observation est rattaché aux agents, l’identification de<br />

l’épiphénomène par les agents en interaction dans le système va entraîner une<br />

rétroaction de l’observation sur le processus de la « downward causation ». Il y a<br />

couplage entre le processus et l’observation du processus, au niveau <strong>des</strong> agents.<br />

L’épiphénomène est immanent à la dynamique même du système, on a « immergence »<br />

ou émergence de second ordre au sens de Gilbert [GIL 95]. La distinction entre deux<br />

catégories d’émergence résulte de la position du niveau d’observation par rapport<br />

au processus. Dans l’émergence forte, les agents sont partie prenante du processus<br />

tout en observant ce dernier, ce qui entraîne de facto une rétroaction du niveau<br />

d’observation sur le niveau du processus. Dans l’émergence faible, l’observateur est<br />

extérieur au processus et il n’y a pas nécessairement couplage. La catégorie<br />

d’émergence forte est importante pour la modélisation de sociétés artificielles<br />

[Chapitre 5]. En effet, la réflexivité médiatisée par la conscience nous semble une<br />

caractéristique déterminante qui distingue les systèmes composés d’agents humains<br />

<strong>des</strong> systèmes composés d’entités matérielles (pour prendre les deux extrêmes). Selon<br />

cette perspective, on peut ré-interpréter la construction de Müller à partir de la<br />

distinction de [SEA 95] entre ce qui est indépendant de l’observateur (le processus et<br />

les phénomènes qui en résultent) et ce qui est relatif à l’observateur (l’émergence<br />

comme identification et interprétation de l’épiphénomène). Selon cette interprétation,<br />

61 Cf. : Special issue on Emergence and Downward Causation, Principia 6-1 June 2002.

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