Table des matières - Gilles Daniel
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212 Modélisation et simulation multi-agents pour Sciences de l'Homme et de la Société. dynamiques, on peut utiliser des jeux de rôles pour prévoir ou prédire. Dans ce dernier cas, on bascule immédiatement dans la catégorie suivante d’usage, où il s’agit d’aider à décider et changer, puisque dès lors que les acteurs sont mis en situation, se projettent dans une situation future possible, ils vont par leurs réactions non seulement anticiper, mais aussi évaluer des modalités d’action, des scénarios, et parfois les faire évoluer. 9.6. Modéliser avec les acteurs pour aider à décider et changer Dans cette approche, on cherche explicitement à aider le groupe d’acteurs, au moyen de la modélisation puis de l’exploration collective, à évaluer des stratégies d’action, à confronter leurs réactions, à dialoguer, et éventuellement à changer de points de vue et préférences, avant finalement de choisir et ritualiser des engagements d’action dans un cadre de gestion ou de politiques publiques. On peut soit en rester à une exploration prédictive « distante », dans laquelle les acteurs observent des résultats et en discutent, soit, de nouveau, à les mettre en situation dans un jeu de rôles où ils peuvent appréhender des futurs possibles. L’évaluation dynamique, telle qu’elle a été introduite précédemment, est ici critique car elle permet au groupe de suivre sa propre évolution. Les principes fondamentaux de ce type de processus sont : – phase de modélisation : les acteurs peuvent construire ensemble le modèle de la situation ou se voir présenter un modèle d’expert et le critiquer ; – phase d’exploration : les acteurs contrôlent certains agents dans le modèle et observent la dynamique du système en fonction des scénarios externes ; l’objectif est de comprendre et vérifier la dynamique du modèle ; – phase d’exploitation : les acteurs jouent leur propre rôle ou d’autres rôles, et testent ensemble des stratégies d’action et de gestion collective ; – phase d’extrapolation : les acteurs décident de scénarios différenciés et peuvent les faire tester systématiquement par le modèle, sans y consacrer un temps important, le modèle « jouant » directement leur rôle ; – phase d’accord : les acteurs décident d’une stratégie et officialisent leur accord. Cet enchaînement entre modélisation, simulation et jeu peut être abordé de différentes façons selon que l’objectif recherché et les contraintes [DAQ 02]. Cette approche associant modélisation multi-agents et jeu de rôles présente l’avantage, par le jeu et la participation des acteurs, de fournir une représentation réaliste et acceptée de la situation sociale et décisionnelle, par opposition à des modèles sociaux exogènes ; et, par l’usage du modèle et de la simulation, de
Modéliser avec et pour les acteurs de terrain. 213 confronter les acteurs à des situations dynamiques émergentes, induites par leurs actions, mais largement imprévisibles sans modèle. 9.7. Expérimentation sociale fondée sur la modélisation Le dernier cadre de modélisation avec des acteurs relève de l’expérimentation sociale. Il s’agit de concevoir une démarche spécifique de mise en situation des acteurs avec le modèle, afin de pouvoir observer des comportements en réponse et de valider ou réfuter des hypothèses. Cette démarche se rapproche des conditions de l’économie expérimentale ou de la psychologie expérimentale, mais elle n’en partage pas toutes les contraintes et objectifs. Elle est encore peu développée. Elle a pour spécificité d’inclure un modèle assez complexe du monde, auquel les acteurs sont confrontés. La qualité et l’intérêt scientifique de la démarche sont déterminés par la relation construite entre les hypothèses comportementales, le modèle support et le protocole expérimental. L’approche diffère de l’économie expérimentale principalement par l’acceptation de dimensions contextuelles, culturelles, relationnelles ou dialogiques dans la décision. On peut distinguer les formes et exemples suivants : – expériences cognitives : c’est le protocole même de modélisation, en tant que processus de formulation et d’échange de représentations, qui est testé ; p.e. on compare des modalités de formulation et de confrontation de modèles mentaux entre les acteurs ; on mesure l’évolution dans les représentations des acteurs ; – évaluation de réponses sociales : on crée une situation environnementale (externe) particulière dans le modèle, et on demande aux acteurs de réagir ; on observe les comportements individuels et collectifs ; – expériences relationnelles : on teste des formes d’échange entre les acteurs en contrôlant les interactions et en mesurant les structures obtenues ; on observe les autres effets induits sur les représentations, les préférences ou les pratiques ; – expériences procédurales : on propose des règles de décision que l’on teste pour mesurer leur impact ; on mesure leurs effets en terme de représentations, de préférences, de relations sociales et de pratiques. Dans tous les cas, l’intérêt de la démarche est de permettre d’induire des configurations sociales particulières et de tester des modalités d’intervention. La qualité des résultats dépend alors aussi des modalités d’observation et d’analyse des faits sociaux, comme dans un cas réel. Cette dernière approche, bien qu’encore très peu pratiquée, est certainement une des plus prometteuses car elle permet de construire des expérimentations sociales
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dynamiques, on peut utiliser <strong>des</strong> jeux de rôles pour prévoir ou prédire. Dans ce<br />
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non seulement anticiper, mais aussi évaluer <strong>des</strong> modalités d’action, <strong>des</strong> scénarios, et<br />
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Dans cette approche, on cherche explicitement à aider le groupe d’acteurs, au<br />
moyen de la modélisation puis de l’exploration collective, à évaluer <strong>des</strong> stratégies<br />
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engagements d’action dans un cadre de gestion ou de politiques publiques. On peut<br />
soit en rester à une exploration prédictive « distante », dans laquelle les acteurs<br />
observent <strong>des</strong> résultats et en discutent, soit, de nouveau, à les mettre en situation<br />
dans un jeu de rôles où ils peuvent appréhender <strong>des</strong> futurs possibles. L’évaluation<br />
dynamique, telle qu’elle a été introduite précédemment, est ici critique car elle<br />
permet au groupe de suivre sa propre évolution.<br />
Les principes fondamentaux de ce type de processus sont :<br />
– phase de modélisation : les acteurs peuvent construire ensemble le modèle de<br />
la situation ou se voir présenter un modèle d’expert et le critiquer ;<br />
– phase d’exploration : les acteurs contrôlent certains agents dans le modèle et<br />
observent la dynamique du système en fonction <strong>des</strong> scénarios externes ; l’objectif est<br />
de comprendre et vérifier la dynamique du modèle ;<br />
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testent ensemble <strong>des</strong> stratégies d’action et de gestion collective ;<br />
– phase d’extrapolation : les acteurs décident de scénarios différenciés et peuvent<br />
les faire tester systématiquement par le modèle, sans y consacrer un temps<br />
important, le modèle « jouant » directement leur rôle ;<br />
– phase d’accord : les acteurs décident d’une stratégie et officialisent leur accord.<br />
Cet enchaînement entre modélisation, simulation et jeu peut être abordé de<br />
différentes façons selon que l’objectif recherché et les contraintes [DAQ 02].<br />
Cette approche associant modélisation multi-agents et jeu de rôles présente<br />
l’avantage, par le jeu et la participation <strong>des</strong> acteurs, de fournir une représentation<br />
réaliste et acceptée de la situation sociale et décisionnelle, par opposition à <strong>des</strong><br />
modèles sociaux exogènes ; et, par l’usage du modèle et de la simulation, de