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Table des matières - Gilles Daniel

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Essai d’épistémologie de la simulation multi-agents en sciences sociales. 179<br />

Ici une difficulté se présente, qui tient à ce que nous sommes <strong>des</strong> animaux<br />

cognitifs, donc <strong>des</strong> systèmes dédiés, entre autre, à la reconnaissance de similarités,<br />

en particulier aux similarités qui sont reliées de manière fiable à nos activités et à<br />

leurs buts. Nous surestimons donc les similarités tant qu’elles ne déçoivent pas nos<br />

activités et qu’elles se laissent sans problème relier à ces activités. Ces activités sont<br />

sociales et collectives, et les scénarios sociaux sont donc contraints par la nécessité<br />

de continuer à faire fonctionner <strong>des</strong> coordinations collectives. Or le chercheur<br />

simulationniste est un animal social comme les autres. Il va donc repérer plus<br />

facilement les similarités qui confortent ses activités et ses buts, et qui lui permettent<br />

de se coordonner, par exemple avec les sociologues. Il va donc surestimer les<br />

similarités qui lui permettraient de clore notre carré.<br />

Je mentionne en passant qu’il est aussi possible, à l’inverse, que l’évolution <strong>des</strong><br />

humains ait produit <strong>des</strong> scénarios sociaux locaux qui ont la bonne propriété de rester<br />

compatibles avec leurs résultats collectifs. Cette propriété de stationnarité dans<br />

l’explication ou la compréhension devrait alors être recherchée par les processus<br />

computationnels. Cela revient à assurer non seulement la similarité sur les deux<br />

axes, mais à maintenir les relations diagonales entre ces deux axes.<br />

Mais approfondissons les difficultés de ce carré <strong>des</strong> similarités. On peut indiquer<br />

plusieurs versions de ce piège de la tendance à reconnaître <strong>des</strong> similarités (qui est un<br />

biais inévitable, en fait). La première tentation consiste à reconnaître dans les activités<br />

sociales les traits qui peuvent se retraduire dans les processus et phénomènes<br />

computationnels. C’est un biais qui consiste à voir les phénomènes sociaux en<br />

fonction du computationnel. A cette mise en question de la validité de la simulation,<br />

nous pouvons répondre : mais nous allons mettre cet éventuel biais à l'épreuve<br />

quand nous regarderons s’il y a similarité entre les processus de reconnaissance <strong>des</strong><br />

phénomènes sociaux et les processus de reconnaissance computationnels <strong>des</strong> formes<br />

simulées. La difficulté reparaît cependant, puisque comme nous ne disposons pas<br />

d'une théorie claire <strong>des</strong> processus sociaux de reconnaissance <strong>des</strong> phénomènes<br />

sociaux, nous serons tentés de projeter les modèles computationnels qui marchent<br />

pour une reconnaissance <strong>des</strong> formes <strong>des</strong> phénomènes simulés sur notre <strong>des</strong>cription<br />

<strong>des</strong> processus de reconnaissance <strong>des</strong> phénomènes sociaux.<br />

La seconde tentation est inverse. Elle consiste à ne percevoir dans le chaos <strong>des</strong><br />

résultats computationnels que ceux qui présentent <strong>des</strong> formes reconnaissables et qui<br />

de plus peuvent susciter une interprétation dans les termes <strong>des</strong> scénarios sociaux du<br />

domaine. Mais en fait ce que nous visons, ce ne sont pas <strong>des</strong> scénarios, ce sont les<br />

processus sociaux dont nous supposons qu’ils sont une image. C’est un biais qui<br />

consiste à voir dans le computationnel ce que nos capacités sociales (qui activent les<br />

relations de constitution du social) nous permettent d’y voir. Le premier biais voit<br />

les phénomènes sociaux en fonction <strong>des</strong> capacités computationnelles de

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