Table des matières - Gilles Daniel

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14 Modélisation et simulation multi-agents pour Sciences de l'Homme et de la Société. système organisationnel, qui sélectionne l’action à entreprendre en fonction de l’état de l’agent, des contraintes, des buts à satisfaire et des actions déjà entreprises. La fonction interactionnelle d’un agent porte sur l’ensemble des mécanismes permettant à un agent de faire le lien avec ce qui l’entoure. C'est elle qui gère les activités d'interactions avec son environnement ainsi que l'ensemble des communications avec les autres agents. Elle assure ainsi toutes les fonctions d'entrée-sorties et d'interface. Elle se compose de deux sous-fonctions, la fonction perceptive qui se charge de l'acquisition d'informations provenant de l'extérieur, et la fonction exécutrice qui s'occupe de l'accomplissement des actions choisies par le système conatif et mises en œuvre par le système organisationnel. La fonction végétative traite de la conservation de l’agent, et plus généralement de sa « bonne santé ». Très souvent les agents consomment des ressources et doivent se réalimenter pour pouvoir continuer leurs tâches. Parfois ils peuvent aussi être amenés à se reproduire. Ces nécessités engendrent des besoins primaires qui doivent être gérés en liaison avec le système conatif. Système représentationnel (cognitif) Représentation Mémoire Raisonnement Perception Action Consommation Agent Sélection d'action Système conatif Etat interne, drives, Tendances (désirs) Fonction déontique Environment Système de communication Figure 1.2. L’architecture d’un agent. L’importance des SMA repose sur trois concepts fondamentaux : 1. L’autonomie de l’activité d’un agent, c'est-à-dire sa capacité à exécuter une action de sa propre initiative (pro-activité), en contrôlant son comportement afin

Concepts et méthodologies multi-agents. 15 d’atteindre une plus grande satisfaction et en décidant d’aider ou d’empêcher les autres de satisfaire leurs buts. En effet la définition d’agent précédente met l’accent sur l’autonomie de décision qui résulte de l’indépendance avec laquelle un agent tente de satisfaire des objectifs (au sens large du terme), en utilisant les ressources et les compétences dont il dispose. 2. La sociabilité des agents, c'est-à-dire le fait qu’ils agissent en relation avec d’autres agents dans une perspective sociale. Un agent dans un SMA n’est pas une entité isolée, mais un élément d’une totalité plus vaste que l’on appelle société d’agents. Une société d’agents émerge des interactions qui ont lieu entre les agents, mais en même temps son organisation contraint le comportement des agents en leur attribuant des rôles qui vont restreindre leur possibilité d’actions. 3. L’interaction est ce qui relie les deux concepts précédents. C’est par cet entrelacement d’actions effectuées par un ensemble d’agents, chaque action étant décidée individuellement par chaque agent dans son for intérieur, que des formes émergent, que des structures organisées apparaissent pour venir en retour contraindre et modifier le comportement de ces agents. De ce fait, c’est au travers de ces interactions qu’émergent des « patterns d’interaction » que sont la coopération, les conflits ou la concurrence, qui produisent des formes d’organisations plus ou moins stables qui viennent structurer l’action individuelle de chacun des agents. Toute la puissance des SMA résulte de cette boucle : les agents agissent de manière autonome dans un espace contraint par la structure de la société dans laquelle ils évoluent, cette structure résultant elle-même des comportements de ces agents. On se trouve donc là dans une boucle de dépendance entre agents et société d’agent, entre niveaux micro et macro, entre individu et collectif qui se trouve finalement au cœur de la problématique des systèmes complexes dans les sciences humaines et sociales. 1.1.2. Les systèmes multi-agents comme microcosmes Ce n’est donc pas un hasard si les SMA apparaissent comme un outil majeur pour modéliser des sociétés. Ils proposent bien plus qu’une technique de modélisation parmi d’autres. Ce ne sont pas de simples outils d’abstraction permettant de caractériser numériquement l’évolution d’un système à partir de paramètres observés. En étant eux-mêmes des sociétés, en étant construits sur les mêmes fondements que tout système complexe, les SMA se révèlent être des « micro-mondes artificiels » dont il est possible de contrôler toutes les caractéristiques et de reproduire des séries d'expérimentations comme s'il s'agissait de situations de laboratoire. Par rapport aux sociétés animales et humaines, par rapport aux systèmes sociaux complexes, les SMA sont donc des « microcosmes », des modèles réduits des phénomènes réels considérés, comme des maquettes de bateau ou d’immeubles, mais des modèles disposant en interne de ressources évolutives et de mécanismes fondamentaux que le modélisateur cherche à rendre similaires aux phénomènes sociaux réels [Chapitre 4 et 8].

Concepts et méthodologies multi-agents. 15<br />

d’atteindre une plus grande satisfaction et en décidant d’aider ou d’empêcher les<br />

autres de satisfaire leurs buts. En effet la définition d’agent précédente met l’accent<br />

sur l’autonomie de décision qui résulte de l’indépendance avec laquelle un agent<br />

tente de satisfaire <strong>des</strong> objectifs (au sens large du terme), en utilisant les ressources et<br />

les compétences dont il dispose.<br />

2. La sociabilité <strong>des</strong> agents, c'est-à-dire le fait qu’ils agissent en relation avec d’autres<br />

agents dans une perspective sociale. Un agent dans un SMA n’est pas une entité<br />

isolée, mais un élément d’une totalité plus vaste que l’on appelle société d’agents.<br />

Une société d’agents émerge <strong>des</strong> interactions qui ont lieu entre les agents, mais en<br />

même temps son organisation contraint le comportement <strong>des</strong> agents en leur<br />

attribuant <strong>des</strong> rôles qui vont restreindre leur possibilité d’actions.<br />

3. L’interaction est ce qui relie les deux concepts précédents. C’est par cet<br />

entrelacement d’actions effectuées par un ensemble d’agents, chaque action étant<br />

décidée individuellement par chaque agent dans son for intérieur, que <strong>des</strong> formes<br />

émergent, que <strong>des</strong> structures organisées apparaissent pour venir en retour<br />

contraindre et modifier le comportement de ces agents. De ce fait, c’est au travers de<br />

ces interactions qu’émergent <strong>des</strong> « patterns d’interaction » que sont la coopération,<br />

les conflits ou la concurrence, qui produisent <strong>des</strong> formes d’organisations plus ou<br />

moins stables qui viennent structurer l’action individuelle de chacun <strong>des</strong> agents.<br />

Toute la puissance <strong>des</strong> SMA résulte de cette boucle : les agents agissent de<br />

manière autonome dans un espace contraint par la structure de la société dans laquelle<br />

ils évoluent, cette structure résultant elle-même <strong>des</strong> comportements de ces agents. On<br />

se trouve donc là dans une boucle de dépendance entre agents et société d’agent, entre<br />

niveaux micro et macro, entre individu et collectif qui se trouve finalement au cœur de<br />

la problématique <strong>des</strong> systèmes complexes dans les sciences humaines et sociales.<br />

1.1.2. Les systèmes multi-agents comme microcosmes<br />

Ce n’est donc pas un hasard si les SMA apparaissent comme un outil majeur pour<br />

modéliser <strong>des</strong> sociétés. Ils proposent bien plus qu’une technique de modélisation parmi<br />

d’autres. Ce ne sont pas de simples outils d’abstraction permettant de caractériser<br />

numériquement l’évolution d’un système à partir de paramètres observés. En étant<br />

eux-mêmes <strong>des</strong> sociétés, en étant construits sur les mêmes fondements que tout<br />

système complexe, les SMA se révèlent être <strong>des</strong> « micro-mon<strong>des</strong> artificiels » dont il<br />

est possible de contrôler toutes les caractéristiques et de reproduire <strong>des</strong> séries<br />

d'expérimentations comme s'il s'agissait de situations de laboratoire. Par rapport aux<br />

sociétés animales et humaines, par rapport aux systèmes sociaux complexes, les SMA<br />

sont donc <strong>des</strong> « microcosmes », <strong>des</strong> modèles réduits <strong>des</strong> phénomènes réels considérés,<br />

comme <strong>des</strong> maquettes de bateau ou d’immeubles, mais <strong>des</strong> modèles disposant en<br />

interne de ressources évolutives et de mécanismes fondamentaux que le modélisateur<br />

cherche à rendre similaires aux phénomènes sociaux réels [Chapitre 4 et 8].

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