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Béton armé : la construction d'une image - CDH - EPFL

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SHS – Histoire sociale et culturelle des technologies<br />

<strong>Béton</strong> <strong>armé</strong> : <strong>la</strong> <strong>construction</strong> d’une <strong>image</strong><br />

En voici un exemple :<br />

« Nous recevons d’un de nos correspondants, <strong>la</strong> note suivante :<br />

« Sous ce titre expressif vous avez publié dans votre dernier numéro un article<br />

instructif où vous montrez les défail<strong>la</strong>nces du fer en présence du feu. « Nous ne nous<br />

permettrons d’ajouter que quelques mots à cet article ; [...] Chacun peut en tirer cette<br />

conclusion que : <strong>la</strong> sécurité des ouvrages métalliques est nulle contre les attaques du<br />

feu. [...] « Quant à <strong>la</strong> sécurité statique pendant <strong>la</strong> période des travaux, elle est tout<br />

aussi problématique ; [...] Pour <strong>la</strong> durée, il en est de même, on <strong>la</strong> voit chaque jour<br />

compromise par l’oxydation [...] » 19<br />

En conclusion, nous voyons qu’autour du béton <strong>armé</strong> s’organise un important réseau de<br />

professionnels. Parmi eux, l’entreprise Hennebique s’impose à travers une <strong>la</strong>rge couverture du<br />

marché et une stratégie de communication efficace, tel qu’on lui attribue souvent « l’invention<br />

du béton <strong>armé</strong> ». S’il y a invention, elle se situe davantage dans <strong>la</strong> structure et <strong>la</strong> puissance de<br />

l’entreprise qu’il met en œuvre, supportant d’influentes logiques de production.<br />

5.2 Les scientifiques, à <strong>la</strong> recherche des fondements théoriques<br />

L’<strong>image</strong> et le développement du béton <strong>armé</strong> en Suisse passe incontestablement par l’intervention des<br />

institutions et en particulier l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (fondée en 1855), au travers de<br />

<strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> recherche scientifique se concentre et s’exprime.<br />

En 1880, <strong>la</strong> chaire de « statique de <strong>construction</strong> » de l’EPFZ jusqu’alors tenue par Karl Culmann 20 se<br />

poursuit en deux enseignements scientifiques qui se penchent sur le développement de méthodes de<br />

calcul des ouvrages en béton <strong>armé</strong> : l’enseignement théorique que conduit le Professeur Ritter et <strong>la</strong><br />

recherche pratique menée par le Professeur Tetmajer.<br />

Dès lors, pour é<strong>la</strong>borer ses théories, W. Ritter choisit d’effectuer une série de tests sur les systèmes de<br />

<strong>la</strong> firme Hennebique, qu’il ne manque pas de divulguer dans de nombreux articles publiés dans <strong>la</strong><br />

presse technique 21 . De cette manière, l’entreprise Hennebique se voit acquérir un précieux crédit<br />

scientifique de <strong>la</strong> part de ce professeur, crédit que l’agent Hennebique en Suisse, Samuel de Mollins,<br />

s’empresse de saluer dans un article paru quelques mois plus tard dans <strong>la</strong> même revue 22 :<br />

« Il nous est précieux, après tant d’efforts et de travail effectif de voir les hommes les<br />

plus illustres de <strong>la</strong> science rendre hommage aux vérités scientifiques que nous défendons<br />

et que nous appliquons avec un certain succès. »<br />

Un autre professeur, F.L. Schüle, s’implique aussi dans le développement de nouveaux procédés en<br />

béton <strong>armé</strong>. C’est ainsi que, quelques années plus tard, le système développé par l’ingénieur Lossier 23 ,<br />

ex-membre de l’équipe Hennebique, entre sur le terrain de <strong>la</strong> concurrence en bénéficiant aussi de tests<br />

au <strong>la</strong>boratoire d’essais des matériaux de l’EPFZ, sous <strong>la</strong> direction de ce professeur.<br />

Ces deux exemples illustrent les re<strong>la</strong>tions étroites d’interdépendance qu’entretiennent les dépositaires<br />

de système constructif et le milieu académique, les uns cherchant à bénéficier autant que possible d’un<br />

appui scientifique valorisant leur procédé et les autres un moyen d’appliquer leurs modèles de calcul.<br />

19 « Les trahisons du fer », in Le <strong>Béton</strong> Armé, n°48, mai 1902, pp. 175-176<br />

20 Karl Culmann crée l’école d’ingénieurs à l’EPFZ et y enseigne dès 1855. Il s’attache à représenter les efforts des<br />

<strong>construction</strong>s de ponts par un nouveau moyen : le graphique, qu’utilisera notamment R. Mail<strong>la</strong>rt et publie son ouvrage<br />

majeur sur <strong>la</strong> statique graphique en 1864-1866.<br />

21 RITTER A., « die Bauweise Hennebique », in SBZ, vol.33/34, 1899, pp.41-43, pp.49-52, pp.59-61.<br />

22 (voir Annexe 3) de MOLLINS S., Rubrique Korrespondenz : « le béton <strong>armé</strong>, système Hennebique », in SBZ, vol. 33/34,<br />

1899, p. 109.<br />

23 (voir Annexe 4) VAUTIER Alph, « poutres et dalles en béton <strong>armé</strong> du système Lossier », in BTSR, n° 14, 1903, p. 190.<br />

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